Publié par Jean-Patrick Grumberg le 4 mars 2019

Nos articles sur l’utilisation des armes chimiques par Assad, nos critiques contre la ligne politique du Rassemblement national, et sur la Russie, voilà le tiercé gagnant de ce qui irrite le plus les lecteurs de Dreuz. Et pourtant, les faits doivent être rapportés.

La Russie est un pays relativement pauvre, dont le PIB égale seulement celui du Texas. C’est un pays mal connu et mal compris : tantôt adulé de manière irrationnelle, tantôt considéré comme le pire ennemi du monde libre. Je reproduis ci-dessous des extraits des déclarations du général Keane lors de l’émission Life Liberty & Levin du conservateur et avocat constitutionnel Mark Levin, ancien membre de l’Administration Reagan, écrivain, commentateur politique, et ancien chef de cabinet du ministre de la Justice Edwin Meese.

Jack Keane est un général quatre étoiles à la retraite, ancien vice-chef d’état-major de l’armée américaine, analyste en Défense, et président du conseil de l’Institute for the Study of War.

Général Keane lors de l’émission Life Liberty & Levin

Mark Levin : La Russie n’a pas un nombre énorme d’habitants, relativement à sa surface, et pourtant, sous Poutine, ils sont vraiment concentrés sur la R & D et leur appareil militaire.

Général Keane : C’est important de parler de certains des défis que la Russie a, parce qu’ils sont importants.

• Ils ont la plus grande masse terrestre de tous les pays du monde, sur laquelle vivent 150 millions de personnes, ce qui est moins de la moitié de la population de la population des États-Unis.

• Par rapport aux autres États industrialisés, ils sont numéro un pour le SIDA, numéro un pour les maladies respiratoires et cardiovasculaires. Ils ont un problème extrêmement important d’alcoolisme, et ils ont cela depuis des générations.

Leur économie est dans le pétrin, le rouble est en eaux troubles, l’inflation monte en flèche dans une spirale hors de contrôle. Et c’est un pays qui offre une marchandise unique : du pétrole et du gaz, et dont le prix varie en fonction de ce que sont les prix sur le marché.


Un pays traumatisé par la chute de l’URSS

Cela dit, je pense qu’en raison du fait que Poutine et les dirigeants qui l’entouraient ont souffert de l’effondrement de l’Union soviétique, et parce qu’ils étaient beaucoup plus jeunes, ils sont frustrés par leurs élites et leurs anciens dirigeants, qu’ils tiennent pour responsables.

En raison de cela, ils sont très motivés, galvanisés même, à l’idée de ramener la Russie sur le devant de la scène mondiale, et de redonner à la Nation un sentiment de grandeur.

Et si jamais l’un d’entre vous passe du temps en Russie à côtoyer le peuple russe, vous verrez que c’est un peuple qui a du cœur, qui est bon, et qu’ils sont coriaces.

22 millions de Russes ont été tués durant la Seconde Guerre mondiale. Ils se sont tenus debout face au nazisme, face à l’agression. Les Allemands sont arrivés à 45 km de Moscou, et ils ont fait rebrousser chemin à cette armée qu’ils ont vaincue. Ce qu’ils ont fait est tout à fait remarquable. C’est un peuple fier. Et Poutin le sait. Il sait que cette population est prête à souffrir.

La crainte d’une invasion occidentale

C’est ce que Poutine utilise dans sa stratégie, c’est ce qu’il fait. Il crée le mythe que les États-Unis sont vraiment l’agresseur dans le monde, que nous avons causé tous les problèmes au Moyen-Orient en Afghanistan, que nous sommes le problème stratégique, et ce qu’il faut faire, c’est contenir les États-Unis et l’OTAN, qui est aussi une menace.

Poutine pense “l’Allemagne était une menace pour nous dans le passé ; ce sera peut-être une menace pour nous à l’avenir”.

Alors que nous ne pensons pas que l’Allemagne va attaquer à tout moment, les Russes ont cette idée inscrite dans leur psyché.

Un Français était là au 19e siècle et a mis le feu à Moscou. Un Allemand était là au 20e siècle et était très près de faire à peu près la même chose.

Une fixation sur l’OTAN

Poutine fait une fixation sur l’OTAN. Il veut une zone tampon sur la frontière occidentale comme celle qu’ils avaient après la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1991 en Europe de l’Est.

Et tout cela fait largement partie de l’OTAN aujourd’hui.

Donc Poutine veut affaiblir l’Alliance transatlantique qui nous a si bien servis pendant toutes ces années.

Les défis d’un OTAN insuffisant

Il y a de vrais défis à relever avec l’OTAN.

Un grand nombre de gouvernements [européens] sont des social-démocraties, et certains des chefs d’Etat sont des incapables. Il ne se lèveront pas, même pour protègent leur propre peuple, et encore moins l’Alliance.

Certains n’ont aucune colonne vertébrale, contrairement à leurs prédécesseurs.

Comme l’a fait remarquer Henry Kissinger, dès l’instant où les Européens ont adopté les lignes de la démocratie sociale, ils auront du mal non seulement à se battre pour quelqu’un d’autre, mais même pour eux-mêmes, et je pense que cette déclaration prophétique qu’il a faite il y a 30 ans s’est avérée assez vraie.

Ceci étant dit, l’alliance de l’OTAN est très importante pour nous.

Ramollir la volonté américaine

La Russie voudra affaiblir l’OTAN un jour ou l’autre, elle voudra la briser, et ils veulent ramollir la volonté des Etats-Unis d’être le leader global dans le monde aujourd’hui.

Levin : Et pourtant, ils sont là, en Syrie, je pense qu’ils sont là au pôle Nord, et ils développent des armes hypersoniques pour systèmes d’armes comme les chinois.

Un soutien à Israël complexe

Photo : Haim Zach / GPO

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou était à Moscou la semaine dernière. Le ministre Zeev Elkin, proche de Netanyahou a laissé filtrer quelques indiscrétions de leur rencontre. Notre confrère CoolamNews a traduit la réponse de Poutine rapportée par Elkin.

Netanyahou : Nous n’oublierons jamais le rôle joué par la Russie et l’Armée rouge dans la défaite des nazis.

Il y a quelques jours, nous avons décidé d’achever le financement du Musée du Combattant Juif de la Seconde Guerre mondiale. Environ 500 000 Juifs combattirent dans l’Armée rouge. Bientôt, nous dédierons un mémorial à Jérusalem à ceux qui sont tombés pendant le siège de Leningrad.

Monsieur le Président, j’aimerais vous inviter à être notre invité d’honneur ; personne n’est plus méritant.

Monsieur le Président, j’ai compté onze réunions entre nous depuis septembre 2015. Le lien direct entre nous est un élément essentiel pour prévenir les risques et les frictions entre nos armées, et il contribue à la sécurité et à la stabilité dans la région.

La plus grande menace pour la stabilité et la sécurité dans la région vient de l’Iran et de ses mandataires [NDLR le Hezbollah]. Nous sommes déterminés à poursuivre notre action vigoureuse contre les tentatives de l’Iran, qui appelle à notre destruction, y compris ses tentatives d’enracinement militaire en Syrie.

Je voudrais en discuter avec vous, mais j’aimerais aussi parler de nos excellentes relations bilatérales, qui sont dues au fait que plus d’un million de russophones ont [immigré] et contribué à Israël, qu’ils font partie de notre pays, et qu’ils ont intégré [une partie de] la culture russe à la culture israélienne.

De plus, le tourisme [russe] est à son apogée :

• 400 000 Russes visitent Israël chaque année,

• et environ 200 000 Israéliens visitent Moscou chaque année. J’ai l’honneur de contribuer un peu à cette statistique [rires].

Et, en effet, dans tous ces domaines, je voudrais vous remercier pour votre amitié et pour la manière directe, ouverte et authentique dont nous entretenons les liens entre la Russie et Israël. Merci Monsieur le Président.”

La réponse de Poutine

Nous allons nous asseoir et parler de sécurité. Vous m’avez toujours entendu dire que la sécurité d’Israël est incontournable à mes yeux. Je le répète aujourd’hui devant vous. 

Pour nous, le souvenir des victimes de la Seconde Guerre mondiale est extrêmement important.

Il est très important que nous continuions à coopérer. C’est dans notre ADN.

Dois-je vous rappeler que la Russie a soutenu dès le début la création d’Israël. Nous restons fidèles aujourd’hui à ce que nous étions jadis.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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