Publié par Magali Marc le 12 février 2019

D’après James P. Pinkerton*, plus les Démocrates se laissent mener par l’aile gauchiste du Parti, plus ils s’éloignent du centre de l’échiquier politique, meilleures sont les chances de Trump d’être réélu en 2020.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit son article publié sur le site de Breitbart, le 9 février.

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L’AOC-isation des Démocrates va accroître les chances de Trump d’être réélu en 2020

Qui gagnerait une élection qui se jouerait entre Donald Trump et Alexandria Ocasio-Cortez ? Nous ne le saurons jamais, bien sûr, parce que les deux ne peuvent apparaître sur le même bulletin de vote. AOC, comme on l’appelle maintenant, ne sera pas assez âgée pour se présenter à la présidence avant 2024. [NdT : Il faut avoir 35 ans pour pouvoir se présenter à la présidence des États-Unis, AOC n’aura que 31 ans en 2020]

Néanmoins, d’une certaine façon, AOC sera sur le bulletin de vote en 2020, parce que ses idées sont partout, y compris dans « le taux d’imposition maximal de 70 pour cent », le « Green New Deal» et « l’assurance-maladie pour tous », pour n’en nommer que trois.

Fait intéressant, douée d’une compréhension intuitive des médias sociaux, AOC sait qu’elle jouera un rôle clé lors des élections nationales de 2020.
Elle a tweeté le 9 février :

C’est assez fou que le gouvernement n’arrive pas à décider s’il va utiliser la théorie du complot selon laquelle je suis secrètement riche, ou se lancer dans la dérision du fait que ma famille a connu des moments difficiles après la mort de mon père pendant la crise financière. Au lieu de choisir, ils ont décidé de défier la logique et d’utiliser les deux.

Bien sûr, on peut faire valoir que le candidat démocrate de 2020, quel qu’il soit, sera celui qui déterminera l’ordre du jour du parti. Mais en réalité, cela ne fonctionne pas de cette façon. Dans la voie qui mène vers la convention nationale démocrate de l’an prochain, il est clair que ce sont les militants et les idéologues qui mettront au point la stratégie et les questions importantes qui tiendront lieu de plateforme politique aux Démocrates désireux de se présenter en 2020.

Tout le monde s’entend pour dire que cette plateforme sera orientée à gauche. Les candidats Démocrates devront chaque jour répondre de leur position concernant les sujets chers aux gauchistes, quand bien même ils chercheront à se conformer aux diktats « progressistes ».

En fait, de nombreux aspirants Démocrates se sont déjà rangés à gauche ; au moins quatre des aspirants à la Maison-Blanche — les Sénateurs Cory Booker, Kirsten Gillibrand, Kamala Harris et Elizabeth Warren — appuient le Green New Deal, en dépit du fait que personne ne le comprend réellement. Bien sûr, pour être juste envers ceux qui ne le comprennent pas, le New Deal Vert continue de changer, car les employés de AOC le retravaillent sans arrêt en raison des critiques cinglantes de la droite.

Pourtant, suffisamment d’idées de la gauche dure demeurent visibles dans ce Green New Deal et, par conséquent, les commentateurs modérés, voire même certains gauchistes, sont horrifiés par ce qu’ils voient. Ainsi, par exemple, le titre de la chronique de Noah Smith pour Bloomberg News dit que « The Green New Deal Would Spend the U.S. Into Oblivion », « Les dépenses du Green New Deal entraîneraient les États-Unis à leur perte» . M. Smith a ajouté :

Le Green New Deal d’Ocasio-Cortez semble reprendre toutes les grandes idées de dépenses dont la gauche politique a fait la promotion ces dernières années pour les assembler en un seul paquet, tout en ayant aucune idée de la façon dont elles vont être financées.

Et puis il y a l’Assurance Santé Pour Tous, ou, comme les militants gauchistes aiment l’appeler le “M4A” [NdT: Medicare for All]. Les mêmes Sénateurs Harris, Gillibrand et Warren appuient le M4A, ainsi que, inutile de le dire, le grand-père du socialisme chez les Démocrates, le Sénateur Bernie Sanders.

Là encore, les grands commentateurs des médias de masse lancent des signaux d’alarme. L’un d’entre eux, Ron Brownstein de The Atlantic, conseille aux Démocrates de s’en tenir à un terrain plus sûr, comme la défense de l’Obamacare :

Alors que de plus en plus de Démocrates proposent d’aller au-delà de la loi sur les soins abordables, le parti se dirige peut-être vers le même iceberg qui a coulé les efforts des Républicains pour abroger la loi.

Donc on peut voir que les Démocrates sont en danger d’AOC-isation. En d’autres termes, dans leur empressement étourdi à embrasser les causes récemment défendues par la gauche, ils risquent de rendre leur candidat de 2020 non éligible. Et si le candidat démocrate ne peut pas gagner, ce sera une victoire pour vous-savez-qui.

Les Démocrates pourraient-ils vraiment s’autodétruire ? Pourraient-ils quitter la route et dégringoler dans un fossé politique ?

Ce ne serait pas la première fois. En fait, c’est arrivé aux deux partis. Prenons donc un moment pour examiner le cycle des élections présidentielles américaines, car en le comprenant, nous saisirons mieux la dynamique de 2020.

Le cycle des élections présidentielles

Les élections présidentielles américaines suivent un cycle prévisible, que nous pouvons formuler en une thèse, dont la première partie se déroule ainsi :

Lorsqu’un parti perd la Maison-Blanche, son establishment est discrédité ; après tout, le candidat de l’establishment vient d’essuyer une défaite. C’est ainsi qu’en l’absence de contrainte venant de la direction du parti, ce sont les militants de la base, exprimant une idéologie plus pure et plus zélée, qui se retrouvent aux commandes. Cette domination de la base militante façonne alors la prochaine nomination présidentielle. Ainsi, lors de la première élection présidentielle « hors circuit », c’est-à-dire quatre ans après avoir perdu la Maison-Blanche, le nouveau candidat du parti reflète désormais l’idéologie activiste de la base. Ainsi, il est facile pour les adversaires, lors de l’élection générale, de présenter le candidat de la base du parti comme étant un extrémiste et, par conséquent, le candidat de la base est souvent défait dans un raz de marée.

Afin d’illustrer le déroulement de ce cycle, nous pouvons examiner certaines des élections présidentielles du dernier demi-siècle.

En 1960, les Républicains ont perdu la Maison-Blanche avec le candidat Richard Nixon. Nixon faisait partie de l’establishment, il était le favori des initiés du parti ; après tout, il avait été le vice-président de Dwight Eisenhower pendant les huit années précédentes. Pourtant, lorsque Nixon perdit, de justesse, face à John F. Kennedy en 1960, les militants républicains – les outsiders – se révoltèrent contre les initiés. Les militants étaient déterminés non seulement à répudier Nixon mais aussi à prendre en main l’ensemble du parti. Ils ont fait valoir que Nixon était faible, peu fiable, trop disposé à faire des compromis, et n’avait donc pas la capacité de mener et gagner le combat contre les Démocrates.

La solution, selon les militants de la droite, était de nommer un conservateur pur et dur, comme le sénateur Barry Goldwater. Les militants étaient confiants que l’Arizonien porterait haut le flambeau de leurs opinions. De leur côté, les membres de l’establishment républicain, même s’ils avaient été discrédités par la défaite de leur homme, Nixon, ont averti que Goldwater était trop extrémiste.

C’est ainsi que les militants conservateurs, en plein essor, ont pris le pouvoir au sein du GOP, nommant Goldwater comme candidat à la présidence en 1964. Malheureusement pour ces militants, Goldwater a perdu les élections générales dans un raz de marée mémorable et catastrophique.

Cette énorme défaite était une pilule difficile à avaler pour les militants de droite ; ils venaient d’apprendre, à la dure, qu’un candidat reflétant pleinement l’idéologie de la base n’était pas nécessairement éligible – en fait, il était peut être nettement non-éligible.

Ainsi, après 1964, les membres de l’establishment du GOP, ceux qui avaient perdu avec Nixon, ont pu faire un retour au sein du parti. Oui, l’homme de l’establishment avait perdu en 1960, mais il avait perdu de justesse, tandis que Goldwater avait perdu beaucoup de votes Républicains et avait entraîné de nombreux Républicains dans sa chute. Les militants du Parti Républicain furent ainsi guéris de toute nouvelle tentation vers le radicalisme.

De plus, après des années passées dans le désert, tous les Républicains étaient impatients de reconquérir la Maison-Blanche, quitte à choisir un candidat qui ne serait pas aussi idéologiquement pur qu’ils le souhaitaient.

C’est ainsi qu’en 1968, l’establishment du GOP a repris le pouvoir. En fait, les dirigeants de l’establishment présentaient exactement le même candidat, Richard Nixon. Sauf que cette fois, Nixon a gagné. Sa victoire a donné à l’establishment du GOP sa juste revanche.

Revenons donc à la deuxième partie de la thèse :

Après que les militants aient pris les commandes des enjeux à présenter lors des élections présidentielles, ils subissent une défaite et l’establishment modéré revient à la charge, conduisant probablement le parti à la victoire. Après tout, les élections nationales sont habituellement gagnées au centre de l’échiquier politique.

Ce cycle de “défaite suivi d’une victoire” peut se révéler être pénible pour les militants puisqu’il donne à penser que leur candidat préféré ne peut pas aboutir à la Maison-Blanche. Et, en réalité, c’est bien la leçon : ils ne peuvent pas gagner. La séquence Nixon-Goldwater-Nixon en est la preuve, tout comme d’autres séquences d’élections présidentielles.

En effet, l’année même où Nixon a remporté la Maison-Blanche, en 1968, les Démocrates sont, de leur côté, entrés dans le même cycle. Le candidat Démocrate en 1968, Hubert Humphrey, était le vice-président sortant ; en d’autres termes, comme Nixon en 1960, il était évidemment le candidat de l’establishment. Après la défaite de Humphrey en 1968, les militants Démocrates ont dédaigné l’establishment de leur parti et se sont plutôt tournés vers un candidat anti-establishment plus à gauche, le sénateur George McGovern.

Nous pourrions faire une pause pour noter que McGovern, avec ses partisans, et Goldwater, avec les siens, représentaient en fait les faces de la même médaille.Ils étaient tous deux en marge de leurs partis respectifs et étaient indifférents, voir méprisants, envers les establishments desdits partis.

Tout comme les Goldwateriens ont repris le Parti républicain après les élections de 1960, les McGoverniens ont repris le Parti démocrate après 1968. Quatre ans plus tard, le résultat était semblable : tout comme Goldwater en 1964, McGovern a été laminé lors du vote de novembre 1972.

En 1976, les Démocrates, avides de victoire après huit ans d’absence, ont fait ce que les Républicains avaient fait en 1968 – ils ont nommé un candidat plus proche du centre. Ce candidat était, bien sûr, Jimmy Carter, qui a remporté l’élection générale.

Pour les fins de la démonstration, nous n’avons pas à nous soucier de ce qui se passe huit ans après qu’un parti ait perdu la Maison-Blanche; nous n’avons qu’à penser à ce qui se passe quatre ans après la défaite.
Donc, bien entendu, quatre ans après la défaite des Démocrates en 2016, cela nous amène à 2020.

Du moment qu’Hillary Clinton, la favorite de l’establishment, a perdu en 2016, pour les raisons cycliques que nous avons vues, un Démocrate anti-establishment est susceptible de remporter la nomination en 2020.

Oui, le fantôme de George McGovern et du McGovernisme plane sur le Parti Démocrate aujourd’hui – et les militants ne voudraient pas qu’il en soit autrement. Ceux qui connaissent l’histoire pourraient se rendre compte qu’ils sont sur le point de nommer un perdant aux élections générales, mais ils ne peuvent pas s’en empêcher : ils sont faits comme ça.

L’AOC-isation en 2020

Un an avant les caucus de l’Iowa, l’ascendant de la gauche Démocrate post-Hillary est visible partout. Après tout, 2018 a vu la victoire non seulement d’AOC mais aussi de la Représentante Ilhan Omar, du Minnesota, et de la Représentante Rashida Tlaib, du Michigan. Avec d’autres Démocrates, elles sont associés à des causes encore plus radicales, telles que, par exemple, le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions anti-israéliens (BDS) qui est populaire dans de nombreux campus universitaires, mais pas dans l’ensemble du pays.

En regardant cette poussée d’activisme de gauche, Josh Kraushaar, du National Journal, en a tiré la conclusion évidente : les Démocrates radicaux, sans que ce soit leur intention, vont faire une fleur à Donald Trump.
Kraushaar en a fait la une de son article : « Democrats Are Boosting Trump’s Reelection Prospects », « Les Démocrates renforcent les perspectives de réélection de Trump » , et le sous-titre était le suivant : « Leurs meilleurs candidats à la présidence pour 2020 adoptent une politique économique socialiste, du Green New Deal à une assurance maladie à payeur unique. Ils sont en train de faire le jeu du président ». Dans l’article lui-même, Kraushaar a ajouté : « Il est facile de voir comment les Démocrates pourraient procurer au président Trump une bouée de sauvetage pour un second mandat malgré son impopularité généralisée [sic]. »

Kraushaar a même cité un stratège Démocrate de gauche : « Nous sommes sur des montagnes russes incontrôlables à 160 km/h, et nous n’avons pas de frein en état de fonctionner ».

À part les analogies frappantes au sujet des montagnes russes parcourues sans frein, nous constatons en prenant du recul que les militants ont le don de se lancer dans des frénésies d’enthousiasme à des années lumières de ce que ressentent les électeurs. Donc, si cette tendance se maintient – comme l’histoire nous l’enseigne – les Démocrates sont susceptibles de présenter un candidat McGovernien l’an prochain. C’est-à-dire, quelqu’un qui est trop loin du centre pour emporter l’adhésion des Américains.

Bien sûr, les Démocrates veulent désespérément battre Trump. Mais l’histoire cyclique de la politique présidentielle suggère qu’ils vont probablement présenter un candidat trop éloigné du courant dominant, et donc incapable de battre Trump.

Entre-temps, chaque fois que nous les entendons discuter du Green New Deal, ou du M4A, ou de BDS, cela nous indique que le parti se prépare à subir ce cycle familier de défaite pour 2020.

Pour les raisons que nous avons vues, les perspectives de l’emporter des Démocrates devraient être bien meilleures en 2024. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, même si, bien sûr, AOC y fait très attention.

Mais à ce moment-là, ce ne sera plus à Trump de s’en préoccuper.

* James P. Pinkerton est éditorialiste, auteur et analyste politique. Diplômé de l’université de Stanford en Californie, il a fait partie du personnel de la Maison Blanche dirigé par Ronald Reagan et George H.W. Bush et lors de chacune de leurs campagnes présidentielles de 1980 à 1992.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source : https://www.breitbart.com/politics/2019/02/09/pinkerton-the-aoc-ization-of-the-democrats-boosts-trump-in-2020/

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