Publié par Gilles William Goldnadel le 1 janvier 2019

Gilles-William Goldnadel revient cette semaine sur la polémique autour de la couverture de M le Magazine du Monde, syndrome selon d’une fascination-répulsion pour le fascisme qui contamine tous les débats contemporains.

Tout d’abord rendre à Richard ce qui appartient à Richard: c’est en effet Monsieur le député Ferrand, premier homme lige du président, qui dès le samedi soir aura prévenu sur Twitter de l’étrange couverture du Monde M: «Hâte de comprendre ce qui fonde les références graphiques et iconographiques du Monde M. S’il ne peut s’agir de hasards, de quoi s’agit-il alors? À la recherche du sens perdu…»

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Et l’auteur du présent article de lui répondre incontinent par le gazouillis suivant: «aucune sympathie particulière pour l’auteur de cette question dont je valide la pertinence par honnêteté élémentaire».

Car il faut bien reconnaître bon flair à notre Ferrand qui aura ferré avec justesse cette couverture grotesque représentant le président Macron à la manière du chancelier Hitler. Avant que de dire pourquoi cependant il est mal placé pour faire la leçon à la ville et au monde, commençons par répondre à sa question sur le sens de l’insensé et la place de l’impensé.

Avant encore, précisons que pour calmer le tumulte, Le Monde, par la plume de son directeur de la rédaction, présentait ses excuses à ses lecteurs et à ceux «qui ont été choqués par des intentions graphiques qui ne correspondent évidemment en rien aux reproches qui nous sont adressés. Les éléments utilisés faisaient référence au graphisme des constructivistes russes du début du XXe siècle, lesquels utilisaient le noir et le rouge…».

On notera, sans en être particulièrement surpris, que Le Monde considère moins grave de s’inspirer de l’art stalinien que de l’art hitlérien. Ceci posé, on a du mal à y croire, lorsque l’on juxtapose l’identité chromatique et la pose altière d’Adolf Hitler en marche triomphale vers le pouvoir à côté de celle d’un Jupiter, héros de tous les Marcheurs, que l’on voudrait brocarder depuis qu’il descend quatre à quatre les marches de l’Olympe.

Et dans un billet de blog, cité par Le Point, qui détaille les éléments de la polémique, André Gunthert, spécialiste des cultures visuelles, constate que la polémique aurait dévoilé un pur plagiat: «en attendant de plus amples explications, il est vraisemblable que le graphiste du Monde avait pensé son emprunt suffisamment camouflé pour rester dans un registre d’évocation floue».

Venons-en à présent à la quête de sens dans laquelle se place ironiquement Richard Ferrand. Conscient ou inconscient, le message délivré par Le Monde demeure consternant.

Au risque de lasser mes lecteurs jusqu’à la nausée, je n’aurais eu de cesse de vitupérer cette idéologie névrotique du pseudo anti-nazisme devenu fou, cette fascination pour le fascisme, cette impossibilité indépassable de critiquer ou de s’indigner sans se référer à l’horrible référence. Convenons que le journal vespéral n’est pas seul au sein de la gauche prétendument morale à sacrifier encore et toujours à ce fantasme devenu manie irrépressible, toc en toc, ou syndrome de Tourette et du mirador.

S’agissant à présent du chef de l’État, en janvier 2018, L’Obs avait représenté celui-ci entouré de barbelés concentrationnaires dans une scénographie en rouge et noir pour dénoncer la politique de la France envers les migrants ainsi subliminalement autant qu’indécemment comparés à d’autres en pyjamas rayés. Et aussi et surtout stupidement.

Car ce qui frappe le plus en cette toute fin d’année, c’est le ridicule achevé.

Comment ne pas voir que cette idéologie folle est devenue tellement agonisante qu’elle inspire désormais moqueries et fou rire. Les derniers à en avoir fait les frais auront été MM. Griveaux et Castaner pour en avoir appelé aux années brunes et à l’ultra-droite pour tenter de déconsidérer définitivement les jaunes les plus récalcitrants.

Et voilà où je voulais arriver pour achever. L’intuition graphique de Richard Ferrand était bonne, mais il est le dernier à pouvoir morigéner le journal aujourd’hui pénitent.

Car non seulement ses disciples politiques n’auront pas été économes de stupidités nazifiantes, mais pas davantage son jeune maître à présent nazifié.

Celui-ci n’avait pas encore gravi l’Olympe, qu’en terre algérienne il prétendait que son pays avait commis des crimes contre l’humanité, sans un mot pour ses compatriotes massacrés par le terrorisme déjà islamiste autant que nationaliste. C’est lui encore, qui tout à son rêve de recréer pour les élections européennes un front antifasciste fantasmé, voulait porter l’étendard progressiste contre les lépreux populistes.

Décidément, qui a succombé à l’idéologie névrotique pour arriver jusqu’au sommet, risque à présent d’en succomber pour le dévaler. Un monde.

Une bonne année 2019 à tous, sans plus de fantasmes névrotiques ni de fantômes fanatiques.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

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