Publié par Magali Marc le 24 février 2019

Comme je le prévoyais Trudeau est toujours en avance au Québec malgré le «scandale» de l’affaire SNC-Lavalin. Tous les analystes sont d’accord pour dire que, cette fois-ci, Trudeau va surtout avoir besoin des votes québécois pour être reporté au pouvoir en octobre prochain. Or, l’affaire SNC-Lavalin qui devait le couler ne semble pas vraiment lui nuire.

Un sondage réalisé par Mainstreet du 12 au 17 janvier 2019 indiquait que l’avance du Parti libéral (PLC) avait fondu de quelques points dans les intentions de vote fédérales des Canadiens depuis novembre dernier. Cependant, au Québec, les Libéraux de Justin Trudeau étaient en avance avec 42 % des appuis, comparativement à 19 % pour les conservateurs, 13,5 % pour le Bloc québécois (BQ) et 9 % pour le NPD. Le Parti vert (PV) a la faveur de 7,2 % de l’électorat comparativement à 4,2 % pour le Parti populaire du Canada (PPC).

Même si les sondages accordent maintenant une légère avance à Andrew Scheer et ses Conservateurs dans l’ensemble du pays depuis qu’a éclaté l’Affaire SNC-Lavalin, les Libéraux continuent de mener au Québec.

En effet, selon les résultats du dernier sondage effectué le 17 février par Mainstreet-Cogeco, le parti de Justin Trudeau demeure en tête des intentions de vote au Québec. Le sondage crédite ainsi les Libéraux de 34,5 % des intentions de vote, loin devant les Conservateurs (18,2 %). Sur l’île de Montréal, les Libéraux dominent largement avec 49,8 % des intentions de vote. Ils sont en tête partout au Québec, à l’exception de la région de Québec où ils sont troisièmes.

L’Affaire SNC-Lavalin

Selon la GRC, la firme d’ingénierie SNC-Lavalin aurait corrompu un ou plusieurs agents publics libyens avec des pots-de-vin de $47,7 millions entre 2001 et 2011.

Au cours des 30 dernières années, SNC-Lavalin a obtenu des milliards de dollars de contrats en Libye, ayant développé des liens étroits avec Saadi Kadhafi, l’un des fils de Mouammar Kadhafi. La GRC croit que ce fils est celui qui a bénéficié de la part du lion des fortunes versées en pots-de-vin par SNC-Lavalin.

Selon ce que le Globe and Mail avançait il y a deux semaines, (en citant des sources confidentielles), le cabinet de Justin Trudeau aurait fait pression sur l’ancienne ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, afin qu’elle offre à la firme d’ingénierie québécoise dont le siège social est à Montréal, de négocier un accord de poursuite suspendue (APS). Son refus de le faire aurait mené à sa rétrogradation au sein du conseil des ministres, puis à sa démission.

Selon le plus récent sondage Mainstreet, 52% des répondants québécois pensent qu’il faut considérer les impacts économiques que pourrait avoir un éventuel verdict de culpabilité de l’entreprise au terme d’un procès. Ils ne sont donc pas portés à approuver l’attitude de Mme Wilson-Raybould même s’ils sont tout de même 49% à croire que le gouvernement ne devrait pas intervenir afin d’imposer une importante amende à SNC-Lavalin en échange de l’arrêt des procédures judiciaires.

Sondages décevants pour Andrew Scheer

Ainsi, tout compte fait, le dossier SNC-Lavalin n’empêche pas les Libéraux de dominer les intentions de vote, qui « demeurent solides en sol québécois » selon Luc Fortin, président de Recherche Mainstreet pour la division du Québec. « Les adversaires de Justin Trudeau semblent peu profiter de l’histoire concernant SNC-Lavalin

Un sondage de Public Square Research ( effectué entre le 13 et le 14 février 2019) révèle qu’une proportion plus élevée de répondants québécois suivent cette histoire que dans le reste du pays, et que les niveaux de sympathie pour Trudeau sont plus élevés au Québec qu’ailleurs. Par exemple, 41 % des répondants du Québec qui suivent l’histoire estime que Mme Wilson-Raybould a été traité équitablement par le premier ministre, comparativement à 31 % des répondants hors Québec.

Grâce à cette affaire, Andrew Scheer peut bien gagner quelques points dans les provinces où il mène déjà mais ça ne changera pas grand chose à ses chances de devenir premier ministre en octobre prochain.

C’est au Québec que le chef des Conservateurs doit prendre des votes aux Libéraux (il ne peut pas gagner les gauchistes du NPD ou du Parti Vert quelque soit leur intention de battre Trudeau !).

Tant qu’Andrew Scheer paraissait avoir une bonne entente avec Legault (notamment concernant les limites à l’immigration et le formulaire d’impôt unique), il pouvait retirer des dividendes de la popularité de Legault (considéré comme étant plutôt à droite) dont la lune de miel avec les Québécois tient la route malgré l’hostilité des médias gauchistes.

Mais avec l’affaire SNC-Lavalin, Scheer attaque Trudeau pour sa tentative de défendre une firme québécoise, basée à Montréal, contre une condamnation en cour de justice pour avoir « soudoyé » des fonctionnaires de Khadafi, il y a 20 ans. Et il le fait en dépit du plaidoyer de Legault qui demande que le gouvernement fédéral en arrive à une entente « le plus tôt possible » avec la firme d’ingénierie SNC-Lavalin afin de protéger les emplois et le siège social de la société à Montréal.

Quand on sait que toutes les firmes françaises ou américaines qui sont en compétition avec la firme montréalaise payent aussi des bakchichs – condition sine qua non pour faire des affaires avec les États corrompus de tout l’Orient – on ne voit guère pourquoi SNC-Lavalin qui a joué le jeu pour obtenir un juteux contrat créateur d’emplois au Québec, devrait servir de bouc émissaire et être sanctionné plus que les autres firmes qui n’ont eu à payer que quelques amendes symboliques pour avoir fait la même chose ! S’il y a corruption, c’est dans les États où les entremetteurs s’en mettent plein les poches.

Les gouvernements maintiennent ces soi disant règlements contre la corruption et les amendes versées vont dans leurs poches. Les gouvernements font du fric, les emplois sont maintenus, la morale est sauve et tout le monde est content !

Jusqu’à présent, Scheer n’a pas réussi à convaincre les Québécois que le gouvernement Trudeau devrait tomber pour avoir voulu défendre une firme québécoise.

Cela n’empêche pas de voir que la firme SNC-Lavalin a été impliquée dans diverses affaires de corruption au Canada, notamment quand d’anciens dirigeants de la firme ont été accusés individuellement d’avoir truqué l’appel d’offres du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Un directeur général adjoint du CUSM, Yanaï Elbaz, avait fourni des informations privilégiées à SNC-Lavalin afin de favoriser le géant de l’ingénierie dans sa soumission pour l’obtention du contrat de construction du mégahôpital. SNC-Lavalin avait versé des pots-de-vin de 22,5 millions à M.Elbaz et à l’ancien directeur général du CUSM, Arthur Porter, qui est décédé au Panama avant d’avoir pu être jugé. Yanaï Elbaz a été condamné à 39 mois de pénitencier pour son rôle dans cette affaire, alors que l’ex-vice-président de SNC-Lavalin, Riadh Ben Aïssa, a été envoyé en prison pour 51 mois.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Sources :

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