Publié par Jean-Patrick Grumberg le 30 novembre 2018

J’ai cessé pendant plusieurs mois de vous parler des avancées de l’enquête sur la collusion supposée entre Trump et la Russie car elle tournait en rond : Mueller ne découvrait aucune preuve qu’un crime avait été commis. L’enquête a pris un nouveau tournant.

Des faits nouveaux viennent de se produire, qui laissent penser que Robert Mueller va prochainement ficeler son enquête et publier son rapport, et ce rapport sera politiquement catastrophique pour Trump mais pas juridiquement :

  • Jeudi matin, des agents fédéraux ont fait une descente dans le bureau d’un avocat de Chicago qui a travaillé pour Trump pendant plus d’une décennie pour préparer ses déclarations d’impôt foncier. Le Chicago Sun-Times rapporte (1) que les agents fédéraux ont débarqué à 7h30 du matin, ont fait sortir tous les employés du bureau du président du comité des finances de Chicago, Ed Burke, et ont recouvert les fenêtres de papier brun du sol au plafond.

Le cabinet d’avocats de Burke, Klafter & Burke, a travaillé avec les sociétés de Trump à plusieurs reprises pour préparer les déclarations d’impôt foncier de la Trump Tower et des autres propriétés de Trump à Chicago, rapporte le Sun-Times (2).

Au cours des 12 années qu’il a passées pour Trump, Burke aurait été en mesure de réduire de plus de 14 millions de dollars les impôts fonciers sur la Trump Tower du centre-ville.

Cependant, et selon des sources mentionnées par le Sun, la raison de cette descente du FBI concernerait des accusations sur des affaires en cours, ce qui laisse supposer que l’organisation Trump n’est pas visée. Chicago est une des villes les plus corrompues des Etats-Unis.

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  • Michael Cohen, l’ancien avocat personnel de Trump, qui a été accusé de fraude fiscale et fraude électorale, vient d’avouer avoir menti au Congrès : il a triché de 5 mois sur la date où il aurait approché des promoteurs russes pour la construction d’une Trump Tower à Moscou, laissant sous-entendre que Trump aurait passé un accord avec la Russie en échange d’une aide pour se faire élire. Le danger avec Cohen, c’est qu’après avoir déclaré qu’il était prêt à prendre une balle pour protéger Trump, il s’est empressé de le trahir, et il a, depuis, tellement menti, qu’il n’a plus aucune réputation personnelle à sauver : il est prêt à déclarer tout ce que Mueller lui demandera pour sauver sa peau.
  • Du tac au tac, BuzzFeed, dont la branche européenne a été contrainte de fermer boutique, et qui avait publié le faux dossier Steele accablant Trump dont même CNN n’avait pas voulu car elle le jugeait totalement fantaisiste, vient d’affirmer que Trump avait promis d’offrir à Poutine un penthouse d’une valeur de 50 millions de dollars dans la Trump Tower de Moscou. La crédibilité de BuzzFeed a déjà sérieusement été entachée par le dossier Steele. Là, sans citer aucune source, le média internet avance que “deux responsables américains” lui auraient déclaré que Michael Cohen avait discuté de l’idée du cadeau à Poutine avec un représentant de Dmitry Peskov, le porte-parole de Poutine.

“Le plan de la Trump Tower Moscou est au cœur du nouvel accord de plaidoirie de Cohen [avec Mueller]”, précise BuzzFeed. “[Cohen] a mené les négociations en vue de la construction d’un immeuble de luxe de 100 étages dans la capitale russe. Cohen a reconnu devant le tribunal qu’il avait menti au Congrès au sujet du plan afin de protéger Trump et sa campagne présidentielle.”

Deux autres nouvelles pierres dans le dossier Mueller

  • Paul Manafort, l’ex-directeur de campagne de Trump, lui aussi inculpé par Mueller, mais pour une fraude fiscale qui remonte à 10 ans avant l’élection de Trump, vient d’être accusé par The Guardian d’avoir rencontré Julian Assange à plusieurs reprises et la dernière fois juste avant la publication par Wikileaks d’emails embarrassants piratés sur le compte de John Podesta, le directeur de campagne d’Hillary Clinton. Manafort a nié avoir jamais eu ces rencontres et a engagé des poursuites en diffamation contre The Guardian. Wikileaks a fait de même. The Guardian a depuis discrètement modifié son article (3) – dont Dreuz a conservé une copie de la première version.
  • Jerome Corsi, journaliste conservateur, diplômé d’Harvard en Science politique, vient de refuser de plaider coupable en échange d’un allègement de peine offert par Mueller. Il est accusé d’avoir été informé à l’avance que Wikileaks allait publier les emails de Podesta et d’avoir menti à ce sujet. Corsi a refusé l’appât et déclaré qu’il ne plaiderait pas coupable pour un délit qu’il n’a pas commis. C’est un autre gros revers pour Mueller.
  • Enfin, ce n’est pas un rebondissement mais une précision importante, George Papadopoulos, l’ancien membre de la campagne de Trump, a été condamné à 14 jours de prison – une sentence qu’il exécute en ce moment – pour avoir menti d’un mois sur la date de sa rencontre avec le professeur Jospeh Misfud, un homme employé par le FBI qui tentait de lui tirer les vers du nez et de le faire trébucher sur la collusion de Trump avec la Russie et la publication par Wikileaks des emails de Podesta. La rencontre n’avait rien d’illégal, elle ne révèle rien sur l’accusation de collusion entre Trump et la Russie, mais Papadopoulos a été condamné parce qu’il s’est trompé d’un mois dans son récit des faits.

Le moment est venu de clarifier la nature du mandat de Mueller

Aucun média ne l’a jamais fait. Vous ne lirez cette explication nulle part, sauf sur Dreuz.info. Elle est pourtant indispensable pour comprendre le tsunami médiatique de force 10 qui se prépare.

Pour faire court, beaucoup ont pensé que le procureur spécial avait pour mission de faire jaillir la lumière et dire le vrai. Rien n’est moins vrai. Et là se situe le nœud de toute l’affaire. La mission du procureur spécial est de montrer la culpabilité de Trump. Son travail est celui d’un procureur qui prépare son dossier en accusation. Il n’est pas là pour présenter les preuves qui peuvent innocenter Trump mais pour les dissimuler.

Rappelons une fois encore – on ne le dira jamais assez – que malgré deux ans d’enquête, et l’assistance des très puissantes machines d’investigation du Washington Post (c’est lui qui a levé le Watergate) et du New York Times (qui a révélé le scandale des emails d’Hillary Clinton), le procureur spécial Robert Mueller et sa horde de 15 pugnaces avocats anti-Trump n’a toujours pas trouvé les preuves que la campagne de Trump s’est alliée à la Russie pour voler l’élection présidentielle.

De ce constat, deux révélations importantes :

I -La méthode Mueller

Au travers des inculpations de Mueller, notamment celle de Michael Flynn, l’ex-conseiller Affaires étrangères de Trump qui a été poussé à plaider coupable d’avoir menti au FBI – alors que les agents du FBI qui l’ont interrogé ont déclaré qu’il n’a pas menti – la méthode Mueller devient claire :

  1. Mueller et son gang piègent les personnes qu’il interroge, jouent sur leurs erreurs de mémoire, pour qu’ils se contredisent. Cela permet de les accuser de mensonge, ce qui est un délit punissable de 5 ans de prison minimum par infraction. Cela porte le nom de “perjury trap”.
  2. Mueller les force ensuite à admettre avoir menti – même s’ils n’ont pas menti, comme c’est le cas de Flynn.
  3. Il leur propose ensuite un allègement de la peine de prison qu’ils encourent, en échange d’un aveu qui permet à Mueller d’avancer dans son inquisition contre le président.

II -La vérité de l’enquête de Mueller, expliquée par le professeur de droit constitutionnel Alan Dershowitz 

L’auteur du livre “l’argument contre la destitution de Trump”, le professeur Démocrate et soutient d’Hillary Clinton Alan Dershowitz explique :

“Tout d’abord, nous allons finir par voir une grande partie du rapport, probablement l’ensemble du rapport, mais nous ne devrions pas en tirer des conclusions avant de lire les arguments en réfutation de l’équipe juridique du président, car sinon, ce serait une présentation complètement partiale.

Rappelez-vous que ce rapport, c’est comme un dossier d’accusation, même si ce ne sera pas une mise en accusation. Il s’agit d’une seule partie du dossier, fondé uniquement sur les témoignages accablants, produits par des témoins que l’accusation a tenté de faire comparaître, et comme tout le monde le sait, un acte d’accusation ne peut être utilisé comme preuve de culpabilité.

Ce rapport n’est pas une atteinte à la présomption d’innocence, c’est simplement un document d’accusation, et c’est ainsi que nous devons lire le rapport publié par Mueller : une accusation. Et nous devons voir l’autre côté de l’histoire avant de pouvoir arriver à une conclusion.

D’une certaine façon, les gens pensent que [le rapport Mueller] mérite plus de crédibilité parce que c’est un rapport d’un avocat spécial, mais ce n’est pas vrai. L’avocat spécial n’est qu’un procureur qui examine une partie de l’affaire, et il envoie un compte rendu unilatéral, qui est très critique à l’égard des sujets sur lesquels il enquête.

Il n’est donc pas nécessaire qu’il y ait un équilibre, dans le rapport, ni qu’il montre les deux côtés de la question. Bien au contraire. C’est un rapport d’accusation.

Quiconque s’attend à l’équilibre, à l’équité, aux nuances, se trompe de type de document.

Il n’y a pas d’équilibre quand on n’a pas entendu l’autre version de l’histoire, quand on n’a pas entendu de témoins qui peuvent vous disculper, quand on a seulement essayé de monter un dossier d’accusation, un dossier de procureur, et c’est pourquoi il est essentiel que l’équipe du président puisse publier son propre rapport en même temps que le rapport Mueller.

Les gens qui ont dit que nous avions besoin d’une enquête spéciale de la part d’un enquêteur spécial pour savoir ce qui s’est passé dans le cadre d’un exercice d’information ont menti.

[Et au passage], le licenciement de Mueller ne constitue pas une infraction passible d’une mise en accusation, parce que ce n’est pas un crime. Le Président a l’autorité pour le faire. Ce serait politiquement très dommageable de le faire, mais légalement, il a le droit de le faire.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

(1) Chicago Sun-Times
(2) Sun-Times
(3) The Guardian

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