Publié par Gilles William Goldnadel le 27 décembre 2018

L’avocat revient sur l’hypocrisie des médias dans leur traitement de la crise des gilets jaunes. Il relève plusieurs exemples de fake News, désinformation et indignation sélective.

L’idéologie encore dominante dans les médias de grande surface, mais en deuil de son pouvoir monopolistique à cause des courants d’information et d’opinion souterrains, aimerait pouvoir édicter de nouveaux principes moraux d’intimidation.

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C’est ainsi qu’il devrait être acquis sans discussions aux débats que les «fake news» relèvent précisément des réseaux underground et qu’il serait inconvenant parce qu’antidémocratique et complotiste de critiquer irrespectueusement les médias respectables.

Malheureusement pour nous et eux, les grands cas de désinformation médiatique des dernières années proviennent des courants d’information de grande surface et sont précisément à l’origine de la profonde défiance publique souterraine.

La semaine passée est tristement illustrative de cette réalité inavouée.

C’est ainsi que Claas Relotius, l’un des journalistes vedettes du Spiegel, hebdomadaire emblématique de la gauche libérale allemande, vient d’être convaincu de falsifications et mensonges grossiers dans ses articles sur les orphelins syriens et les migrants mexicains refusés par Trump, sujets à haute teneur idéologique.

En France, le 15 décembre, était découvert un trucage intervenu lors du journal télévisé «Soir 3» de la chaîne de service public France 3. Il est apparu en effet qu’une pancarte tenue par un gilet jaune et portant l’inscription «Macron dégage!» avait fait l’objet d’un nettoyage circonstancié et ne portait plus que l’improbable et laconique inscription «Macron»…

La manipulation du soir mise à jour, la journaliste présentait le lendemain aux téléspectateurs mystifiés des excuses inexcusables car aggravantes, en invoquant, contre l’évidence aveuglante, une «erreur humaine» extravagante.

comment empêcher le public de douter de ceux qui l’informent en le désinformant

Deux jours plus tard, avec une spontanéité relative, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, sentant venir le vent du boulet, réclamait des sanctions à l’égard d’une faute délibérée dont elle ne pouvait contester la gravité. (1)

Dans ce cadre médiatique rien moins que sécure, et où l’idéologie affleure, comment dès lors empêcher le public de douter de ceux qui l’informent en le désinformant ? Comment ne pas voir que ce journalisme idéologique fait le jeu des conspirationnistes de tous poils, rien n’étant plus incontrôlable qu’un paranoïaque victime d’un apparent complot ?

Dans un ordre voisin, la manière idéologique dont une partie de la presse a traité des incidents antisémites constatés lors des manifestations des gilets jaunes de ce dernier samedi prête également largement à caution au regard de l’importance démesurée accordée à ceux-ci.

Avant cela et s’agissant du sujet le plus névrotique d’entre tous, voici quelques mises au point et précautions.

Ma sympathie, réelle, pour le mouvement des gilets jaunes n’est pas sans limites, et je les ai marquées dès le départ, ici même dans ces colonnes.

  • Principalement en raison de certaines de ses méthodes, notamment à l’égard de la police, de mon souci constant de l’ordre public démocratique en tant que principe premier de l’humanité organisée, et parce que je conteste même la notion de mouvement à ce qui n’est que polymorphe et polyphonique.
  • La manière ensuite dont ce faux mouvement a bougé du culturel vers l’économique et donc de la droite vers la gauche, sans doute pour des raisons médiatiques, n’a fait que renforcer mes réserves, quelles que soient celles que m’inspire le présent pouvoir.

C’est dire, quand on sait par ailleurs ma prévention pour les foules forcément déchaînées, comment je suis jaune pâle et ne saurait être considéré comme un avocat inconditionnel de ce groupement déstructuré d’individus souvent délaissés.

Une grande partie de ma vie intellectuelle aura consisté à mettre en garde contre l’utilisation politique opportuniste et souvent cynique de l’antisémitisme

Touchant à présent à l’antisémitisme, une grande partie de ma vie intellectuelle aura consisté à mettre en garde contre son utilisation politique opportuniste et souvent cynique. J’aurais également constamment vitupéré une idéologie sélective, indécente par sa disproportion démentielle, ayant lourdement tendance à exagérer l’importance de l’antisémitisme intérieur déclinant pour minimiser celui, ascendant et à caractère cette fois massif et criminel, émanant de l’islamo-gauchisme principalement importé.

La manière médiatique et politique dont ont été relatés les événements de samedi apporte une nouvelle fois la même eau croupie à mon moulin analytique.

Qu’on ne fasse pas semblant de croire que les quenelles de Montmartre ou les insultes par trois jaunes avinés au gros rouge dans le métro me laissent indifférent – ce genre de gens m’injurient quotidiennement – mais trouver dans ces incidents limités la preuve de la radicalité antisémite du phénomène contestataire en son entier relève de la mauvaise foi ou de la stupidité pour autant qu’il y ait incompatibilité.

Au-delà de la constance de mon analyse et de mes observations, je ne veux non plus cacher mes émotions.

Car il y a hypocrisie dans cette presbytie gouvernementale et médiatique à voir racisme et antisémitisme nulle part en banlieue mais partout en périphérie.

Il y a hypocrisie à déplorer à grands cris une insulte dans le métro, lorsqu’on fait silence quand une gamine juive prend des coups cette semaine à Sarcelles.

Il y a hypocrisie lorsque l’on sait qu’après les massacres de juifs en France commis par la haine islamiste, les gouvernements qui se sont succédés ont bien voulu concéder que c’était la haine pathologique de l’État des juifs qui était à la racine de leurs assassinats en France.

Et pourtant, qu’en toute impunité, et dans un silence de mort, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, autorité administrative officielle en lien avec le gouvernement, aura remis en décembre son prix éponyme 2018 à l’association Al Haq dont le principal responsable est membre du Front Populaire de Libération de la Palestine, organisation considérée officiellement comme terroriste par l’Europe et les États-Unis et dont le dernier exploit guerrier en date est d’avoir assassiné des juifs en prière dans une synagogue de Jérusalem Ouest.

Il y a grande hypocrisie, lorsqu’on voit Edwy Plenel, sorte d’alter ego d’un Jérémy Corbyn, nullement contesté par la gauche française de l’autre côté de la Manche, ayant applaudi au massacre de Munich en son printemps, fidèle de Ramadan l’hiver venu, flétrir l’antisémitisme des gilets jaunes et en appeler «aux gauches».

Il est des sollicitudes qui me touchent, d’autres qui me révulsent.

Joyeux Noël à tous, et plus particulièrement à ces chrétiens d’Orient qui souffrent tant.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

(1) Le syndicat FO France Télévision m’a demandé de saisir le CSA d’une réclamation.

 

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