Publié par Gaia - Dreuz le 17 février 2019

Sur Infochretienne, les Pasteurs Luc Henrist (Belgique) et Franklin Yebga (Cameroun) mettent en garde contre le risque de dérive antisémite du Cameroun. Nous publions ici leur prise de position.

Qui aurait pu imaginer une chose pareille ? Cela fait des années que le Cameroun et Israël jouissent de bonnes relations diplomatiques. En effet, pratiquement dès l’indépendance du Cameroun, Israël a reconnu ce pays et établi des relations avec celui-ci. Ensuite, à cause de la guerre du Yom Kippour, en 1973, ces relations ont été interrompues mais ont reprises en 1986. Israël apporte une aide cruciale dans plusieurs domaines au Cameroun, et notamment dans le domaine du transfert de la technologie, technologie de la maîtrise de l’eau mais aussi sur les questions agricoles, sécuritaires et la formation des unités d’élites de l’armée camerounaise. Ces relations sont basées sur des projets à court et long-termes.

À travers son Agence pour le développement de Coopération Internationale (en Hébreu MASHAV), Israël partage des développements dans le domaine social, de l’éducation, de la protection de l’environnement, de l’expertise technologique avec des pays dans le monde entier. MASHAV est maintenant actif dans plus de 132 pays dans le monde.

Mais, en dépit de tout cela, en dépit de la bonne entente et des avantages dont le Cameroun bénéficie à travers cette coopération, un grand froid a été jeté après que le Ministre délégué auprès du Ministre de la justice garde des sceaux, Me Jean De Dieu Momo, ait prononcé des propos antisémites au cours de l’émission « Actualités Hebdo » du dimanche 03 février 2019. Celui a déclaré : « En Allemagne, il y avait un peuple qui était très riche, et qui avait tous les leviers économiques, c’était les Juifs. Ils étaient d’une arrogance telle que les peuples allemands se sentaient un peu frustrés. Puis un jour est venu au pouvoir un certain Hitler, qui a mis ces populations-là dans des chambres à gaz. Il faut que les gens instruits comme M. Kamto puissent savoir où ils amènent leur peuple ».

L’Ambassade d’Israël s’est dite « outragée […] par cette sortie qui décrit avec légèreté une histoire aussi triste et tragique de l’Humanité »

La réaction de l’Ambassade d’Israël auprès du Cameroun ne s’est pas fait attendre. Le lendemain, elle publiait un communiqué à travers lequel elle réclame des « excuses immédiates ». L’Ambassade s’est dite « outragée […] par cette sortie qui décrit avec légèreté une histoire aussi triste et tragique de l’Humanité, qui fait entorse à l’image des relations entre nos deux peuples ». Il est vrai que le moment était particulièrement mal choisi car cette déclaration était faite juste une semaine après que le monde et le Cameroun aient participé à la commémoration de la Journée Internationale de Souvenir de l’Holocauste (le 27 janvier). De plus, et surtout, ce qui est particulièrement choquant, c’est qu’un Ministre, qui est censé être éduqué et intelligent, puisse se permettre de relayer des stéréotypes antisémites bien connus tels que : « Les Juifs sont (tous) riches, ils détiennent les leviers du pouvoir économique, ils sont arrogants, ils sont avares, etc… ». Ces stéréotypes circulent allègrement à travers des livres tels que « Les Protocoles des Sages de Sion » publié par la Police Tzariste à la fin du XIXème siècle. Ce « roman » est en réalité un plagia d’un livre publié auparavant et qui présente les Juifs comme un peuple supérieur, détenant le pouvoir dans bien des domaines et qui use de complots pour contrôler le monde. Ce livre, interdit à la vente en Europe, est pourtant en vente libre dans bien des pays du monde, notamment à travers Internet… En fait, l’influence de ce « livre » est grande : Depuis le 11 septembre 2001, Les Protocoles des Sages de Sion, brûlot antisémite, est redevenu un best-seller mondial.Cela serait lié au fait qu’une rumeur circule aux Etats-Unis selon laquelle aucun juif n’aurait péri dans les attentats contre le World Trade Center pour la bonne raison qu’eux-mêmes, « les juifs », en seraient les commanditaires… Et ainsi de suite…

« Les Juifs ne sont pas collectivement responsables de la mort de Jésus »

A travers les siècles, les Juifs ont toujours été vus comme les « manipulateurs », les « complotistes », ceux qui « détiennent le pouvoir », les « traîtres par excellence » (On pense ici à l’Affaire Dreyfus en 1894. Dreyfus fut accusé de trahison, alors qu’il était innocent). Mais cette accusation de trahison remonte à bien plus loin… Ne dit-on pas dans le langage courant : « Traître comme Judas » ? Dans l’esprit de beaucoup de chrétiens, le Juif est l’ennemi par excellence, celui qui a trahi Jésus, qui a participé à sa crucifixion, celui qu’on a le droit, et même le devoir, de détester car, outrage suprême, c’est lui qui est coupable de « déicide » (d’avoir tué Dieu !) Cette accusation a été réfutée par l’Eglise Catholique, notamment en 1992, par ces paroles : « Les Juifs ne sont pas collectivement responsables de la mort de Jésus. En tenant compte de la complexité historique du procès de Jésus manifestée dans les récits évangéliques et quel que puisse être le péché personnel des acteurs du procès (Judas, le Sanhédrin, Ponce Pilate) que seul Dieu connaît, on ne peut en attribuer la responsabilité à l’ensemble des Juifs de Jérusalem, malgré les cris d’une foule manipulée et les reproches globaux contenus dans les appels à la conversion après la Pentecôte. Jésus Lui-même en pardonnant sur la Croix et Pierre à sa suite ont fait droit à l’ignorance (Ac 3,17) des Juifs de Jérusalem et même de leurs chefs. Encore moins peut-on, à partir du cri du peuple : « que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (Mt 27,25) qui signifie une formule de ratification, étendre la responsabilité aux autres Juifs dans l’espace et dans le temps. Aussi bien l’Église a-t-elle déclaré au concile Vatican II (1965) : « Ce qui a été commis durant la Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. […] Les Juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu, ni maudits comme si cela découlait de la Sainte Écriture ». Cependant, et en dépit de ces déclarations, de nombreux chrétiens dans le monde entier tiennent encore les Juifs responsables de la mort de Jésus, alors que Lui-même avait déclaré (Jean 10) « Le Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne ne me l’enlève, mais je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre. Tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. »

La mission de Jésus était de venir sur la terre et donner Sa vie pour payer notre dette

La mission de Jésus était de venir sur la terre et donner Sa vie pour payer notre dette, le prix de notre péché. C’était cela le plan de Dieu sans lequel nous ne pourrions pas être sauvés. On voit donc que les Juifs ont toujours été accusés, soit d’avoir commis des atrocités, soit d’avoir trop de pouvoir. On les accuse de pratiquement tous les maux de la terre, notamment d’avoir répandu la peste ! Pourquoi ? Parce que c’est LE peuple que Dieu s’est choisi, c’est LE peuple ÉLU et cela rend plusieurs jaloux. Cela rend surtout satan furieux qui sait que Dieu a utilisé et utilisera encore ce peuple pour réaliser Ses plans dans notre monde. N’oublions pas que le « salut vient des Juifs » !

Alors, nous trouvons particulièrement regrettable qu’une personne éduquée, un Ministre qui représente le gouvernement de son pays, puisse se permettre de répandre ces vieux stéréotypes antisémites en direct à la télévision et lancer, ce faisant, des incitations à la haine raciale. Dans un communiqué de presse du Ministre de la communication M. Sadi Emmanuel daté le 4 février, il est stipulé que « M. Momo parlait strictement en son nom. Le gouvernement du Cameroun déplore fortement les commentaires inappropriés du personnage et s’en dissocie entièrement. Il voudrait rappeler que le Cameroun et le gouvernement d’Israël entretiennent d’excellentes relations depuis longtemps, basées sur une amitié forte et sincère. » Selon le journal la Météo No. 950 du 8 février 2019, M. Momo aurait présenté ses excuses, rétablissant ainsi la confiance entre les deux pays.

A force d’entendre le mensonge, on finit par croire qu’il est la vérité

En attendant, il est regrettable que certaines personnes qui ne cachent pas leurs sentiments antisémites pour lesquels ils pourraient être traînés en justice, en ont profité pour « jeter de l’huile sur le feu » en ravivant par leurs commentaires sur Internet, ces stéréotypes antijuifs. A force d’entendre le mensonge, on finit par croire qu’il est la vérité. Par exemple, comment faire comprendre à ces journalistes et hommes politique que le peuple palestinien n’existe pas ? C’est tout simplement, le bluff du siècle. Il est clair que le conflit « Palestino-Israélien » tel qu’il nous est présenté par la vaste majorité des médias ne nous permet pas de baser notre opinion sur la réalité, sur les faits historiques, ni sur ce qui se passe réellement sur le terrain aujourd’hui. Et il faut l’admettre, cette désinformation engendre la haine du Juif et d’Israël.

En ces moments où l’antisémitisme prend de plus en plus d’ampleur dans le monde en général et même au Cameroun, ces paroles du Psaume 83 semblent reprendre vie : « Ils forment de perfides complots contre ton peuple, ils conspirent contre ceux que tu protèges : « Venez, disent-ils, exterminons-les du milieu des nations, et qu’on ne se souvienne plus du nom d’Israël ! » Mais plus loin, leur fin est prophétisée : « Qu’ils soient confondus et épouvantés pour toujours, qu’ils soient honteux et perdus ! Qu’ils reconnaissent que toi seul, toi dont le nom est l’Eternel, tu es le Très-Haut sur toute la terre ! »


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