Publié par Guy Millière le 17 janvier 2019

Le mouvement des gilets jaunes se poursuit. Un acte 10 se prépare pour le samedi 19 janvier. Les slogans seront très vraisemblablement ceux utilisés ces dernières semaines, “Macron démission”, “RIC” (Référendum d’initiative citoyenne). Le rétablissement de l’impôt sur la fortune est désormais de plus en plus nettement exigé dans les cortèges.

La dimension anti-fiscale et anti-tyrannique, très présente au départ, semble s’estomper. La prise en main du mouvement par des gens de gauche semble s’affirmer. On voit même désormais des drapeaux de la CGT figurer dans les cortèges.

Les discours tenus par les leaders qui ont émergé oscillent entre ceux tenus en général par la gauche classique et ceux susceptibles de jaillir du cerveau enfumé de gauchistes délirants.

La stratégie utilisée par Macron semble fonctionner, hélas. Pour partie au moins. Le fait que la révolte se soit heurtée à un mur de mépris a suscité un effet d’usure et a fait que chez certains la colère a laissé place à l’amertume, comme je m’y attendais. Le fait que le mouvement dure depuis plus de deux mois a été propice aux infiltrations. La violence policière (qui a conduit à des blessures graves et à des mutilations) a créé un surcroit de révolte chez certains, des effets dissuasifs chez d’autres.

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Le mouvement me semble n’être plus à même d’obtenir quoi que ce soit. Et c’est clair : il n’y aura ni démission de Macron, ni dissolution de l’assemblée nationale, ni même changement de gouvernement.

La volonté de voir un retour à l’ordre se dessiner, volonté que la stratégie prévoyait de susciter, ne s’impose pas pleinement mais prend forme néanmoins. Le soutien au mouvement reste important, mais a faibli et n’est pas susceptible de provoquer un raz de marée. Une marche “républicaine” censée fermer la parenthèse aura lieu le 27 janvier, sur le thème “maintenant ça suffit”.

Comme prévu, la deuxième partie de la stratégie se met en place avec le “grand débat”, et comme prévu aussi, le “grand débat” relève de la facticité complète et de l’imposture absolue.

La “lettre aux Français” rédigée par les communicants de Macron est vide, absconse, illisible, soporifique, et brasse du vent. Les gilets jaunes qui incarnent encore le mouvement l’ont immédiatement perçu. Les journalistes, eux, à de rares exceptions près, font de l’exégèse et s’efforcent de trouver du sens à ce qui n’en a peu ou prou aucun, ou n’en a plutôt qu’un seul : tout ce qui a été fait depuis dix-huit mois est un acquis auquel il ne sera pas touché, ce qui sera fait dans les prochains mois sera la continuation de ce qui a été fait depuis dix-huit mois.

Aux fins d’égarer ceux qui sont disposés à se laisser égarer, des options sont présentées comme ouvertes, mais tout indique que les décisions les concernant sont déjà prises, et les postulats posés montrent que si des arrangements à la marge seront peut-être envisagés, ils ne seront que cela : des arrangements à la marge. Dois-je ajouter que tous les postulats posés, strictement tous, sont imprégnés du socialisme cher à la nomenklatura française, et destinés à l’évidence à éliminer toute potentialité d’interrogation sur les problèmes réels du pays ?

Le “pacte social” est intangible et doit être un peu “réorganisé”. Les “services publics” doivent plus que jamais assurer la “cohésion sociale”.

Plus personne, bien sûr, ne conteste la nécessité urgente de “lutte contre le réchauffement climatique” et le “changement écologique”.

Le “référendum d’initiative citoyenne” est, cela va de soi, évacué.

Le “devoir d’asile” est un impératif qui ne peut être remis en cause.

La rencontre avec les maires dans un village normand transformé en forteresse imprenable a montré ce que sera le “débat”.

Il y avait dans le village autant de policiers que d’habitants. Les accès au village avaient été interdits dès cinq heures du matin, et quiconque se présentait pour tenter d’entrer était aussitôt fiché. Quiconque venait avec un gilet jaune se voyait infliger en supplément une forte amende.

Les maires invités à parler à Macron semblaient lire des extraits de la lettre rédigée par les communicants de Macron. C’était un exercice soviétoïde.

Macron a parlé pendant des heures en répondant de façon convenue à des questions convenues. Il a été applaudi. C’est un bon comédien. Les charlatans sont de bons comédiens, et il vit depuis l’âge de quinze ans avec son professeur de théâtre.

Fidel Castro aussi parlait des heures et il était très applaudi.

Les “résultats” du “grand débat” seront publiés à la mi-mars.

Le texte présentant les “résultats” sera vide, abscons, illisible, soporifique, et brassera du vent : les rédacteurs qui l’ont déjà écrit (et rajouteront peut-être quelques paragraphes au dernier moment) sont sans doute les mêmes que ceux de la “lettre aux Français”. Il sera présenté par Emmanuelle Wargon, énarque socialiste, secrétaire d’état en charge de la transition écologique et solidaire (quelle superbe appellation socialiste !) et Sébastien Lecornu, un ancien Républicain qui a trouvé que chez Macron la soupe est bonne.

Quiconque oserait rappeler que dans une démocratie digne de ce nom, les grands débats sont les campagnes pour les élections présidentielles et législatives et qu’un Président largement désavoué peut se relégitimer en appelant à de nouvelles élections (sans quoi il reste marqué par un parfum d’illégitimité) n’aura pas la parole. Le charlatan Macron, élu par un holdup électoral et disposant d’une majorité obtenue par un holdup électoral elle aussi ne s’attendait pas à un soulèvement : mais il a trouvé (ou on lui a trouvé) le truc pour éteindre le soulèvement et pour revendre son programme délétère et frelaté sous un nouvel emballage, tout en disant que c’est un programme tout beau, entièrement remis à neuf.

Si, comme je le crains, rien ne change, le Rassemblement national gagnera les élections européennes, mais cela n’aura aucun impact sur Macron (et encore, au train où vont les choses, je n’exclus plus que la liste Macron rattrape son retard sur le RN).

Si rien ne change, le deuxième tour de la prochaine élection présidentielle opposera Macron et Marine Le Pen, et Macron l’emportera après avoir utilisé le chantage au “fascisme”.

Les prélèvements obligatoires français seront toujours à ce moment les plus élevés du monde développé. Les dépenses de l’Etat en France seront toujours aussi élevées qu’elles le sont aujourd’hui. Le chômage et le taux de pauvreté seront toujours aussi hauts, voire plus hauts. La croissance oscillera entre zéro et un pour cent. Les classes moyennes auront encore un peu plus glissé vers le bas et continueront à payer pour des systèmes de redistribution qui servent au nouveau peuple qui prend place en France et qui aura gagné en poids et en importance. L’islamisation du pays aura nettement avancé. La nomenklatura française continuera de régner sur le pays, en connivence avec le gouvernement. La “France périphérique” sera plus que jamais périphérique et amère, et les réfrigérateurs de ses membres seront toujours vides le 15 du mois. Les radars routiers seront à nouveau parfaitement fonctionnels. Macron s’apprêtera à passer cinq années de plus à l’Elysée et continuera à insulter les pauvres gens.

Comment meurt une civilisation, ai-je écrit…

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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