Publié par Gaia - Dreuz le 5 janvier 2019

Un pays sans maternité, ni gare ferroviaire, ni aéroport mais avec 1,7% de chômage et un PIB par habitant double de celui de la Suisse. La Principauté, qui fête ses 300 ans en 2019, semble ignorer les problèmes. La petitesse est ici un atout

Cette année, le Liechtenstein fête ses 300 ans. Les célébrations débuteront le 23 janvier lorsque les habitants des onze communes de la Principauté marcheront ensemble dans les rues de Vaduz pour symboliser leur alliance. Les regards se porteront sur «le pays le plus performant d’Europe en termes économiques, politiques et sociaux», pour reprendre les termes de Michael Wohlgemuth, économiste auprès de la Stiftungs für Ordnungspolitik und Staatsrecht in Liechtenstein (SOuS) et auteur d’un rapport de 224 pages sur l’avenir du Liechtenstein en Europe («Die Zukunft Liechtensteins in Europa»).

Avec un taux de chômage de 1,7% en novembre 2018, un revenu par habitant double de celui de la Suisse (selon la Banque mondiale), une fiscalité attractive, un taux d’endettement public quasi inexistant (0,5% du PIB) et un rating de AAA, le petit Liechtenstein semble ignorer les grands problèmes du monde.

Les avantages d’une petite taille

«Les structures socio-économiques sont relativement homogènes et facilitent la gestion politique des affaires», analyse Thomas Gitzel, chef économiste de VP Bank, à Vaduz. Avec ses 37 453 emplois pour une population de 37 810 habitants, la Principauté fait largement appel à la main-d’œuvre qualifiée étrangère. Le tiers de la population est étrangère et le taux de pendulaires atteint 54%.

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Si les statistiques de l’emploi sont à jour, celles du PIB sont publiées avec retard. Celui de 2016 (hausse de 1,5% à 6,1 milliards de francs, selon le Vaterland) n’a été présenté qu’à la fin novembre 2018.

Avec une quote-part fiscale de 20% (26% aux Etats-Unis et 28% en Suisse), les impôts et cotisations sociales sont plus bas que dans beaucoup d’autres pays. «La fiscalité est compétitive pour les entreprises et les personnes», confirme Thomas Gitzel. Les groupes industriels sont performants et financent une bonne partie des recettes fiscales.

Michael Wohlgemuth lie le succès du pays en partie à sa petite taille. «La petitesse encourage l’ouverture, les échanges économiques et culturels ainsi que la flexibilité tout en renforçant la confiance et la solidité», déclare-t-il. La Principauté est liée à la Suisse par une union douanière et monétaire et elle a accès au marché unique par sa participation à l’EEE. Si le pays ne compte ni gare ferroviaire ni maternité, ses accords avec la Suisse lui garantissent un accès aux services et aux infrastructures nécessaires. Et si ses entreprises profitent de son intégration au marché européen, Vaduz a tout de même négocié (et obtenu) des limitations à la libre circulation des personnes du fait de sa taille. Pour y avoir un lieu de résidence, il faut un emploi et une «Green Card» accordée par tirage au sort, note Thomas Gitzel.

These are Countries in the World Without Airports

🇻🇦 Vatican City
🇸🇲 San Marino
🇲🇨 Monaco
🇱🇮 Liechtenstein
🇦🇩 Andorra
🇵🇸 Palestinian Territories

(Rd)

— GlobalWebIndex (@TheGlobeIndex) January 1, 2019

Ses institutions politiques sont singulières. Le Liechtenstein est une monarchie constitutionnelle basée sur la démocratie directe. Par exemple, la Constitution accorde au prince un droit de veto sur les nouvelles lois, mais les citoyens ont le droit de démettre le prince de ses fonctions. De plus, contrairement à d’autres monarchies, la Maison princière est autofinancée et ne reçoit donc pas d’argent de la part des contribuables. Pour Michael Wohlgemuth, le pays «suscite la confiance en combinant des éléments conservateurs et libéraux, la stabilité des institutions et l’innovation industrielle».

Plus industriel qu’on ne le pense

Economiquement, la Principauté conserve une image de place financière, mais «le Liechtenstein n’est pas le Luxembourg», observe Thomas Gitzel. Le pays «est nettement plus industrialisé qu’on ne le pense, davantage par exemple que la Suisse puisque la part de l’industrie dans la valeur ajoutée atteint 38%, contre 21% en Suisse», indique le chef économiste de la VP Bank. Au sein de ses 4567 entreprises, les plus connues sont Hilti (24 000 employés) dans les outils pour professionnels de la construction, ThyssenKrupp Presta (4600 collaborateurs) dans l’assemblage de systèmes de direction pour automobile, Hilcona (2000 collaborateurs) dans la transformation alimentaire et le groupe Hoval (1900 employés), dans le chauffage et l’ingénierie climatique. «Ces groupes sont des leaders dans leur domaine et des sociétés tout à fait compétitives sur les marchés européens», ajoute Thomas Gitzel.

Le Liechtenstein se profile aussi dans la blockchain. «Nous comptons plus de 200 acteurs de la Crypto Valley zougoise parmi nos clients», déclare Sigvard Wohlwend, porte-parole de la Bank Frick, au Liechtenstein. L’institut, qui se définit comme «banque entrepreneuriale», a été créé en 1998. Il emploie plus de 120 collaborateurs, contre 80 il y a un an. Il offre par exemple aux clients «crypto» de disposer d’une relation bancaire pour gérer les salaires, les loyers ou leurs revenus. En Suisse, seul un établissement financier fournit ce type de service.

Le virage de la transparence fiscale

Dans la blockchain, la Principauté profite «de sa petite taille et de sa capacité à prendre rapidement une décision sans devoir consulter un grand nombre d’associations», explique le porte-parole de la Bank Frick. Le gouvernement vient de mettre en consultation une loi sur la blockchain. Cette dernière devrait être discutée au parlement en mars et être mise en œuvre à l’automne. Ainsi les activités liées à la blockchain disposeront d’un cadre légal spécifique.

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Membre de l’EEE, la Bank Frick, qui emploie 15 personnes dans ce domaine, espère que les sociétés européennes établiront une filiale au Liechtenstein pour offrir leurs services de blockchain dans toute l’UE. Le Liechtenstein a effectué le virage de la transparence fiscale du début du siècle. Il reste prêt à saisir les opportunités de développement tant dans ses domaines de compétences industrielles que dans la finance ou la blockchain.

Source : Letemps

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