Depuis tôt ce matin 4 février, des Gilets jaunes gersois bloquent les sorties des camions de l’usine Danone de Villecomtal-sur-Arros.
Leur grief est-il dirigé contre le goût des yaourts de la marque ? Pas assez de fruits ? Même pas. Au lieu de ces motifs bien légitimes – on ne rigole pas avec la bonne bouffe – ils manifestent contre le fait que l’usine Danone est “une entreprise du CAC 40 qui touche le CICE”, cette usine à gaz socialiste donc stérile et contre-productive, créée l’ex-président de la rue du Cirque en scooter.
Le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), explique Libération (1), est un dispositif mis en place en 2013 sous François Hollande pour favoriser la compétitivité des entreprises françaises. Il consistait en un crédit d’impôt de 6% accordé aux entreprises sur la part de leur masse salariale ne dépassant pas 2,5 Smic.
Et Libé ajoute qu’il est “difficile d’identifier l’impact”. Et cela ne surprendra pas le libéral et le capitaliste que je suis. Pourquoi ? Moins l’Etat se mêle de la marche des entreprises, mieux elles se portent. Plus l’Etat tente de “réguler” le commerce, plus le commerce en souffre, et finalement, l’ensemble des citoyens.
Bref.
Donc les Gilets jaunes, ce matin tôt, s’en s’ont pris à Danone, parce que c’est une entreprise du CAC 40 et qu’elle touche le CICE. Il y a de quoi. C’est scandaleux que le citoyen finance des entreprises qui font plusieurs centaines de millions de bénéfices. Nous avons le même problème chez nous, où les citoyens de certains Etats financent Amazon, dont le patron est une des trois ou quatre personnes les plus riches du monde (en tous cas jusqu’à son divorce). Mais qui est coupable ? Danone ou l’Etat ?
Là où Michel Onfray et les Gilets jaunes se trompent de cible
Les Gilets jaunes, à l’instar de Michel Onfray, dénoncent dans ce CICE le “libéralisme”, alors que c’est le dirigisme d’Etat et le copinage entre les entreprises du CACA40 et le pouvoir qu’il convient de blâmer – ce qu’on appelle la perversion du capitalisme par le capitalisme de connivence.
Est-ce Danone le coupable – qui a accepté, avec 256 autres grandes entreprises de plus de 5000 personnes, le CICE, cette main tendue par le gouvernement pour redonner des miettes de ce qu’il prend de l’autre -, ou est-ce l’Etat qui n’aurait jamais dû se mêler de la vie des entreprises ?
Est-ce l’Etat, qui a tenté de maladroitement réparer une de ses pires erreurs, une de celles qui détruit l’industrie française, crée le chômage et la pauvreté et jette les gens aux carrefours un gilet jaune sur eux, à savoir l’excès d’impôts qui détruit la compétitivité par rapport aux pays étrangers, ou Danone qui exporte dans le monde entier et ramène de la richesse à la France ?
Les Gilets jaunes réclament plus de salaires minimum, plus d’impôts sur les riches (retour de l’ISF, taxer les flux financiers), au lieu de demander la disparition des aides sociales, de la sécurité sociale obligatoire, des retraites par répartition (un système tellement mauvais que ceux qui l’ont voté se sont concoctés pour eux-même un système cohérent, la retraite par capitalisation) et se plaignent – et ils ont raison et j’ai de l’empathie pour leur souffrance – de ne pas arriver à joindre les deux bouts. Ce sont les effets – trop de taxes, trop d’Etat, trop de bureaucratie – dont ils chérissent les causes – et ils veulent que l’Etat en fasse plus.
Pas touche à l’Etat maman
Les Gilets jaunes, et les Français en général, vivent sous l’aile protectrice de leur Etat maman. C’est maman qui soigne, qui paye une partie du loyer, qui paye l’éducation des enfants, et qui donne de l’argent de poche quand on n’a pas de travail. Maman est sacrée. Maman est intouchable, quand bien même maman détruit l’économie du pays, sa compétitivité et sa créativité en ponctionnant d’une main pour redistribuer de l’autre au lieu de laisser l’argent aux gens.
Lorsque je me suis installé à Los Angeles en 1990, mon assurance santé – pour toute la famille – m’a coûté 3500 dollars par an que j’ai dû payer de ma poche. Ce n’était pas obligatoire mais je préférais être assuré. Avant, c’était prélevé sur mon salaire, sans que je puisse donner mon avis. Cela m’était imposé de force par le pays de la liberté. Ça me coûtait en équivalent, 700 dollars chaque mois.
Onfray réclame la mainmise de l’Etat sur l’économie, donc sur la vie des gens. Il déplore les effets – l’appauvrissement, l’écrasement sous les taxes – d’un système qu’il appelle à tort libéralisme, au lieu de laisser – au lieu de libérer (libéraliser) les énergies, et il demande que l’Etat soit plus interventionniste encore pour mater les entreprises. Comme Danone.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
Vous l’avez dit à Michel Onfray : que vous a-t-il répondu ?
Certes, avec 2350 milliards de dettes, c’est dramatique et notre Etat à déjà , et depuis longtemps , jeté l’éponge .Leurs incompétences et surtout leurs besoin d’en croquer toujours plus nous a mis dans la merde ,et ceci depuis une trentaine d’années.
Mr Grimbert, j’aime bien vous lire mais pour Onfray vous faites erreur.
Fidèle lecteur de dreuz je suis à l’opposé des idées politiques de monsieur Onfray ,mais j’adhère complètement à l’article publié par dreuz, le concernant ,et la réponse à la question: les médias doivent-ils faire leur auto-critique? est une réponse d’anthologie à passer dans toutes les écoles de journalistes.(mais pardi, ils ne la passerons jamais! ) Quant au reste tout est dit.
Tout craque en ce moment.
Cela fait 40 ans que je rue dans les brancards mais devant mes clients j’évitais la politique , la gardant juste pour la famille et les amis.J’etais donc le fasho de service, le pétiniste,l’anti gaulliste après la guerre d’Algerie, le copain de jean Marie et de Marine, et j’en passe et des meilleures et cela amusait tout mes copains de la bonne société!
en Normandie ,pays de Mr Onfray, ou j’ai une maison de famille , deux voitures sur trois arborent le gilet jaune , mais dans le 92 c’est une honte d’en afficher un derrière le pare brise ,tous ces bons bobos écolos parfois gauchos avec un salaire moyen ,dans ma commune, de 5000 euros, sont des Macronistes en puissance, profitant à fond de la mondialisation.
Je pensais pas que la France profonde bougerait un jour, et je me désespérai de le voir , avant de partir.
Mais c’est en train de craquer , et ils ne veulent plus être pris pour des cons et beaucoup iront juste qu’au bout de l’aventure.
Cela mettra à mal , pour nous les anciens, nos économies accumulées par notre travail de toujours mais c’est le prix à payer pour plus de justice en France,et que pour tous ces notables condescendants ,et je pense aux élites, politiques, médias, et grands milliardaires , la plupart à gauche d’ailleurs ,qui méprisent le peuple, qu’ils goutent un peu la poussière ,seule façon de réaliser.
Nous ne sommes pas le pays du compromis mais celui de la révolte. C’est notre Histoire.
Tous les journalistes et analystes de mes d..x sont devenus inaudibles et pitoyables,
Beaucoup de français ne les écoutent plus.
Le problème étant qu’ils écoutent les sirènes, et vont aller veauter en masse pour leur malheur. Ils doivent passer beaucoup trop de temps devant la propagande des Merdias, et n’ont pas encore compris qu’ils devraient passer aux dessins animés: c’est bien plus instructif.
Ca c’est bien dit !
Onfray se trompe de cible et de vocable: ce n’ est ni le libéralisme ni le capitalisme qui sont en cause . C’ est le jacobin au pouvoir+ le copain proche du pouvoir qui font le coquin .
A bas les jacobins, les copains , les coquins…..
Le libéralisme n’est pas le problème, puisqu’on en est très loin en France et dans l’UE en général, malgré toutes les énormités qu’on dit régulièrement à ce sujet (“cette europe ultralibérale” etc… ne riez pas trop fort…). Le libéralisme, il faut le rappeler, c’est l’égalité de tous devant la loi, y compris l’état (donc pas de “droit administratif” et autres aberrations), et éviter le plus possible le recours à la coercition au profit des forces spontanées (donc libres).
Et oui! La question initiale des gilets jaunes était “qu’est-ce que vous faites du pognon?”, et on a réussi a faire trois mois d’antenne sans jamais donner la réponse, qui n’est pourtant pas si compliquée… Si on y pense c’est quand meme incroyable
Les libéraux n’ont cas proposer des solutions où cela est impossible et le mettre en oeuvre ensuite au lieu de passer leur temps à geindre sans rien faire ou presque. Les gérémiades des libéraux sont au moins insupportables que celles des socialistes ou autres communistes affiliés.
Dieu se rit des Français qui se plaignent du matraquage fiscal mais qui en chérissent toujours les causes, à savoir l’Etat-providence, l’Ecole nationale d’administration qui régente le pays depuis 1974 avec l’élection de Giscard, l’école nationale de la magistrature qui formate les juges à la justice sociale (mur des cons), la sécurité sociale, un tonneau des Danaïdes qui asphyxie l’économie française avec la CSG et la CDRS, la retraite par répartition qui est une pyramide de Ponzi, l’assistanat généralisé, le code du travail de 4000 pages qui est une usine à gaz, les 350 taxes et impôts iventés par les énarques de Bercy, etc, etc…
Conclusion : les Français veulent toujours plus d’égalité et de pauvreté, mais surtout pas de liberté qui leur permettrait de se prendre en charge
La justesse de votre analyse met en évidence tout le mal qui ronge la nation France
qui depuis des années amplifie un mouvement destructeur du tout état au détriment d’une nation dynamique qui aurait tous les atouts pour s’en sortir .
Si le libéralisme n’est pas quelque chose de nuisible en soi, son évolution permettant l’expression d’un capitalisme corrompu avec l’aide de l’Etat (capitalisme de connivence…) induit les pires conséquences ; particulièrement donc lorsque l’Etat ne joue plus son indispensable rôle de régulateur et de garant des tout aussi nécessaires règles et droits liés au libéralisme (cadre institutionnel), sans le respect desquels ce dernier ne peut qu’évoluer comme dit précédemment.
Si les choses sont à peu près claires sur le plan sémantique, nous pouvons donc convenir que le libéralisme n’est pas le problème ; pas plus que la possibilité d’intervention de l’Etat, cependant.
Cet article illustre parfaitement mon propos : http://www.slate.fr/story/96445/liberal-ou-capitaliste
Les arguties prétendant qu’il est nécessaire de transférer à la sphère privée, vue comme compétente par principe, tout ce qui pouvait permettre un peu de stabilité et d’espoir depuis l’après-guerre, notamment pour les moins bien lotis, oublient quelques “détails” :
– On parle beaucoup de liberté, mais dans le système capitalistique dans lequel nous évoluons, que certains subissent ou dont certains bénéficient plus que d’autres selon les latitudes, il y a celle de “réussir” (mais quel est le sens de ce mot ?) et aussi celle de crever quand on n’a pas eu la chance de “bien naître” et au bon endroit.
Des pays de l’Est, comme la Roumanie par exemple, pourraient vous en parler de cette accession à la “liberté” de l’ouest !
– Certains fragiles auront toujours besoin d’un “Etat maman” car nous ne naissons pas tous égaux à tous points de vue : bien sûr, on peut s’en référer à la dureté de la nature dans notre monde pour considérer que les faibles n’y ont pas leur place, ce qu’ont fort bien fait ou font encore certains dictateurs. Faut-il parler des résultats obtenus par cet abandon de principes éthiques proprement humains (chrétiens en partie, ou selon les goûts, humanistes ; que chacun choisisse son autre terme) ?
La seconde partie du programme du Conseil National de la Résistance dans l’immédiat après-guerre, bien entendu pas évoqué dans l’article, fut d’ailleurs une réponse indispensable aux tragiques effets générés par le nazisme et ce qui l’a permis, notamment un certain capitalisme avec son cortège d’avidités et de négations de droits fondamentaux.
– Que faites-vous de la corruption, que certes beaucoup permettent par complicité plus ou moins active ou passive (Cf. Hannah Arendt) mais dont tout le monde jusqu’au plus modeste membre d’un peuple n’est tout de même pas responsable à part égale ? : spéculations boursières toxiques, fuite de capitaux dans les paradis fiscaux, politiciens divers qui font que la “maman” en question est devenue malhonnête (est-ce d’ailleurs une raison pour culpabiliser ses enfants et dire qu’il ne peut par ailleurs exister de bonne mère ?)
Ne trouverait-on pas plutôt là des causes immédiates à la dégradation de nos sociétés, plutôt que chez ceux qui voudraient voir perdurer dans la sphère publique la gestion de l’énergie, de l’eau, l’éducation, une sécurité sociale, l’hôpital et des soins, et autres domaines qui s’accordent mal avec des intérêts privés à la seule recherche de profit ?
– Toutes choses publiques qu’il est parfaitement concevable de voir financer, quand ce n’est pas possible autrement, par un impôt unique, au besoin variable par tranches ; celui sur le bénéfice net, donc réel, qui serait plus juste que celui sur le chiffre d’affaires ou un bénéfice brut et éviterait sans doute beaucoup d’injustices comme la taxation abusive des personnes morales (certaines PMI…) et physiques qui gagnent peu. Sans oublier cette même imposition sur les flux financiers.
Eh oui ! Si déjà on ne peut empêcher cette injustice qui fait que l’argent produit de l’argent par des biais spéculatifs et que plus on est riche, mieux on peut accroître sa fortune.
“L’excès d’impôts qui détruit la compétitivité par rapport aux pays étrangers” étant au contraire le slogan type qui ne fait a priori rien d’autre que légitimer le dumping social.
Que la question ne soit pas simple, on le sait, tant les politiques ont vendu une bonne partie de leur pouvoir à des milieux qui n’ont rien de public, en devenant ainsi les otages permanents soumis à leur chantage non moins fréquent. (Fallait-il que la récompense miroitée pour soi-même et sa petite famille soit de taille pour une telle trahison des nations par leurs dirigeants !)
Ironie du sort en quelque sorte, on ne peut donc à présent pas accuser l’Etat de créer directement le chômage, puisque lorsqu’un élu tente du bout des lèvres de demander à une grosse entreprise d’assumer également un rôle plus social, il lui est invariablement répondu en substance : “si vous n’êtes pas content, je délocalise”. C’est bien cette dernière qui crée le chômage, même d’ailleurs quand aucun élu ne tente plus de la mettre face à ses responsabilités , tant certains actionnaires sont gourmands et peuvent l’être presque sans limites depuis les nouvelles déréglementations à partir des années 80.
Ce qui n’exonère en rien le politique de ses responsabilités puisqu’il a permis qu’on en arrive là, faute de contrôle démocratique que “le peuple” aurait pu réellement exercer un moment donné, opportunité qu’il n’a que trop peu saisie.
– A propos de Los Angeles : il paraîtrait tout de même que la grande pauvreté et la précarité gagnent du terrain dans cette ville, comme sans doute dans beaucoup d’autres endroits aux Etats-Unis. Il semble donc que ce pays soit loin de pouvoir être cité en exemple plus que d’autres quant à la stabilité de sa structure sociale, économique etc.
Et puis, que devient dans tout ça celui qui n’a pas les 3500 dollars (valeur 1990…) pour se payer sa couverture sociale ? Doit-il absolument être considéré comme responsable de sa mauvaise condition de “looser” dans ce “beau pays de liberté” où peuvent émerger les “winners”, et donc coupable de sa plus ou moins proche perte bien méritée ?
Et j’en viens à ce qui est désigné comme “un système cohérent, la retraite par capitalisation” ; système devant plus que probablement dans l’esprit du rédacteur de l’article, être entre les mains de la sphère privée : faut-il rappeler par exemple ce que sont devenus les fonds de pension des 20000 employés d’Enron aux Etats-Unis, et, partant, le sort des malheureux intéressés qui , à propos d’intéressement, n’ont finalement été intéressés à aucun profit puisque dépouillés de tout, y compris de leur pension de retraite ?
Bref, sans mettre d’emblée en doute l’éventuelle bonne foi et la validité partielle de certains arguments (capitalisme de connivence, trop de bureaucratie…) de M. Jean-Patrick Grumberg qui publie l’article “Je l’ai dit à Michel Onfray, je le dis aux Gilets jaunes : ne déplorez pas les effets dont vous chérissez les causes” et que je ne connais pas plus qu’il ne me connaît, j’ai tendance à penser que, pour le mieux, certains réduisent souvent la pensée de ce philosophe utile qu’est Michel Onfray à des approximations manquant profondément de sens.
Un comble me semble-t-il, étant donné sa capacité à accorder un sens profond au moindre détail, contrairement à certains de ses détracteurs. Un “simple” citoyen peut remarquer de telles choses et donc à certains journalistes, par exemple, de voir si on peut indéfiniment continuer à prendre les gens pour ce qu’ils ne sont pas forcément.
Je dis tout cela parce que je crois l’avoir constaté par moi-même “et je ne veux nommer personne”, comme dit la chanson. Un illustre inconnu de mon espèce peut se tromper et même un philosophe de la sienne, mais quand bien même l’on voudrait admettre qu’il a commis une erreur sémantique, ce qui n’est généralement pas son genre, en l’occurrence en matière économique, je ne vois en effet pas cet anarchiste à tendance proudhonienne souhaiter un Etat qui contrôlerait tout, pas plus qu’une bonne partie des “Gilets jaunes” d’ailleurs.
Mais sans doute au nom d’un certain réalisme, qu’il préfèrerait peut-être nommer “tragique”, peut-on imaginer qu’un Etat protecteur reste une (certes triste) nécessité dans un monde de sauvagerie capitalistique qui s’affranchit de plus en plus de règles élémentaires tendant à permettre un certain respect, non seulement de l’humanité, mais aussi de son “Umwelt” au sens le plus large du terme.
Un petit Français, gilet jaune (si on veut absolument lui coller un signe distinctif) parmi d’autres.