Publié par Guy Millière le 13 janvier 2019

Les manifestations de gilets jaunes du samedi 12 janvier ont eu lieu. Elles entrent dans leur troisième mois. Les revendications ont été les mêmes que les fois précédentes : “Macron démission”, “Référendum d’initiative citoyenne”. Elles seront aussi inutiles que les fois précédentes.

Macron poursuit une stratégie désormais très claire.

D’une part, premier volet de la stratégie, Macron entend susciter des violences et répondre par la répression, de façon à présenter autant qu’il le peut le mouvement des gilets jaunes comme un mouvement factieux, fasciste, abominable, et à susciter une réaction de rejet chez des Français censés souhaiter la “fin du chaos” et voir dans les gilets jaunes des nuisances.

Pour susciter des violences, les insultes envers les gilets jaunes continuent à être déversées par Darmanin, Griveaux, Castaner.

Pour ce qui est de la répression, le nombre de policiers atteint un niveau sans précédent, et des ordres sont visiblement donnés pour que les forces de l’ordre soient très brutales. Les tirs de flashball à bout portant et les utilisations de grenades explosives ne se comptent plus. Le nombre de blessés chez les gilets jaunes est très élevé : plus de mille deux cent à ce jour. Les mutilés parmi les blessés sont nombreux.

Aux fins que ce premier volet de la stratégie fonctionne, les grands médias qui ont porté Macron à la présidence (et qui appartiennent à ceux qui ont financé Macron depuis le début) tient le discours requis. Le magazine macroniste Le Point a fait sa couverture cette semaine avec la photo du boxeur qui est sorti de ses gonds, et qui est devenu l’emblème providentiel (que le gouvernement ne cesse de brandir) du “comportement abject” des gilets jaunes, photo accompagnée d’une légende très claire : “quand est-ce qu’on arrête ça”. Les très condamnables débordements antisémites de quelques-uns sont montés en épingle afin que tous les gilets jaunes soient présentés comme antisémites. Un abruti autoproclamé leader des gilets jaunes voit ses déclarations citées abondamment, ce qui permet de jeter le discrédit sur toute la révolte. Quasiment plus personne en ce cadre ne parle des revendications dont la révolte est porteuse. Le soutien massif apporte initialement à la révolte par la population reste fort (62 pour cent), mais s’estompe.

Le deuxième volet de la stratégie est le “grand débat” simulacre censé s’enclencher ce lundi, et apparaître comme “donnant la parole à tous” aux fins que les conclusions (d’ores et déjà écrites sans aucun doute) soient “tirées” : celles-ci seront que Macron va dans la bonne direction et doit, comme le disent les ministres, continuer “sans changer de cap”, voire en accélérant. Une manifestation macroniste est prévue pour dans quelques jours pour accompagner le mouvement. Un référendum factice pourra être ajouté éventuellement.

Il est prévu que la stratégie, si elle fonctionne, parvienne tôt ou tard à ensevelir la colère sous l’amertume, et que les gilets jaunes rentrent chez eux, tête basse, résignés.

Lors des élections européennes à venir, le Rassemblement National l’emportera sans doute, mais ce sera, pense Macron, sans importance pour lui puisque ce sont des élections européennes sans impact direct sur le pays. Et quand viendra la prochaine élection présidentielle, pense aussi Macron, sans doute, il pourra se retrouver face à Marine Le Pen portée par l’amertume. Il lui restera, pense-t-il toujours sans doute, à agiter la peur attachée au nom, Le Pen, et à compter pour cela sur les grands médias à sa solde, pour être réélu.

Dois-je le dire ? Au risque de paraitre exagérément pessimiste, je crains que cette stratégie ne finisse par fonctionner. Et je le dis d’avance : si c’est le cas, ce sera catastrophique.

Macron est le produit préfabriqué d’une nomenklatura, je l’ai déjà écrit. Je le répète.

Il a été mis en place pour servir la nomenklatura qui l’a préfabriqué.

Celle-ci est propriétaire ou actionnaire d’un ensemble de grandes entreprises, en général transnationales. Elle a besoin de quelques dizaines de milliers de cadres. Elle possède, je l’ai dit plus haut, la quasi-totalité des grands médias. Elle a besoin aussi de subalternes qu’elle rémunère très peu, essentiellement immigrés, mais qui reçoivent des allocations et des subsides gouvernementaux payés par l’argent des contribuables.

Elle n’a pas besoin de la plus grande partie de la population, et tout particulièrement pas de classes moyennes voulant vivre dignement de leur travail, avoir leur mot à dire sur la gestion du pays, et qui resteraient attachées à une souveraineté nationale et à des valeurs culturelles occidentales. Elle peut cyniquement condamner cette population à subir, payer, se résigner.

Elle utilise depuis des années l’immigration musulmane (qui lui fournit les subalternes immigrés) pour que souveraineté nationale et valeurs culturelles occidentales soient brisées (le livre d’Yves Mamou Le grand abandon démontre cela de manière remarquable).

Elle s’appuie sur l’Union Européenne, qui, elle aussi, a pour ennemis souveraineté nationale et valeurs culturelles occidentales, et qui constitue un grand outil de confiscation de la démocratie, et elle fait partie d’une nomenklatura européenne qui elle-même fait partie d’une nomenklatura mondiale.

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

Si la stratégie fonctionne, la France sera dans quelques années un pays où une minorité, disons vingt pour cent de la population (la nomenklatura, ses cadres, ses agents médiatiques, ceux qu’elle cooptera) vivra bien, où les zones de non droit musulmanes au sein desquelles la nomenklatura recrute les subalternes immigrés assureront le dépeçage du pays, et où le reste de la population (ce qu’on appelle désormais la France périphérique selon l’expression du géographe Christophe Guilluy) glissera vers une paupérisation croissante et sans doute irréversible.

La stratégie est conforme au projet de la nomenklatura européenne et se trouve appliquée de façons diverses dans toute l’Europe. Elle se trouve impulsée, en fait, dans tout le monde occidental, et le parti Démocrate aux Etats-Unis y adhère (les subalternes immigrés aux Etats-Unis sont essentiellement hispaniques, mais on trouve parmi eux aussi désormais des musulmans).

Que plusieurs décennies après la chute des régimes léninistes, des grands capitalistes et des grands financiers reconstituent un fonctionnement de nomenklatura constitue une triste et effroyable ironie de l’histoire. C’est néanmoins le cas.

Lord Acton, l’un des grands penseurs libéraux du dix-neuvième siècle, a expliqué que le pouvoir tend à corrompre, et que le pouvoir absolu corrompt absolument.

Des fortunes immenses se sont constituées au cours des récentes décennies et leurs détenteurs ont acquis un pouvoir absolu dans des domaines cruciaux et neufs tels que les technologies de l’information, les médias sociaux, et la finance dématérialisée.

La tentation pour ces derniers de se doter du pouvoir politique aux fins que celui-ci les serve était grande. Elle a pris forme.

Ce qui fonctionne ainsi n’est pas le capitalisme, mais sa perversion, le crony capitalism, capitalisme d’accointances. Ceux qui seraient surpris que des entreprises comme Google travaillent avec le régime totalitaire chinois devraient revenir de leur surprise et s’efforcer de comprendre ce qui se joue. Non seulement la perversion du capitalisme, mais aussi la destruction de la démocratie et de la liberté de penser.

Donald Trump, entrepreneur capitaliste attaché à la souveraineté nationale et aux valeurs occidentales a discerné ce qui se jouait et a voulu devenir Président : pour s’efforcer de sauver ce qui pouvait l’être. Il n’est pas étonnant que les membres des nomenklaturas contemporaines et leurs agents médiatiques le détestent et voient en lui un danger majeur.

Les mouvements “populistes” en Europe sont, je l’ai dit plusieurs fois, des sursauts de peuples qui ne veulent pas mourir.

Fondamentalement, la révolte des gilets jaunes, par-delà ses incohérences (et malgré les tentatives de récupération de l’extrême gauche) est un sursaut de ce genre, et ce n’est pas un hasard si elle fait des émules ailleurs en Europe.

La stratégie de Macron est d’étouffer le sursaut. Macron est un agent de mort.

L’emportera-t-il ? Telle est la question.

Pour l’heure, il reste dans les sondages au niveau où il est tombé depuis des mois (vingt pour cent, parfois un peu moins). La haine à son égard est immense au sein de la population française. Un rejet de la politique et des médias par la population française atteint, montrent les sondages, un degré d’intensité sans précédent.

Hélas, Macron, les nomenklaturas contemporaines et leurs agents médiatiques peuvent s’en accommoder. Jusqu’à quand ? Je n’ai pas la réponse.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous