Publié par Jean-Patrick Grumberg le 25 janvier 2019

Plus de 24 millions d’euros de pertes en 2018 pour Libération et L’Express – deux titres de SFR médias de Patrick Drahi : voilà à quoi mène le journalisme militant.

Vous avez sans doute remarqué que dans mon titre, j’écris “à cause des subventions à la presse” et non “malgré les subventions”, et vous avez sans doute pensé que j’ai [encore] fait un contresens. Nop. Moi pas contresens.

Je lis ici et là, sur Dreuz souvent, que sans les subventions à la presse, ces messieurs seraient contraints de travailler sérieusement et d’arrêter leur propagande effrénée. J’ai la faiblesse de penser tout l’inverse.

Je m’explique plus bas dans le texte, mais allons d’abord aux faits, rapportés par notre confrère de l’Observatoire du journalisme (OJIM) (1)

Libération l’aberration

Le quotidien, qui a bénéficié d’une aide de 50 000 euros par George Soros pour lancer son Check News, un outil concurrent du Décodex du Monde, n’a pas permis d’enrayer la chute finale et libertaire. Les lecteurs continuent d’aller voir ailleurs, et la rédaction, qui vit dans l’auto-satisfaction béate, n’arrive pas à comprendre ce qui lui arrive. Même moi, qui ne suis pas un homme de gauche, je serais capable de produire un journal de gauche de meilleure qualité que Libération !

La diffusion en kiosque – la seule qui permet de mesurer l’intérêt du public – est encore en retrait de 20% avec 16.000 exemplaires vendus quotidiennement. La dernière fois que Dreuz a couvert le sujet, les ventes en kiosque étaient tombées au niveau cataclysmique de 30 000 par jour.

Jaloux, frustrés, on se souvient qu’en mars 2017, des journalistes de Libération et du Monde avaient dénoncé auprès des ayants-droits d’Orwell, en Grande-Bretagne, la naissance d’Orwell.tv, une chaîne dirigée par Natacha Polony. Cette dernière dût la rebaptiser en catastrophe. La dénonciation n’aura pas porté chance au journal, tandis que selon mes dernières informations, la chaîne de Natasha Polony, que Dreuz avait interviewé lors du lancement, explose.

En 2014, Bruno Ledoux, actionnaire de référence, était invité à s’engager auprès des juges du tribunal de commerce de Paris à verser 18 millions d’euros pour sauver le journal.

La vente papier de Libération devrait bientôt disparaître, et les actionnaires devraient passer au tout digital. Je ne lis pas dans les astres, mais je vous prédis le même désastre : le problème n’est pas le support mais le contenu.

Bilan, les pertes avoisineront les 9M€ en 2018.

L’Express serre les fesses

C’est pire à l’hebdomadaire où la vente au numéro est autour de seulement 22.000 exemplaires (-19%)” explique OJIM.

  • La diffusion France est en retrait de 14%.
  • L’Express a perdu une centaine de salariés lors de son dernier échec à sauver l’emploi, le mal nommé PSE.
  • Moins de diffusion égale moins de recettes de ventes, mais aussi moins de publicité.
  • Résultat : 15M€ de pertes.

Se réjouir de l’échec et de la mauvaise fortune des autres ne fait pas partie de mon ADN. Aussi infects et emplis de haine que le sont certains journalistes de ces deux médias en perdition ne me fait pas oublier que même un médiocre journaliste peut avoir une famille à nourrir.

Ils payent le prix des subventions dont ils bénéficient disais-je en introduction. Loup qui a faim court plus vite dit le sage proverbe. Les subventions ont ramolli les rédactions. Elles ont ôté aux journalistes le sens de la compétition, le désir de se dépasser, de faire toujours mieux, et celui de l’excellence. Je suis un capitaliste, je suis un libéral pur sang, et je sais que toute aide de l’Etat n’est pas bonne à prendre. Ces subventions ne sauvent pas Libé et l’Express, elles précipitent leur perte.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. OJIM

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