Publié par Jean-Patrick Grumberg le 12 janvier 2019

Une conversation intéressante sur la question récurrente de savoir si Dieudonné devrait bénéficier de la liberté pour ses spectacles a pris naissance dans un groupe privé sur Twitter.

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  • Un intervenant écrit : “Je suis allé voir Dieudonné, pas mal marrant. Mais le côté ‘juif obsession’ est pénible franchement….il pense qu’à ça.”
  • Quelqu’un lui répond : “Perso moi je suis pour que Dieudonné puisse dire ce qu’il veut sur scène et même en dehors. Je suis pour la liberté d’expression totale… Mais quand tu fais des voyages en Iran pour expliquer que l’islam est une religion géniale, qu’Israël c’est Satan, tout ça pour te faire financer des films et ton parti politique ; que tu soutiens ouvertement le régime de Mahmoud Ahmadinejad, le Hezbollah, le Hamas ; que tu montes une liste européenne antisioniste avec Soral, tu n’es plus un humoriste mais un militant politique… Il faut juste qu’il assume et qu’il arrête de se cacher derrière l’humour pour faire passer ses idées, et après, se poser en victime de la bien-pensance.
  • “Le plus intelligent avec Dieudonné aurait été de le laisser dire ce qu’il veut. Là, il s’est fait de la pub gratis. Aux USA, il y a un parti nazi, des partis suprématistes, etc. et personne n’en parle et ils pèsent rien.”

Pourquoi la comparaison avec les Etats-Unis n’est pas bonne

  • Aux Etats-Unis, notre liberté d’expression est gravée dans le marbre de la Constitution, alors qu’en France, c’est toute une liste de raisons permettant sa limitation qui est prévue par les textes, à commencer par le fourre-tout qui permet tout : “l’incitation à la haine”.
  • Aux Etats-Unis, nous savons par l’expérience et l’usage que le meilleur remède contre les discours de haine, c’est plus de discours, plus de débat, plus de liberté d’expression.
  • En France, on considère que la meilleure lutte contre les discours de haine, c’est son interdiction sous peine de poursuites pénales : la loi Gayssot qui interdit de nier l’holocauste est un bon exemple, et l’on pourrait appliquer lui le raisonnement développé dans cet article.
  • Chez nous, la liberté d’expression fonctionne comme un grand marché libre des idées où chacun disant ce qu’il veut, cela permet à chacun de réfléchir, de s’éduquer, et de s’élever moralement. Résultat, nous avons beaucoup moins d’antisémitisme qu’en France et qu’en Europe, car le fonctionne à merveille. Il faut préciser ici que nous croyons en l’individu. Nous lui faisons confiance. Nous pensons qu’il est capable seul de s’améliorer. Résultat, les néo-nazis, le KKK, sont totalement marginaux. (Il y a bien entendu une atteinte récente à cette liberté, elle vient des entreprises qui possèdent les réseaux sociaux, des gens de gauche qui n’aiment pas beaucoup que l’on ne pense pas comme eux).

Pourquoi Dieudonné ne peut pas disposer d’une totale liberté d’expression

La comparaison Dieudonné avec la liberté d’expression aux Etats-Unis est à mon avis dépourvue de sens pour une autre raison simple.

  • En France, il n’y a pas une grande liberté d’expression. La censure, les menaces de poursuites pénales sont constantes, il n’existe pas de possibilités de débat public sur les sujets évoqués par Dieudonné.
  • Laisser Dieudonné vomir son antisémitisme, alors que dire de quelqu’un qu’il est antisémite est pénalement répréhensible, pose problème.

Pour défendre le droit de Dieudonné à disposer d’une totale liberté d’exprimer ses pensées, il faudrait qu’en face il soit possible de dire avec la même liberté que “plein d’Arabes viennent voir ses spectacles”et avoir une conversation publique sur le sujet. Il faudrait pouvoir dire sans craindre de poursuites pour injure à caractère raciale que “plein d’Arabes sont antisémites”, et avoir un débat public d’ampleur nationale pour comprendre pourquoi. Il faudrait pouvoir être libre comme nous sommes libres aux Etats-Unis. Et ce n’est pas le cas.

De là, offrir une liberté à l’un qui possède une notoriété et un porte-voix immense, quand l’autre en face ne possède ni sa liberté totale, ni la renommée, et encore moins le moyen de s’exprimer dans les médias consiste à entériner une anomalie déjà criante : j’ai souvent dit être scandalisé qu’en France, un juif n’ait pas le droit de dire qu’une personnalité publique est antisémite sans crainte d’être poursuivie par la justice, car seul un juge a le droit de dire en dernier ressort qui est antisémite et qui ne l’est pas. Et le risque existe qu’un juge lui-même non neutre penche du côté politiquement correct.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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