Publié par Jean-Patrick Grumberg le 10 février 2019

Les journalistes sont tellement partis à gauche qu’ils pensent encore pouvoir nous prendre pour des moules. Ils se sont trouvé une daronne idéale, Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), députée Démocrate de New York, socialiste écolo pastèque (vert dehors, rouge dedans), qui promet aux Etats-Unis le sort du Venezuela sous 10 ans.

Le 19 octobre 1848, Karl Marx écrivait : il est désormais du « devoir de la presse de saper toute la base de l’ordre existant ». Voilà, ils ont trouvé pour cela l’idiote idéale. Son programme, surnommé Green New Deal est plus rouge que vert (1). Le voici :

Nous nous sommes fixé comme objectif d’atteindre le net-zéro, plutôt que zéro émission, en 10 ans, parce que nous ne sommes pas sûrs de pouvoir nous débarrasser complètement et si vite des vaches qui pètent et des avions, mais nous pensons que nous pouvons accélérer la production d’énergie et la fabrication de produits renouvelables, rénover tous les bâtiments d’Amérique, construire le réseau électrique intelligent, restructurer le transport et l’agriculture, planter des arbres et restaurer notre écosystème pour arriver à zéro émission.

Plus d’avions, plus de voitures, plus de vaches, et 100 millions de résidences rénovées… tout ça en 10 ans.

Elle continue :

Un New Deal vert est un investissement massif dans la production d’énergie renouvelable et ne comprendrait pas la création de nouvelles centrales nucléaires.

Refonte complète du transport en développant massivement la fabrication de véhicules électriques, en construisant des stations de recharge partout, en construisant des trains à grande vitesse à une échelle où le transport aérien ne devient plus nécessaire, en créant un transport en commun abordable accessible à tous, avec pour objectif de remplacer chaque véhicule à moteur thermique.

Nous n’excluons donc pas une taxe sur le carbone, mais une taxe sur le carbone ne serait qu’une infime partie d’un New Deal vert face à l’expansion gigantesque de notre économie productive…

Il y a aura des investissements fédéraux massifs et des aides aux organisations et aux entreprises qui participent au nouveau pacte vert et qui veillent à ce que le public obtienne un rendement sur cet investissement.

De la même manière que nous avons payé le New Deal, le sauvetage des banques en 2008, de la même façon que nous avons payé pour la Seconde Guerre mondiale et toutes nos guerres actuelles, la Réserve fédérale peut accorder des crédits pour financer ces projets et investissements et de nouvelles banques publiques peuvent être créées pour accorder des crédits.

… la question n’est donc pas de savoir comment nous allons payer, mais ce que nous allons faire de notre nouvelle prospérité partagée.

En apprenant la nouvelle “des trains à grande vitesse à une échelle où le transport aérien ne devient plus nécessaire”, le sénateur Démocrate d’Hawaï n’a pas pu se retenir de dire : “ça va être un peu difficile pour Hawaï ça” !

Sur la taxe carbone proposée par AOC, il est intéressant de noter que les Etats-Unis ont enregistré la plus forte baisse des émissions de carbone au monde pour la neuvième fois au cours de ce siècle (2). Qu’en 2017, les émissions de carbone des États-Unis ont diminué de plus de 42 millions de tonnes, alors que le pays s’est écarté de l’Accord de Paris, et surtout que ce succès remarquable a été obtenu sans aucune taxe carbone ! (3).

Cependant, AOC, en bonne socialiste, veut que l’Etat prenne le contrôle de toute l’économie – surtout lorsque, comme aux Etats-Unis, l’économie se paye le culot de fonctionner très bien sans que l’Etat n’intervienne trop.

Le Green New deal promet aussi la “sécurité économique pour tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas travailler”, des emplois gouvernementaux, une assurance santé gratuite pour les 320 millions d’Américains, et beaucoup plus puisque les frontières devront être ouvertes à tous ceux qui veulent profiter de l’aubaine. AOC va donc distribuer gratuitement de l’argent à ceux qui ne veulent pas travailler : c’est le Venezuela pour tous.

Mais je me rends compte, en écrivant tout ceci, qu’en France vous “bénéficiez” depuis longtemps de ces formidables “avancées” sociales que promet AOC, avancées qui ont mené la France dans l’état où elle est, et il se peut que vous ne trouviez pas ses propositions si extravagantes.

Je continue néanmoins…

Le plan promet – bien entendu sans rien payer :

  • un emploi avec un salaire garanti, suffisant pour subvenir aux besoins de la famille,
  • des congés familiaux et médicaux,
  • des vacances payées,
  • la sécurité de la retraite,
  • un enseignement de haute qualité, y compris l’enseignement supérieur et les écoles de métiers,
  • des soins de santé gratuits de haute qualité,
  • un logement sûr, abordable et adéquat,
  • la sécurité économique pour tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas travailler.

Le plan semble donc combiner une garantie d’emploi fédéral, la gratuité des études universitaires et des soins de santé assurés par un payeur unique, l’Etat. Selon la façon dont on interprète la garantie de “sécurité économique” pour tous ceux qui “ne veulent pas travailler”, il s’agit donc d’un revenu de base universel.

Et le coût ?

Blomberg a tenté de chiffrer le coût de ces extravagances socialistes qui me font hérisser le poil.

  • La proposition de Bernie Sanders sur l’assurance-maladie pour tous coûterait environ 3,2 billions de dollars par année.
  • Le passage aux énergies renouvelables coûterait plus de 400 milliards de dollars par an.
  • Même si les coûts diminuent à mesure que la technologie s’améliore, les rénovations à émissions nulles nettes de chaque bâtiment du pays coûteraient cher – de façon optimiste, peut-être 88 000 $ pour un appartement, et probablement beaucoup plus pour les maisons isolées. En supposant une moyenne de 100 000 $ par maison, cela représente environ 1,4 billion de dollars par année sur une décennie.
  • Les usines, les immeubles de bureaux, les magasins, etc. coûteraient beaucoup plus cher par immeuble, mais ils sont beaucoup moins nombreux – environ 5,6 millions. Si chacun d’eux coûte 500 000 $ pour leur modernisation, cela représente environ 300 milliards de dollars de plus par année.
  • Pour le revenu de base universel, le coût a été estimé à 3,8 billions de dollars par an.
  • Un programme qui ne couvrirait, disons, qu’un Américain sur trois qui ne peut ou ne veut pas travailler, coûterait environ 1,3 billion de dollars.
  • L’université gratuite, environ 47 milliards de dollars par an.
  • Des logements abordables pour l’ensemble du pays pourraient coûter très cher, selon ce que cela signifie, mais ignorons cela pour l’instant.

Cette estimation rapide et approximative des coûts, écrit Bloomberg (4)- qui n’inclut pas toutes les promesses énumérées dans le programme – s’élève donc à environ 6,6 billions de dollars par an.

C’est plus de trois fois plus que ce que le gouvernement fédéral perçoit en recettes fiscales, soit environ 34 % du produit intérieur brut des États-Unis. Et cela, en supposant qu’il n’y aura pas de dépassement de coûts – alors que les projets d’infrastructure, surtout aux États-Unis, subissent toujours une abondance de surcoûts.

Les dépenses totales du gouvernement représentent déjà environ 38 % de l’économie, de sorte que si aucun autre programme n’était supprimé pour financer le Green New Deal, cela signifie que près des trois quarts de l’économie seraient dépensés pour cela par le gouvernement.


Et tout cela, à supposer que l’affectation de la quasi-totalité des ressources économiques du pays n’entraîne aucune perte d’efficacité économique. L’histoire et l’expérience des pays socialistes suggère le contraire.

AOC veut financer tout cela avec la planche à billets. C’est la porte ouverte vers la faillite économique – et ce n’est pas comme si l’inflation au Venezuela s’était produite il y a 100 ans, cela se passe en ce moment même.

Cela donne à penser que le New Deal sera payé par des déficits massifs, poursuit Bloomberg, ce qui pourrait être très dangereux.

Les propositions de dépenses environnementales du plan seraient temporaires, mais les nouveaux programmes sociaux seraient permanents. Comme des déficits toujours croissants causent une inflation galopante, l’économie du pays s’effondrerait de façon dévastatrice.

L’hyperinflation ne s’est jamais produite aux États-Unis, mais il n’y a jamais rien eu de comparable au Green New Deal.

Ironie, un effondrement généralisé de l’économie américaine ne contribuerait pas beaucoup à freiner les changements climatiques et ne constituerait pas non plus un exemple enviable pour le reste du monde, dont l’avenir de la planète dépend en fait de la réduction des émissions.

En panique, AOC a supprimé son plan de son blog, puis l’a remis – heu non, enlevé – non c’était une conspiration – heu non c’était nous…

  • Le 5 février, le bureau du Congrès de la députée Alexandria Ocasio-Cortez a publié sur son blog, sous la rubrique “questions énergétiques”, sa proposition de “Green New Deal” et une FAQ.
  • Face à la levée de boucliers et aux railleries, la page a été supprimée, et un conseiller d’AOC a suggéré le vendredi suivant que son plan a été rédigé et distribué par le parti Républicain.
  • Un conseiller politique d’Ocasio-Cortez a déclaré vendredi soir sur Fox News que le plan publié était une sorte de canular perpétré par les Républicains. Robert Hockett, professeur de droit et de finance à l’Université Cornell et conseiller d’AOC, a déclaré à Tucker Carlson que le contenu du Green New Deal disparu du blog était un “document que des Républicains ont fait circuler”.
  • Mais samedi matin, le chef d’état-major d’AOC Saikat Chakrabarti tweetait que la page avait bien été publiée par l’état-major d’Ocasio-Cortez, mais par erreur. Il a dit que la page était “un premier brouillon d’une FAQ qui était clairement inachevée et qui ne représente pas la résolution du Green New Deal publiée sur le site web par erreur.
  • Quelques heures après la disparition du document original, Ocasio-Cortez et le sénateur Ed Markey ont officiellement dévoilé un nouveau document : la résolution “Green New Deal” qui a jusqu’à présent attiré 67 co-signataires Démocrates de la Chambre. Il s’agit d’une mesure non contraignante, moins détaillée que le document initial, et qui appelle à une refonte complète et rapide des secteurs de l’énergie, des transports et de l’agriculture du pays afin d’éliminer les émissions de carbone au cours des prochaines décennies.
  • Et Ocasio-Cortez a admis samedi, dans un tweet, “qu’il y avait aussi une version préliminaire qui a été téléchargée puis retirée”. Et qu’il y a aussi des “versions brouillon qui circulent.”
  • Le document original qui existe sans exister, n’a pas été publié par elle mais par la vilaine droite mais en fait c’est elle, se trouve toujours en cache (5). Et il fait froid dans le dos – pour un Américain épris de liberté.

En 2017, alors qu’elle travaillait dans un bar de New-York comme bar-tender pour la fête du Cinco de Mayo, AOC a refusé de partager équitablement les pourboires récoltés dans la soirée – soit 560 dollars – avec la serveuse (6). Elle lui a royalement donné 50 dollars, et lorsque la serveuse s’est plainte au patron, AOC lui a donné encore 50 dollars : pas de doute, Alexandria Ocasio-Cortez est bien une socialiste.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. Green New Deal
  2. BP
  3. Capital research
  4. Bloomberg
  5. Web.archive.org
  6. Page six

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