Publié par Gaia - Dreuz le 21 janvier 2019

Ciblé par Al-Qaida, protégé par la police 24 heures sur 24, Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo, raconte son enfer. Un récit glaçant à découvrir dans le Journal du Dimanche.

“En France, en 2019, on peut vivre dans la peur parce qu’on défend ses idées, écrit Hervé Gattegno dans son éditorial du JDD, qui publie ce dimanche le récit de Philippe Val, qui vit au quotidien sous la menace islamiste. Il poursuit : “Courir le risque d’être assassiné pour ne pas renoncer à ses convictions. En 2015, la tuerie de Charlie Hebdo nous l’a appris, dans le sang. On l’avait oublié? Impossible. On s’y est habitué? On a eu tort. Que les terroristes échouent toujours à nous faire plier parce que la résilience des démocraties est plus forte qu’ils ne soupçonnent, c’est heureux. Mais à s’accoutumer des oppressions silencieuses qu’ils laissent derrière eux, ne leur cède-t-on pas malgré tout une part de la victoire?

Philippe Val n’était plus le directeur de Charlie quand les sinistres frères Kouachi ont surgi pour venger le dieu qu’il prétendaient servir. Mais il était de ceux qui, dix ans plus tôt, avaient choisi de publier les caricatures que les islamistes jugeaient impies. Tel Salman Rushdie, condamné il y a trente ans à vivre caché pour avoir moqué un mollah, son crime est d’avoir poursuivi depuis lors le combat pour les mots, les dessins, le rire, tout ce qui forge la liberté d’expression. La dérision contre la déraison. La fermeté contre la fermeture. L’esprit des Lumières contre la folie de l’obscurantisme.

Tel Salman Rushdie, son crime est d’avoir poursuivi depuis lors le combat pour les mots, les dessins, le rire

Tout ce qu’il dit n’est pas parole d’Évangile mais il a le droit de le dire sans être voué à l’enfer, et sans risquer sa peau. Philippe Val ne veut pas se faire plaindre, il veut nous alerter. Son témoignage place sous nos yeux la lâche acceptation de ce qui est inacceptable ; c’est pourquoi il est glaçant. Il nous rappelle aussi qu’à travers le monde et jusque dans les rues de France, la haine des autres gagne chaque jour du terrain ; c’est pourquoi il est brûlant.”

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Philippe Val et les 17 gendarmes et 4 policiers à veiller sur lui

Mercredi, Philippe Val sort un livre* mercredi, qui parle de sa vie. Une histoire des sentiments – tragiques et drôles, drôles et tragiques – qui ont agité l’auteur et le siècle. Dans le JDD, il raconte son quotidien sous la menace. En voici un extrait :

Cet été, quand Philippe Val finissait d’écrire ce livre sur sa vie qu’il a dédié à ceux qui la protègent – les “gendarmes mobiles de Perpignan, Lyon, Marseille, Chambéry et Nyons” et les “officiers de sécurité du SDLP” (le service de la protection de la Police nationale) –, ils étaient dix-sept gendarmes et quatre policiers à veiller sur lui 24 heures sur 24. Depuis, son fils de 4 ans se déguise en gendarme pour faire partie de son dispositif de protection.

Un avis de recherche assorti d’une condamnation à mort, lancé par Al-Qaïda

L’ancien directeur de Charlie Hebdo a expliqué à son enfant que c’était son métier de travailler avec des gendarmes et des policiers. Il ne lui a pas menti ; il ne lui a pas tout dit. Ce récit bouleversant, dont les mots sont comme des flocons venant bellement danser devant la vitre de nos consciences, il l’a écrit pour tout lui dire, justement. La narration est même fondée sur ce besoin : le narrateur s’adresse à l’enfant de ce “Philippe” dont il lui raconte l’histoire intime, profonde, comique, tragique, ­artistique, intellectuelle. Quand il le lira, le petit garçon apprendra que le 17 mai 2018 au soir, son père a reçu un appel du ministère de l’Intérieur.

Val relate l’échange page 850 : “‘Vous êtes chez vous?
– Oui, répondit Philippe.
– Vous comptez ressortir ce soir?
– Non, j’ai renvoyé ma protection.
– Vous avez un déjeuner à 13 heures?
– Oui.
– Vous pouvez passer au ministère en sortant?
– Oui.
– Euh… Quand vous sortirez de chez vous demain, ne vous inquiétez pas, mais on a dû modifier votre protection.’

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Et le lendemain midi, il y avait huit officiers de sécurité armés lourdement qui l’attendaient dans trois voitures. Au ministère de l’Intérieur, Philippe apprit que la menace était arrivée chez le Premier ministre, qui avait fait suivre au ministère de l’Intérieur. C’était un avis de recherche assorti d’une condamnation à mort, lancé par Al-Qaïda. Sa photo, maculée de sang, circulait sur le ‘Dark Net’.”

Source : Lejdd

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