Publié par Christian Larnet le 18 décembre 2018

Une orthophoniste pour enfants qui travaille depuis neuf ans dans une école d’Austin, au Texas, a été licenciée par l’administration de l’école publique, après avoir refusé de signer un document jurant qu’elle “ne boycotte pas” Israël ou “ne prendra aucune mesure visant à causer un préjudice économique à Israël”.

Bahia Amawi, spécialiste du langage de l’enfant, est citoyenne américaine. Elle a obtenu une maîtrise en orthophonie en 1999. Amawi est née en Autriche. Elle vit aux États-Unis depuis 30 ans et parle couramment trois langues (anglais, allemand et arabe) et a quatre enfants américains nés aux États-Unis. Elle est musulmane et antisémite.

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Amawi a commencé à travailler en 2009 pour l’établissement scolaire public de Pflugerville. Son contrat a été renouvelé chaque année depuis, sans controverse ni problème.

Mais cette année, tout a changé.

Le 13 août, le district scolaire lui a offert de prolonger son contrat pour une autre année, et lui a envoyé essentiellement le même contrat que celui qu’elle a signé à la fin de chaque année depuis 2009.

Elle était donc prête à signer le renouvellement de son contrat, jusqu’à ce qu’elle remarque un nouvel ajout extrêmement important : une attestation qu’elle était tenue de signer en s’engageant à

  • “ne pas boycotter Israël”,
  • “ne pas boycotter Israël pendant la durée du contrat” et
  • à s’abstenir de toute action “visant à pénaliser, à causer un préjudice économique ou à limiter les relations commerciales avec Israël, ou avec une personne ou entité faisant affaire dans un territoire sous contrôle israélien” [notez le terme : “territoire sous contrôle israélien” et non le terme usuellement employé en France de “colonies” ou “territoires occupés” qui sont politiquement chargés d’accusation contre Israël].

Le serment proposé à Amawi lui interdit évidemment de préconiser un tel boycott ou de soutenir l’organisation antisémite BDS, étant donné qu’un tel discours pourrait être considéré comme “destiné à pénaliser, à causer un préjudice économique ou à limiter les relations commerciales avec Israël”.

Amawi a conclu qu’elle ne pouvait pas sincèrement et de bonne foi signer le document parce que, de concert avec sa famille, elle avait déjà pris la décision de s’abstenir d’acheter des biens aux entreprises israéliennes – pour soutenir le boycott. [Notez qu’Amawi ne boycotte aucun autre Etat au monde. Pas la Turquie qui massacre les Kurdes ou colonise une partie des terres chypriotes, pas la Chine qui a pris de mesures restrictives très sévères contre les musulmans, ni aucun autre pays au monde]. 

Par conséquent, Amawi a informé son superviseur qu’elle ne pouvait pas signer le contrat.

En réponse, le superviseur d’Amawi lui a dit qu’il n’y avait pas d’autre solution : soit elle signait son contrat, soit l’école avait l’interdiction par la loi de la salarier.

La loi anti-BDS

Dans un pays très divisé, la loi a été adoptée à l’unanimité par 131 voix contre 0 à la Chambre basse, et au Sénat par 25 voix contre 4

La loi à la base du serment inclus dans les documents contractuels d’Amawi a été promulguée le 2 mai 2017 par la législature de l’État du Texas et promulguée deux jours plus tard par le gouverneur Greg Abbott.

Le projet de loi, c’est important de le noter dans un contexte de profonde division entre le camp Démocrate et Républicain, qui s’est encore creusé avec l’élection d’Obama puis de Trump, a été adopté à l’unanimité par 131 voix contre 0 à la Chambre basse, et au Sénat par 25 voix contre 4.

Lorsqu’Abbott a signé le projet de loi lors d’une cérémonie tenue au Centre communautaire juif d’Austin, il a proclamé : “Toute politique anti-Israël est une politique anti-Texas.”

  • Au moment où le Texas a promulgué la loi interdisant de soutenir un boycott d’Israël, il était le 17e État du pays à le faire.
  • À l’heure actuelle, 26 États ont adopté de telles lois – y compris des États Démocrates dirigés par des Démocrates comme New York, la Californie et le New Jersey.
  • Des projets de loi semblables sont en instance dans 13 autres États.

Cette carte, compilée par Palestine Legal montre à quel point les diverses formes de loyauté et de soutien, envers Israël sont devenues la pensée dominante aux États-Unis.

les États en rouge sont ceux où de telles lois sont déjà promulguées, tandis que les États en bleu foncé sont ceux où de tels projets de loi sont en instance d’être votés – et il y a peu de chances qu’ils ne le soient pas.

Notons encore que l’un des premiers États à imposer ce genre de lois que certains considèrent comme contraires à la liberté d’expression, bien que personne n’interdit à personne de boycotter Israël, la loi étant destinée aux rapports qu’un Etat souhaite entretenir avec les antisémites – a été l’un des plus à gauche du pays : New York.

En 2016, le gouvernement Démocrate d’Andrew Cuomo a publié un décret exécutif ordonnant à tous les organismes sous son contrôle de mettre fin à toute activité commerciale avec des entreprises ou organisations qui soutiennent le boycott d’Israël.

“Si vous boycottez Israël, l’État de New York vous boycottera,” avait déclaré Cuomo.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Christian Larnet pour Dreuz.info.

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