Publié par Jean-Patrick Grumberg le 3 janvier 2019

Habituellement, je n’attache pas beaucoup d’importance aux analyses de Vincent Daniel de France info, parce que c’est un journaliste intellectuellement paresseux et sans talent, qui défend des idées extrémistes et répète comme un perroquet ce qu’écrivent ses confrères, sans la plus petite touche de réflexion personnelle.

Je fais une exception car il détaille – une fois n’est pas coutume – la définition, pour la gauche française, d’une politique fasciste et d’extrême droite.

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

Le titre de l’article que publie Daniel sur le site France TV Info (1) est explicite : “C’est un projet fasciste : ce que contient le programme de Jair Bolsonaro, le nouveau président du Brésil”.

En appui de cette terrible accusation, j’ai passé en revue les arguments avancés, que je liste dans l’ordre d’apparition dans l’article.

  1. Le programme de Jair Bolsonaro est “flou, imprécis et vague”. Je suis songeur… en pensant au programme d’Emmanuel Macron, qualifié lui aussi de “Flou, creux, vide et ambigu”,
    en son temps par Ilan Caro, un confrère de Vincent Daniel nulle part ailleurs que sur France TV Info (2).
  2. Son slogan “Le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous” serait une référence “assumée” au Deutschland über alles. La culpabilité par association est une ficelle usée, Vincent Daniel, elle ne fait plus recette.
  3. Jair Bolsonaro a promis de s’attaquer aux multiples maux qui bouleversent le Brésil : chômage, crise économique, insécurité.
  4. Sur la sécurité, rappelle l’article, le travail ne manque pas : En 2017, il y a eu 63 880 homicides, soit sept par heure en moyenne, faisant du Brésil l’un des pays les plus violents au monde. On peut comprendre que dans ce contexte, le nouveau président doive prendre des mesures exceptionnelles. Parmi elles, le président souhaite :
    1. Armer les citoyens honnêtes pour qu’ils puissent se défendre. Il veut “libéraliser l’accès aux armes à feu pour la protection et la légitime défense des personnes et de leur propriété”.
    2. Donner carte blanche aux policiers et militaires pour tuer les criminels. “L’armée ou la police pourrait tirer à vue sans que cela n’entraîne d’enquête, une situation inédite pour une démocratie”, fait dire Vincent Daniel à Maud Chirio, une historienne d’extrême gauche et anti-démocrate, spécialiste de l’histoire contemporaine du Brésil, et choisie par le journaliste parce qu’elle a la haine de Bolsonaro, sans qu’il se donne la peine de faire semblant d’être neutre en présentant en face l’opinion d’un défenseur du président. Pour la petite histoire, Chirio a récemment été prise la main dans le sac en train de diffuser des Fake News sur Twitter pour faire passer le président pour un fasciste en publiant une vidéo de l’armée avec le commentaire suivant : “l’armée de terre est sortie dans les rues pour fêter la victoire”. Magie des réseaux sociaux, plusieurs personnes lui répondirent sans ambages : “Ne vous couvrez pas de ridicule ! Ce n’est pas un convoi fêtant quoi que ce soit ! Sont des militaires qui rentraient de patrouille après avoir sécurisé les élections, une opération mise en place par le précédent gouvernement”. Question témoignage neutre et indépendant, on sent fortement la signature du média de service public.

    3. Pour lutter contre cette épidémie meurtrière, Jair Bolsonaro promet “un recours massif à la police militaire pour gérer les problèmes de criminalité urbaine”. Faut-il rappelle que la gauche au pouvoir depuis des décennies est directement responsable de cette indicible violence ? Pour le journaliste de France info, toute mesure sérieuse et solide visant à réduire le nombre de morts est forcément fasciste.
    4. Afin de réduire le nombre de criminels laissés en liberté, Bolsonaro souhaite abaisser la majorité pénale de 18 à 16 ans (les criminels commencent très tôt, au Brésil, certains ont tout juste 12 ans) et mettre fin aux aménagements de peine qui remet trop de récidivistes en liberté. Quelle horreur fasciste, en effet, que de vouloir protéger la population des criminels.
    5. Mais le pire du pire, explique l’article, est que le président “promet de s’attaquer à la corruption des élites”. C’est la goutte de trop.
  5. Sur l’économie, le président “s’engage à lancer un vaste programme de privatisations des entreprises publiques et de ventes des propriétés foncières de l’Etat afin de rembourser la dette brésilienne et réduire le déficit” : c’est un programme libéral, pas étatiste ! Apprenez le sens des mots et prenez un cours d’économie que diable ! D’ailleurs l’article précise, mais discrètement, que “d’après Les Echos,[son projet au reçu un bon accueil] de la part des milieux économiques”.
  6. Toujours sur l’économie, il “comprend une réforme des retraites, l’indépendance totale de la Banque centrale, des privatisations, et une réduction de la taille de l’Etat.” Brrr, le vilain fasciste qui veut réformer les retraites comme un libéral, réduire la taille de l’Etat comme un libéral, privatiser comme un libéral, rendre la banque centrale indépendante comme un libéral ! Libéral = fasciste, Vincent Daniel ? Vous seriez pas trotskyste par hasard ?!
  7. Bolsonaro va s’attaquer au chômage, qui touche près de 13 millions de Brésiliens. Comment, en annulant le genre de mesures qui ont créé un taux de chômage de 10% en France, à savoir, dit le président, “moins de droits et plus d’emplois ou plus de droits et du chômage”. Le bon sens est fasciste. Le contresens est communiste. Paulo Guedes, l’économiste qui conseille le président, résume ainsi l’idée : Porte de gauche : syndicats, législation du travail qui protège et charges [sociales élevées] ; porte de droite : comptes individuels qui ne mélangent pas assistance avec sécurité sociale.” Je vois là les principes libéraux qui ont permis à Trump de ramener le chômage à 3,8%… affreux fasciste va !
  8. Concernant l’éducation, “Jair Bolsonaro [défend] la famille traditionnelle” et milite contre les théories du genre poussées par les activistes LGBT. Concernant les programmes scolaires, il souhaite “plus de mathématiques, de sciences et de portugais”. Salaud de fasciste !
  9. Bolsonaro dénonce l'”activisme écologiste chiite”, c’est-à-dire l’écolo-totalitarisme qui “nuit à ceux qui veulent produire”. Lutter contre le totalitarisme, c’est fasciste maintenant… on aura tout vu.
  10. Enfin, Bolsonaro s’engage à lutter contre la peste rouge, le communisme, les “marginaux rouges, les hors-la-loi-gauchistes”. La dernière fois que j’ai vérifié, ils ne valent pas mieux que les nazis, les communistes. Ils ont tout de même massacré 100 millions d’êtres humains, il y a de quoi vouloir lutter.
  11. Enfin, crime parmi les crimes, le président entend que la majorité du pays dicte ses règles aux minorités, et non l’inverse. “Nous sommes la majoritéNous sommes le véritable Brésil” a déclaré le président, des propos qui scandalisent les anti-démocrates et dénoncent une “loi de la majorité”.

Et moi qui croyais que le fascisme, c’était la dictature. Pauvre de moi.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

(1) France TV Info
(2) France TV Info

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading