Publié par Guy Millière le 8 janvier 2019

Le mouvement des gilets jaunes ne s’éteint pas. J’avais un instant pensé, avec inquiétude, que la colère, sans disparaître, glisserait vers l’amertume et que la résignation prendrait place.

Je me suis trompé. La colère est toujours là, intense. L’amertume est présente au sein de la colère, car deux mois se sont écoulés depuis la première manifestation. La résignation est absente.

Le nombre de gens dans les rues est moins important. Mais il y a davantage de violence, résultat de l’intensité de la colère.

Je n’excuse pas la violence, mais elle me semble terriblement logique.

Depuis le début du mouvement, Macron et son gouvernement ont adopté une attitude indigne.

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Il y a d’abord eu le mépris envers les manifestants et les insultes de ministres, Griveaux, Castaner, Darmanin. Il y a eu le silence de Macron qui s’est comporté comme s’il ne voyait rien et n’entendait rien. Puis Macron a parlé de manière ignoble et grotesque de la nécessité d’éviter la “fin du monde” et de pratiquer la “transition énergétique” face à des gens qui ne parvenaient plus à boucler leurs fins de mois. Les manifestants se sont sentis insultés par Macron lui-même et les insultes de Macron leur ont paru d’autant plus insupportables que Macron n’avait depuis des mois cessé d’insulter les Français, particulièrement les plus pauvres qu’il avait traités, selon les jours, d’analphabètes, d’alcooliques, de feignants, ou de gens qui ne sont rien.

Il y a eu ensuite des manifestations plus intenses encore, des scènes d’émeutes et de pillage et Macron, qui avait lors des émeutes fait venir un hélicoptère dans la cour de l’Elysée pour le cas où il devrait prendre la fuite, a parlé une deuxième fois, l’air rigide et crispé, en énonçant ce qui ressemblait à quelques concessions qui ne concédaient rien du tout. Il a lancé le stratagème appelé “grand débat”.

Les manifestants se sont vite aperçus qu’il n’y avait effectivement aucune concession, que Macron entendait continuer sur la même ligne, sans bouger d’un millimètre, et que le “grand débat” était indubitablement un stratagème puisque les thèmes étaient définis par Macron et que les résultats étaient eux aussi définis d’avance par Macron.

Les manifestations ont continué. Elles ont diminué d’intensité pendant la période des fêtes, Macron a pensé que c’était gagné pour lui, et a prononcé son discours de vœux : un discours insultant à nouveau.

Macron a parlé de foules haineuses et il a promis une fois encore de continuer sur sa trajectoire. Il a laissé entendre qu’il serait impitoyable avec ceux qui refuseraient de se soumettre.

Les manifestants, c’était prévisible, se sont sentis à nouveau insultés parce qu’ils étaient à nouveau insultés. Ils ont eu le sentiment qu’on leur crachait au visage parce que Macron leur crachait au visage. Les manifestations du 5 janvier ont suivi et ont pris la tournure qu’elles ont pris.

J’ai dit que Macron était un imposteur dans un article précédent. J’ai dit qu’il était un pyromane. Il a mis le feu.

Il porte entièrement la responsabilité de tous les actes violents qui se sont produits.

Il n’a pas renvoyé à la niche comme des chiens battus ceux qu’il considère comme des “analphabètes”, des “alcooliques”, des “feignants” et des “gens qui ne sont rien”.

Il a versé des tonnes d’huile sur les braises.

J’en viens à penser, au vu des propos de Griveaux le 4 janvier, qu’il incite désormais délibérément à la violence aux fins de justifier une répression plus forte.

Je pense désormais qu’il compte obtenir que des gilets jaunes apeurés par la répression et l’usage policier de la schlague renoncent, et que les Français qui souhaiteraient la fin du chaos se désolidarisent des manifestants et se placent du côté de la répression et de la schlague.

Je pense qu’il divise la population comme jamais un Président ne l’a divisée depuis le début de la Cinquième République et qu’il compte que le stratagème “grand débat” achèvera d’attirer vers lui les Français qui souhaiteraient la fin du chaos.

Je pense que le stratagème ne marchera pas. Je pense qu’il y a en France trop de souffrance et de désespoir.

Je pense que même si la résignation devait un temps l’emporter (cela reste envisageable), le soulèvement pourrait reprendre n’importe quand.

Je pense que Macron a été élu au terme d’un hold-up démocratique et est Président légalement, mais sans légitimité, ce depuis le moment de son élection. Il a été élu après la démolition de Fillon, contre Marine Le Pen, pas du tout par adhésion à son programme.

Il dispose d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale au terme d’un deuxième hold-up démocratique, et l’Assemblée nationale ne reflète absolument pas la réalité politique du pays.

Il dispose de médias largement à sa solde qui eux-mêmes ne reflètent pas du tout la réalité politique du pays.

Il gouverne depuis qu’il est Président en ne tenant strictement aucun compte de la grande majorité de la population française, et comme s’il se pensait tout permis. Il n’a d’ailleurs pas hésité à se livrer à des comportement provocateurs et indécents, façon gay pride, qui n’ont aucune place à l’Elysée.

Il s’est, avec tout ce qui concerne Benalla, comporté comme un satrape pour république bananière.

Il aurait pu tenter de se doter de la légitimité qu’il n’avait pas au départ. Il s’est au contraire délégitimé davantage.

Il a transformé depuis le 17 novembre la défiance qu’une très large part de la population avait envers lui en haine, et une large part de la population éprouve envers lui une aversion désormais très ancrée.

Il aurait pu peut-être désamorcer le mouvement des gilets jaunes immédiatement après le 17 novembre en se montrant conciliant et un peu plus humble. Il ne l’a pas fait, car il n’a strictement rien en lui de conciliant et d’humble.

Il aurait pu le 31 décembre tenter de désamorcer le mouvement une fois encore. Il était très tard pour le faire, mais il pouvait tenter. Parce qu’il n’a strictement rien en lui de conciliant et d’humble, il a choisi l’attitude inverse.

S’il reste à l’Elysée, il ne pourra gouverner que par la répression, sans contact avec le peuple. Si, comme il le proclame, il poursuit sur sa ligne, il aura vraiment besoin de tout l’appareil répressif pour le faire. Il compte apparemment gouverner par la répression.

S’il ne démissionne pas, et il ne démissionnera pas, les mois à venir vont être effroyables pour la France et les Français.

Il ne dissoudra pas non plus l’Assemblée nationale. Il ne changera vraisemblablement pas de gouvernement.

Il mènera sans doute un grand débat simulacre qui conduira peut-être à un référendum simulacre dans lequel la question posée sera celle qu’il aurait rédigé à l’avance.

Il perdra les élections européennes, sauf s’il tente un nouvel hold-up.

Il fera tout pour instaurer un régime de type autoritaire tout en se disant “démocrate”. Il tentera d’aller jusqu’à la prochaine élection présidentielle en faisant tout pour se retrouver au deuxième tour face à Marine Le Pen et en rejouant le chantage au “risque fasciste”. S’il parvient à ses fins, ce sera dramatique.

Cet homme est indigne sur tous les plans. Je dis bien : sur tous les plans. Son indignité était visible dès le moment de la campagne électorale (je l’ai écrit à l’époque). Elle est désormais visible jusqu’à l’obscénité. Et il est obscène, même s’il ne se montre plus en public.

Les membres de sa clique tentent de faire trembler en utilisant des arguments infects.

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Les gilets jaunes seraient antisémites ? Des antisémites qui ne représentent qu’eux-mêmes ont mené des opérations d’infiltration et n’ont obtenu aucun résultat, sinon permettre aux membres de la clique macronienne de dire que “les gilets jaunes sont antisémites”. Le pire antisémite en France est Emmanuel Macron : il veut accentuer l’islamisation de la France et l’antisémitisme en France aujourd’hui est massivement musulman. Il soutient aussi le terrorisme “palestinien” tueur de Juifs, et l’Iran des mollahs aux buts génocidaires.

Les gilets jaunes seraient putschistes ? Ils demandaient au départ d’être écoutés, juste d’être écoutés. Ils ont été traités comme des malpropres. Ils en ont déduit que Macron était indigne, ce qui est absolument exact, je l’ai écrit plus haut. Et ils ont déduit qu’un homme indigne n’était pas digne d’être Président.

Les gilets jaunes seraient violents ? Certains sont devenus violents, oui. Les gilets jaunes se sont heurtés à un mur et on leur a répondu par la répression. Répondre à des gens en colère et désespérés en leur tapant dessus (et en leur crachant au visage en prime) donne ce genre de résultat. Le Général de Gaulle avait en 1968 dissous l’Assemblée nationale pour que le peuple s’exprime, faut-il le répéter ?

On dit encore ici ou là que Macron serait “libéral”. Les prélèvements obligatoires français sont toujours aussi élevés. Des taxes et des réglementations nouvelles ont proliféré depuis dix-huit mois. La “transition énergétique” est un dispositif étatiste et socialiste.

Macron n’a rien de libéral, non. C’est un socialiste étatiste au service de la nomenklatura française, qui elle-même fait partie de la nomenklatura européenne et mondiale. Il a été mis en place par des adeptes français du crony capitalism, capitalisme d’accointances et de copinage, qui en attendaient un retour sur investissements.

Il gouverne pour cette nomenklatura et ceux qui sont rattachés à elle parce qu’ils travaillent pour elle ou partagent sa vision du monde (18 à 20 pour cent de la population).

Cette nomenklatura entendant dissoudre les Etats nations, il agit en direction de cette dissolution. Il agit aussi pour dissoudre les repères et l’islamisation est pour cette nomenklatura une bonne façon de dissoudre les repères. Les risques terroristes font partie pour cette nomenklatura des dommages collatéraux.

Cette nomenklatura n’a pas besoin de ceux qui composent les gilets jaunes. Ils ne lui servent pas à grand-chose. Elle les méprise et le mépris de Macron et de sa clique fait partie de ce mépris.

Le mouvement des gilets jaunes fait partie intégrante de ces révoltes que la nomenklatura française et les nomenklaturas européennes et mondiales appellent dédaigneusement “populistes”.

Ce sont fondamentalement des révoltes de peuples qui ne veulent pas mourir.

Macron a semé le vent. Il récolte la tempête et est prêt à l’exacerber. Dans d’autres pays, les choses se sont passées de manière moins tumultueuse. Mais ils n’avaient pas un Macron.

Macron est une abomination et sa mégalomanie lui donne l’âme frelatée d’un dictateur.

S’il voulait rester au pouvoir et faire cesser le tumulte, il lui resterait une solution, à l’extrême rigueur : dire qu’il a fait fausse route depuis le départ, sortir des Accords de Paris sur le climat, abandonner toutes ses lubies écologiques, déréglementer, baisser drastiquement tous les impôts quitte à aggraver temporairement les déficits publics, faire réaliser un audit des dépenses de l’Etat aux fins de supprimer toutes les dépenses inutiles, diminuer le nombre de fonctionnaires, se rallier à l’idée d’une Europe des nations (une vieille idée proposée en son temps par Margaret Thatcher), redonner des frontières au pays, suspendre toute immigration. Ce serait un bon début. Il pourrait demander conseil à Donald Trump sur tous ces points car presque tous ces points constituent le programme mis en œuvre par Donald Trump aux Etats-Unis. Nombre de ces points se retrouvent dans les programmes de Viktor Orban, Matteo Salvini, Jair Bolsonaro. Macron préférerait instaurer la loi martiale et ordonner qu’on tire dans les “foules haineuses” que faire l’inverse de ce qu’il fait depuis un an et demi et entend continuer à faire.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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