Publié par Jean-Patrick Grumberg le 21 février 2019

Suite à la parution d’un rapport indiquant que l’antisémitisme a fait un bon de 74% en 2018 (1), le tout coiffé par les keffiehs des derniers événements, le Premier ministre Netanyahou s’est entretenu avec le président Macron. Autant pisser dans un violon.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, mercredi 20 février 2019, s’est entretenu par téléphone avec le Président français Emmanuel Macron et a condamné l’antisémitisme en France et en Europe.

Le président français Macron a déclaré au Premier ministre Netanyahou qu’il adopterait la définition de l’Alliance internationale du souvenir de l’Holocauste (IHRA), qui détermine que l’antisionisme est une forme d’antisémitisme (4). Le Premier ministre a exprimé sa gratitude – sans se faire la moindre illusion.

Car Macron ne va pas tenir son engagement, et Netanyahou le sait. Et s’il le tient, il défera ce qu’il aura fait.

Macron a parlé parce qu’il sait parler, mais c’est à peu près tout ce qu’il a démontré être capable d’accomplir dans son emploi de président où il rate tout. Il n’a ni le courage politique de contrer les barons du Quai d’Orsay, un pouvoir dans le pouvoir qui dicte la même politique étrangère de la France quels que soient la couleur politique ou la volonté des gouvernements, et dont les votes à l’ONU et à l’UNESCO sont systématiquement anti-israéliens.

Il ne va pas non plus s’opposer à l’AFP, violemment antisioniste, ni à la presse, ni surtout à France télévision, une fourmilière syndicale contrôlée par la terreur par les rouges, et qui diffuse, répand et accentue la haine d’Israël – l’antisionisme – donc l’antisémitisme.

Que dit la définition de l’Alliance du souvenir de l’Holocauste

“L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs, qui peut s’exprimer par de la haine envers les Juifs. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme sont dirigées contre des individus juifs ou non juifs et/ou leurs biens, contre des institutions communautaires juives et des installations religieuses.”

https://www.holocaustremembrance.com/node/196

L’IHRA donne les exemples suivants à titre d’illustrations – et vous allez comprendre pourquoi Macron ne tiendra pas parole :

  • Les manifestations de l’antisémitisme peuvent inclure le ciblage de l’État d’Israël, considéré comme collectivité juive. Toutefois, des critiques à l’égard d’Israël similaires à celles formulées à l’encontre de tout autre pays ne peuvent être considérées comme antisémites.
  • L’antisémitisme accuse souvent les Juifs de conspirer pour nuire à l’humanité, et il est souvent utilisé pour blâmer les Juifs d’être responsables de “pourquoi les choses vont mal”.
  • Il s’exprime par la parole, l’écriture, les formes visuelles et l’action, et emploie des stéréotypes sinistres et des traits de caractère négatifs.

Les exemples contemporains d’antisémitisme dans la vie publique, dans les médias, à l’école, sur le lieu de travail et dans la sphère religieuse peuvent par exemple, compte tenu du contexte général, inclure les aspects suivants :

  • Appeler, aider ou justifier le meurtre ou la violence contre les juifs au nom d’une idéologie radicale ou d’une vision extrémiste de la religion.
  • Faire des allégations mensongères, déshumanisantes, diabolisantes ou stéréotypées sur les Juifs en tant que tels, ou sur le pouvoir des Juifs en tant que collectivité – comme, en particulier mais pas exclusivement – le mythe d’une conspiration juive mondiale ou de Juifs contrôlant les médias, l’économie, le gouvernement ou les autres institutions sociales.
  • Accuser les Juifs en tant que peuple d’être responsables d’actes répréhensibles, réels ou imaginaires, commis par un seul individu ou groupe juif, ou même d’actes commis par des non-Juifs.
  • Nier le fait, la portée, les mécanismes (par exemple les chambres à gaz) ou l’intentionnalité du génocide du peuple juif aux mains de l’Allemagne nationale-socialiste et de ses partisans et complices pendant la Deuxième Guerre mondiale (l’Holocauste).
  • Accuser les Juifs en tant que peuple, ou Israël en tant qu’État, d’avoir inventé ou d’avoir exagéré l’Holocauste.
  • Accuser les citoyens juifs d’être plus loyaux envers Israël, ou envers les prétendues priorités des juifs du monde entier, qu’envers les intérêts de leurs propres nations.
  • Priver le peuple juif de son droit à l’autodétermination, par exemple en prétendant que l’existence d’un État d’Israël est une entreprise raciste.
  • Appliquer deux poids, deux mesures en exigeant d’elle un comportement qui n’est pas attendu ou exigé d’une autre nation démocratique.
  • Utiliser les symboles et les images associés à l’antisémitisme classique (par exemple, les affirmations de Juifs tuant Jésus ou la diffamation du crime de sang) pour caractériser Israël ou les Israéliens.
  • Faire des comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des nazis.
  • Tenir tous les Juifs collectivement responsables des actions de l’État d’Israël.

Les actes antisémites sont criminels lorsqu’ils sont définis comme tels par la loi (par exemple, le déni de l’Holocauste ou la distribution de matériel antisémite dans certains pays).

Les actes criminels sont antisémites lorsque les cibles des attaques, qu’il s’agisse de personnes ou de biens – tels que bâtiments, écoles, lieux de culte et cimetières – sont choisies parce qu’elles sont juives ou liées aux Juifs, ou perçues comme telles.

La discrimination antisémite est le déni fait aux Juifs des opportunités ou des services disponibles pour les autres, et elle est illégale dans de nombreux pays.

Parole… parole… parole

A ce jour, la définition de l’antisémitisme proposée par L’IHRA a été adoptée et approuvée par les gouvernements et organismes suivants :

  • Le Royaume-Uni (12 décembre 2016), avec des modifications à la demande des Travaillistes, dont le leader Corbyn est un antisémite patenté.
  • Israël (22 janvier 2017),
  • l’Autriche (25 avril 2017),
  • l’Écosse (27 avril 2017),
  • la Roumanie (25 mai 2017),
  • l’Allemagne (20 septembre 2017),
  • la Bulgarie (18 octobre 2017),
  • la Lituanie (24 janvier 2018),
  • les Pays-Bas (27 novembre 2018),
  • la Slovaquie (28 novembre 2018),
  • la République de Moldova (18 janvier 2019),
  • la République tchèque (25 janvier 2019),
  • l’ancienne République yougoslave de Macédoine (6 mars 2018).

Et malgré ça, en 2018, les actes antisémites ont augmenté partout en Europe, l’adoption de la définition de l’IHRA n’y a rien changé comme on pouvait s’en douter car le mal est ailleurs et n’est pas adressé.

3 juifs européens sur 10 ont déclaré avoir été harcelés au moins une fois pendant l’année en raison de leur identité.

  • En Grande-Bretagne, pays où la liberté d’expression est supposée plus grande et mieux protégée que dans les autres pays européens, le nombre d’incidents antisémites pour 2018 a été le deuxième plus élevé enregistré depuis plus de deux décennies. (2)
  • Le nombre le plus élevé jamais relevé a été enregistré au cours des six premiers mois de l’année dernière (786).
  • Sur l’ensemble de l’année 2017, il y a eu 1 414 incidents antisémites, contre 541 en 2008.
  • À l’époque, il s’agissait du troisième chiffre annuel le plus élevé enregistré depuis qu’il a commencé à être mesuré en 1984. Mais à l’époque, l’islam n’avait pas la présence et la force qu’il a maintenant.

Fiyaz Mughal, fondateur de Tell MAMA (La foi est importante – musulmans contre l’antisémitisme), a déclaré fin décembre qu’il faudra 30 ans pour annuler l’augmentation de l’antisémitisme qui s’est produit durant les 5 dernières années en Europe (3).

L’antisémitisme caché en plein jour

Une phrase de Blackbird des Beattles me revient. Paul Mc Cartney chante : “into the light of the dark black night” – dans la lumière de la nuit noire et sombre.

Il est aussi incohérent de penser qu’il puisse y avoir de la lumière dans le noir, et encore plus dans la nuit noire, que de haine de l’Etat des juifs sans aucune haine des juifs.

D’ailleurs l’antisémitisme est si mal dissimulé derrière l’antisionisme que s’il voulait se montrer, il ne choisirait pas de meilleur déguisement. En fait il n’existe aucun autre déguisement :

  • Ce n’est plus tendance, de souhaiter un monde débarrassé des juifs, alors on souhaite un monde sans l’Etat juif.
  • Ca fait mauvais genre, de dire aux juifs qu’ils sont de trop en Europe, alors on leur dit qu’ils sont de trop au Moyen-Orient.
  • On ne dit plus que les juifs volent le pain des autres, alors on dit qu’ils volent la terre des autres.
  • Personne n’accuse plus les juifs de tuer des jeunes chrétiens pour faire de leur sang du pain azyme, alors on dit qu’ils tuent des jeunes palestiniens pour assouvir le même désir.
  • Ce n’est plus à la mode de jeter au juif qu’il est un métèque parmi les blancs, alors on lui lance qu’il est un blanc parmi les métèques.
  • Et quand l’antisémite lui dit “dégage d’Europe t’es pas chez toi”, l’autre antisémite répond “dégage de Palestine, c’est pas chez toi !”.

Quel est le meilleur endroit dissimuler l’antisémitisme ? Là où personne ne pense que l’antisémitisme se cache.

Qui entretient, diffuse, répand la haine sous notre nez ? Les médias. Cachés en plein jour.

Et Macron ne fera rien – il ne s’appelle pas Trump.

Et aucune déclaration acoustique d’aucune autorité morale fut-elle holocaustique n’y changera rien : quand on ne désigne pas le mal, on applique le mauvais traitement.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. Nice Matin
  2. BBC
  3. Metro
  4. Holocaust Remembrance

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