Initialement publié le 22 janvier 2019 @ 11:55
Si vous me demandez mon opinion (et les informations que me livrent mes contacts dans la presse), je vous dirais que les rédactions regardent avec beaucoup plus d’angoisse le nœud se resserrer autour de leurs revenus publicitaires que la courbe plongeante de la confiance que les Français leur accordent, ou la fonte de leur monopole de l’information au profit d’internet. Même si les trois sont liés.
Les rédactions ont compris – mais ne l’avouerons pas, même au bout d’une corde – que leurs équipes ne sont capables d’aucune remise en question. La partie est perdue, ils le savent, et ceux qui le nient le sentent. Les forces en présence sont inégales : Facebook + Twitter + Internet, c’est là que les jeunes s’informent, le journal papier et télévisé du soir, c’est surtout les papys. C’est pour cela que “les séniors partagent plus les Fake News que les jeunes”, constatait L’OBS le 10 janvier (1), sans se rendre compte que le journal télévisé était l’accusé (1).
- La confiance dans les réseaux sociaux est faible, se rassurent encore les salles de rédaction en lisant les études. Ces messieurs devraient au contraire s’inquiéter : le manque de confiance est le premier signe du discernement pour faire le tri entre l’info et l’intox. Et si l’on ne va pas sur Facebook pour se retrouver en confiance, mais pour un tas d’autres raisons, on y trouve toujours une bonne âme amie pour vous mettre en garde des Fake News – faites le test.
- Par contre, la confiance envers les médias étant tombée si bas – 77% des Français n’ont plus confiance en eux selon la dernière étude Science Po pour OpinionWay (2) – et la crédibilité la seule chose qu’un journaliste peut offrir, que leur arrogance révèle en creux le malaise et le doute de la profession aux ficelles usées et à la rage vengeresse.
C’est dans ce contexte qu’il convient de saluer beau prince l’initiative de Libération (3), qui est allé au delà du constat de la détestation avouée, pour en chercher les causes – si tant est qu’un idéologue puisse réfléchir comme une personne libre.
Libération dit avoir réussi à trouver 25 professionnels de l’information capables de “regarder en face les pratiques du métier”.
Introduction :
Le mouvement des gilets jaunes rappelle très durement aux médias la défiance dont ils font l’objet auprès d’une grande partie du public. Le mot est faible : à ce stade, mieux vaudrait parler de colère, de détestation, voire de haine, écrit Jérôme Lefilliâtre dans son introduction.
Lefilliâtre continue :
Chez les journalistes, la situation est ressentie avec injustice. Jamais sans doute les titulaires d’une carte de presse n’ont été aussi bien formés que maintenant, aussi soucieux des enjeux déontologiques, aussi éveillés aux biais de la production de l’information. Les reproches qui leur sont adressés sont le plus souvent formulés avec excès.
Aïe ! Ca commence mal. “Excellente formation, souci déontologique, éveil aux biais de l’information, mais critiqués avec excès” : les journalistes ont un parcours parfait, donc ils sont injustement victimes. Donc ils blâment les lecteurs, comme le réalisateur raté d’un navet imbitable qui se voit artiste maudit, génial incompris, d’un public primaire qui ne le mérite pas.
Quant à dire que les journalistes “n’ont jamais été si bien formés que maintenant”, je le dis platement : je n’en crois pas un mot, ce sont des balivernes. Une bonne formation, c’est enseigner au journaliste à être attentif que son opinion personnelle ne puisse pas se deviner de son récit. Aujourd’hui, leur penchant à gauche se voit comme le nez au milieu de leur dégoût du visage de Trump.
Continuons…
Si l’on veut réparer cette fracture, il semble nécessaire de s’interroger : les journalistes n’ont-ils absolument aucun tort ? Ne méritent-ils pas une partie de la méfiance qu’ils inspirent ? Libération a invité à l’autocritique 25 professionnels de l’information… choisis pour leur capacité à regarder en face les pratiques du métier.
Un très bon point.
Contrairement à leur image d’individus imperméables à la critique, nourrie par le réflexe de défense corporatiste souvent automatique en public, les journalistes ne sont pas – d’après notre expérience – hostiles à l’autoflagellation, pourvu qu’elle se fasse à l’abri des regards extérieurs.
Je le sais, recueillant les confidences de quelques-uns de mes confrères, mais le public lui, l’ignore et je tire mon chapeau à Lefilliâtre d’oser l’écrire.
La terrible pression économique qui plombe le secteur des médias (à bout de souffle, à cause d’une décrue générale des revenus) et contraint la bonne pratique du métier ne sert pas d’argument refuge à tous les reproches.
Bien dit. Mais incomplet. La pression économique a deux conséquences que la honte interdit de préciser :
- Les journalistes manquent de temps et se retrouvent à rédiger des articles superficiels sur des sujets qu’ils ne connaissent pas bien, alors ils cèdent à la facilité – et aux pressions – et paraphrasent les dépêches AFP prédigérées pour leur facilité le travail au point qu’ils ne font plus du journalisme, mais de la recopie, et
- ils subissent une immense pression du milieu qui impose une pensée unique diamétralement contraire à la bonne pratique du métier.
Les perles de la culture
- Les journalistes ont une conscience aiguë de leur uniformité sociale et culturelle, de l’absence de diversité parmi eux.
- Très souvent, ils vivent à Paris ou dans les métropoles,
- Ils ont fait des études supérieures (souvent Sciences-Po et/ou une école de journalisme),
- Ils viennent des classes moyennes supérieures,
- Ils disposent en moyenne d’un pouvoir d’achat plus élevé que le reste de la population. D’après l’Observatoire des métiers de la presse, le salaire médian des journalistes titulaires (74 % de la profession) était d’environ 3 549 euros brut par mois en 2016, soit environ 2 800 euros net. Celui de l’ensemble des Français était de 1 800 euros net en 2015 selon l’Insee.
- “Le profil socioculturel des journalistes parisiens est très éloigné de celui des gilets jaunes, constate Jean-Marc Four, chef du service international de Radio France. Ce décalage crée les conditions d’une défiance. Les journalistes n’ont pas une connaissance intime et spontanée des ronds-points ou que la limitation de la vitesse à 80 km/h a été vue comme une agression du pouvoir central.”
- Cofondateur du média d’investigation local Médiacités, Sylvain Morvan a une jolie formule pour résumer le problème : “Les journalistes écrivent librement ce qu’ils sont socialement programmés à écrire.”
J’aime évoquer ici comment Jean-François Khan – et c’était en 2001 – exprimait cela :
“Les journalistes, dans leur immense majorité [sont] issus du même milieu, formés à la même école, fréquentant les mêmes espaces, porteurs des mêmes valeurs, imprégnés du même discours, façonnés par la même idéologie, structurés par les mêmes références, ayant souvent connu la même évolution ou le même cursus, [et ils] finissent pas penser presque tous pareils”.
Entre-soi, déconnectés d’un monde qu’ils ne connaissent pas et dont ils doivent prendre le pouls
- Elorri Manterola (Ex-journaliste à iTélé) : “La déconnexion me paraît réelle. En plus, on traîne entre journalistes, on se marie ensemble, on est dans l’entre-soi. Parfois on écrit surtout pour nos sources et nos confrères, des personnes surinformées qu’on a envie d’impressionner. Peut-être devrait-on moins traîner dans les cabinets ministériels et revenir à des sujets concrets…”
- Jean-Emmanuel Ducoin, rédacteur en chef de l’Humanité : “La presse écrite ne raconte pas la vraie vie des gens et on le prend en pleine gueule aujourd’hui. Je suis hanté par cela. Nous faisons des journaux qui ne s’adressent pas à la masse des gens. Où raconte-t-on la souffrance, la vie derrière les murs des entreprises ? Même à l’Huma, on n’y arrive plus tout à fait. On devrait se démultiplier, on ne le fait pas faute de moyens.”
- En 2018, 20 000 des 35 000 cartes de presse en circulation étaient détenues par des habitants de la région parisienne. Rien d’étonnant : tous les médias nationaux, à l’exception notable des réseaux publics France 3 et France Bleu, sont installés à Paris.
- “Les médias se sont éloignés des gens. Ils s’intéressent à la prise de décision et piochent de plus en plus haut”, observe Patrick de Saint-Exupéry.
- “Hors de Paris, la presse nationale se donne de moins en moins les moyens d’enquêter, dit Sylvain Morvan, de Médiacités. La presse régionale aussi ferme des antennes locales. Des villes petites et moyennes deviennent des déserts médiatiques. L’actualité locale est moins bien traitée, les journaux perdent en qualité. Il est probable que cela joue sur la défiance.”
- Philippe Gestin, maître de conférences à l’université de Rennes : “Les liens des journalistes locaux avec les territoires s’effilochent, le maillage se desserre, nos travaux de recherche le montrent. On traite de moins en moins les petits événements de la vie quotidienne, comme la kermesse d’une association. Les gens voient moins le journaliste du coin. Cette figure disparaît de l’imaginaire, elle n’est plus une référence. Et ça marche dans l’autre sens : il y a des personnes qu’on ne touche plus, qu’on ne voit plus. C’est frappant dans la crise des gilets jaunes : sur les ronds-points, il y a plein de gens que je ne connais pas.”
- Omar Ouahmane, ex-correspondant de Radio France au Liban : “On a attendu que les immeubles s’effondrent à Marseille pour travailler sur le sujet. Même chose pour les gilets jaunes. Ils viennent nous rappeler qu’ils existent. On s’intéresse à leurs conditions de vie, parce qu’ils sont dans la rue. Mais leur colère était légitime hier. Et l’invisibilité décuple la colère. Nous sommes passés à côté, car il y a eu ces dernières années Daech, le Bataclan, Charlie… nous avons oublié le quotidien des Français. Il a été traité bien sûr, mais pas suffisamment.”
Puis celle-là, complètement à côté de ses pompes :
“Les médias n’ont sans doute pas assez ouvert leurs portes. Il faut être transparent, expliquer comment on travaille et on débat, pour retrouver de la confiance avec le public”, suggère Amaelle Guiton, présidente de la Société des journalistes et des personnels de Libération.
Non Guiton ! La perte de confiance ne vient pas d’un manque de transparence sur la façon dont vous travaillez et débattez pour produire l’info : les gens s’en battent l’œil, de la façon dont vous produisez l’info, c’est l’info que vous produisez qu’ils n’aiment pas.
- Notre profession serait devenue trop bavarde, passant son temps à donner son avis à elle plutôt que la parole aux autres.
- Un journaliste de LCI : “Chez nous, il n’y a pas de reportage d’immersion. Nous sommes une chaîne d’experts.” C’est-à-dire de commentateurs, de spécialistes, de polémistes. Bref, “d’éditorialistes”, du nom de ces journalistes qui squattent les studios pour livrer leurs “opinions” alors qu’ils n’ont souvent pas produit un reportage depuis des lustres.
- Natacha Polony, directrice de Marianne : “Beaucoup de journalistes considèrent que leur rôle est de dire le bien et le mal, comment il faut penser. Les gens ont l’impression d’avoir des curés en face d’eux.”
- Brice Couturier, chroniqueur sur France Culture : “Avant, nous avions le monopole de l’information. Désormais, l’information nous devance sur les réseaux sociaux. Nous avons réagi en idéologisant à mort, en devenant des directeurs de conscience. Mais en réalité, un journaliste a peu de compétences, il est généraliste, car on n’approfondit pas les sujets en école de journalisme. Au lieu d’expliquer, on souffle sur des clivages idéologiques faciles. Les gens l’ont très bien compris, et ça les énerve.”
Absence de diversité : et la diversité d’opinion ?
La semaine dernière, une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel sur la diversité à la télévision a jeté une terrible lumière sur les impasses des journalistes. Elle est venue rappeler que les catégories socioprofessionnelles supérieures y représentaient “88 % des personnes présentées” dans les programmes d’information en 2018. Autrement dit, les classes populaires et moyennes n’apparaissent presque pas à la télévision.
Couvrez madame ce CSA qui ne saurait voir que la diversité d’opinion à la télévision s’étend essentiellement de la gauche à l’extrême gauche, des “no border” aux immigrationnistes, des islamo-gauchistes aux antisionistes, des Anti-Trump aux pro-Obama, et que les politiques défendues par la droite, et surtout par l’extrême droite qui représente la part du lion des mouvements politiques et des Français, sont sévèrement sous-représentés – ou moqués.
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Arrogance et donneurs de leçons
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- Avec une “élite” apparaissant comme donneuse de leçons, la corporation souffre tout entière d’une image d’arrogance. Injuste ? “La façon dont beaucoup de journalistes se placent au-dessus des petites gens me choque. Il y a de la condescendance dans la façon de les décrire, un manque d’humilité générale”, souffle la journaliste d’un hebdomadaire.
- Les médias, univers hyperpersonnalisé où l’on signe tout ce que l’on produit, ne sont par nature pas les meilleurs endroits pour dégonfler les ego.
- La chose ne s’est pas arrangée avec l’apparition de Twitter, bac à sable social préféré des journalistes, qui y profèrent à longueur de journée bons points, anathèmes, ironies et leçons de morale.
- Journaliste à Vice, Paul Douard a publié il y a quelques mois un article plein de second degré, intitulé “Je suis journaliste et vous avez raison de me haïr”. Extrait : “Twitter a sans doute été inventé pour que les journalistes aient l’impression d’être utiles. Ainsi, je peux y “décrypter” l’actualité au lieu de le faire dans des articles, mais surtout je peux entretenir mon “personal branding”. […] Soyons clairs : nous sommes imbuvables avec nos leçons de morale permanentes sous forme de “threads” [successions de tweets formant des histoires, NDLR] que personne ne lit […], comme si nous étions investis d’une mission divine consistant à ouvrir les yeux d’une population trop conne pour comprendre quoi que ce soit.”
Jamais les titulaires d’une carte de presse n’ont été aussi bien formés. Vraiment ?
- Natacha Polony : “Il y a un problème de culture générale dans l’ensemble de la société. Dans certains métiers, comme le journalisme, ça pose un peu plus de problèmes.” La directrice de Marianne fait remarquer que les bibliothèques sont rares dans les écoles de journalisme, où l’enseignement est plus souvent technique (tourner avec une caméra, faire du montage audio) que fondamental (peu de cours d’histoire, de philosophie…).
- Elodie Safaris, ex-iTélé : “La chaîne d’info, c’est l’usine. On se contente d’imprimer une dépêche avant de sortir. On n’a pas forcément le temps de lire le Monde, la presse internationale, etc. Cela produit de la médiocrité.”
Vieille presse ringarde…
Nicolas Becquet : “Il aura fallu une vingtaine d’années pour que les médias prennent le Web et les réseaux sociaux au sérieux. Ce n’est pas seulement l’émergence d’un supermédia que nous avons manqué : nous avons échoué à tendre un miroir fidèle à une société en plein questionnement. Aujourd’hui, tout le monde s’y met, mais le retard a abouti à un déclassement des journalistes dans l’opinion”.
Rédactions aux abois…
Infernale compétition à la polémique, la petite phrase, le spectaculaire, au détriment du temps long, de la réflexion, de la nuance. Une reporter de BFM TV s’étonne du discours de sa direction : ““Audience égale confiance”, disent-ils. Mais non, ce n’est pas vrai. La preuve, notre chaîne cartonne, mais on vit un rejet total sur le terrain.”
Et course au clic
La création du site Rue89, il y a douze ans, fut une réaction de contre-proposition à l’info-spectacle. Pourtant, dit sa rédactrice en chef, Nolwenn Le Blevennec, “nous sommes tombés, nous aussi, à pieds joints dans le piège de l’audience. On était scotchés à Chartbeat [un logiciel d’analyse du trafic internet en temps réel, NDLR], on prenait la moindre vague virale, on fonctionnait par mots-clés, on faisait des rebonds sur des polémiques futiles, on surtitrait les articles. On a mis de côté le qualitatif. Mais pour inspirer de la confiance, il faut avoir une colonne vertébrale. Ces cinq dernières années, on n’a pas été assez attentifs à ça.”
Suivisme : c’est la faute à Twitter
L’autre principe du réseau social est de fonctionner par communautés. Il y a là un refus du réel, une segmentation du monde peut-être sans précédent. Twitter est une caisse de rétrécissement de l’information, qui diminue le nombre de sujets traités et qui polarise.” Ce prisme nécessairement déformant porte en lui le risque d’un suivisme entre journalistes, d’une incapacité à se détacher du tout-venant, de l’actualité institutionnelle, des vagues d’émotion.
Je me demande là si le confrère a déjà regardé la presse sur Google actualité ou sur Yahoo. L’eut-il fait qu’il aurait vite constaté qu’au détail près, les mêmes titres, les mêmes angles, les mêmes sujets sont traités avec les mêmes mots, les mêmes citations, les mêmes références et les mêmes conclusions dans tous les médias. Ouvrez-en quelques-uns, ils ont tous la signature de l’AFP, qui a préparé pour l’ensemble des médias de quoi recopier la même dépêche. Je veux bien critiquer la paille dans l’œil de Twitter, mais pas pour oublier l’AFPoutre.
Cas de suivisme dangereux : Macron. Et l’anti-Sarkozysme primaire alors ?
- Un cas d’école de suivisme dans la corporation a été, il y a deux ans, l’observation passionnée du “phénomène” Macron. Plus ou moins critique selon les médias, ce décorticage a assurément manqué à l’époque de lucidité, chez presque tout le monde, quant au positionnement politique du chef de l’Etat – cette fâcheuse croyance au “ni droite ni gauche”. Le reproche est aujourd’hui constitutif de la détestation des gilets jaunes pour la presse. Mais curieusement, il ne revient pas naturellement dans les conversations.
- “On s’est pris au jeu de Macron, concède une “figure” de LCI. On a peut-être manqué de discernement. Il nous a fascinés, intéressés. Eblouis au point de manquer de recul ? Je constate qu’on ne l’épargne pas depuis qu’il est au pouvoir, depuis l’histoire de la baisse des APL [allocations pour le logement, NDLR] à l’été 2017. Mais, avant cela, on s’est peut-être emballés, on a suscité une forme d’enthousiasme et d’attente. Malgré nous.”
Renoncer à être un contre pouvoir, ça s’appelle le lèche-bottes
- Elodie Safaris, ex-iTélé : “Dans le milieu, la remise en cause du système global est faible. … Dans les moments d’élection, on voit que tout le monde a un peu les mêmes idées.”
- Géraldine Muhlmann dans le Monde : Jadis “au service du peuple”, le journalisme “est désormais honni pour être au service des élites et contre le peuple”.
- Et si les médias avaient majoritairement renoncé à être un contre-pouvoir, critique de tous les ordres établis ?
Conclusion
Je suis fortement tenté d’applaudir la tentative de Jérôme Lefilliâtre, car l’autocritique est plus difficile pour l’opulent que pour le sans dents. Ma tentation est cependant tempérée par le thermomètre cassé du journaliste. Deux causes essentiellement font de ce rare essai un incomplet document :
- La moitié des Français sont à droite, et les médias sont à gauche, ou développent les points de vue qui traversent la gauche et les progressistes. Les journalistes, comme le démontre cette étude, sont déconnectés du monde qui les entoure en général. Soit. Mais au delà, cela veut dire que lorsqu’il s’agit du monde de la droite, ils sont carrément sur une autre galaxie. Quant à l’univers qu’on appelle l’extrême droite, un amalgame où se retrouvent les Français décomplexés qui sentent leur héritage culturel se débiner, il n’existe pour les journalistes que pour le combattre.
- Le pluralisme des idées est le signe d’une pensée. La pensée unique est celui d’une vacuité. Et du pluralisme, vous repasserez pour en trouver. Il n’est pas possible, à l’ère internet, de faire encore du journalisme et espérer ne pas irriter, en se posant à 100% en négatif contre Israël, contre les Chrétiens, contre Trump, contre le capitalisme, contre ceux qui doutent du réchauffement climatique, contre les patriotes, contre ceux – la grande majorité des Français – qui ne veulent plus d’immigration.
- Ca ne colle plus, la défense manichéenne d’un migrant forcément victime, forcément grandiose, et d’un blanc forcément oppresseur et profiteur. Ou la défense aveugle d’un islam religion de paix quand la plupart des pays musulmans sont en guerre, d’un islam d’amour quand la haine entre sunnites et chiites domine l’action politique et guerrière des nations à majorité musulmane, ou d’un islam de tolérance quand les homosexuels sont jetés en prison – ou pire. Et je ne parle pas du terrorisme, toujours et explicitement perpétré au nom de l’islam.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
(1) L’OBS
(2) Sciences Po
(3) Libération
Les journalopes nous ont déjà imposé leur âne, et le comble est que les déposants de bulletins de “veaute” ne les ont pas vus venir.
Chaque mot qui sort de leur clapoir est un mensonge venu du fond de culotte.
Un journaliste a peu de compétences, il est généraliste, car on n’approfondit pas les sujets en école de journalisme. Au lieu d’expliquer, on souffle sur des clivages idéologiques faciles. Les gens l’ont très bien compris, et ça les énerve.”
C’est exactement la description de ce qu’est le journalisme d’aujourd’hui et au Canada c’est un fait AVÉRÉ, surtout ceux de RADIO-CANADA et de LCN
Le parti LIBÉRAL FÉDÉRAL d’Ottawa les engraisse en SUBVENTIONS afin qu’ils soient docile a l,idéologie du parti au pouvoir alors que d’autres n’ont que des commandites pour opérer et ici radio canada mange au deux râteliers et on est bien loin de toutes les tractations qui se passent en coulisse. Il n’y a pas de journalistes
au pays qui soient au niveau du travailleur ordinaire ni a son niveau de pouvoir d’achats.
on n’a plus confiance en eux, il suffit d’écouter les télés ou radios, toujours les mêmes commentaires, au mot près, sur le président qui reprend les rênes, les GJ qui sont incapables de se choisir un chef ou d’avoir les mêmes revendications, et aucune info sur les pactes de marrakech ou d’aix la chapelle..
quand on sait à l’avance ce que tel ou tel va dire ou écrire , pourquoi regarder ou acheter le journal ?
Excellent article.
Je pense que beaucoup de français ont banni les medias traditionnels et s’informent sur des websites qu’ils ont soigneusement sélectionnés pour la qualité des intervenants dont beaucoup ne sont pas des journalistes professionnels. Dreuz est l’un d’entre eux. Félicitations à vous.
ça n’est pas sans raison que le mot media a été transformé en merdia : en un seul mot, est résumé toute la situation.
La suppression des subventions aux medias est d’une urgente nécessité. Par exemple, ces subventions n’existent pas aux Etats-Unis et ils s’en portent très bien.
Journalistes de gauche de m***e, vous pouvez crever !
Merci !
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Quant à dire que les journalistes « n’ont jamais été bien formés que maintenant »
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Argg; maudites fautes de frappes:
…..les journalistes « n’ont jamais été bien formatés que maintenant »
J’allais le dire !
Quad j’ai commencé comme journaliste, les école de journalistes n’existaient pas. Quand je les ai vu arriver, j’ai rigolé: qu’allait-on donc leur apprendre ?
Pour être un bon journaliste il faut
– savoir bien écrire (cela relève de la formation scolaire et du talent)
– Avoir l’amour de la vérité
– Être fouineur et savoir chercher la vérité
– avoir la passion de dénoncer le mensonge et de rétablir la vérité
– Avoir envie de transmettre la vérité à autrui.
Cela ne s’apprend pas dans les écoles de journalistes. !
🙂
Heureusement que des sites comme Dreuz,Riposte Laïque,Europe Israël,Francaidesouche ,…existent ils ont toytes ma confiance.
Journalisté, un si beau métier que j’ai excercé avec tant d’amour!
Quel plaisir que se frotter au terrain, rencontrer des gens de tous bords qui ont tant à raconter!
Malheureusement aujourd’hui ce n’est plus qu’un journalisme d’opinion.
A la grimace du présentateur TV vous comprenez de quel bord il est!
Trump, Netanyahou, Israel , les parias d’une presse qui n’en est plus une!
Une presse qui lèche, lache et lynche!
Ce qui me vient en premier à l’esprit en lisant ces morceaux d’autocritique, c’est :
1. ces gens sont incroyablement narcissiques,
2. aucune remise en cause de leur positionnement politique (celui que vous rappelez dans votre conclusion JP, à savoir à gauche toute) entendu comme un prérequis, au moins implicitement, à l’exercice du métier de journaliste.
Retirez-leur le nerf de la guerre : les subventions publiques, et je suis certain qu’ils y verront beaucoup plus clair, tout d’un coup. Un certain nombre quitteront le métier (et tant mieux), mais les autres deviendront rapidement plus humbles, j’en fais le pari.
Je sais, sauf révolution (dans les esprits des Français d’abord), leur couper les subventions restera un vœu pieux…
Bien sûr, la suppression des subventions étatiques leurs permettrait de réfléchir à leur position mais cela ne me semble pas suffisant, il faudrait aussi interdire aux millionnaires divers et avariés d’acheter des titres de presse ou des chaînes de télé, que l’état se désengage des “chaînes publiques” qui ne sont que des outils de propagande. Que les médias soient totalement indépendants de la finance sous quelque forme qu’elle soit. Que les journalistes soient “actionnaires” de leur journal par exemple et on verra rapidement les bons et les autres.
Quand on pense que l’état à fait un cadeau de 4 millions d’€ à l’Humanité en 2013 (https://www.ojim.fr/gave-de-subventions-lhumanite-en-appelle-une-fois-de-plus-a-ses-lecteurs/) et que sa subvention est encore de près de 3,6 millions d’ € c’est donné du lard à des cochons.
Quand je dis suppression des aides publiques aux médias, j’inclus la suppression tout court des médias “de service public”, qui n’ont pas lieu d’être (Radio France, France TV, et l’Agence France Presse).
Pour ce qui est de l’interdiction de financement des médias par des milliardaires, je pense qu’il fait plutôt voir la chose sous l’angle de la concentration des médias entre trop peu de mains. Comme dans le reste de l’économie, la limite du modèle libéral est la trop forte concentration des entreprises, donc la constitution d’oligopoles et de monopoles, qui faussent le jeu par l’abus de position dominante qu’ils ne manquent pas de commettre, la plupart du temps. Comme le dit régulièrement JPG, une tendance humaine récurrente est que quand on a du pouvoir, on a tendance à vouloir le pouvoir absolu.
Des lois anti-concentration excessive sont à prévoir (lois anti-trusts aux USA, par exemple – je parle là de mémoire), mais une souplesse est à conserver une fois cette règle établie, je crois. Il faut favoriser au maximum la diversité des opinions donc des sources de financement – y compris participatives, pourquoi pas.
Vous oubliez quand même deux aspects importants,
Jean Patrick, dans votre sympathique article à l’égard
de vos confrères: c’est qu’ils se voudraient “journalis-
tes”, mais n’en sont point, même s’ils ont une carte
de presse.
1) Se disant de gauche, ils acceptent d’être soutenus
par des patrons-milliardaires. Cela décrédibilise.
2) Ils acceptent, en outre, pour la presse-papier et
les chaînes publiques, d’énormes subventions de
l’Etat ( donc issues de nos impôts), ce qui leur clôt
le bec, et en fait, non pas l'” élite” à laquelle ils vou-
draient appartenir, mais des fonctionnaires-laquais.
Enfin, ainsi avilis, peu cultivés, dépourvus de l’élan
nécessaire pour faire du journalisme d’investigation
comme mon modèle: Albert Londres, ils se contentent
de recopier des dépêches, et de les accomoder à la
sauce Macron qu’ils ont décidé de promouvoir, aux
côtés des publicistes, comme étant le plus à-même
de leur assurer la pitance quotidienne, avec un niveau
de vie qu’ils n”auraient certainement pas, s’ils tra-
vaillaient.
Les exemples les plus caricaturaux que vous citez,
sont Kahn et Polony. Les appuis les plus sûrs du
pouvoir. On ne les verra pas prendre des risques
dans les manifs des gilets jaunes, comprendre ce
qui intéresse, par ailleurs, les JOURNALISTES de
la planète entière.
Intéressant de constater que l’exercice auquel se livrent ces journalistes relève surtout de l’auto justification à partir d’une analyse sociologique (déterminisme de culture, niveau d’étude, milieu géographique à l’origine de l’unicité de la pensée). Pourquoi renoncent ils à tout esprit critique alors qu’ils en ont à priori les armes intellectuelles ? Par confort ? Paresse ? Opportunisme ? Pression ? Tout cela est plus ou moins évoqué. Mais un élément essentiel ne l’est pas: le déracinement (voir le livre de Simone Weil sur l’enracinement qui parle de l’importance des valeurs, des devoirs et de l’ancrage dans une filiation spirituelle et culturelle qui permettent d’éviter les dérives sociétales). Or, les journalistes, comme la plupart élites, sont comme une bulle spéculative, déconnectés des valeurs réelles.
Le Figaro n’accepte pas la critique, quant à lui. Pour avoir parlé de fake news avérée sous l’article ad hoc, et avoir voulu rendre la monnaie de sa pièce à un gauchiste qui avait profité de cette fake news pour qualifier ces jeunes Américains de “caricature de la face sombre de la droite, arrogante, méchante, stupide”, j’ai essuyé un refus de publication de mon commentaire.
Décidément, c’est de pire en pire : les gauchistes ont table ouverte sur le Figaro pour y déverser toutes leurs insultes sur les gens de droite (ou tout simplement de bon sens), et ces derniers n’ont même plus le droit de s’y exprimer.
Le Figaro : journal GAUCHISTE !
Vivement que les subventions soient supprimées à des gens qui se conduisent comme des PARASITES.
@ Jacques Ady
Les déboires que vous rencontrez et nous racontez régulièrement sont proprement ahurissants. Le titre que vous citez m’a aussi fait bondir. Peut on lire la réponse que vous proposiez et qui a été refusée ?
Le texte de mon commentaire refusé (en réponse à un autre internaute) :
“Sauf que c’est une fake news avérée : Associated press a rectifié, et même CNN s’est excusé. Du coup je pourrais vous rétorquer que votre commentaire est une caricature de la face sombre de la gauche, arrogante, méchante, stupide et menteuse.”
Bon, je prends les refus avec philosophie, car cela fait un moment que j’ai compris que le Figaro a complètement sombré. Je commente quand même de temps à autre (j’ai des commentaires qui passent, heureusement), mais des commentaires courts et sans jamais me faire d’illusions, au cas où un commentaire serait refusé.
Ici, c’est le terme “fake news” qui a fait voir rouge au modérateur, c’est évident. Une autre fois, j’avais incriminé les subventions aux médias qui leur enlèvent leur indépendance (ou qqchose d’approchant), et malgré que je n’aie même pas cité le Figaro, mon commentaire a été refusé. Ce journal est dans la droite ligne du fonctionnement macronien : censure à tous les étages dès lors qu’il y a la moindre remise en cause un peu précise.
Ils ont refusé votre commentaire car vous avez fait un pléonasme: gauche arrogante, méchante, stupide et menteuse.
@ Jacques Ady
Et bien vous voilà bien placé dans leur liste de destinataires du goulag. C’est effrayant !
“Le texte de mon commentaire refusé (en réponse à un autre internaute) :
« Sauf que c’est une fake news avérée : Associated press a rectifié, et même CNN s’est excusé. Du coup je pourrais vous rétorquer que votre commentaire est une caricature de la face sombre de la gauche, arrogante, méchante, stupide et menteuse. »
Ici, c’est le terme « fake news » qui a fait voir rouge au modérateur, c’est évident.”
Je dirais plutôt que c’est la deuxième phrase, qui peut être interprétée comme une attaque personnelle contre un lecteur bien précis du Figaro. Évidemment, ledit lecteur a fait un commentaire similaire, mais qui ciblait une portion de la jeunesse américaine, ce qui n’a pas du tout la même portée.
Je crois que la phrase avec le terme “fake news” aurait pu passer, c’est celle qui a suivi qui l’a coulée.
Je ne suis pas d’accord, et je pense qu’en France nous avons les meilleurs journalistes du monde.
Car pour arriver à une tel sophistication dans la mauvaise fois, ce n’est plus du talent mais du génie.
Il faut une vigilance de tous les instants pour systématiquement inversé la causalité de toutes actualités. Inlassablement utilisé l’inversion de la charge de la preuve dans n’importe quelles démonstrations. L’énergie est considérable pour toujours se présenter comme l’incarnation du bien.
La seul facilité que je leurs accorde est qu’ils sont rempli de haine et s’adresse a un public également animé par la haine.
Si ces crétins de journalistes avaient lu le bouquin de Christophe Guilluy : No Society, ils auraient eu leur réponse mais ils ne lisent rien d’autres que des dépêches AFP.
La réponse est simple, ils ne comprennent pas le peuple français car ils n’en font plus partie ! Ils sont le peuple mondialisé de Paris et des grandes métropoles, les “anywheres” et le peuple français (l’authentique) commence à comprendre et ne veut plus d’eux sur SON sol.
L’article et les commentaires concernent les journalistes. Et l’on évoque leur formation, leur compagnonnage, etc., pour expliquer la raison de la pensée unique qu’ils propagent.
Pourtant il ne faut pas oublier que les médias et surtout à la télévision, ne sont pas seulement composés de journalistes. Avec eux se trouvent des élites de tous ordres. Animateurs, experts, intellectuels, et même artistes. Ces derniers : depuis les premiers venus, jusqu’aux vedettes et stars reconnues.
Et il est facile de constater que la propagande est appuyée par tous. Émissions tous terrains. Des animateurs de jeux, feuilletons, films, publicités, etc.
Et à travers tout ceci, le même matraquage des idées allant dans le même sens. Politique, société, LGBT…
Il n’y a pas le moindre espace télévisuel, où la volonté de nous intoxiquer de l’unique façon de pensée, ne soit présente…Jusqu’à l’écœurement ! Inutile de zapper, les programmes jusqu’aux films les plus anciens, comme par hasard se retrouvent les mêmes idées. Ne parlons pas des nouvelles productions…
On ne peut donc pas parler de mauvaise formation de journalistes, mais d’une détermination par les médias (valets du pouvoir) de nous soumettre de force, par un travail « subliminal », aux volontés des Dirigeants désirant nous mener vers un Monde nouveau, qui sur bien des points, et à juste titre, ne peut convenir à une grande partie des peuples.
“Il n’y a pas le moindre espace télévisuel, où la volonté de nous intoxiquer de l’unique façon de pensée, ne soit présente…Jusqu’à l’écœurement ! Inutile de zapper, les programmes jusqu’aux films les plus anciens, comme par hasard se retrouvent les mêmes idées.”
J’avais remarqué que certaines catégories de “films anciens” qui passaient en boucle durant ma jeunesse ne repassent JAMAIS de nos jours. Deux exemples: les films de la Seconde guerre mondiale impliquant le Japon (à l’exception du Pont sur la rivière Kwai), ou encore les films westerns montrant des scènes de massacre entre Blancs et Indiens. Je pensais naïvement que ces films sont simplement passés de mode, mais à la lecture de votre commentaire, je crois qu’ils seraient considérés comme racistes aujourd’hui par les bien-pensants, ce qui explique bien mieux leur disparition.
Le pb des subventions à la Presse papier est qu’elles retardent la “destruction créatrice”. Celle qui fait disparaître les entreprises non rentables (journaux qui perdent leurs lecteurs) pour laisser le marché aux entreprises rentables. Quant à l’audiovisuel public, c’est la république de journalistes triés par l’idéologie du politiquement correct. Enfin le CSA n’est que l’antre du copinage politique qui sert de masque au Président de la République pour interdire les media dissidents et gendarmer les media critiques. Ni le CSA ni les chaines qu’ils agrée ne respectent l’Art. 34 de notre Constitution : le pluralisme des media. Les citoyens devraient exiger le rapatriement des pouvoirs du CSA au niveau du Conseil général. Ils y gagneraient en Liberté d’expression !
Pour incomplète que fut cette autocritique, elle a le mérite d’exister. La question qui se pose maintenant, c’est : puisque les journalistes on posé les données du problème, seront-ils capables de se remettre en question, de changer et de revenir aux fondamentaux de leur métier, dans le but de regagner la confiance du public et une intégrité professionnelle toute neuve ? Ou sont-ils déjà trop formatés par leurs propres infos et autres fake news enrobées au lavage de cerveau pour y parvenir ?
Pour être franc, j’aimerais beaucoup que les journalistes et les journaux redeviennent ce contre-pouvoir, cette source d’informations fiables et épurées de toute subjectivité qu’ils étaient peut-être, ou du moins qu’ils ambitionnaient d’être…
Malgré cet article improbable, rien n’a changé chez Libé bien au contraire !