Publié par Bernard Martoia le 29 novembre 2018

Tant que ces salauds de patrons casquaient, les Français de condition modeste étaient contents de leur sort. L’envie est le cancer de ce pays. On n’y peut rien. Chaque pays a ses vices et ses vertus.

Prenons l’exemple de l’impôt sur le revenu des personnes physiques.

Tout citoyen doit remplir sa déclaration annuelle de revenus comme l’exige la loi. La moitié d’entre eux ont pourtant échappé à l’impôt pendant longtemps en raison de sa progressivité. Comme la France n’est jamais sortie de la lutte des classes, il fallait matraquer fiscalement les riches au nom de la justice sociale. Les riches payèrent pendant longtemps sans broncher.

Puis les choses commencèrent à évoluer ou à se gâter selon le point de vue de chacun quand la France s’ouvrit au marché des capitaux internationaux sous un gouvernement socialiste avec l’application de la directive européenne 88/361. Le journal officiel annonça la mesure le 8 juillet 1988.

On peut s’interroger sur l’acceptation de cet oukase européen par un gouvernement socialiste. La raison est la suivante. Avec l’ouverture des marchés financiers, le Trésor français pouvait lever plus facilement des emprunts que sur le marché intérieur. Les anciens se rappellent de l’emprunt Giscard de 1973 qui leva 6,5 milliard de francs pour une période de 15 ans. Comme Giscard l’avait indexé sur l’or, l’État dut rembourser en intérêt et en capital 90 milliards. C’était le coup de génie de cet ancien énarque sorti dans la botte (haut du classement de sortie de l’école) qui choisit l’inspection des finances pour faire ses preuves.

Comme vous le savez, les énarques sont des adeptes du multiplicateur keynésien. Pour simplifier, un euro emprunté sur le marché financier en rapporte deux pour l’économie française. Dans la pratique, les choses sont différentes que celles décrites dans la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, l’opus magnum de l’économiste anglais John Maynard Keynes. Un euro emprunté équivaut à deux euros (intérêt et capital) qu’il faudra rembourser des années plus tard.

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La France est devenue droguée à la dépense publique depuis 1974

Puisque les marchés financiers internationaux acceptent de lui prêter beaucoup plus d’argent que les citoyens français, l’État ne s’en prive pas. Ainsi le Trésor français a prévu de lever 195 milliards d’euros en 2018 pour faire face à ses dépenses courantes (les deux mois habituels de fin d’année pour payer les salaires des fonctionnaires et des retraités) et aussi de rembourser les emprunts venant à échéance. (1)

Dans le jargon fiscal, on appelle cela la grande cavalerie. Les nouveaux emprunts servent uniquement à rembourser les emprunts antérieurs. La cavalerie ressemble à une pyramide de Ponzi car il faut toujours plus de prêteurs pour que cela continue. Tant qu’il y a des rentiers allemands ou chinois pour prêter encore à la France, l’État peut payer les deux derniers mois de salaire aux fonctionnaires. Grosso modo, les dépenses dépassent les recettes de 20% chaque année car les prévisions de croissance de l’économie française qui sont élaborées par les énarques de Bercy sont absolument fantaisistes. Si une entreprise était gérée par eux, elle ferait irrémédiablement faillite. Mais les agences de notation ne mettent pas sur un même plan une entreprise et un État.

Depuis 1974, une année funeste lorsque l’énarchie s’empara des postes clés de la présidence et du gouvernement avec le tandem Giscard-Chirac, la France vit à crédit.  Comme disait Letizia Bonaparte lorsque son fils prodigue remportait victoire sur victoire, « Pourvou que ça doure ! »

Voyons à présent la situation des contribuables français à la lumière des accords européens.

Quand un gouvernement socialiste approuve l’ouverture des frontières non seulement aux capitaux, aux marchandises mais aussi aux personnes, par le traité de l’Acte Unique en 1986, les riches ont commencé à se poser la question s’il valait encore la peine de rester dans un pays qui les traite aussi mal. Le jour de la libération fiscale n’avait cessé de reculer au fil du temps pour eux. Du 1er avril en 1965, elle fut reportée au 1er octobre en 2012.

Pendant la campagne présidentielle de 2012, le candidat socialiste eut l’idée géniale de proposer un relèvement de la tranche supérieure de l’impôt à 75% pour les revenus supérieurs à un million d’euros. Les Français plébiscitèrent la mesure qui satisfaisait pleinement leur envie, et le socialiste fut élu sans coup férir.

Le pataud de l’Élysée avait besoin d’un roublard pour mettre en œuvre ce matraquage fiscal qui devait dépasser toutes les espérances escomptées. Il avait entendu de la bouche de journalistes du sérail qu’il y avait un Mozart de la finance, lequel serait capable de faire avaler la pilule aux riches, et en même temps de séduire les prêteurs internationaux. Ce Mozart de la finance s’appelait Emmanuel Macron. Le pataud fit donc appel à ses services en le plaçant secrétaire général adjoint de l’Élysée. La suite est connue. Brutus savonna si bien la planche du pataud qu’il n’osa pas se représenter devant les électeurs. La trahison est consubstantielle à la politique.

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Revenons au sort des contribuables

Après l’élection de l’énarque socialiste, les riches se dirent que c’était vraiment trop cette fois. Ils déménagèrent à Londres où le maire Boris Johnson s’empressa de leur dérouler le tapis rouge. Le comédien Gérard Depardieu préféra Bruxelles. Gégé qui n’a pas sa langue dans sa poche, remit à sa place le premier ministre Jean-Marc Ayrault qui l’avait traité de minable en rejouant la tirade de Louis Jouvet. « Minable, vous avez dit minable ? Comme c’est minable. » (2) Les riches ne supportaient plus d’être insultés par des politiciens qui vivent somptueusement à leurs frais. Ce ras-le-bol fiscal et cette colère des riches furent ignorés des Français insouciants.

L’année suivante, les journalistes publièrent le nombre de foyers fiscaux qui avaient quitté notre enfer fiscal, environ 4700. En raison de l’hémorragie, Bercy arrêta de chiffrer la fuite des cerveaux et des riches de notre paradis socialo-écologiste car cela aurait pu sérieusement inquiéter les préteurs internationaux.

Que pouvait donc faire le gouvernement d’énarques qui n’a jamais envisagé de réduire les dépenses publiques ?

Dans le rendement de l’impôt, le gouvernement peut agir sur deux variables : le taux et l’assiette. Théoriquement, il aurait pu faire passer le taux à 99 % pour ces salauds de riches en leur octroyant la libération fiscale à Noël seulement. Mais les énarques de Bercy ont répondu qu’il est impossible de tondre un mouton toute l’année car la laine ne peut plus repousser.

Que faire ?

Élargir l’assiette de l’impôt aux ménages modestes était la seule solution pour continuer à pouvoir emprunter sur les marchés internationaux car l’appétit du Léviathan est insatiable. Pour pouvoir emprunter, il faut rembourser les emprunts arrivant à échéance. C’est une condition sine qua non pour les prêteurs.

Les Français modestes qui n’ont jamais payé d’impôt de leur vie hurlent à la trahison et manifestent aujourd’hui leur colère. N’ont-ils pas créé leur propre malheur en vomissant toujours ces salauds de riches ? Comme ces derniers sont partis sous des cieux plus cléments, ils sont livrés à eux-mêmes, et cela leur est franchement insupportable. D’où la jacquerie des gilets jaunes.

Deux paroles héritées de deux civilisations différentes peuvent apporter un début de réponse à leurs malheurs.

  • Un dicton chinois pragmatique dit que si le riche maigrît, le pauvre meurt.

Cela sous-entend que le pauvre a besoin du riche pour vivre. N’en déplaise à la majorité des Français, les deux sont indissociables dans une société. Vous rêviez d’égalité, vous avez obtenu la misère et creusé votre tombe. Le socialisme produit toujours le même résultat.

  • Les Évangiles mettent plutôt l’accent sur la réciprocité.

« Ne condamnez pas les autres, pour ne pas être vous-mêmes condamnés. Car vous serez condamné vous-mêmes de la manière dont vous aurez condamné, et on vous appliquera la mesure dont vous vous serez servis pour mesurer les autres. » Matthieu, 7.1

Amen !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Bernard Martoia pour Dreuz.info.

Sources

(1) https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/030624439364-letat-va-emprunter-des-montants-records-sur-les-marches-en-2018-2117564.php
(2) https://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20121216trib000737473/gerard-depardieu-ecrit-au-premier-ministre-minable-vous-avez-dit-minable-.html

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