Publié par Jean-Patrick Grumberg le 31 décembre 2018

Ce dimanche 30 décembre, l’évangéliste Franklin Graham a accusé Facebook de l’avoir attaqué personnellement, après que l’entreprise l’ait banni de la plate-forme pendant 24 heures pour un article qu’il avait publié en 2016.

Ça continue, et la censure va toujours dans le même sens : les gens qui se font bannir de Facebook appartiennent toujours au camp qui critique l’islam, l’immigration, les progressistes, les anti-chrétiens, les islamo-gauchistes, les antisionistes, et plus généralement les conservateurs et ceux qui soutiennent activement le président Trump.

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

Si vous n’êtes pas d’accord avec ce qui s’imprime dans les médias, le risque d’être censuré par Facebook est élevé.

“Pourquoi remontent-ils jusqu’en 2016”, a déclaré Graham, président de l’organisation évangéliste Samaritan’s Purse et de la Billy Graham Evangelistic Association, à Fox News, concernant la façon dont la plate-forme de médias sociaux “modère” (entendre censure) le contenu au quotidien.

“Je pense que c’était juste une attaque personnelle contre moi.”

Un porte-parole de Facebook a confirmé au Charlotte Observer que Graham a été banni du site pendant 24 heures la semaine dernière pour le contenu d’un post datant de 2016.

Le porte-parole a déclaré que M. Graham avait été banni par erreur du site [notez que les erreurs vont toujours dans le même sens] après que son équipe d’examen du contenu a signalé que le message en question avait enfreint une politique de l’entreprise interdisant le “langage déshumanisant” et excluant des personnes en raison de facteurs comme l’orientation sexuelle et la race.

Graham critiquait Bruce Springsteen qui avait à l’époque annulé un concert en Caroline du Nord, en raison d’un projet de loi de la Chambre de l’État visant à interdire aux transsexuels d’utiliser les toilettes et les douches des femmes, ou “projet de loi sur les toilettes”.

“Il [Springsteen] dit que la loi #HB2 qui empêche les hommes d’utiliser les toilettes et les vestiaires des femmes est un retour en arrière au lieu d’aller de l’avant”, avait écrit Graham en référence au chanteur. “Eh bien, pour être honnête, il faut qu’on retourne en arrière ! Qu’on retourne à Dieu. Revenons au respect et honorons ses commandements.”

Nous sommes là au cœur du débat entre les progressistes et les conservateurs. Les premiers cherchent constamment à s’éloigner de la réalité de la nature humaine et du droit naturel qui a été créé par dix mille ans d’usage. Ils attribuent la même valeur aux hypothèses non validées et propositions utopiques qu’au vécu et à l’expérience, et se font aider par les médias pour faire accepter cette anomalie comme si c’était une vérité. Ils tentent de se rapprocher de la fabrication d’un homme nouveau, comme l’idéologie maoïste qui a tué des millions. Les progressistes partent du postulat que tout pas en avant va forcément dans la direction du bien, tout attachement au passé et à sa sagesse est forcément une régression néfaste.

La page de Graham a depuis été rétablie.

“Le problème avec Facebook, c’est que si vous n’êtes pas d’accord avec leur position sur l’orientation sexuelle, vous pourriez être considéré comme porteur d’un discours haineux ou comme un raciste. C’est un problème”, a déclaré Graham.

“La Bible est la vérité et j’espère que [Facebook] regardera la Bible et recevra des instructions de la parole de Dieu.”

Facebook a prévu de s’excuser auprès de l’administrateur de la page Facebook de Graham, selon un porte-parole de l’entreprise. Graham a dit à Fox qu’il accepterait leurs excuses.

En plus de ses commentaires d’hier, Graham a affirmé que Facebook essayait de “définir la vérité” dans un message sur leur site.

“La vérité est vérité”, a écrit Graham. “Dieu a fait les règles et Sa Parole est la vérité. En fait, Facebook censure la liberté d’expression. Le libre-échange d’idées fait partie de l’ADN de notre pays.”

Conclusion

Il me semble que le problème va bien plus loin que le bannissement par Facebook de Graham pendant 24 h. Plus loin que son intervention dans le débat politique par l’usage de la censure d’un bord politique et la mise en avant de l’autre (j’ai plusieurs fois expliqué dans ces colonnes que des sujets progressistes sont artificiellement poussés sur la page des utilisateurs afin de leur faire croire qu’il s’agit d’un sujet auquel une majorité de personnes s’intéresse alors qu’il est en fait marginal et défendu par une poignée de journalistes et activistes).

Le premier vrai problème de Facebook est celui de la dépendance et du manque. Je l’ai personnellement constaté par les critiques acerbes de mes 5000 “amis” Facebook lorsque j’ai eu le malheur de suggérer de boycotter et se désinscrire de Facebook pour tenter de contre-balancer leur pouvoir excessif.

Il aura fallu plusieurs décennies pour que la cigarette soit reconnue pour sa nocivité. Elle comporte des composants chimiques qui créent la dépendance, et le désir de fumer.

Facebook a été créé dans le but de créer une dépendance, a expliqué le milliardaire Sean Parker, un des premiers investisseurs de Facebook et créateur de Napster, lors d’une conférence organisée par Axios (1) :

Tout le monde pense que Facebook a été conçu pour que les gens le consomment, alors qu’il a été créé pour consommer les gens

“Mark Zuckerberg a sciemment créé un monstre, un média addictif.

Pendant tout ce temps, tout le monde pensait que Facebook était conçu pour que les gens le consomment.

Non, tous les outils de partage et les Like ont été utilisés comme une drogue pour rendre les gens accros à la consultation de Facebook sans arrêt.

Comment pouvons-nous faire pour qu’ils consomment le plus possible de leur temps et de leur attention consciente”, voilà la question au centre de Facebook, a déclaré Parker, en faisant référence à la première mission de Facebook.

“Dieu seul sait ce que ça fait au cerveau de nos enfants,” dit Parker.

Parker n’est pas le premier à avoir fait ce constat, mais sa voix est proéminente.

Je l’ai écrit aussi : les parents qui travaillent dans la Silicon Valley envoient leurs enfants dans des écoles où il n’y a pas d’ordinateurs, pas de smartphone et pas de tablettes (2).

Les écoles privées huppées de la Silicon Valley fréquentées par les enfants des dirigeants et cadres des géants des médias sociaux ont interdit les smartphones et tablettes : les intéressés savent quels dommages ils font au cerveau des enfants.

C’est le second problème dont on ne parle pas encore et qui dépasse la censure de Graham : la similitude avec l’industrie du tabac.

Elle a longtemps tout fait pour cacher que fumer provoque le cancer. Les premières études ont mis des années à être engagées, puis des années à être diffusées au public, puis au Parlement, puis déclinées en lois.

Nous sommes à la toute première phase : les études sur la nocivité des médias sociaux sur le cerveau n’ont pas encore été engagées.

Conjuguez les trois facteurs : dépendance des gens à Facebook, monopole et hyper-pouvoir du média social, et censure des idées et opinions de la droite.

J’en parle souvent. Je vous mentirais si je vous disais que c’est mon combat. Je ne suis pas Dom Quichote. Mais en parler régulièrement éveillera sans doute un jour la conscience des chercheurs qui s’intéresseront aux risques.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

(1) Axios
(2) The Guardian

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading