Publié par Jean-Patrick Grumberg le 25 décembre 2018

Certains ont peur de ne pas dormir. D’autres, de ne jamais se réveiller. Certains ont peur de la mort, d’autres de la vie. Ceux-ci volent l’argent des autres, ceux-là donnent leur argent aux autres, iceux distribuent l’argent des autres. L’un n’a confiance qu’en lui, l’autre n’a pas confiance en soi. Ceux-là s’aiment trop et eux ne s’aiment pas. Les blancs sont marron, les noirs sont blanchis et les juifs sont métèques.

Et puis il y a les extrémistes…

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Extrême-gauche

Conor Barnes est un anarchiste. Ou plus précisément, était. Dans un article intitulé “tristes extrémistes”, il parle de son expérience.

Au micro de Tucker Carlson, il explique :

“Il y a [dans le mouvement] une très forte composante confessionnelle. On devient absolument sûr d’avoir raison. Et rien ne vous en détournera. Vous avez fixé votre cap et vous l’avez compris”, dit Barnes.

Carlson : “D’après votre description, cela semble presque totalement autoréférentiel. Vous ne parlez qu’aux gens de votre groupe. Quelles sont les choses dont vous vous êtes convaincu ou dont vous avez été convaincu dans votre groupe ?”

Tout. On savait tout ce qui n’allait pas dans tous les domaines, de l’école au gouvernement, en passant par la police et toutes les interactions des gens. On trouvait ce qui n’allait pas. Ce n’est pas une façon très heureuse de vivre. La violence, il y a une façon sournoise dont nous en parlons. L’action directe et la diversité des tactiques, qui est une façon subtile de dire que si quelqu’un veut être violent, nous allons tourner la tête et être d’accord avec lui.

J’étais un adolescent assez malheureux et on me dit que cela arrive souvent aux adolescents. Je cherchais des réponses. J’ai fini par lire beaucoup de littérature extrémiste et j’en ai trouvé de plus en plus, jusqu’à ce que je découvre que ce qui permettait le bonheur n’était pas quelque chose sur lequel on avait le contrôle, et que le capitalisme maintenait les gens dans la déprime.”

En fin de compte, Barnes a quitté le groupe après avoir été impliqué avec une personne “dégoûtante” – qui était aussi dans le groupe – qui l’a “fait sortir de son espace mental” et lui a fait réaliser que ce n’était pas ce qu’il cherchait.

Antifa

Mike Isaacson, professeur au John Jay College de droit criminel et fondateur de Smash Racism D.C., soutient que les militants Antifa ont le droit de répondre à la violence par la violence.

En fait, Isaacson brouille les cartes entre la violence physique et la parole avec laquelle il est en désaccord.

Isaacson confond la violence et les idées. “Si je n’ai pas levé la main pour vous frapper, vous n’avez pas le droit de me frapper” explique le journaliste à l’Antifa qui apparemment ne comprend pas.

Le journaliste demande à Isaacson s’il enseigne à ses élèves que le premier amendement qui protège la liberté d’expression ne s’applique pas aux personnes avec lesquelles on est en désaccord.

“Je leur apprends à penser de manière critique, et c’est pourquoi je suis très ouvert sur mon antifascisme et mon anarchisme”, répond Isaacson.

Après l’interview, le plus grand syndicat de police de New York a remarqué un tweet d’Isaacson dans lequel il qualifie de “privilège” le fait qu’il “enseigne aux futurs policiers morts” du John Jay College.

“Michael Isaacson fait preuve d’un mépris total pour ses étudiants, policiers actifs et futurs, au John Jay College”, a déclaré Pat Lynch, président du syndicat policier.

“Les policiers risquent leur vie pour assurer la sécurité de nos familles” a déclaré le député Daniel Donovan après avoir entendu le professeur Antifa.

“Ce sont des hommes et des femmes plus courageux que la plupart d’entre nous, point final. Ce professeur, qui s’autoproclame membre Antifa, est un exemple écœurant d’un mouvement dangereux qui encourage la violence contre les personnes mêmes qui les protègent.

Et pour couronner le tout, cette personne gagne sa vie en enseignant à de futurs policiers. Je doute qu’il ait le bon sens de démissionner face à une hypocrisie aussi flagrante, alors j’espère que le collège John Jay le congédiera immédiatement”.

Le 15 septembre 2017, Michael Isaacson était suspendu du collège.

Suprématiste blanc

Pendant des années, Ken Parker a vécu dans un monde de sectarisme et de haine. Il portait la robe verte d’un grand dragon dans le Ku Klux Klan.

Parker était plongé dans l’idéologie de la suprématie blanche, radicalisée par un régime constant de propagande raciste. À bien des égards, Parker était la recrue parfaite pour le mouvement haineux : ils se battait pour trouver un emploi dans une mauvaise économie. Piégé dans un mariage en ruine, il s’interrogeait sur les changements démographiques qui semblaient l’avoir laissé derrière lui et qu’il tenait pour responsables de son malheur.

Au début, il s’en est pris à la rhétorique antisémite que les membres du KKK avaient lancée, pensant qu’elle entrait en conflit avec les enseignements chrétiens avec lesquels il avait grandi.

“En moins de six mois, j’ai été complètement fou de rage”, déclarait Parker. “Je regardais ma Bible juste pour trouver de quoi rabaisser le peuple juif.”

Le parcours de Parker est un exemple presque classique de la radicalisation des membres des groupes haineux.

Ils se sentent souvent “moins que”, cherchant quelqu’un à blâmer, un endroit où diriger leur rage, explique Tony McAleer, ancien dirigeant de la Résistance aryenne blanche et cofondateur de La vie après la haine (Life After Hate), qui aide les gens à quitter les groupes extrémistes.

“Si vous êtes exposé à un récit qui vous dit que vous pouvez arriver par la violence, en combattant l’ennemi de votre groupe ou l’ennemi de votre culture, alors c’est ce que vous allez faire.”

Dans les années 1980, lorsque McAleer s’est joint pour la première fois à un groupe de skinheads racistes alors qu’il était étudiant en Angleterre, il fallait des mois, parfois des années, pour qu’une personne se radicalise. Ils devaient commander des livres et du matériel de promotion des croyances racistes par la poste et chercher des endroits pour se rencontrer en personne. Maintenant, la haine peut commencer avec une recherche sur Google, on peut s’adonner au nationalisme blanc par le biais de vidéos YouTube et sur des forums en ligne tels que 4chan (qui a été fermé) ou d’autres.

Parker s’en est pris aux musulmans, aux réfugiés, aux juifs et aux immigrants mexicains et a fait le vœu de “ne rien arrêter” pour exterminer ces groupes.

Socialisme nazi

Le Mouvement national socialiste américain (NSM), qui a ses racines dans le Parti nazi américain d’origine, adopte une rhétorique anti-juive violente et met en garde contre un “génocide blanc”.

Les changements démographiques du pays font partie des sujets de discussion habituels. Combiné à un accès facile en ligne à la propagande raciste, c’est ce que les experts qui traquent l’extrémisme appellent une formule parfaite pour la propagation de la haine.

“Lorsque ces points de discussion se glissent dans le débat politique, ils lui confèrent une légitimité”, a déclaré Keegan Hankes, analyste au Southern Poverty Law Center (SPLC), “Les gens sont aspirés dans la chambre d’écho.” [ironie du sort, le SPLC est maintenant lui-même embarqué dans une chasse aux sorcières haineuse et vindicative contre les conservateurs américains]

Déradicaliser un extrémiste non-musulman

Des “hommes brisés” qui ont peur

Deeyah Khan, une cinéaste britannique et musulmane qui a été la cible de racistes, s’est rendue à Charlottesville [où une manifestation d’extrémistes de gauche et de droite a tourné au drame lorsqu’un néo-nazi a lancé sa voiture sur une activiste d’extrême gauche] pour essayer de comprendre ce qui poussait les gens à se joindre à des groupes haineux. Elle a trouvé des “hommes brisés” qui avaient peur – peur d’être marginalisés par les femmes et les minorités, peur de leur propre traumatisme et de leurs faiblesses. Elle a interviewé Parker.

Le dernier jour du tournage, Parker a surpris Khan. Elle était la première personne musulmane avec laquelle il avait jamais passé du temps, et il l’a qualifiée “d’amie“.

“Qu’est-ce qui a changé ?” lui demanda-t-elle. “Qu’est-ce que ça va faire pour ton avenir ?”

Une fois le documentaire de Khan terminé, Parker l’a regardé, encore et encore. Au cinquième ou sixième visionnement, il s’est vu lui-même et le KKK avec de nouveaux yeux. “Je suis genre … j’ai l’air stupide”, il a dit. “On a tous l’air si stupide. C’est insensé.”

Peu de temps après, Parker et sa fiancée ont entamé une conversation avec un voisin – le pasteur d’une église afro-américaine. Comme Khan, le voisin a traité le couple avec gentillesse, les invitant à la messe du dimanche.

Ils sont devenus des habitués de l’église All Saints Holiness Church, où ils ont été accueillis par la congrégation afro-américaine.

Tout comme le voyage de Parker dans le KKK illustre l’attrait des groupes haineux, sa sortie montre comment les extrémistes non-musulmans peuvent être déradicalisés.

“Il faut fondamentalement inverser le processus”, dit Kruglanski, un psychologue social. “Vous devez convaincre les recrues potentielles que ce mouvement n’aura pas d’importance. Cela n’apporte qu’humiliation et ignominie.”

Près d’un an après sa marche néo-nazie à Charlottesville, quelques jours avant de se faire enlever ses tatouages suprémacistes blancs, Parker a été baptisé à l’église All Saints Holiness.

Conclusion

L’Antifa moyen, le néo-nazi, le skinhead est un sociopathe. Il est dans la “résistance” quelle qu’en soit la “cause”. Il est dans la foule à cause de son nihilisme de base ; la liberté d’expression ne signifie rien pour lui.

L’antifa pourrait tout autant s’opposer, armé d’un bâton et d’un poing américain, avec des chaussures à bout d’acier et un masque sur le visage, à un discours sur la composition chimique des aliments pour vaches qu’à Donald Trump. Ça n’a pas d’importance. C’est un “vaisseau vide”.

S’ils peuvent tout casser et hurler avec d’innombrables autres, ces extrémistes se sentent “un” avec les autres. Seuls, ils sont une non-entité. Les mouvements Antifa, néo-nazis, suprémacistes et KKK leur donne l’occasion d’évacuer le poison de leur âme malveillante, et de s’en prendre à tous ceux qui défendent quelque chose.

Fondamentalement nihilistes, les vrais ressemblent aux jihadistes : la fin est leur propre mort, ou leur arrestation, ou le “martyr”.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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