Publié par Magali Marc le 20 janvier 2019

Justin Trudeau a absolument besoin de l’appui massif des électeurs québécois pour rester au pouvoir le 21 octobre 2019. Afin de racoler les votes des Québécois, il est prêt à tout, même à traiter les demandes du premier ministre du Québec avec respect. L’ex-premier ministre libéral, Philippe Couillard, la seule fois où il avait osé mentionner les « demandes traditionnelles » du Québec, s’était fait envoyer promener à vitesse grand V par Trudeau. Mais maintenant Trudeau « réfléchit » aux demandes (notamment concernant la réduction de l’immigration) de François Legault parce que ce dernier tient le bon bout du bâton et il le sait.

En vue de l’élection fédérale en octobre, Trudeau a pris des initiatives susceptibles de plaire au Québécois :

  1. Il a annoncé qu’il accorde au Québec un « généreux » versement de $13 milliards en paiement de péréquation*.
  2. Lors d’un récent remaniement ministériel, il a saisi l’occasion d’augmenter la visibilité des Québécois dans son gouvernement en nommant David Lametti au Ministère de la Justice, ce qui fait en sorte que cinq députés montréalais siègent au Cabinet Trudeau (les autres étant Justin Trudeau, le premier ministre, Marc Garneau, Pablo Rodriguez et Mélanie Joly).
  3. En se dépêchant (afin de doubler l’Australie), d’accorder l’asile à une jeune Saoudienne fuyant sa famille, le gouvernement de Justin Trudeau a réussi un « coup » politique qui lui permet de briller sur la scène internationale, au détriment des relations avec l’Arabie Saoudite qui ne sont pas au beau fixe !
  4. Il a (enfin) rencontré l’épouse de Raïf Badawi.

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Comment Raïf Badawi fait les frais des mauvaise relations avec l’Arabie Saoudite

Le blogueur saoudien Raïf Badawi est emprisonné depuis 2012. Sa femme et les trois enfants vivent à Sherbrooke, au Québec.

Raïf Badawi, un farouche défenseur de la liberté d’expression, avait demandé sur son site internet la fin de l’influence religieuse dans le royaume saoudien, régi par le wahhabisme.

Pour cela, il a été condamné à 1000 coups de fouet et à 10 ans de prison. La première de ces séances de 50 coups de fouet a lieu le vendredi 9 janvier 2015, en public, devant une mosquée de Djeddah.

Les États-Unis, le Canada, la Communauté européenne et d’autres pays ont publiquement demandé à l’Arabie saoudite de faire cesser ces flagellations. Le 15 janvier 2015, l’ONU en a appelé au roi d’Arabie Saoudite, lui demandant « d’exercer son pouvoir de mettre fin à la flagellation publique en pardonnant M.Badawi ». Le lendemain, la deuxième séance de flagellation a été reportée pour raison médicale, puis le cabinet du roi fait savoir que le dossier serait réexaminé par la cour suprême.

Malheureusement pour Raïf Badawi, c’est la sotte ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, qui est intervenue concernant le dossier du blogueur saoudien.

En août 2018, Mme Freeland a écrit un tweet très peu diplomatique, dans lequel elle exigeait la libération « immédiate » de Raïf Badawi, de sa sœur Samar et de son mari Walid Abou al-Khair qui fut aussi l’avocat de Raïf.

Comme elle aurait du le savoir, ce tweet a choqué les dirigeants de l’Arabie Saoudite à un point tel qu’ils ont répliqué par des sanctions économiques et diplomatiques à l’égard du Canada, demandant même le retour au pays des étudiants saoudiens inscrits à des programmes universitaires.

Les tensions entre le Canada et l’Arabie saoudite se sont encore envenimées lorsque le gouvernement de Trudeau a condamné le meurtre du « journaliste » Kashoggi et, plus récemment, quand la jeune réfugiée saoudienne Rahaf Mohammed a été accueillie en sol canadien.

Trudeau a eu beau déclarer que la libération de Badawi est une « priorité » pour tous les Canadiens, le 18 janvier dernier, son gouvernement n’a rien fait de concret en 3 ans de pouvoir.

Ce n’est qu’au moment du G20, fin novembre 2018 en Argentine, alors qu’il sentait la soupe chaude électorale et que les sondages le montraient au coude à coude avec Andrew Scheer, qu’il s’est décidé à parler de Badawi au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS).

Toujours en mode électoral, le premier ministre Justin Trudeau s’est entretenu le 16 janvier avec la femme du blogueur saoudien, Ensaf Haidar et lui a promis de faire quelque chose.

Ensaf Haidar, après la rencontre, a déclaré que « Beaucoup de pays ont parlé de Raif, mais j’aimerais que le Canada en fasse plus que les autres pays parce que je suis Canadienne. J’habite au Canada et j’attends Raif ici. »

Mme Haidar espérait obtenir des éclaircissements sur la rencontre entre le chef libéral et le prince héritier d’Arabie Saoudite, lors du G20. Elle n’a reçu que de vagues promesses.

Pour Trudeau, le dossier Badawi n’est qu’un prétexte afin d’obtenir le vote des Québécois, de soigner son image de globaliste sur la scène internationale et de conserver l’appui des gauchistes-droits-de-l’hommistes canadiens.

Le problème du gros contrat avec les Saoudiens

Comme on ne peut pas faire plaisir à tout le monde, Justin Trudeau est pris entre le désir des gauchistes-droits-de-l’hommistes d’annuler un important contrat de vente de véhicules blindés à l’Arabie saoudite qui ferait perdre des emplois en Ontario, et celui de tenter de se rabibocher avec les Saoudiens et d’obtenir la libération de Badawi.

En 2016, le gouvernement Trudeau annonçait qu’il n’avait pas l’intention d’annuler la vente de blindés à l’Arabie saoudite, malgré la diffusion de vidéos montrant des civils se faire tuer en pleine rue durant des soulèvements populaires en 2012 et 2015.

Maintenant, M. Trudeau donne l’impression d’avoir changé d’avis et prétend qu’il aimerait bien mais que ce serait « extrêmement difficile » d’annuler ce contrat de 15 milliards de dollars canadiens, signé par le précédent gouvernement conservateur, « sans devoir payer des pénalités exorbitantes ».

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Il s’empresse de rejeter la faute sur Stephen Harper. « Nous avons hérité d’un contrat de 15 milliards de dollars signé par Stephen Harper pour l’exportation de véhicules blindés légers en Arabie saoudite », a-t-il rappelé. « Nous étudions les permis d’exportation pour voir s’il est possible de ne plus exporter ces véhicules vers l’Arabie Saoudite ».

Le gouvernement Harper a effectivement approuvé le contrat en 2014.

Campagne électorale oblige, en 2015, les principaux partis s’étaient tour à tour engagés à respecter l’entente, qui assure quelque 2000 emplois à London, en Ontario. Même Mulcair et les gauchistes du NPD ne voulaient pas perdre des votes ontariens !

Selon Bill Pettipas, l’ancien PDG de la compagnie General Motors Defense devenue General Dynamics Land Systems, si le gouvernement fédéral abandonne un contrat de défense de 15 milliards de dollars avec l’Arabie saoudite, il mettra aussi fin, probablement pour toujours, à une relation de 30 ans qui a aidé General Dynamics Land Systems Canada à devenir un géant manufacturier.

Conclusion

La véritable priorité de Trudeau consiste à se faire réélire en octobre 2019. Il n’hésitera pas à exploiter cyniquement la détresse de la famille Badawi pour parvenir à ses fins. Il aurait pu intervenir personnellement beaucoup plutôt mais il a préféré attendre de pouvoir en profiter électoralement. Que Badawi ait dû croupir en prison pendant tout ce temps ne pesait pas lourd dans la balance.

Raïf Badawi et sa famille vont devoir prendre leur mal en patience.

* L’obligation du gouvernement fédéral de faires des paiements de péréquation, a été incluse dans la Constitution lors de son rapatriement par le père de Justin, Pierre Elliott Trudeau, en 1982. Article 36: « Le Parlement et le gouvernement du Canada prennent l’engagement de principe de faire des paiements de péréquation propres à donner aux gouvernements provinciaux des revenus suffisants pour les mettre en mesure d’assurer les services publics à un niveau de qualité et de fiscalité sensiblement comparables. »

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Sources :

  • http://www.fondationraifbadawi.org/actualites-aout-2018/
  • https://www.tvanouvelles.ca/2019/01/16/justin-trudeau-va-rencontrer-la-femme-de-raif-badawi
  • https://www.tvanouvelles.ca/2019/01/18/trudeau-appelle-a-nouveau-a-la-liberation-de-raif-badawi
  • https://www.tvanouvelles.ca/2018/12/16/trudeau-cherche-a-annuler-un-contrat-darmement-avec-riad-par-tous-les-moyens
  • https://www.journaldemontreal.com/2016/05/11/vente-de-blindes-a-larabie-saoudite-mulcair-talonne-dion-1
  • https://www.stratfordbeaconherald.com/news/local-news/no-turning-back-if-saudi-arms-deal-ended-former-london-ceo-warns/wcm/be17d041-af7e-48fd-a73f-ff3cf7d73082
  • https://www.lapresse.ca/actualites/national/201901/16/01-5211296-lepouse-de-raif-badawi-sest-entretenue-avec-trudeau.php
  • https://www.journaldemontreal.com/2019/01/18/canada-trudeau-appelle-a-nouveau-a-la-liberation-de-raif-badawi
  • https://www.journaldequebec.com/2018/12/15/immorale-la-perequation
  • https://www.journaldemontreal.com/2019/01/14/saoudienne-accueillie-au-canada-un-coup-politique-pour-justin-trudeau
  • https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1146688/cinq-deputes-touches-remaniement-plc

 

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