Publié par Gaia - Dreuz le 17 janvier 2019

Grâce à une photo détournée accompagnée d’une légende trompeuse, Libé suggère à ses lecteurs qu’Israël est un pays comparable à la Corée du Nord.

Sur le terrain de la désinformation, Libération démarre l’année 2019 sur des chapeaux de roue !

Libre au journal fondé par Serge July (et racheté par Patrick Drahi) de critiquer Israël et son gouvernement, même de manière excessive, voire injuste.

Mais cette ligne anti-israélienne autorise-t-elle le quotidien de l’extrême gauche bobo à falsifier l’information en détournant le sens d’une photo par l’adjonction d’une légende malhonnête ?

Tout commence par l’interview de l’universitaire Jean-Pierre Filiu, publiée le 11 janvier sur le site de Libération,

Spécialiste de l’islam contemporain, arabisant, Jean-Pierre Filiu est professeur à Sciences-Po, à Paris.

Réalisée par la journaliste Alexandra Schwartzbrod, cette interview est consacrée au dernier ouvrage de l’universitaire, « Main basse sur Israël » (La Découverte), un essai-pamphlet contre Benyamin Netanyahu.

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Une interview dans la veine complotiste

L’interview a également été publiée dans l’édition papier du journal. Il s’agit d’un très long texte – à charge – qui s’étale sur deux pages.

Voici le florilège des meilleurs passages.

Le Premier ministre israélien y est tout à tour accusé d’avoir « inauguré et banalisé un mode de gouvernement brutal » et d’avoir « introduit cette violence dans le débat politique israélien qui n’a fait que s’aggraver ». Selon le professeur à Sciences-Po, cette violence « s’exerce aujourd’hui contre la gauche, mais aussi la justice, la presse, les ONG, les milieux culturels, la Cour suprême et même la police… ».

Ce n’est pas fini, il y en a encore :

Jean-Pierre Filiu nous dépeint un Netanyahu magicien de la « propagande moderne » qui, lors des débats télévisés « hypnotise la caméra (oui, c’est écrit dans l’article) en la fixant avec des phrases percutantes… ».

Très à la page dans la veine complotiste, l’universitaire croit pouvoir nous révéler le plan mondial de Netanyahu qui aurait secrètement décidé de « troquer le sionisme juif » en s’appuyant sur « la droite évangélique » américaine.

Le Premier ministre israélien aurait ainsi organisé « une soirée de travail avec les évangéliques du monde entier pour élaborer une stratégie globale ».

Ca n’est pas encore le sabbat des sorcières, mais ça y ressemble.

Et le meilleur reste à venir.

Une photo détournée, un mensonge… par omission

Pour illustrer l’interview, Libération a choisi cette photo énigmatique d’une statue en or de Benamin Netanyahou dressée place Yitzhak Rabin, sur le parvis de la mairie de Tel Aviv.

Le point d’orgue de la manipulation est sans nul doute la légende qui accompagne la photo :

Le 6 décembre 2016, la statue dorée de Nétanyahou face à l’hôtel de ville de Tel-Aviv. Cette oeuvre polémique de l’artiste Itay Zalait avait été retirée le jour même.

On a rarement fait aussi fort en matière de mensonge par omission.

Qui donc a installé cette statue ? Le service photo de Libération n’a pas jugé utile de le préciser, restant dans une ambiguïté manifestement volontaire.

Tout semble fait – et nous allons le démontrer – pour suggérer (sans l’affirmer) que le Premier ministre israélien (ou ses partisans) a fait ériger au centre de Tel Aviv une statue en or à sa gloire, digne de celles que l’on trouve dans les dictatures les plus ubuesques de la planète.

Un canular monté par des opposants à Netanyahu

Mais tout d’abord, l’info zappée par Libération : cette statue en or de Benyamin Netanyahu avait été installée par surprise le 6 décembre 2016 par des opposants à Benyamin Netanyahu qui voulaient railler de manière autant satirique que spectaculaire la politique du Premier ministre israélien.

Ce canular politique en dit d’ailleurs long sur l’étendue des libertés publiques en Israël qui permet – contrairement à ce que laisse entendre Jean-Pierre Filiu – à toute personne de se livrer à ce genre de plaisanterie sur la voie publique, sans subir en retour les foudres du pouvoir en place…

L’Agence France-Presse et plusieurs médias avaient signalé ce petit événement.

Les Telaviviens ont bien ri de ce « happening » et ont réalisé des selfies devant l’idole en toc…

Puis la statue a été retirée dans la journée par les services de la Mairie. Point barre.

Un rapide sondage effectué par InfoEquitable confirme la manipulation

Nous avons – avec les moyens du bord – effectué un sondage.

De la manière la plus neutre et la plus objective possible, chaque membre de l’équipe d’InfoEquitable a montré à plusieurs personnes l’article de Libé la photo et la légende puis posé la question suivante : à votre avis, qui a installé cette statue ?

Plusieurs dizaines de personnes ont ainsi été sondées, ce qui constitue au moins un embryon d’échantillon significatif.

85% des sondés ont conclu que cette statue avait été érigée « à l’initiative de Benyamin Netanyahu » ou de ses partisans !

Seules 15% des personnes interrogées, après avoir relevé le caractère sibyllin de la légende de la photo, ont privilégié l’hypothèse que la statue dorée avait peut-être été érigée « par des opposants » à Netanyahu.

Ces chiffres attestent clairement du caractère mensonger de la légende.

Sa formulation plus qu’ambiguë vise à présenter, au lecteur peu averti, Israël comme un pays comparable à la Corée du Nord et autres dictatures, où l’on érige des statues en or du chef suprême pour l’édification des masses !

Nous tenons a souligner que les personnes interrogées étaient pour la plupart diplômées de l’enseignement supérieur (universitaires, journalistes, professions libérales, cadres…). Plusieurs d’entre elles étaient même membres de la communauté juive !

Les détails des réponses fournies par les sondés donnent la pleine mesure de la manipulation induite par l’article de Libération.

Ainsi, ce professeur dans une grande école de commerce parisienne qui, s’étant accordé quelques instants de réflexion, a supposé que la statue en or avait été installée « après un vote de la Knesset »…

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A qui la faute ? Au service photo de Libération… mais pas que.

Qui a rédigé cette légende mensongère ? Comme dans toutes les rédactions, c’est sans doute le service photo de Libération qui s’est acquitté de cette tâche.

Du reste, on a du mal à imaginer que la journaliste qui a réalisé cette interview (très à charge) se soit totalement désintéressée de sa mise en page.

D’autant que Alexandra Schwartzbrod est directrice adjointe de la rédaction de Libération et qu’à ce titre elle supervise l’élaboration du journal à ses divers stades.

Elle n’ignore rien en outre de la situation en Israël. Elle y a été la correspondante de Libé entre 2000 et 2003.

Elle a d’ailleurs rapporté de son séjour une vision sans indulgence de l’Etat juif : « ce qui m’indigne le plus, c’est la politique des dirigeants israéliens, orchestrée par des militaires et des religieux », déclare-t-elle dans cette interview donnée en 2012 au Centre communautaire laïc juif de Bruxelles.

Alexandra Schwartzbrod s’est empressée de relayer sur son compte Twitter l’interview de Jean-Pierre Filiu et la photo qui va avec…

… suivie dans le même temps par deux piliers du journal, Hala Kodmani, responsable de la rubrique « Syrie » (où l’on sait ce qu’est une statue de dictateur…) et Guillaume Gendron, l’actuel correspondant de Libération en Israël.

Voilà, nous pensions qu’il était important d’informer nos lecteurs des méthodes de travail en vigueur à Libération… Lorsqu’il s’agit d’Israël.

InfoEquitable publiera bien sûr dans les meilleurs délais les explications et les mises au point que le service photo et la direction de Libération souhaiteraient nous faire parvenir.

Source : Infoequitable

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