Publié par Gaia - Dreuz le 11 décembre 2018

L’ouverture d’une nouvelle librairie cataloguée « à droite » en plein cœur du Quartier latin au 11 rue de Médicis dans le VIe arrondissement peut constituer un petit événement en soi.

Une inauguration qui a été suivie par les médias, de diverses manières comme on le verra. Un public qui s’intéresse au journalisme doit s’intéresser aussi au monde de l’édition et de la librairie. Nous avons demandé à François Bousquet, gérant de La Nouvelle Librairie de nous en dire plus.

L’Observatoire du journalisme : Une librairie de plus à Paris, qui se dit nouvelle comme le dit son intitulé La Nouvelle Librairie, mais quel est le caractère novateur de votre établissement ?

François Bousquet : Le monde de la librairie à Paris historiquement, c’est le Quartier latin. Ce petit périmètre abrite une des plus fortes densités de librairies en Europe et peut-être dans le monde. Nombre de ces librairies sont remarquablement achalandées, mais elles sont, au pire conformistes dans le sens du politiquement correct, au mieux dans une neutralité idéologique réticente à nos idées. Or, nos idées n’ont pas vocation à circuler sous le manteau, comme une maladie honteuse. Être au Quartier latin pour une librairie intellectuelle anticonformiste, attachée à l’identité, aux frontières, au recours au peuple, c’est s’affirmer, s’afficher sans complexe. S’implanter dans un lieu aussi symbolique, épicentre du pouvoir intellectuel, là où se forment quantité d’étudiants, c’est investir intellectuellement un territoire.

La vérité, c’est que le gauchisme culturel libéral-libertaire domine les médias, l’Université, les corps constitués. On peut parler d’un véritable contrôle social à travers une rente de situation. Que faire ? Se taire ? Au moment où nos thèmes sont au premier plan partout, au moment où le recours au peuple – comme le montrent les gilets jaunes – signe le retour de la démocratie réelle, nous devons nous affirmer tranquillement, exposer nos idées, nos livres, nos publications, nos auteurs.

J’ai employé le mot de territoire. J’ajoute que la Nouvelle Librairie est un lieu vivant. Signatures chaque semaine, débats, apéritifs de discussion, réunions de rédaction, nous voulons nous ouvrir à notre public, le faire participer, réfléchir et avancer avec lui.

Enfin, il ne faut pas oublier que quasi 70 000 ouvrages sont publiés annuellement. Comment s’y retrouver ? Rappelez-vous le Petit Poucet. Il sème ses petits cailloux pour trouver son chemin. Nous sommes ce Petit Poucet qui sème ses petits cailloux dans un environnement éditorial hostile.

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Certains articles de presses ont salué (ou condamné) votre initiative, quelles ont été les réactions des différents médias ?

Très vite nous avons été l’objet d’une fatwa, d’une mise à l’index sous la plume de Jérôme Dupuis dans L’Express sous le titre « Une libraire d’extrême droite à l’assaut du Quartier latin ». Suivi d’une incitation directe à l’ouverture de la chasse à l’homme, je le cite : « La proximité immédiate du Sénat avec ses policiers et ses caméras, dissuadera-t-elle des activistes de vandaliser la librairie de la rue de Médicis ? ». C’est un travail d’indicateur de la police de la pensée. J’ai reçu longuement ce monsieur qui se fait ensuite exécuteur de justice. En raison pratique, il convoque des « activistes » (admirez l’euphémisme pour ne pas dire casseurs ou terroristes) qui pourraient/devraient « vandaliser », autrement dire la mettre à sac. De tels procédés déshonorent un peu plus les médias de grand chemin. Bien sûr Médiapart a repris l’article dix jours plus tard : entre policiers de la pensée, on se comprend.

Vous avez été victimes de gesticulations pour vous impressionner, voire vous interdire, de quelle manière ?

L’appel au vandalisme de Jérôme Dupuis a été prestement entendu. La façade a été dégradée dans la nuit même qui a suivi sa parution, et le lendemain une bande dite d’« antifas » a essayé de nous intimider physiquement en pénétrant dans la librairie.

Quelques jours plus tard à l’occasion de la venue d’Éric Zemmour venu signer son livre Un destin français, un pseudo “Comité autonome” de la Sorbonne avait appelé à manifester et à interdire la signature qui a du se faire sous protection policière. Le 9 octobre, un groupe de 150 à 200 de ces « activistes » chers à L’Express ont débarqué avec l’intention de « faire cramer » la librairie, ses employés et les clients. Ces derniers ont été exfiltrés par la police une heure plus tard. Une journaliste de l’AFP qui se trouvait sur place n’a pas trouvé bon de publier une dépêche, la censure par le silence.

Les médias officiels daubent sur les manquements à la démocratie en Russie ou en Hongrie, mais passent sous silence ces faits. Une conception élastique de la liberté d’expression. Volens nolens, nous sommes devenus malgré nous un symbole de la liberté d’écrire, d’éditer, de diffuser. Un côté positif malgré tout : si nous sommes gênants pour le système et ses nervis obligés, c’est que notre combat intellectuel porte ses fruits.

Vous êtes également le rédacteur en chef de la revue Éléments, allez-vous vous limiter aux auteurs et aux revues gravitant autour de votre journal et des idées de la Nouvelle Droite ?

L’essence de notre projet c’est réunir, fédérer, agréger. Nous voulons être un pivot, une plaque tournante du renouvellement des idées sous le parrainage entre autres d’Éléments, mais en faisant bon accueil à tous les dissidents du Système. La Nouvelle Librairie a déjà noué quantité de partenariats, avec les éditions Pierre-Guillaume de Roux, l’Institut Iliade… Il faut s’ouvrir, débattre, sortir des disputes de cours de récréation, refuser l’entre soi et susciter des fécondations croisées. Globalement, nos idées semblent dominer le débat, mais c’est en partie une illusion d’optique, nous sommes cruellement privés de moyens de diffusion. Nous devons être à la fois Les Cahiers de la Quinzaine de Péguy, les non-conformistes d’avant-guerre, les éditions de la Table Ronde et Le Figaro Magazine quand il portait un débat intellectuel. De l’air, de l’air, ouvrons portes et fenêtres en grand aux auteurs, artistes, créateurs et bien entendu aux lecteurs.

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Vous êtes maintenant ouverts depuis quelques mois, quelle est la réaction du public et quels sont vos projets ?

Notre cible, ce sont les nouvelles générations. Et ce sont elles qui fréquentent majoritairement la Nouvelle Librairie. Nous voulons les réinscrire dans une chaîne de savoir et de transmission, leur dire qu’elles ne sont pas seules dans un océan de conformisme universitaire, que le Quartier latin leur appartient de nouveau, qu’elles ont une ancestralité à faire valoir et à dépoussiérer. Et les clients sont là, parfois venus spécialement de province, trouvant chez nous une nourriture intellectuelle et spirituelle consistante.

Le projet en cours c’est la refonte complète de notre site Internet, un site vitrine sympathique, mais insuffisant. Nous avons un fond de livres d’occasion unique qui est difficilement accessible, nous sommes en train de le numériser. Nous multiplions les signatures comme celles de Bernard Lugan le 11 décembre, de Slobodan Despot qui viendra présenter son Antipresse le 20 décembre et Pierre Jovanovic le samedi 22 décembre. Toutes les signatures ont lieu de 18h à 20h, sauf la dernière qui démarrera à 15h, Noël oblige. De bonnes occasions pour vos cadeaux.

La Nouvelle Librairie, 11 rue de Médicis, 75006 Paris
Ouverture du mardi au samedi 13h/20h
www.lanouvellelibrairie.com
Tél. : 01 42 01 83 73
Mail : [email protected]

Accès par Métro Ligne 10 : arrêt Odéon
Accès par RER B : arrêt Luxembourg

Source : Ojim

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