Publié par Abbé Alain René Arbez le 5 février 2019

Premier pape à poser le pied sur la terre de la péninsule arabique, François est arrivé aux Emirats arabes unis. A Abou Dhabi, il présidera une célébration eucharistique inédite où 150’000 personnes sont attendues, alors qu’habituellement les messes en public sont interdites.

Il y a une dimension à ne pas perdre de vue avant d’imaginer un quelconque dialogue avec l’islam, c’est la reconnaissance de la dignité de ces millions de travailleurs chrétiens qui surmontent des conditions de vie difficiles dans cette région, y compris au niveau de leurs pratiques de foi. Le prince héritier d’Abou Dhabi prétend promouvoir une coexistence pacifique entre religions. Le pape évoquera avec lui les droits des travailleurs essentiellement philippins et indiens, sans oublier la situation terrible au Yemen avec la crise humanitaire qui dure depuis quatre ans. La question du terrorisme islamique sera abordée, et le pape François, à la suite de Benoît XVI, invitera les leaders musulmans de la région à rejeter la promotion de la haine et de la violence. Des rencontres auront lieu en présence de patriarches chrétiens orientaux et de rabbins.

En Arabie Saoudite, vivent 1’500’000 immigrés catholiques qui proviennent du Liban, de Syrie, d’Egypte, d’Irak, de l’Inde, des Philippines, du Sri Lanka…Même chiffre et mêmes profils dans les Emirats et autres sultanats de la Péninsule. Ces ouvriers travaillent dur sur des chantiers permanents de construction gigantesques, ils se situent tout en bas de l’échelle sociale du pays. Ainsi, en raison des besoins illimités dans la construction et les travaux publics des pays de la Péninsule, des quantités impressionnantes d’étrangers considérés comme « infidèles » s’activent sur ce territoire dont le prophète avait dit avant de mourir : « deux religions ne doivent pas coexister sur la terre sacrée de l’islam ! » (Il avait préparé le terrain en massacrant, en convertissant ou en assujettissant juifs et chrétiens autochtones).

Paradoxalement, en ce 21ème siècle, il y a donc davantage d’étrangers que d’autochtones en Arabie. Par exemple, à Dubaï, il y a 85% d’étrangers ! Plus globalement, cela signifie que la moitié du total des catholiques du Moyen Orient se situent en Arabie.

Certains états de la Péninsule arabique tolèrent plus ou moins la présence des chrétiens, l’Arabie saoudite réprime non seulement les droits religieux mais aussi les droits sociétaux que l’Europe accorde généreusement à ses immigrés (aides sociales, regroupement familial, droits d’association, etc). Donc en Arabie saoudite, il y a interdiction formelle d’importer une bible, interdiction de construire une église et interdiction de célébrer une messe. La police religieuse antiblasphème veille.(mouttawas)

Pour l’Arabie saoudite et les Emirats du Golfe, deux vicaires apostoliques sont en charge de ces communautés catholiques nombreuses : un missionnaire italien Mgr Camillo Ballin, et un capucin suisse Mgr Paul Hinder. Dans des conditions différentes, ils gèrent  leur ministère comme ils le peuvent en fonction des prérogatives locales. Ils ont chacun la charge pastorale de ces millions de catholiques, surtout asiatiques, qui sont là pour gagner durement la vie de leurs familles restées au pays. Ces immigrés vivent difficilement dans des conditions de travail éprouvantes et un isolement affectif et spirituel débilitant.

Mgr Hinder, responsable des communautés catholiques des Emirats, du Sultanat, du Yemen de Bahreïn, du Qatar et de l’Arabie saoudite, fait remarquer qu’en Suisse il y 200 mosquées pour une population musulmane cinq fois inférieure au nombre de chrétiens recensés dans son vaste Vicariat, qui n’a droit au total qu’à 20 églises !

A Bahrein et Oman, les églises existent mais ne doivent pas avoir de signe distinctif à l’extérieur (pas de croix), les cloches sont strictement interdites, et l’accès évidemment prohibé aux passants musulmans.

Mgr Ballin a reçu quant à lui l’autorisation du roi Hamad bin Hassa al Khalifa de construire une église catholique dans l’émirat, malgré la vigoureuse opposition de groupes islamistes locaux.  Il estimait que cela rendrait la vie des fidèles un peu plus soutenable, grâce à de belles célébrations dans un lieu digne et accueillant.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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