La France de Macron est en train de passer brutalement d’une crise sociale à une crise de régime.
Emmanuel Macron ne veut pas admettre que la violence policière ne fera pas fléchir les gilets jaunes. La vaste mobilisation populaire apparue le 17 novembre n’est pas l’émeute d’un groupe de « séditieux », comme le président français ne se lasse pas de le répéter. C’est le symptôme d’un malaise social profond qui vient de loin et qui nécessite des réponses politiques, concrètes et substantielles, que le gouvernement n’a pas été en mesure de formuler jusqu’à présent. Les 10 milliards d’euros que Macron dit avoir cédé à la pression des gilets jaunes, personne ne les a vus.
Les manifestations se poursuivent donc et celles du 5 janvier, à Paris et dans d’autres capitales, dénommées « l’acte 8 » de ce mouvement, ont montré que les gilets jaunes ne sont ni « épuisés » ni « divisés », comme le prétend le gouvernement. Au contraire, ils persistent dans leur action de protestation. Malgré l’incursion d’individus violents dans les manifestations, mais également en dépit de la répression policière, des menaces et des insultes que le pouvoir et leurs chiens de garde déploient au quotidien dans les média, les gilets jaunes continuent d’être soutenus par la majorité des citoyens.
Ainsi, la France de Macron est en train de passer brutalement d’une crise sociale à une crise de régime. Les revendications initiales (assez d’une vie de misère, demande de salaires et de pensions décents, demande pour une justice fiscale et des prix raisonnables des carburants) sont maintenant complétées par d’autres, telles que le rétablissement de l’ISF (impôt sur les grandes fortunes), demandée par 77% des citoyens, la dissolution de l’Assemblée nationale, de nouvelles élections législatives, la proportionnalité dans la loi électorale, un référendum d’initiative citoyenne et, enfin, comme le crient les manifestants, le départ de Macron de l’Elysée.
Comme, au lieu d’apaiser les esprits, le chef de l’Etat persiste en approfondissant la politique qui a provoqué le conflit, la violence des deux parties, casseurs et certaines forces de l’ordre, augmente chaque semaine. Et les policiers font savoir qu’ils sont épuisés par le rythme infernal imposé par l’État dans la répression des manifestations.
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À la veille de l’acte 8, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, résumait les décisions du conseil des ministres et a lancé trois définitions évoquées par la presse comme le nouveau cri de guerre de Macron: « Nous sommes sur la bonne voie », « nous allons accélérer et approfondir les réformes » et « les gilets jaunes sont des agitateurs qui veulent l’insurrection et renverser le gouvernement».
La réponse a été la manifestation accrue du samedi et la radicalisation des femmes gilets jaunes qui ont fait, dimanche, leur propre manifestation à Paris et dans d’autres villes.
L’habitude de Griveaux de lancer des accusations aberrantes contre les manifestants et contre les partis d’opposition crée des problèmes supplémentaires. Ceux qui ne sont pas avec Macron sont accusés par lui d’avoir «quitté le camp républicain» et d’avoir «un esprit Munichois», comme il l’a martelé le lundi 7 janvier à la radio.
Il est vrai qu’un mystère entoure la destruction de l’entrée de son ministère lorsque des individus ont jeté contre le puissant portail un monte-charge que quelqu’un avait trouvé abandonné dans la rue. Griveaux avait été exfiltré par ses gardes à travers le jardin du bâtiment. Comment est-il possible qu’il n’y ait pas eu un seul policier pour garder ce palais? Pourquoi personne n’a remarqué la présence du monte-charge à quelques pas de l’endroit où la manifestation passerait?
« Aucun parti de l’opposition n’a réagi », s’est plaint Griveaux. « Ils sont en train (…) d’instrumentaliser politiquement la colère des gens ». Faux: tous les partis d’opposition ont condamné les violences du 5 janvier et critiqué en même temps la politique de Macron.
La violence policière n’est pas un problème mineur. Samedi dernier, il y a eu deux manifestations autorisées à Paris. La plus grande a été harcelée dès le début. Le point de départ était la place de l’Hôtel de Ville. Les gilets jaunes rassemblés à cet endroit ont reçu des grenades assourdissantes et essuyé des jets de gaz lacrymogène. La police voulait-elle causer une débandade? Personne n’a bougé. La marche a commencé avec des difficultés, mais le cortège pacifique a été stoppé avec encore plus de gaz lacrymogène à deux endroits: devant un commissariat de police et dans l’atrium du musée d’Orsay.
C’est alors que s’est passé un étrange incident sur la passerelle Léopold Sédar Senghor. En se voyant encerclés, un groupe de manifestants a quitté le cortège principal et a tenté de se disperser sur la passerelle, mais la police leur a bloqué le passage. Au milieu d’un épais nuage de gaz, une bataille rangée éclata entre eux et les CRS. Soudain, un homme vêtu de noir, qui sera plus tard identifié comme étant Christophe Dettinger, 37 ans, ancien champion de boxe, a donné des coups de poing à un policier qui avait repoussé les gilets jaunes avec son bouclier antiémeute, son casque en métal et sa matraque . Quelques secondes plus tard, Dettinger a frappé un autre policier qui avait glissé dans la mêlée. Lundi, et accompagné de son avocat, Dettinger s’est rendu à la police. Dans une vidéo mise en ligne quelques heures auparavant, Dettinger expliquait qu’il n’était ni d’extrême gauche ni l’extrême droite, qu’il était un Français comme les autres avec un revenu modeste et qu’il avait vu lors de ces manifestations la police « faire mal aux gens avec ses flash-balls ». « J’ai vu des blessés, des retraités gazés, j’ai vu beaucoup de choses ». Il a expliqué que le 5 janvier, sa femme et un ami avaient été gazés et que la colère l’avait submergé. « J’ai mal réagi, mais je me suis défendu », a-t-il admis. Visiblement ému, il a demandé aux gilets jaunes « de continuer le combat pacifiquement ». La presse prédit qu’il sera condamné à cinq ans de prison et à une lourde amende.
Le gouvernement exploite ce fait pour montrer à quel point les gilets jaunes sont violents. Mais il n’explique pas pourquoi il a placé des CRS sur un pont piétonnier où la bagarre est si risquée. Heureusement, personne n’est tombé dans la Seine et la passerelle ne s’est pas effondrée. Le ministre de l’Intérieur Castaner et le préfet de police de Paris, restent muets sur leur rôle dans cet accident qui aurait pu aboutir à une catastrophe.
Quelques jours avant l’acte 8, le climat populaire était très tendu. La gendarmerie avait démonté les points de rencontre des gilets jaunes dans les rond-points de province. 72 heures avant la manifestation, Éric Drouet, chauffeur routier âgé de 33 ans et l’un des fondateurs des gilets jaunes, souhaitait allumer des bougies à Paris pour rendre hommage aux personnes décédées dans les précédentes manifestations. Mais il a été arrêté. Cela a provoqué l’indignation des gilets jaunes et des partis d’opposition, à droite comme à gauche: « La violation systématique des droits politiques des opposants dessine un visage extrêmement inquiétant d’Emmanuel Macron », a tweeté Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National. Jean-Luc Mélenchon, dirigeant de la France Insoumise, a écrit: « Abus de pouvoir. Une police politique harcèle maintenant les animateurs du mouvement des gilets jaunes. ». Tel était le climat psychologique qui a précédé la journée du 5 janvier.
Amnesty International accuse le gouvernement d’avoir « fait un usage excessif de la force lors des manifestations de gilets jaunes ». Elle note que « les forces de l’ordre ont utilisé des flash-ball, des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes contre des manifestants majoritairement pacifiques. » Depuis le 17 novembre, 9 personnes sont décédées dans des accidents liés aux mobilisations. Au cours des manifestations, 407 personnes ont été blessées (46 gravement et même mutilées). 717 policiers, gendarmes et pompiers ont également subi des actes de violence. Le 8 décembre, environ 400 personnes ont été arrêtées à Paris avant leur arrivée à la manifestation. Dans tout le pays, 5 600 personnes ont été arrêtées. Dont un millier ont été condamnées.
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Le chef de l’exécutif propose la réalisation d’un « grand débat » pour savoir quelles sont les aspirations des invisibles. Cependant ces derniers croient que Macron essaie de gagner du temps et de détourner l’opinion. On ne sait pas comment ce « débat » fonctionnera, ni quelles sont les garanties pour que les mesures réclamées soient prises en compte par le gouvernement. En tout état de cause, il a déjà opposé son veto à des questions clés telles que la taxation des riches. D’autres prédisent que ce « débat » consistera à envoyer des textes par Internet à un portail gouvernemental. Dans de telles conditions, le dialogue a peu de chance de calmer l’immense colère populaire. Pendant ce temps, tout le monde se prépare pour « l’acte 9 » samedi prochain. Le Premier ministre Edouard Philippe a promis des nouvelles mesures techniques: il annonce qu’il déploiera 80 000 policiers en France, dont 5 000 à Paris, et que ses services constitueront un fichier d’individus auxquels il leur sera interdit de manifester.
© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
Bientôt il fera appel à l’armée…il n’a vraiment rien compris ce Macreux !
Mais tout n’est pas perdu, il va bientôt comprendre la loi du peuple !
A la présidentielle, macron a supprimé son adversaire le plus dangereux pour lui.
Il a fait comprendre au CEMA qu’il n’était qu’une crotte.
Puis il a envoyé ses sbires contre Marine et Jean-Luc.
Il a aussi dévalorisé les chefs syndicalistes.
Avec benallah et ses privilèges indus, il a rabaissé les forces de l’ordre.
Maintenant il est décidé à supprimer le peuple, ces gens qui ne sont rien.
A part les ‘fils d’immigré, noir et pédé’, que va-t’il rester d’estimable en France ?
Son “armée européenne” pour “se défendre” contre la Russie, la Chine et les Etats-Unis, va devoir changer de direction pour devenir une armée contre la France…
D’accord avec l’auteur sur l’embuscade passerelle Senghor: c’est une passerelle piétonnière, avec deux entrées sur chaque rive: quai haut de la Seine :là ou circulent voiture et piétons, et berges de la Seine, entrée basse. Sur certaines photos on voit des policiers encerclés entre les manifestants venant du quai haut, et ceux venant du quai bas. Beaucoup de chance de n’avoir eu aucune chute dans la Seine. Le pont étant piétonnier, sa structure est bien moins solide qu’un pont classique: bref ce n’est pas à cet endroit qu’on doit bloquer le passage; il faudrait maitriser quais haut et bas sur la rive gauche de la Seine plutôt que de “tenir” le pont!
C’est d’une évidence !
On se demande quel est le niveau intellectuel des décideurs quand on constate, comme vous le faites, que la passerelle aurait tout simplement du etre rendue inaccessible.
Pour que la violence apparaisse bien côté Macron , il suffit que les GJ défilent les mains liées devant , car derrière trop dangereux en cas de chute !
On comprend pourquoi les Gilets Jaunes ne veulent pas déclarer leurs manifestations; Le voyou Castaner en profite pour leur tendre des embuscades, les bloquer, les bastonner et les gazer.
Nouveau sur nos étranges lucarnes: il ne faut plus dire gazer car gazer a une connotation nazie.
Attention, le gouverneur du Hainaut belge, un socialisse progressisse bien évidemment, vient d’interdire les rassemblements de plus de personnes. Nous revoici au 19ème siècle.
https://www.dhnet.be/regions/mons/hainaut-le-rassemblement-de-plus-de-5-personnes-interdit-a-hauteur-des-postes-frontieres-5c37304f9978e2710e895a79
Toujours cet insupportable deux poids-deux mesures. Les Gilets Jaunes devraient aller chercher ce chti gauchisse de la jaquette qui flotte directement au gouvernement provincial et lui pété la tronche. Le mec s’appelle Tommy Declercq. De quoi se mêle ce parasite depuis sa merdique province qui ne sert strictement à rien mais qui nous coûte très-très cher?
à force de crier au loup, les gueux n’y prêtent plus attention!
ils croient la colère retombée alors qu’elle n’est que ravalée,
Ce pouvoir incertain manque singulièrement d’habileté en alternant les provocations et les déculottées, il montre sa faiblesse stratégique et son absence de maturité. C’est inquiétant.
L’emprisonnement immédiat de Chistophe Dettinger est totalement injustifié, qu’il soit jugé et condamné en temps utile est compréhensible. Il ne s’agit pas d’un assassin ni d’un terroriste, mais comment peut-on parler d’une justice indépendante et sereine lorsque que l’on voit un tribunal siéger jusqu’à 23 heures afin de condamner dans l’urgence et probablement sur ordre du pouvoir, un homme, bon père de famille, sans casier judiciaire, qui s’est emporté en assistant au gazage et au matraquage d’une jeune femme, venue d’ailleurs témoigner au tribunal en sa faveur.
Christophe Dettinger n’était pas venu à cette manifestation pour en découdre, il ne portait ni masque de protection ni arme, d’autant plus que selon ses défenseurs, il avait participé aux autres rassemblements et que tout s’était toujours très bien passé.
Est-il normal que l’on emprisonne immédiatement un homme ayant un casier judiciare vierge, sans avoir tenu compte des circonstances atténuantes, la réponse est NON, d’autant plus que ce citoyen n’allait nullement quitter le territoire national puisque marié et bon père de famille, il occupe d’ailleurs un emploi stable.
Par contre l’auteur de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, Cherif Chekatt avait lui un casier judiciaire bien fourni, condamné à 27 reprises pour des motifs graves sans être incarcéré pour ceux-ci. Pendant ce temps des dizaines de milliers de fichés S et de dangereux intégristes, terroristes potentiels, circulent librement dans nos rues sans êtres inquiétés et des milliers d’armes de guerre sont stockés dans les zones de non droit. Il est clair qu’il y a quelque chose qui ne tourne plus rond dans notre république et nous sommes donc en droit de nous poser la question: mais dans quel pays vivons nous? Ce qui est inquiètant aujourd’hui, c’est que le gouvernement ne cesse de jeter de l’huile sur le feu et que lors de l’Acte IX des gilets jaunes de samedi prochain, le pire est à craindre . Mais peut être, est-ce la volonté de Sieur Macron, de foutre la m…. afin de pouvoir apparaître comme le sauveur de la nation ???
Bonjour
Après avoir lu tout cet article, très bien rédigé et qui explique sans trop de complexités les 7 semaines de conflits qui ravagent Paris et ses endroits historiques, j’avoue que je ne vois pas comment Macron puisse s’en sortir. Tout est contre lui, contre son parti et son gouvernement. Ce dernier part à sa perte. Cette administration fait tout pour qu’on l’a hait sur la place publique.
Que voit-on tous les Samedis sur cette Place autour de l’Ile de la Cité : Goliath contre David et comme toujours nous aurons de la sympathie pour David.
Macron aurait pu dès le 18 Novembre convoquer une délégation des Gilets Jaunes, les écouter, prendre note de leurs griefs et corriger ses malencontreuses décisions fiscales. Accéder aux revendications de non élus n’est pas un péché, n’est pas un acte de faiblesse, ç’aurait plutôt été une démonstration de compréhension de la part du président et une certaine maturité et sagesse. Ces qualités sont étrangères à ce personnage Macron qui me fait penser à un enfant gâté, pourri par son entourage.
Le problème aujourd’hui c’est comment arrêter la casse ? le Premier Ministre pense que la force est la solution. Propagande anti Gilets Jaunes et Répression massive sont ses solutions. Il y aura réaction automatique et endurcissement des groupes protestataires. C’est l’escalade, ce qu’un bon général qui désire mettre fin aux combats sait qu’il doit éviter coûte que coûte. Mais pas ce chef de gouvernement.
C’est simple. Macron a prouvé aux Français pendant 7 semaines qu’il n’est pas à la hauteur et qu’il ne mérite plus de présider à leurs destinées. Ses vassaux à Matignon doivent démissionner car ils risquent de commettre plus d’injures dans les semaines à venir. Le bateau présidentiel chavire, des gilets de sauvetage il n’y en a guère …mais des Gilets Jaunes il y en a beaucoup et partout !
Bon week-end à tous