Publié par Guy Millière le 11 février 2019

Une inquiétude monte dans la communauté juive française. Celle de la remontée de l’antisémitisme. La présence d’antisémites parmi les gilets jaunes est au cœur de cette inquiétude.

Un graffiti sur la vitrine d’une boutique juive, et le mot “Juden”, ont provoqué un émoi certain. Il est exact qu’il y a des antisémites au sein du mouvement des gilets jaunes et des slogans antisémites ont été entendus ici et là. Il est exact que ces antisémites n’ont pas, ou très peu, été dénoncés par les gilets jaunes et c’est préoccupant et inadmissible. Il est exact qu’un graffiti porteur du mot “Juden” a été retrouvé sur la devanture d’une boutique juive et que cela rappelle de très mauvais souvenirs. Une vigilance extrême doit prévaloir.

Cela dit, je pense qu’il serait très délétère et dangereux d’assimiler le mouvement des gilets jaunes à un mouvement profondément teinté par l’antisémitisme. C’est ce que tente de faire depuis des semaines le gouvernement Macron, dont le comportement global depuis le 17 novembre est profondément nauséabond et n’a fait qu’exacerber une crise que Macron lui-même a provoqué par son mépris du peuple.

Je pense qu’il importe de regarder la réalité en face et de dire que oui, il y a une remontée de l’antisémitisme en France et qu’il est logique dès lors, tristement logique, que cette remontée touche aussi le mouvement des gilets jaunes, qui fait partie intégrante de la société française en général.

Je pense qu’il importe de voir que l’antisémitisme qui remonte en France est nébulisé dans l’atmosphère et de ne pas se tromper de cible. Il reste un antisémitisme d’extrême droite, c’est indéniable, et des figures sinistres de cet antisémitisme ont fait leur possible pour infiltrer les gilets jaunes (Hervé Ryssen, par exemple). L’antisémitisme musulman ne s’exprime guère depuis le 17 novembre, parce que les banlieues de l’islam sont indifférentes au mouvement des gilets jaunes et discernent qu’il est porteur d’une volonté de souveraineté qui ne les concerne pas et pourrait se retourner contre elles (la reprise en main du mouvement des gilets jaunes par des organisations léninistes estompe présentement cette volonté de souveraineté). L’antisémitisme musulman n’en est pas moins l’antisémitisme qui a agressé et tué des Juifs en France au cours de la dernière décennie.

Il existe enfin un antisémitisme de gauche qui ne peut être sous-estimé. Il prend souvent le masque de l’antisionisme pour s’avancer, mais de l’antisionisme à l’antisémitisme il n’y a qu’un pas et ce pas est aisément franchi.

L’antisémitisme de gauche est d’autant plus pernicieux qu’il imprègne l’atmosphère et le prêt-à-penser journalistique et politique.   

A chaque fois que des dirigeants politiques français s’en prennent à Israël en utilisant le vocabulaire d’organisations terroristes islamiques, ils contribuent à la montée de cet antisémitisme pernicieux, et c’est hélas fréquent, très fréquent.

A chaque fois qu’un article, dans un journal ou un magazine s’en prend à Israël en utilisant le vocabulaire d’organisations terroristes islamiques, il contribue aussi à la montée de cet antisémitisme pernicieux, et quasiment tous les articles paraissant sur Israël sont écrits sur ce mode.

C’est le cas jusque dans une presse censée être “de droite”.  L’infect militant pro-OLP Cyrille Louis ne sévit plus dans Le Figaro. Son remplaçant ne vaut pas vraiment mieux. Il s’appelle Thierry Oberlé. Cet individu est l’auteur du seul article que j’ai trouvé dans la presse française sur l’ignoble meurtre dont a été victime Ori Ansbacher. Cet article est insidieux, répugnant et frôle la justification d’un meurtre que l’adjectif “ignoble” est trop faible pour qualifier. L’article parle du fait qu’Ori Ansbacher résidait dans “la colonie de Tekoa en Cisjordanie occupée”. Ce type de formulation est habituel dans la presse française, et signifie qu’Ori Ansbacher vivait, aux yeux de Thierry Oberlé, dans un territoire “occupé” et était une “colonialiste”.  L’article ajoute que “l’auteur présumé du crime” lors de son arrestation “n’a pas opposé de résistance”, et que “ses motivations restent à déterminer” et mêlent sans doute “attaque sexuelle et volonté nationaliste de s’en prendre à une Israélienne”. Ayelet Shaked est traitée d’”ultranationaliste” demandant la peine de mort sans attendre la fin de l’enquête. Les récompenses financières données par l’Autorité Palestinienne aux familles de terroristes tueurs de Juifs sont décrites comme des “sommes servent à payer les aides accordées aux familles de Palestiniens détenus par Israël ou qui ont été tués par des soldats israéliens”. Autrement dit, le tueur n’était pas vraiment violent (il n’a pas “opposé de résistance”), ses motifs ne sont pas clairs et n’impliquent aucune haine anti-juive, mais juste un désir sexuel une “volonté nationaliste”. Ayelet Shaked, elle, n’est pas nationaliste mais “ultranationaliste”, et pour une justice expéditive que rien ne justifie. Et l’Autorité Palestinienne veut juste aider des familles dans le besoin dont des membres ont été tués par des soldats israéliens, sans raison sans doute.  C’est un article parmi d’autres. C’est un article d’incitation à la haine anti-israélienne et anti-juive.

Tant que des articles comme celui-là paraitront en France, l’antisémitisme continuera à monter. 

Tant qu’on ne considérera pas en France l’assassinat bestial de Juifs par des musulmans antisémites comme une monstruosité absolue devant susciter une indignation et une condamnation tout aussi absolues, et tant qu’on présentera des Juifs israéliens comme des colonisateurs qu’on peut avoir de bonnes raisons de tuer, on pourra voir des graffitis antisémites sur des murs ou des devantures.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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