Publié par Magali Marc le 21 janvier 2019

Trudeau a fixé au 25 février la date des élections partielles dans les circonscriptions de York-Simcoe en Ontario, d’Outremont, à Montréal, et de Burnaby South, en Colombie-Britannique, où le chef du NPD Jagmeet Singh espère gagner un siège à la Chambre des communes.

Les Néo-démocrates luttent pour se faire une place depuis que leur parti a été relégué au troisième rang lors des élections générales de 2015, inversant ainsi la percée historique du NPD en 2011. Depuis, le NPD faiblit dans les sondages – une situation qui profite aux Libéraux et inquiète les Conservateurs, lesquels préfèrent voir un NPD suffisamment fort pour siphonner les votes des Libéraux lors des élections générales du 21 octobre prochain.

La circonscription d’Outremont a été un bastion libéral jusqu’à ce que Thomas Mulcair , l’ex-chef du NPD soit élu en 2007, établissant une tête de pont du NPD au Québec. Les Libéraux de Trudeau, qui sont en avance dans les sondages au Québec, vont tenter de reprendre ce siège.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit cet article de Margaret Wente (publié dans le Globe and Mail, le 4 janvier dernier) dans lequel elle explique pourquoi elle estime que Trudeau  pourrait perdre le pouvoir en octobre.

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Pourquoi Trudeau pourrait perdre

Justin Trudeau pourrait faire face à une lutte électorale étonnamment difficile cette année.

Son problème ne vient pas des fossettes sympathiques d’Andrew Scheer (…).

Son problème, c’est qu’après trois ans de visibilité constante, le charme n’opère plus. Il est souvent désinvolte. Il donne l’impression à beaucoup d’électeurs d’être stupide et superficiel. Il est assez intelligent, mais la politique est un monde impitoyable et les gens se demandent à juste titre s’il est à la hauteur des défis auxquels le Canada est confronté.

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Il ne parvient pas à faire de choix difficiles. Il préfère nous faire croire que nous pouvons tout avoir – des pipelines et des taxes sur le carbone et des déficits substantiels dont il jure qu’ils constituent de bons investissements. Mais les Canadiens demeurent sceptiques.

Le désenchantement à l’égard de M. Trudeau a fait chuter la popularité de son parti à environ 36 p. 100 dans les sondages – seulement deux points devant les Conservateurs. Comme l’a souligné le professeur Richard Johnston de l’Université de la Colombie-Britannique le taux d’approbation de Mr. Trudeau est plus bas que celui du Président américain Donald Trump.

Selon un nouveau sondage Nik Nanos, le taux d’approbation du Gouvernement Trudeau est à 35 %, soit à peu près le même pourcentage que celui de Stephen Harper en 2014.

Je crois quand même que M. Trudeau va gagner. Mais il a plusieurs faiblesses à surmonter.

Voici les plus importantes :

1. Seul au monde

Le Canada n’a peut-être jamais été aussi isolé qu’aujourd’hui, selon l’ancien diplomate Lawrence Herman dans le Globe. L’objectif initial de la politique étrangère de M. Trudeau était de montrer au monde que le Canada est de retour et capable de se mesurer aux pays les plus puissants.

Au lieu de cela, nous prenons une raclée.

Nos relations avec l’Arabie saoudite, par exemple, ont été mises à mal à cause d’un tweet de Chrystia Freeland.

Nous sommes également en rupture avec la Russie, la Chine et l’Inde, et même nos relations avec les États-Unis sont préoccupantes.

Plus récemment, dans ce qui semble être des représailles pour notre arrestation de la dirigeante de Huawei, Meng Wanzhou, les Chinois prévoient un nouveau procès pour Robert Lloyd Schellenberg, un trafiquant de drogue canadien. Cette fois, il pourrait être condamné à la peine de mort.

Nous vivons dans un monde de brutes. Compte tenu du grand nombre de nos relations étrangères en lambeaux, M. Trudeau devra trouver une meilleure façon d’aller de l’avant que de donner des leçons de morale sur son sujet de prédilection – le genre.

2. Nos divisions internes

Le sentiment d’aliénation des gens de l’Ouest canadien n’a rien de nouveau, sauf que cette fois, c’est sérieux. Selon un sondage Ipsos, seulement 18 p. 100 des Albertains croient que « les points de vue de l’Ouest canadien sont adéquatement représentés à Ottawa », et beaucoup sont contrariés parce que le Québec reçoit des milliards de dollars en paiements de péréquation et pas eux. Bon nombre de leurs griefs sont légitimes. M. Trudeau a promis aux Albertains un « permis » de construire des pipelines, en échange de la taxe sur le carbone. Le problème, c’est que les Albertains ont bien eu la taxe, mais pas les pipelines. Les Libéraux semblent souvent faire tout ce qu’ils peuvent pour empêcher la mise en valeur des ressources naturelles. Par exemple, en vertu du nouveau projet de loi C-69, les promoteurs de projets doivent maintenant tenir compte de « l’intersectionnalité des sexes et du genre avec d’autres facteurs identitaires » (en quoi cela a un rapport avec le pompage de pétrole est un mystère total).

Si le jour des élections, les travaux de pelletage pour réaliser l’extension du pipeline Trans-Mountain n’ont pas commencé, M. Trudeau aura simplement prouvé, une fois de plus, qu’il est incapable de faire avancer les choses. Le chef du Parti Conservateur Unifié de l’Alberta, Jason Kenney, ira exprimer sa colère jusque dans le bureau du Premier Ministre ce printemps et il deviendra une véritable épine dans le pied de M. Trudeau.

3. La fameuse taxe sur le carbone

M. Trudeau se dirige droit dans le mur. Il veut instaurer une taxe sur le carbone qui est trop faible pour changer réellement les comportements, mais assez élevée pour irriter les gens… La plupart des Canadiens sont d’accord pour faire leur part et pour mettre fin aux changements climatiques, mais bon nombre d’entre eux se demandent aussi quelle différence le Canada peut faire dans le contexte global. (la réponse c’est rien).

M. Scheer va faire campagne en disant que les Libéraux vont toujours augmenter nos taxes. Entre-temps, le prêchi-prêcha moralisateur de la ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, est devenue vraiment agaçant.

4. Dettes et déficits.

Les Canadiens ne s’inquiètent pas des déficits gouvernementaux lorsque les temps sont durs. Mais en période de prospérité comme celle que nous traversons, nous nous s’attendons à ce que le budget gouvernemental soit équilibré. Au lieu de cela, M. Trudeau a cumulé un déficit de 19 milliards de dollars l’an dernier, sans s’engager à présenter un budget équilibré dans l’avenir. Peu de gens lui en sont reconnaissants.

5. Nos frontières poreuses

C’est une question potentiellement explosive. À moins que nous ne trouvions de meilleures façons de gérer notre frontière, notre arriéré actuel de 64 000 demandeurs du statut de réfugié augmentera encore. La plupart des demandeurs ne seront pas acceptés, mais tous auront droit à une audience, ce qui signifie que le processus s’étalera sur plusieurs années. Cela signifie que le processus de déportation est sérieusement sous-financé. Si les Canadiens commencent à croire que notre frontière est hors de contrôle, M. Trudeau le paiera cher.

6. Le facteur personnalité de Justin

Le meilleur atout de M. Trudeau est aussi son plus grand handicap – sa célébrité, son charme, sa vitalité. Nous aimons voir sa photo en couverture de Rolling Stone. Mais dans ce monde de plus en plus instable, ce que les gens veulent vraiment, c’est un premier ministre dont les compétences vont plus loin que de simplement donner une bonne performance.

Est-il à la hauteur de ce job ? Ce sera la question que nous nous poserons avant de placer notre bulletin dans l’urne.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source : The Globe and Mail

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