Publié par Ftouh Souhail le 25 janvier 2019

L’UE accorde une nouvelle aide financière directe de 305 millions d’euros à la Tunisie. Les Français aussi se sont encore fait entuber de leurs impôts cette semaine avec un autre don de 120 millions, ainsi que les Hollandais avec un don de 50 millions. A part ces trois dons de 475 millions €, les Chinois ont fait une donation cette semaine de 30 millions €.

L’Union européenne a adopté cette semaine un ensemble de mesures d’aide financière en faveur de la Tunisie se chiffrant à 305 millions d’euros, soit le montant le plus élevé jamais alloué au titre de l’Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP).

L’annonce a été faite, ce mercredi 23 janvier 2019, par le commissaire de l’Union européenne pour la Politique régionale et de l’intégration européenne, Johannes Hahn, lors de sa rencontre avec le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, à la 49ème session du Forum économique mondial de Davos en Suisse.

Selon un communiqué de la Délégation européenne en Tunisie, ce financement record traduit « la forte ambition de l’UE de créer de meilleures chances pour la jeunesse tunisienne, de favoriser un environnement plus florissant et plus attrayant pour les entreprises et de renforcer les capacités des administrations locales à améliorer les conditions de vie des populations locales ».

Johannes Hahn, commissaire pour la politique européenne de voisinage et les négociations d’élargissement, a déclaré à ce propos : « Notre engagement envers la société tunisienne et notre intention de soutenir des mesures qui aideront les jeunes Tunisiens à trouver du travail et à créer leur propre entreprise sont clairs. »

« Le soutien aux actions qui généreront de la croissance économique et élargiront les possibilités d’emploi constitue une priorité de premier plan dans le cadre de l’aide que nous avons adoptée récemment en faveur de la Tunisie et qui se chiffre à 305 millions d’euros, soit le montant le plus élevé jamais alloué pour une seule année. »

Le responsable européen prétend que « Les programmes adoptés faciliteront l’accès au marché du travail pour les jeunes Tunisiens, stimuleront l’innovation entrepreneuriale et permettront de faire en sorte que les communautés locales ne soient pas laissées pour compte. »

Depuis 2011, l’UE a plus que doublé le montant de sa contribution financière à la Tunisie avec plus de 10 milliards d’euros.

Le 26 octobre 2018, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait fait le bilan de l’appui financier assuré par l’Union Européenne à la Tunisie depuis la révolte, lequel s’élève à plus de 10 milliard d’euros.

Une somme jugée « considérable » pour un pays qui compte seulement 11 millions d’habitants.

Déjà le 25 octobre dernier, l’Union européenne avait annoncé avoir accordé à la Tunisie un appui financier de 270 millions d’euros, destiné à soutenir plusieurs secteurs, dont ceux de l’énergie et du commerce extérieur.

Premier pays au sud de la Méditerranée à signer avec l’UE un accord d’association, et à intégrer la zone de libre-échange, la Tunisie reste l’un des premiers bénéficiaires de l’aide et de l’assistance européennes.

L’Agence française de développement (AFD) finance les énergies renouvelables en Tunisie

La France, à travers l’Agence française de développement, et la Tunisie, à travers son ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, ont signé le 4 janvier 2019 un accord de dons pour financer la distribution électrique dans le pays.

Ce don d’une valeur de 120 millions d’euros (405 millions de dinars) a été signé par Gilles Chausse, directeur général de l’Agence française de développement (AFD) et le ministre tunisien Zied Laadhari.

Cet accord prévoit notamment de réduire de 41% les émissions de carbone de la Tunisie d’ici 2030 et de développer les énergies renouvelables.

Pays-Bas : Allocation de 50 millions d’euros à la Tunisie pour des projets agricoles

Les Pays Bas alloueront aussi la somme de 50 millions d’euros à la Tunisie en 2019 pour financer des projets agricoles.

Le ministre tunisien du Développement et de l’Investissement, Zied Laadhari en a fait l’annonce ce mercredi 23 janvier à l’agence TAP au terme de la participation de la délégation officielle tunisienne au Forum économique mondial de Davos.

En plus des 475 millions € européens, la Chine accorde 30 millions €

L’Agence chinoise de coopération internationale a accordé le 11 janvier 2019, au gouvernement tunisien deux dons d’une valeur de 272 millions de yuans ( 30 millions €) en vertu de deux accords de coopération.

Le président de l’Agence chinoise de coopération internationale et le
Secrétaire d’Etat aux Affaires économiques tunisien Hatem Ferjani ont signé le document de la donation.

Rappelons-le que, depuis Pékin le Chef du gouvernement tunisien avait déjà annoncé, en septembre 2018, que la Chine avait fait un autre don de 30 millions €  à la Tunisie, en marge du forum de coopération sino-africain.

Tout ça pour aider un Etat des plus corrompus dans la zone méditerranéenne.

A part les aides européennes, Tunis reçoit aussi de l’argent via une multitude de mécanismes de financement des banques européennes avec des garanties de Bruxelles.

Dernier exemple en date, cette semaine, le directeur du Bureau de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Antoine Sallé de Chou, a fait savoir que le financement annuel accordé par la banque à la Tunisie était de 200 millions d’euros.

Il s’agit d’une partie d’une enveloppe globale de 9 milliards d’euros accordés par la BERD à 35 pays afin d’y soutenir les petites et moyennes entreprises.

Par-delà ces programmes, l’UE participe aussi en Tunisie à de grands projets d’investissements lancés par les banques de développement – BEI, BERD, AFD – en accordant également des dons au titre de la Facilité Investissement Voisinage (FIV) qui complètent les prêts accordés par ces banques.

L’ampleur du soutien de l’UE à la Tunisie témoigne plutôt de la naïveté des dirigeants européens. Avec la corruption généralisée et les grèves interminables, ce pays se dirige progressivement vers la faillite.

L’endettement extérieur du pays a atteint un taux record de 83% de son PIB au dernier semestre 2018. Le FMI n’exclut pas que la barre des 100 % soit franchie au cours des prochaines années.

Les gens en Tunisie se demandent, depuis des années, où sont allés les milliards de l’aide européenne à la Tunisie.

La Cour des comptes européenne avait alerté, dans un rapport publié en 2016, fruit d’audit effectué entre mars et juillet de la même année, sur « le manque de contrôles », relevant qu’aucune « évaluation officielle des finances publiques n’a été effectuée » en Tunisie.

Le rapport pointe du doigt la lenteur de la mise en œuvre des réformes importantes dûe aux « multiples changements de gouvernement ainsi qu’à l’ampleur des nombreux défis à relever ».

En sept ans, la Tunisie a, en effet, connu sept gouvernements successifs, tous aussi corrompus que les autres. Ils n’ont donc réussi que peu ou prou à faire face aux innombrables difficultés et aux blocages à tous les niveaux…

Dans son « Country Report » de 93 pages, publié le 10 juillet 2017, le Fond Monétaire International a tiré la sonnette d’alarme face aux déficiences structurelles, un taux de change surévalué et une perte de confiance suscitée par la corruption gouvernementale.

Les jeunes Tunisiens sont frappés de plein fouet par le chômage dont la moyenne nationale est de 23,4%. Premières victimes de la dégradation de situation économique, ils sont de plus en plus enclins à quitter le pays à la recherche d’un monde meilleur.

Dans son numéro(79 de septembre/ octobre 2018) le magazine français la Revue avait consacré un long article à l’aide européenne à la Tunisie, sous le titre « Mauvaise gouvernance à la tunisienne ». Au total, 2 433 millions d’euros ont été déboursés en sept ans.

Avec cette manne européenne, les responsables tunisiens ont créé un climat favorable au développement de la corruption.

Achat de votes à outrance, reddition des comptes frauduleuses, pots de vins, gaspillage des ressources financières et humaines, abus dans l’octroi des heures supplémentaires, salaires rémunérés sans travail effectif, contrebande et évasion fiscale, passation frauduleuse de marchés publics, dysfonctionnement administratif, gestion anarchique des biens meubles et immeubles administratifs… et le système judiciaire n’est pas épargné.

Alors que Bruxelles fait la politique de l’autruche face à cette corruption systémique et généralisée de ce pays méditerranéen, les travailleurs pauvres en zone euro sont condamnés à voir échapper des milliards de fonds prodigués par l’Europe dans les poches tunisiennes.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

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