“Donald Trump est un des meilleurs présidents américains que j’aie jamais vus” : a déclaré l’auteur Michel Houellebecq au très anti-Trump magazine Harper’s qui a dû s’étrangler !
Après une longue tirade très mal informée sur la démocratie américaine, une remarque assez juste sur le fait que la gauche américaine a totalement abandonné le combat pour la liberté de la presse, et une comparaison hasardeuse de la politique étrangère d’Obama et de Trump qui montre qu’il n’a pas bien compris les ressorts qui motivent Trump, Houellebecq plonge le bec dans ce que le président américain fait de bien, de son point de vue français.
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“Ce qui est le plus remarquable dans la nouvelle politique américaine, c’est certainement la position du pays sur le commerce, et là, Trump a été comme une bouffée d’air frais ; vous avez vraiment bien fait d’élire un président dont les origines se trouvent dans ce qu’on appelle la “société civile”, dit Houellebecq.
“Le président Trump déchire les traités et les accords commerciaux quand il pense que c’était mal de les signer. Il a raison à ce sujet ; les dirigeants doivent savoir comment utiliser la période de réflexion et se retirer des mauvaises affaires.” [Houellebeck a manqué de préciser pourquoi Trump considère qu’un accord est bon ou pas. Le président applique un test simple : profitent-ils oui ou non au peuple américain]
Ce qui vient est plus douteux – en fait Houellebecq, comme beaucoup d’intellectuels français – se mélange les pinceaux avec des concepts économiques qu’il ne comprend pas bien.
“Contrairement aux libéraux [on ne sait pas si Houellebeck parle des “libéraux” au sens français du terme, ou au sens américain, qui veut dire gauchistes, et que le traducteur aurait mal traduit] du libre marché (qui sont, à leur manière, aussi fanatiques que les communistes), le président Trump ne considère pas le libre-échange mondial comme l’unique finalité du progrès humain [là-dessus, Houellebecq se goure, il n’a pas écouté les propos de Trump qui a plusieurs fois déclaré qu’il est pour le libre-échange total, et il n’a pas pigé que les libéraux ne voient pas le libre-échange comme une fin mais une façon de foutre la paix aux gens qui savent faire des affaires et du commerce]. Lorsque le libre-échange favorise les intérêts américains, le président Trump est en faveur du libre-échange [ben non] ; dans le cas contraire, il trouve les mesures protectionnistes démodées tout à fait appropriées [ben encore non, Houellebecq se met le doigt dans l’oeil, qu’il lise le contenu des nouveaux accords commerciaux avec le Canada et le Mexique – qui n’ont d’ailleurs pas encore été ratifiés par le Sénat].
“Le président Trump a été élu pour défendre les intérêts des travailleurs américains ; il défend les intérêts des travailleurs américains. Au cours des cinquante dernières années en France, on aurait souhaité rencontrer plus souvent ce genre d’attitude.”
Là, l’auteur a raison, et un superbe graphique animé montre l’évolution de la politique économique américaine et le succès du capitalisme et du libéralisme :
L’Europe, une idée stupide qui a tourné au cauchemar
“Le Président Trump n’aime pas l’Union européenne, poursuit l’auteur français. Il pense que nous n’avons pas beaucoup en commun, surtout pas de ‘valeurs’ ; et je dis que c’est heureux, parce que, quelles valeurs ? “Droits de l’homme” ? Sérieusement ? Il [Trump] préfère négocier directement avec les différents pays, et je crois que c’est en fait préférable ; je ne pense pas que l’union fasse nécessairement la force [il suffit de voir la Suisse ou Israël pour s’en convaincre].
Je crois qu’en Europe, nous n’avons ni langage commun, ni valeurs communes, ni intérêts communs, qu’en un mot, l’Europe n’existe pas, et qu’elle ne constituera jamais un peuple et ne soutiendra jamais une possible démocratie (voir l’étymologie du terme), simplement parce qu’elle ne veut pas être un peuple. Bref, l’Europe n’est qu’une idée stupide qui s’est peu à peu transformée en cauchemar, dont nous finirons par nous réveiller.
Et dans son espoir d’un “États-Unis d’Europe”, référence évidente aux États-Unis, Victor Hugo n’a fait que prouver sa grandiloquence et sa stupidité ; cela me fait toujours un peu de bien de critiquer Victor Hugo.
En toute logique, le président Trump s’est réjoui de Brexit. En toute logique, moi aussi. Mon seul regret est que les Britanniques se soient montrés une fois de plus, plus courageux que nous face à l’empire. Les Britanniques me tapent sur les nerfs, mais on ne peut nier leur courage.”
La Russie n’est pas le guide universel de l’humanité
“Le Président Trump ne considère pas Vladimir Poutine comme un partenaire avec lequel il est indigne de négocier ; moi non plus. Je ne crois pas qu’on ait assigné à la Russie le rôle de guide universel de l’humanité – mon admiration pour Dostoïevski ne va pas aussi loin – mais j’admire la persistance de l’orthodoxie sur ses propres terres, je pense que le catholicisme romain ferait bien de s’en inspirer, et je crois que le “dialogue œcuménique” pourrait se limiter à un dialogue avec l’Eglise orthodoxe (le Christianisme est une “religion du Livre”, comme on dit trop rapidement ; c’est aussi, et peut-être surtout, une religion de l’Incarnation). Je suis douloureusement conscient que le Grand Schisme de 1054 a été, pour l’Europe chrétienne, le début de la fin ; mais d’un autre côté, je crois que la fin n’est jamais certaine avant qu’elle n’arrive.
Il semble que le président Trump ait même réussi à dompter le fou nord-coréen ; j’ai trouvé cet exploit très classe.
Il semble que le président Trump ait récemment déclaré : “Vous savez ce que je suis ? Je suis nationaliste !” [Je confirme]. Moi aussi, précisément. Les nationalistes peuvent se parler entre eux ; avec les internationalistes, curieusement, parler ne fonctionne pas si bien.”
L’un des meilleurs présidents que j’aie jamais vus
“En résumé, le président Trump me semble être l’un des meilleurs présidents américains que j’aie jamais vus.
Il faut s’habituer à l’idée, digne peuple américain : en fin de compte, peut-être que Donald Trump aura été une épreuve nécessaire pour vous. Et vous serez toujours les bienvenus en tant que touristes.”
Conclusion
Les remarques de Houellebecq sont plutôt justes, mais elles ne m’ont pas particulièrement impressionné. Je n’ai rien lu d’original, et il n’a pas exactement découvert l’eau tiède. On le dit provocateur, je peine à découvrir la provocation dans ses propos. De nombreux commentateurs américains ont des réflexions bien plus élaborées sur le président américain. Houellebecq reste assez superficiel. Mais il sort du lot des moutons anti-Trump, c’est déjà ça et ça mérite d’être salué.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
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Vous dites que ses remarques ne vous ont pas impressionné, mais un type comme lui avec un mental très français est un quasi “prophète” avec soumission. De plus vous êtes en immersion Américaine et c’est vôtre boulot (compliments).
Quand ce type ouvre la bouche le sens global est bon. Si au moins 50% des Français avaient la clairvoyance de Houellebecq, on n’en serait pas là.
N’oubliez pas qu’avec la meilleures disposition d’esprit possible, la France est majoritairement dans le rejet visceral de Trump. d’ailleurs Houellebecq subit le même traitement car beaucoup de gens amalgament par exemple … aspect physique, photos et mensonges de la presse à valeur intellectuelle et morale.
Merci pour cet article.
Merci Jean-Patrick. Je partage votre opinion sur Houellebecq. Je crois qu’il est malin et qu’il suit la courbe de ses ventes. C’est, pour moi, un médiocre plumitif et un bon produit de la boboïtude.
Faux Monsieur Balcon, Houellebecq n’est pas un médiocre plumitif, il est au contraire un écrivain génial, certes déconcertant souvent, mais c’est ce qui ajoute à son charme ; son style sobre et “gris” non dépourvu de recul et ce qu’il faut de cynisme est inégalable. Moi j’ai lu tous ses livres – et vous ? – “les particules élémentaires” furent pour moi un vrai choc, j’ai lu ça d’une traite, entre rires et pleurs, un enchantement véritable. Ce roman est une analyse froide du passé récent et du présent (et du futur ?) écrite dans un style éblouissant. Ses propos sur Trump m’ont plu, ils ressemblent à ce que je pense, d’autant que, c’est vrai ici en France, Trump est haï, vomi par une pensée étroite – c’est pas pour rien qu’on la qualifie d'”unique” . Quant à la boboïtude supposée de Houellebecq, là aussi vous commettez un jugement grossier et faux, Houellebecq c’est le contraire d’un bobo, c’est une conscience “malheureuse”, entamée par la dévastation du monde contemporain, et il témoigne, exacerbé et extralucide… et modeste – du moins apparemment .
La littérature de Houellebecq s’avale comme un bon vin de Bourgogne , Chassagne Montrachet par exemple !
Lu et approuvé
Au contraire,Houellebecq est un visionnaire ! hélas!
Sous couvert de fictions,il détourne la censure :avec Plateforme mais surtout Soumission il exprime sa vision de l’avenir bien noir qui nous attend
merci @exyle, complètement avec vous !
Si le regretté Maurice Georges Dantec était encore de ce monde , il aurait quitté son exil de Montréal pour aller à New-York !
@Jean-Patrick Grumberg.
Très intéressant cette comparaison des évolutions du PIB des différents pays.
Mais sans prendre en compte la dette extérieure des pays, probablement d’ailleurs la seule composante extérieure de celle-ci, le résultat n’est peut-être pas aussi limpide qu’il paraît. Le Japon, le pays le plus endetté (l’état japonais) a un pourcentage de dette vis-à-vis de l’extérieur très faible. Sa dette est essentiellement un problème interne au pays et cela me semble un jeu à somme nulle en regard du PIB.
(Mais sans la confirmation d’un véritable économiste, je n’oserais l’affirmer)
Ne faudrait-il pas déduire du PIB, les intérêts de la dette extérieures de chaque pays, pour se faire une idée plus juste ?
Le PIB est obtenu par l’addition des valeurs ajoutées des entreprises (et administrations) : il représente donc le fruit du TRAVAIL des habitants du pays.
Les intérêts sont exclus de ce calcul parce qu’ils servent à rémunérer le CAPITAL : mélanger les deux n’aurait pas de sens.
Je me suis déjà fourvoyé en prenant le PNB pour le PIB. Mais de fait cela ne change pas vraiment la donne, sinon sur les investissements extérieurs.
A vrai dire je réagissait sur un article paru dans la presse il y a peu et qui annonçait triomphalement que l’arrivée des migrants avait provoqué un accroissement du PNB, produit national brut, dans les pays qui les accueillaient. L’article avait l’air de croire que cette arrivée et cette charge massive…. nous enrichissait !
Le PNB augmente évidemment si on augmente la dépense globale. Mais c’est donc sans tenir compte bien sûr que ces dépenses non prévues étaient souvent financées par des emprunts à l’étranger, c’est-à-dire l’accroissement de la dette ou sinon ponctionnée sur d’autres budgets plus utiles et nécessaires, voir d’autres investissements de l’Etat. C’était sans dire également que le PNB/par personne était lui en conséquence de l’augmentation du nombre d’habitants, en diminution.
Je ne sais trop comment est évalué le PNB mais j’avais cru comprendre que c’était la somme des dépenses faites par un pays. Mais si ce marqueur ne tient pas compte que l’ensemble des dépenses est pour partie couvert par la dette (des emprunts), c’est un mauvais marqueur et il faudrait déduire ces emprunts au résultat.
Une façon de faire cela pour tenir compte de la masse de la dette qui s’accumule année après année était peut-être alors de déduire une somme équivalente à la charge de la dette que doit supporter les pays endettés. D’où ma proposition, Il ne s’agit pas à proprement parlé de intérêts de la dette mais une masse monétaire capitalisée sur ceux-ci.
Mais je ne sais pas du tout ce que cela vaut car je n’ai pas le bagage ni le temps d’approfondit cette question, d’où mon appel à Jean-Patrick que je sais bien entouré dans ce domaine !
@Jacques Ady
Oui bien sûr. Merci pour votre remarque qui m’a fait voir ma bévue.
« Le Président Trump n’aime pas l’Union européenne, poursuit l’auteur français. Il pense que nous n’avons pas beaucoup en commun, surtout pas de ‘valeurs’ ; et je dis que c’est heureux, parce que, quelles valeurs ? « Droits de l’homme » ? Sérieusement ? Il [Trump] préfère négocier directement avec les différents pays, et je crois que c’est en fait préférable ; je ne pense pas que l’union fasse nécessairement la force [il suffit de voir la Suisse ou Israël pour s’en convaincre]. Je crois qu’en Europe, nous n’avons ni langage commun, ni valeurs communes, ni intérêts communs, qu’en un mot, l’Europe n’existe pas, et qu’elle ne constituera jamais un peuple et ne soutiendra jamais une possible démocratie (voir l’étymologie du terme), simplement parce qu’elle ne veut pas être un peuple. Bref, l’Europe n’est qu’une idée stupide qui s’est peu à peu transformée en cauchemar, dont nous finirons par nous réveiller”.
Et bien là, je ne serai pas du tout d’accord avec vous. Non, l’Europe en tant qu’union n’est pas une stupidité. Il y a des valeurs communes et des intérêts communs. Alors que représente la Suisse à elle-seule? Un brave petit pays bien beau, bien héroïque et puis après? Elle n’a même pas accès à la mer sauf grâce aux concessions de ses voisins. Israël est un pays occidental mais qui n’est pas situé en Europe. Suisse et Israël sont deux pays de gens généralement très intelligents et courageux, mais enfin face aux Goliath modernes, je ne suis pas certain que ces David fassent vraiment le poids sans alliance. La Suisse est entourée par l’OTAN et l’UE. Israël est protégé par les Etats-Unis. Je suis très enthousiasmé par leur capacité de résilience, mais n’allons pas croire que ces deux pays soient des superpuissances indépendantes.
Quant à la Russie et l’orthodoxie, qu’ont-elles apporté au monde de vraiment essentiel? RIEN dans toutes les langues. Le vide intégral. Dostoyevskyi, oui. Mais enfin on peut vous sortir 20 écrivains français pour le même prix: Pascal, Montaigne, Montesquieu, Molière, Descartes, Say, Beaumarchais, Balzac, Stendhal, Hugo, Baudelaire, Ronsart, Voltaire, Marcel, Camus, Malraux, et bien d’autres. Come on. Ceci dit, DJT est vraiment un excellent POTUS. L’UE est un projet libéral classique qui s’est fait confisqué. Cela a failli arriver à la libérale classique Amérique avec Obama.
Dreuz aurait-il l’adresse du coiffeur de Michel Houllebecq? Cette personne fait preuve d’un talent évident, c’est clair.
WOW si un intéllo comme lui réalise que Trump est bon alors ses propos peux réveiller tout les gauchistes endormi par le système * * Big Brother * * que les médias donne comme info manipuler et mensonger …. bref c’est le début d’un nouvelle façon de prendre contact avec la réalité …… a l’époque des gens courageux osaient dire que la planète est ronde même si les médias de l’époque ( l’église ) s’opposaient a la vérité ou quand Churchill et Chaplin osaient dire que hitler était dangereux ….. c’est après que Varsovie et Londre soit en feu que les gens ont compris …. bientôt le réveil
les résultats de trump devrait faire réfléchir nos experts, politicards journaleux aux ordres, toutes les catastrophes qu’ils avaient annoncées ….même le coréen fou ou le chinois fort se sont vite aperçu qu’il ne plaisantait pas!
quant à l’union européenne, on verra si les votants sont réalistes ou pas dans six mois!
poutine fait encore peur, la propagande boboïste le montre en tyran, c’est une erreur tellement patente que je me demande pourquoi certains ne s’en rendent pas compte, comme pour israel le jugement de certains est resté coincé dans les années trente!