Publié par Thierry Ferjeux Michaud-Nérard le 20 février 2019

Henri Seckel sur Le Monde : “Tweet antisémite : le parquet requiert la relaxe de Gérard Filoche”. L’ancien membre du Parti socialiste comparaissait pour “provocation à la haine ou à la violence” envers la communauté juive. L’un des membres fondateurs de SOS-Racisme jugé pour un tweet antisémite a plaidé la négligence“. En clair, un coup antisémite foireux et un fait curieusement transformé par la défense en une banalité et une sorte de “négligence” antisémite !

Henri Seckel plaide : “Devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, où Gérard Filoche comparaissait pour “provocation à la haine ou à la violence”, il y avait comme une erreur de casting !”

Objet du délit, un photomontage publié le 27 novembre 2017 sur Twitter par celui qui fut le représentant de l’aile gauche du Parti socialiste. On y voit Macron surplombant un globe terrestre barré du slogan : “En marche vers le chaos mondial” arborant un brassard nazi sur lequel le dollar $ a remplacé la croix gammée. En arrière-plan figurent l’économiste Jacques Attali, l’homme d’affaires Patrick Drahi, le banquier Jacob Rothschild, juifs tous les trois, ainsi que les drapeaux américain et israélien.

Son tweet est resté en ligne suffisamment longtemps pour être largement relayé et valoir à son auteur un déluge de réprobation et son exclusion du PS.

À la barre, Filoche n’a pas cherché à minimiser la teneur antisémite du photomontage. Il a plaidé la “négligence”. “Dès que j’en ai eu conscience, je l’ai retirée. C’est plus important de l’avoir retirée que de l’avoir mise !” Filoche a transformé son procès en meeting anticapitaliste et anti-Macron : “Je suis un pacifiste et je dénonce la violence de Macron. Ce qui produit le chaos mondial, la guerre, c’est la finance. Et la finance n’est ni juive, ni musulmane, ni catholique. Elle est la finance.” “J’ai toujours été antiraciste.”

“On ne peut pas, à cause d’une erreur de manipulation, douter de mon engagement. En m’accusant, vous ne défendez pas la cause !”

(de la “négligence” antisémite de la gauche ultra peut-être ?)

Alors que l’avocate d’une des associations s’étant constituées parties civiles (la Licra, le MRAP, France-Israël, etc.) tentait de faire un lien entre son tweet et “l’antisémitisme qui tue, comme on l’a vu avec Ilan Halimi [en 2006], Sarah Halimi [en 2017], ou Mireille Knoll [en 2018]”, l’ancien trotskiste s’est agacé !

“Mais j’ai marché après la mort de chacune de ces personnes ! Je combats l’antisémitisme, je hais ceux qui sont antisémites. En accusant quelqu’un comme moi, vous ne défendez pas la cause !”

Me Cyril Bonan, l’avocat de Jacques Attali : “Je crois à votre combat, mais je crois (aussi) qu’en un instant de colère, vous avez cédé à la haine”… “Vous avez cédé à cette image facile (de l’ultra gauche), à cette propagande dangereuse, qui est le lien entre les juifs et le grand capital.”

“Si ce montage n’est pas une provocation à la haine des juifs, alors qu’est-ce qui va tomber sous le coup de la loi ? Qu’une image pareille ne soit pas condamnée, ce serait incompréhensible !”

“Le débat n’est pas de dire si M. Filoche est antisémite ou non, a lancé la procureure d’entrée de réquisitoire. Mais le fait qu’on pense qu’il l’est ou non ne peut pas être balayé d’un revers de la main.”  

Elle a rappelé que le prévenu s’était excusé publiquement, qu’aucune autre trace antisémite n’avait été trouvée dans ses quelque 160 000 tweets, et qu’il avait publié en avril un Manifeste contre le racisme et l’antisémitisme. Si elle n’a pas été absolument convaincue par la sincérité de M. Filoche quand il dit qu’il n’a pas compris l’image, il subsiste néanmoins un “doute quant à son intention” de commettre un délit.

Elle a requis la relaxe. Jugé par la même chambre pour avoir publié la même image, l’essayiste Alain Soral avait été relaxé en mars, le parquet, qui avait requis cinq mois ferme, a fait appel. “Le montage, aussi contestable soit-il, ne constitue pas une provocation à la haine contenant une exhortation, même implicite, rejaillissant sur la totalité d’une communauté définie par l’appartenance à la religion juive”, avait estimé le tribunal à l’époque. Peut-il aujourd’hui condamner Gérard Filoche ?

Question : Depuis quand est-on jugé pour avoir eu “l’intention de commettre un délit ?” Les faits sont les faits et la justice statue sur des preuves, pas sur des intentions.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Thierry-Ferjeux Michaud-Nérard pour Dreuz.info.

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