Publié par Jean-Patrick Grumberg le 3 février 2019

Et si le gouvernement avait menti ? Et si les radars routiers ne servaient pas à réduire le nombre d’accidents et de morts et n’étaient que des pompes à fric ?

C’est la question que les Français sont légitimement en droit de se poser, après que le ministre Castaner ait révélé – sans le vouloir – que les radars qui ont été neutralisés par les Français en colère – avec ou sans Gilets Jaunes d’ailleurs – ne peuvent certes plus prendre de photo et délivrer des amendes, mais qu’ils enregistrent toujours les excès de vitesse au travers des vitres, même bouchées par du plastique, de la peinture ou du papier.

Examinons les faits, ils ont de quoi vous faire tourner la tête

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Le 29 janvier, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner révèle au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC (1) que le nombre d’infractions à la limitation de vitesse a explosé de 268 % sur les routes, car les radars enregistrent toujours la vitesse, mais ne peuvent plus prendre de photo, donc verbaliser.

“On a plein d’indicateurs. Depuis la fin de l’année, beaucoup de radars sont attaqués, neutralisés. Certains sont justes bâchés, donc on a pas la photographie mais on a l’enregistrement de la vitesse. Là où les radars ont été bâchés, on a constaté une augmentation de 268% de la vitesse. Je vous dis ça pour montrer que les radars ont une efficacité” explique Castaner.

Jusque là, rien de bien surprenant : quand le chat n’est pas là les souris dansent, et s’il n’y a pas de radar, le geste naturel du conducteur d’une voiture moderne équipée de toute la technologie, capable de rouler à 180 km/h plus en sécurité qu’à 80 dans une Renault 4L de papa, c’est … d’appuyer sur le champignon. C’est si bon !

Je récapitule. Au mois de novembre, excès de vitesse : +268%. Accidents mortels : – 1,8%. Accidents corporels : – 4,7%.

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Le 31 janvier, coup de théâtre. Auto Plus (2) rapporte que selon les chiffres de la Sécurité Routière, la mortalité a baissé de 1,8% au mois de novembre 2018 par rapport à novembre 2017, et le nombre d’accidents corporels a plongé : moins 4,7%.

Je récapitule avant que vous vous évanouissiez. Excès de vitesse : +268%. Accidents mortels : – 1,8%. Accidents corporels : – 4,7%. Maintenant vous pouvez vous évanouir.

En décembre, les résultats confirment la tendance : stagnation du nombre de morts par rapport à décembre 2017 alors qu’ils devaient statistiquement exploser selon la Sécurité routière, et -1,6% d’accidents corporels.

Auto Plus apporte cette précision importante, à savoir que “les chiffres précis des accidents sur les tronçons comportant des radars neutralisés n’ont pas été communiqués“. Je doute qu’ils le soient jamais, car le gouvernement de France n’a jamais eu la réputation d’être transparent, et toute mon imagination – je n’en manque pas – ne suffit pas à me représenter le film où Castaner viendrait expliquer que là où les automobilistes ont fait 4 fois plus d’excès de vitesse, la mortalité et le nombre d’accidents ont diminué. 50 ans de mensonges aux Français, et l’immense pompe à fric que cela représente, ça ne s’avoue pas comme ça.

Contrepoint cite les travaux de Bertrand Lemmenicier (Les Mythes de l’Insecurite Routière *), lequel affirme que ce n’est pas la vitesse qui tue, mais l’écart de vitesse entre les voitures. Peu importe que les voitures roulent à 80 ou à 120, ce qui évite les accidents mortels, c’est que toutes les voitures roulent à peu près à la même vitesse.

Je vis à Los Angeles. La vitesse est limitée à 65 miles (105 km/h) sur les autoroutes. Tout le monde ou presque roule à 70/75. Elle a été limitée pendant des décennies à 55. La logique était que d’une part, si les gens roulent plus vite, ils seront moins longtemps dans leurs voitures, donc le pays et les citoyens feront des économies énergétiques et économiques ou auront plus de temps à passer avec leur famille. D’autre part, à 55, on reste plus longtemps au volant qu’à 65 miles/heure, donc on augmente le risque d’accident puisque la route est bien plus dangereuse que lorsqu’on est assis derrière son bureau.

Cependant, la façon de conduire n’est pas la même aux Etats-Unis et en France (en partie parce que les gens sont plus courtois et peu nerveux au volant, et en partie parce qu’un conducteur sur trois est armé), et je me garderai bien de faire des comparaisons.

Et pas besoin de comparer. Les chiffres qui viennent d’être indiqués se suffisent à eux-mêmes : la vitesse ne limite pas le nombre de morts, beaucoup s’en doutaient, la preuve en taille réelle vient d’être apportée. Et retirez-vous toute illusion : ne comptez pas que le gouvernement en tienne compte.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. RMC 
  2. Auto Plus

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