Publié par Jean-Patrick Grumberg le 8 décembre 2018

Selon le nouveau mémorandum publié par l’avocat spécial Robert Mueller, Paul Manafort, l’ex-directeur de campagne de Trump, a menti sur cinq questions après avoir plaidé coupable en échange d’un allègement de peine. Et rien ne concerne ni Donald Trump, ni sa campagne électorale, ni la Russie, ni aucune forme de collusion.

La journaliste d’investigation Catherine Herridge explique la nature des trois dépôts de plainte rendus publics par Mueller vendredi 7 décembre en fin de journée. Catherine Herridge est correspondante en chef de FOX News à Washington. Elle couvre les domaines du renseignement, du ministère de la Justice et du ministère de la Sécurité nationale.

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“Commençons à New York avec la plainte de Robert Mueller contre l’ex-avocat personnel de Trump, Michael Cohen.

En ce qui concerne la détermination de la peine, il recommande une peine d’emprisonnement d’environ quatre ans et une amende de 500 000 $.

Le dossier de l’avocat spécial contient en quelque sorte un indicateur du genre d’information que Cohen lui a fourni sur l’affaire Trump, et il est indiqué que Cohen a donné au bureau de l’avocat spécial des renseignements utiles concernant certaines réunions que Cohen a obtenues grâce à ses contacts réguliers avec les dirigeants de la campagne Trump.

Au cours de la campagne, Cohen a utilisé ses contacts avec les personnes liées à la Maison-Blanche pendant la période 2017-2018. Donc, ce que nous avons dans le dossier, c’est une sorte d’éclairage sur ses contacts russes, mais nous nous sentons un peu floués parce que nous ne savons pas, d’après le dossier, ce qui s’est passé avec ces contacts russes, et si ceux-ci étaient inappropriés.

C’est un peu comme un teaser : vous voyez certains de ces renseignements que nous savons déjà concernant Michael Cohen qui a plaidé coupable d’avoir menti au Congrès au sujet d’une tractation immobilière à Moscou en 2016, alors qu’en fait il a continué sa négociation jusqu’en juin, donc c’était au plus fort de la campagne présidentielle, ce qui est une question de calendrier … mais encore une fois, nous ne pouvons pas spéculer parce que nous ne savons pas quelle est l’essence de ces contacts et s’ils sont pertinents pour cette accusation de collusion avec les Russes.”

Nous savons cependant que la recommandation de Mueller de quatre ans de prison et 500 000 $ d’amende ne concerne pas ses contacts avec les Russes, qui n’étaient donc ni répréhensibles ni en rapport avec l’accusation que Trump aurait coopéré avec la Russie pour remporter l’élection.

Paul Manafort

Catherine Herridge :

“Ce qui est important est que c’est un ancien directeur de campagne [de Trump] et que l’avocat spécial allègue qu’il a violé leurs accords relatifs à son plaidé coupable. Il a plaidé coupable d’un certain nombre de délits, mais dans le cadre des négociations, il a dit qu’il coopérerait avec l’avocat spécial, lequel envisagerait une réduction de sa peine de prison, et que sa femme et sa fille seraient en mesure de garder leur maison. Mais ce qui s’est passé aujourd’hui, c’est que le juge a décidé que la partie du dossier serait sous scellés, ce qui signifie qu’elle n’est pas publique. Nous ne pouvons pas voir ce que nous aimerions. Vous ne pouvez pas le voir parce qu’il y aurait des enquêtes en cours. Il y a une partie qui est visible, et qui prétend que Manafort a violé son accord en maintenant des contacts avec l’Administration Trump alors qu’il devait cesser tout contact. Rien de cela ne concerne ni la Russie ni une collusion pour voler l’élection, puisqu’il s’agit de contacts post-électoraux.

Il y a maintenant du nouveau ce soir.

John Roberts, journaliste d’investigation de Fox News, a appris qu’une des parties caviardées du mémo concerne une enquête est en cours relativement à Tony Podesta [NDLR: le frère de John Podesta, le directeur de campagne d’Hillary Clinton et dont les emails ont été piratés et publiés par Wikileaks]. Ce que les données indiquent, et c’est très logique pour moi parce que ce que nous avons vu qu’en arrière-plan Manafort travaillait avec Podesta, c’est qu’il y a une enquête sur Tony Podesta et son travail de lobbying, et il était l’avocat de la Maison-Blanche sous l’administration Obama.

L’une des questions que se sont posées les Républicains est de savoir si l’enquête de l’avocat spécial ne porterait que sur les actions éventuellement répréhensibles de Républicains qui ont enfreint la Loi sur l’enregistrement des lobbyistes qui représentent des pays étrangers, ou s’il regardera aussi les mêmes infractions commises par des Démocrates, et si son enquête porte vraiment sur une collaboration [de Trump] avec la Russie.”

Mueller ne semble pas décidé à déposer plainte pour ces nouveaux mensonges reprochés à Manafort. Dix des chefs d’accusation de Mueller ont déjà été rejetées par un tribunal de Virginie.

Konstantin Kilimnik, agent russe en Ukraine

Les journalistes salivent abondamment avec cette révélation du mémorandum indiquant que l’avocat spécial Mueller accuse l’ancien chef de la campagne Trump d’avoir menti au sujet de ses contacts avec Konstantin Kilimnik, un employé russe qui travaillait pour son cabinet de conseil politique. Mueller a dit que Kilimnik possède des liens avec les services secrets du Kremlin.

La révélation est lourde de conséquences, elle laisse supposer que la culpabilité de Trump est avérée.

Il faut aller jusqu’à la 17e page de recherche sur Google pour apprendre que cette collaboration avec Kilimnik reprochée à Manafort remonte aux années 2012-2013 (1). Il n’y a aucune mention dans aucun média. Etrange…

Aucune mention nulle part que les rencontres entre Manafort et Kilimnik en 2016 pendant la campagne concernent une dette impayée de 19 millions de dollars pour un investissement dans une entreprise de télévision ukrainienne qui a échoué en 2007. Etrange vous avez dit étrange…

James Comey

L’ex-directeur du FBI d’Obama James Comey, tombé en disgrâce pour avoir politisé le FBI afin d’innocenter Hillary Clinton et faire condamner Trump a été encore une fois entendu par la commission d’enquête du Sénat ce vendredi. C’est une situation extraordinaire qu’un directeur du FBI soit convoqué une nouvelle fois par une commission d’enquête pour témoigner sous serment, car cela laisse penser que les Sénateurs ont la conviction qu’il n’a pas dit toute la vérité, ou qu’il a menti, dans l’affaire du scandale des emails de Clinton ou de l’utilisation du dossier Steele payé par Clinton pour faire mettre la campagne Trump sur écoute.

Il est intéressant de se souvenir que James Comey est un intime de l’avocat spécial Mueller. C’est pour faire nommer Mueller afin qu’il découvre non pas les coupables, mais un crime supposé de Trump, que Comey a fait fuiter des documents officiels et secrets du FBI au New York Times.

Mueller vient de lui renvoyer l’ascenseur en publiant ses mémorandums le jour même où Comey était entendu pendant 6 heures par les enquêteurs du Sénat. Cette extraordinaire convocation, qui permettra peut-être de solidifier le dossier d’accusation contre Clinton, Mueller a réussi à le faire disparaître des médias par la publication de ses mémos.

Trump ne videra pas le marécage, mais il réussira probablement à le nettoyer de ses plus pestilentielles odeurs.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

(1) Business Insider

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