Publié par Mireille Vallette le 10 février 2019
L’élue verte Sabine Tiguemounine et la députée d’extrême gauche Jocelyne Haller

Une majorité de Genevois ne s’est pas laissé tromper par le vaste troupeau de gauche et de musulmans qui les invitait à refuser un texte «liberticide». Ils sont 55% à avoir accepté la loi qui règle les rapports entre État et religions.

Après deux ans de délibérations, le parlement genevois avait accouché d’une macédoine quelque peu indigeste et un rapport de 800 pages. La loi acceptée ce dimanche par le peuple comprend de nombreuses mesures (liens avec les communautés religieuses, perception des impôts religieux, restrictions de manifestations sur la voie publique, aumôniers financés par les pouvoirs publics, etc.), mais l’une d’elles a nourri presque seule la campagne : le refus du port du voile pour les fonctionnaires en contact avec le public, pour les membres du pouvoir judiciaire et pour les élues (législatif et exécutif) en séance plénière. A Genève, une seule voilée élue est concernée, Sabine Tiguemounine qui n’a aucun problème à fréquenter Hani Ramadan et ne peut condamner l’obligation de porter le voile en Iran.

Pas moins de quatre référendums ont été lancés, qui regroupaient les communautés musulmanes, les syndicats, les verts, la gauche et l’extrême gauche. L’ensemble de ces dévots était plus que suffisant pour récolter les 5200 signatures nécessaires pour faire passer la loi devant le souverain.

Le débat a fait rage dans les médias locaux. Selon ses adversaires, cette loi cible les femmes, bafoue la laïcité, divise, stigmatise, ne respecte pas les droits humains, est liberticide et sexiste… Pour justifier le port du foulard islamique, les électeurs ont eu droit aux balivernes habituelles qui embarquaient dans ce combat les juifs réclamant de porter leur kippa au travail et les chrétiens leur médaille. Et même les Indiennes avec leur point au milieu du front ! Peu importe que cette nuée de menteurs n’ait jamais cité une seule des communautés juives et chrétiennes, ni même un individu qui réclame de pouvoir arborer leur «signe ostensible». Une magistrate socialiste d’une grande commune est allée jusqu’à annoncer qu’elle ne respecterait pas loi si elle passait. Chiche ?

Le texte ne comprend pas hélas l’interdiction de la burqa dans l’espace public, le foulard des fillettes à l’école et le bannissement de ce dernier pour l’ensemble des agents de l’État. Mais l’espoir demeure : un nombre croissant de citoyens paraissent excédés par cette volonté d’imposer à toute la société des marqueurs bigots et archaïques.

L’affaire n’est pourtant pas réglée. Les verts et, plus étonnant, les évangéliques ont déposé un recours à la Chambre constitutionnelle. Pour les verts, la loi «bafoue les libertés individuelles, porte atteinte aux droits fondamentaux et ne respecte pas la Constitution, notamment parce qu’elle interdit aux élu.e.s de porter des signes religieux.» Si les instances cantonales et nationales s’avisaient de confirmer le vote, on sera parti pour un nouveau tour à Cour européenne des droits de l’homme.

C’était pour la Suisse, ses cantons et ses communes le premier des quatre rounds annuels de leurs «RIC».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette pour Dreuz.info.

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