Publié par Jean-Patrick Grumberg le 15 février 2019

J’espère que la sévère dénonciation de la France par la commission des droits de l’homme de l’ONU ne va pas vous choquer, car ce n’est pas un fait nouveau que le pouvoir, hypocrite en chef, abuse du pouvoir.

“Les droits des manifestants sont gravement restreints et atteignent aux droits fondamentaux”, ont dénoncé les experts des “Procédures Spéciales” de l’ONU dans un communiqué publié jeudi 14 février (1), et qui confirme que le président Macron au visage de poupon se conduit comme les présidents qui l’ont précédé : dictateur et fripon.

“Le droit de manifester en France a été restreint de manière disproportionnée lors des manifestations récentes des gilets jaunes”, dénonce le groupe d’experts des droits de l’homme des Nations unies, y compris un spécialiste sur les détentions arbitraires, et un autre sur la liberté de réunion pacifique et d’association, et le gouvernement doit “repenser sa politique pour garantir l’exercice des libertés”. Croyez-moi, le gouvernement français s’en contre-fiche, des libertés, car il n’est pas dans les normes des dirigeants de la France de les placer très haut dans leurs préoccupations.

«Depuis le début du mouvement de contestation en novembre 2018, nous avons reçu des allégations graves d’usage excessif de la force. Plus de 1700 personnes auraient été blessées à la suite des manifestations dans tout le pays, » ont déclaré les experts.


Les restrictions imposées aux droits ont également entraîné un nombre élevé d’interpellations et de gardes à vue, des fouilles et confiscations de matériel de manifestants, ainsi que des blessures graves causées par un usage disproportionné d’armes dites «non-létales» telles que les grenades et les lanceurs de balles de défense ou “flashballs”, » ont-ils ajouté.


«Garantir l’ordre public et la sécurité dans le cadre de mesures de gestion de foule ou d’encadrement des manifestations implique la nécessité de respecter et de protéger les manifestants qui se rendent pacifiquement à une manifestation pour s’exprimer,» ont souligné les experts.


«Nous sommes conscients du fait que certaines manifestations sont devenues violentes et ont entraîné des débordements, mais nous craignons que la réponse disproportionnée à ces excès puisse dissuader la population de continuer à exercer ses libertés fondamentales. Il est très inquiétant de constater qu’après des semaines de manifestations, les restrictions et tactiques de gestion des rassemblements et du recours à la force ne se sont pas améliorées.

Des lois liberticides

Les experts ont exprimé leurs vives préoccupations quant à une proposition de loi visant prétendument à prévenir les violences lors de manifestations et à sanctionner leurs auteurs, dont certaines dispositions ne seraient, selon eux, pas conforme avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel la France est partie.

«La proposition d’interdiction administrative de manifester, l’établissement de mesures de contrôle supplémentaire et l’imposition de lourdes sanctions constituent de sévères restrictions à la liberté de manifester. Ces dispositions pourraient être appliquées de manière arbitraire et conduire à des dérives extrêmement graves,» ont souligné les experts.


«Nous encourageons la France à repenser ses politiques en matière de maintien de l’ordre et encourageons les autorités françaises à ouvrir des voies de dialogue afin d’atténuer le niveau de tension et de reconnaître le rôle important et légitime que les mouvements sociaux jouent dans la gouvernance,» ont conclu les experts.

Clamer être le pays des droits de l’homme ne suffit pas pour en être

Ne cédez pas à la tentation d’affirmer que le président Macron a transformé la France en un état policier. Il ne fait que suivre une longue tradition.

Claironner que la France est la patrie des droits de l’homme, et réprimer les manifestations qui dérangent le pouvoir (et seulement celles-là) selon des méthodes dignes des dictatures, c’est la réalité de la France, et elle doit être regardée en face – tout en mesurant avec lucidité qu’il existe bien pire – mais sans se mentir sur la réalité.

En septembre 2014, alors que les manifestations contre le mariage pour tous battaient leur plein, le Centre européen pour le droit et la justice (2) a mis en cause les méthodes et la répression policière du gouvernement socialiste Valls Taubira.

  • Comme l’ONU pour les Gilets jaunes, la commission avait dénoncé les abus de garde à vue et la violation des droits fondamentaux, confirmant que les abus d’enfermement et d’irrespect des droits de l’homme sont la norme et non l’exception chaque fois que le gouvernement devrait au contraire les respecter.
  • Comme pour les Gilets jaunes, l’UE avait dénoncé les abus de contrôles et vérifications d’identités.
  • L’UE avait également dénoncé le fichage politique d’environ 700 personnes contrôlées.
  • Et comme pour les Gilets jaunes, l’interdiction de manifester, la politique d’intimidation et de dissuasion des manifestants, l’usage disproportionné de la force, avaient été sévèrement critiqués.
  1. Ohchr.org
  2. Eclj.org

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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