Publié par Jean-Patrick Grumberg le 4 février 2019

Depuis tôt ce matin 4 février, des Gilets jaunes gersois bloquent les sorties des camions de l’usine Danone de Villecomtal-sur-Arros.

Leur grief est-il dirigé contre le goût des yaourts de la marque ? Pas assez de fruits ? Même pas. Au lieu de ces motifs bien légitimes – on ne rigole pas avec la bonne bouffe – ils manifestent contre le fait que l’usine Danone est “une entreprise du CAC 40 qui touche le CICE”, cette usine à gaz socialiste donc stérile et contre-productive, créée l’ex-président de la rue du Cirque en scooter.

Le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), explique Libération (1), est un dispositif mis en place en 2013 sous François Hollande pour favoriser la compétitivité des entreprises françaises. Il consistait en un crédit d’impôt de 6% accordé aux entreprises sur la part de leur masse salariale ne dépassant pas 2,5 Smic.

Et Libé ajoute qu’il est “difficile d’identifier l’impact”. Et cela ne surprendra pas le libéral et le capitaliste que je suis. Pourquoi ? Moins l’Etat se mêle de la marche des entreprises, mieux elles se portent. Plus l’Etat tente de “réguler” le commerce, plus le commerce en souffre, et finalement, l’ensemble des citoyens.

Bref.

Donc les Gilets jaunes, ce matin tôt, s’en s’ont pris à Danone, parce que c’est une entreprise du CAC 40 et qu’elle touche le CICE. Il y a de quoi. C’est scandaleux que le citoyen finance des entreprises qui font plusieurs centaines de millions de bénéfices. Nous avons le même problème chez nous, où les citoyens de certains Etats financent Amazon, dont le patron est une des trois ou quatre personnes les plus riches du monde (en tous cas jusqu’à son divorce). Mais qui est coupable ? Danone ou l’Etat ?

Là où Michel Onfray et les Gilets jaunes se trompent de cible

Les Gilets jaunes, à l’instar de Michel Onfray, dénoncent dans ce CICE le “libéralisme”, alors que c’est le dirigisme d’Etat et le copinage entre les entreprises du CACA40 et le pouvoir qu’il convient de blâmer – ce qu’on appelle la perversion du capitalisme par le capitalisme de connivence.

Est-ce Danone le coupable – qui a accepté, avec 256 autres grandes entreprises de plus de 5000 personnes, le CICE, cette main tendue par le gouvernement pour redonner des miettes de ce qu’il prend de l’autre -, ou est-ce l’Etat qui n’aurait jamais dû se mêler de la vie des entreprises ?

Est-ce l’Etat, qui a tenté de maladroitement réparer une de ses pires erreurs, une de celles qui détruit l’industrie française, crée le chômage et la pauvreté et jette les gens aux carrefours un gilet jaune sur eux, à savoir l’excès d’impôts qui détruit la compétitivité par rapport aux pays étrangers, ou Danone qui exporte dans le monde entier et ramène de la richesse à la France ?

Les Gilets jaunes réclament plus de salaires minimum, plus d’impôts sur les riches (retour de l’ISF, taxer les flux financiers), au lieu de demander la disparition des aides sociales, de la sécurité sociale obligatoire, des retraites par répartition (un système tellement mauvais que ceux qui l’ont voté se sont concoctés pour eux-même un système cohérent, la retraite par capitalisation) et se plaignent – et ils ont raison et j’ai de l’empathie pour leur souffrance – de ne pas arriver à joindre les deux bouts. Ce sont les effets – trop de taxes, trop d’Etat, trop de bureaucratie – dont ils chérissent les causes – et ils veulent que l’Etat en fasse plus.

Pas touche à l’Etat maman

Les Gilets jaunes, et les Français en général, vivent sous l’aile protectrice de leur Etat maman. C’est maman qui soigne, qui paye une partie du loyer, qui paye l’éducation des enfants, et qui donne de l’argent de poche quand on n’a pas de travail. Maman est sacrée. Maman est intouchable, quand bien même maman détruit l’économie du pays, sa compétitivité et sa créativité en ponctionnant d’une main pour redistribuer de l’autre au lieu de laisser l’argent aux gens.

Lorsque je me suis installé à Los Angeles en 1990, mon assurance santé – pour toute la famille – m’a coûté 3500 dollars par an que j’ai dû payer de ma poche. Ce n’était pas obligatoire mais je préférais être assuré. Avant, c’était prélevé sur mon salaire, sans que je puisse donner mon avis. Cela m’était imposé de force par le pays de la liberté. Ça me coûtait en équivalent, 700 dollars chaque mois.

Onfray réclame la mainmise de l’Etat sur l’économie, donc sur la vie des gens. Il déplore les effets – l’appauvrissement, l’écrasement sous les taxes – d’un système qu’il appelle à tort libéralisme, au lieu de laisser – au lieu de libérer (libéraliser) les énergies, et il demande que l’Etat soit plus interventionniste encore pour mater les entreprises. Comme Danone.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. Liberation

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