Publié par Magali Marc le 10 mars 2019
Jody Wilson-Raybould (gauche) et Jane Philpott

Comme le décrit for justement Hélios d’Alexandrie dans son article récent, Justin Trudeau a surtout misé sur son image, de bon fils à papa, sincère, à l’esprit ouvert, multiculturaliste à la mode, gauchiste (quand ça l’arrange) et bien sûr féministe accompli.

L’affaire SNC-Lavalin a contribué à démolir cette image projetée par les médias complaisants à son égard. Mais, pour autant, les 2 ministres « féministes » démissionnaires et la députée Caesar-Chavannes, ne sont pas les parangons de vertu que certains croient.

Des démissions orchestrées

Jody Wilson-Raybould, l’Autochtone de la Colombie Britannique nommée ministre de la Justice en 2015 par Justin Trudeau, et rétrogradée trois ans plus tard au portefeuille des Anciens Combattants, a été la première à démissionner. C’est elle qui a ouvert le bal.

La démission de sa comparse, l’Ontarienne Jane Philpott, ex-présidente du Conseil du Trésor, allait dans le même sens. Elle ne fait plus confiance à Trudeau.

Apparemment, durant les trois dernières années, ces deux ministres n’avaient aucun problème avec le leadership de Trudeau !

Pour faire bonne mesure, une troisième comparse qui a soutenue Mme Wilson-Raybould, la députée libérale Celina Caesar-Chavannes, a déclaré cette semaine qu’elle a été accueillie avec hostilité et colère par Justin Trudeau quand elle lui a annoncé qu’elle quittait la politique, le 12 février dernier, c’est à dire le jour même où Mme Wilson-Raybould annonçait sa propre démission ! Et elle a attendu 4 semaines avant de se décider à en parler !

Au football, on appelle ça un une-deux exécuté à la perfection.

Si ces démissions et témoignages ne font pas partie d’un coup monté visant à démolir l’image du Premier Ministre et à avoir sa tête, c’est bien imité !

De vertueuses et intègres féministes ?

Ni la « vertueuse féministe », autochtone, ni l’Ontarienne Jane Philpott, ni la députée Caesar-Chavannes n’ont jugé bon de piper mot lorsque la « vieille histoire d’attouchements à caractère sexuel a été déterrée » par un journal local en juillet 2018 !

Mieux encore, pendant les 4 mois où elle a supposément été harcelée par les membres du bureau du Premier Ministre à propos de l’Affaire SNC-Lavalin, Mme Wilson-Raybould n’a rien dit, alors que son « indignation » aurait sans aucun doute fait les manchettes.

Avant de la canoniser pour avoir dénoncé le PM et les membres de son bureau, il faudrait peut-être tenir compte du fait qu’elle a accepté sa rétrogradation avec le sourire en soutenant devant les médias qu’elle ne considérait pas cela comme un revers.

Par la suite, elle a probablement fait couler au Globe and Mail la « nouvelle » (publiée le 7 février) selon laquelle elle avait subi des pressions indues et répétées du Bureau du Premier Ministre afin de la convaincre d’intervenir pour éviter un procès criminel à SNC-Lavalin, l’automne dernier. Elle a ensuite démissionné avec fracas, 4 jours plus tard, soit le 12 février.

Ceux qui souhaitent la démission de Trudeau refusent de tenir compte du fait que, selon les mots de Lysiane Gagnon (La Presse, 16 février) :

(…) l’ex-ministre Jody Wilson-Raybould incarne à la fois les femmes (catégorie devenue intouchable– sans jeu de mots), les autochtones (catégorie encore plus intouchable) et l’Ouest (qui nourrit encore un vif sentiment d’aliénation envers l’est du pays). Si la personne au centre de l’affaire était un homme de famille WASP (NdA : White Anglo-Saxon Protestant) , blanche et protestante de Mississauga, la crise serait moins intense. (…)

Une lectrice de l’Actualité demande pourquoi personne ne s’interroge sur ce qui a pu motivé l’entêtement de l’ex-ministre de la Justice dans l’Affaire SNC-Lavalin. Elle remarque que

« (…) Dans une vidéo on pouvait entendre son père, Bill Wilson, en 1983, informer Pierre Elliot Trudeau des ambitions de sa fille pour le poste de Premier Ministre.

Elle et son père sont contre le projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain. Ce clan presse l’avocat de SNC-Lavalin, Iacobucci, qui sert aussi d’émissaire dans le dossier Trans Mountain, de démissionner en raison du conflit d’intérêt dans lequel il se trouve placé… SNC Lavalin pourrait décrocher des contrats si ce projet se concrétisait (…) Ne pourrait-on pas voir là une possible motivation de la part de Jody pour son manque d’ouverture dans le dossier SNC-Lavalin ?? On tend en ce moment à la canoniser et à diaboliser Trudeau. En définitive,la ministre Raybould avait peut-être des comptes à régler tant avec SNC-Lavalin, qu’avec le gouvernement canadien et son représentant.

Son opposition avouée au projet Transport-Mountain pourrait-elle aussi, être une des raisons expliquant sa démotion en tant que Ministre de la Justice et Procureure Générale du Canada ?

Sainte Jody Wilson-Raybould ?

Lysiane Gagnon ajoutait dans sa chronique du 16 février :

Depuis une semaine, les médias influents du «Rest of Canada » s’activent à sculpter la statue de Mme Wilson-Raybould, l’héroïne sacrifiée aux vils intérêts électoraux de son chef au Québec. Une insulte aux femmes! Une insulte aux Premières Nations! Une insulte à la Colombie-Britannique!
On en est rendu à décrire comme extraordinairement inspirée une ministre dont les principales réalisations ont été de coprésider l’adoption de la loi sur le cannabis, et de concocter une loi sur l’aide à mourir qui ne fait que des mécontents.

Selon Le Devoir, le cabinet de l’ex-ministre Wilson-Raybould aurait vu passer, en trois ans, quatre directeurs de cabinet, quatre attachés de presse et trois directeurs des communications. On peut aussi se dire que si l’ex-ministre n’a pas compris l’importance de préserver, par des moyens légaux dont elle avait elle-même supervisé l’adoption aux Communes, une entreprise de l’importance de SNC-Lavalin, ce manque ahurissant de jugement politique suffirait en soi à l’exclure du Conseil des ministres. Il se peut aussi que le premier ministre ait fini par en avoir assez d’entendre la ministre Wilson-Raybould se répandre en critiques sur la façon dont le gouvernement menait les dossiers autochtones.

Or, voilà que l’affaire se corse. Cités par le confrère Joël-Denis Bellavance dans La Presse d’hier, l’avocat Jean-Claude Hébert et le sénateur Claude Carignan affirment que l’amendement apporté au Code criminel pour y introduire le régime d’accord de réparation aurait été modifié, à l’insu (ou non) du bureau du premier ministre, pour inclure une clause qui rend inapplicable à SNC-Lavalin la formule d’une entente à l’amiable. Mme Wilson-Raybould a refusé de s’expliquer sur cet ajout devant le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques.

Si ces allégations sont exactes, cela pourrait signifier que quelqu’un, nécessairement très haut placé au ministère de la Justice, aurait en quelque sorte saboté les chances de sauver SNC-Lavalin et ses milliers d’emplois.
Cela en soi justifierait la colère rétroactive de Justin Trudeau. Mais en même temps, un cafouillage aussi hallucinant indiquerait de graves failles au chapitre de la gouvernance de l’État.

Conclusion

J’ai écrit pour Dreuz de nombreux articles critiquant Justin Trudeau, même avant son élection. On pourrait difficilement m’accuser d’être une admiratrice, une groupie, ou une inconditionnelle du Parti Libéral du Canada !

Pour moi, son manque de leadership, sa mollesse, son idéalisation des Autochtones qui l’a poussé à mettre un ministère prestigieux entre les mains d’une avocate autochtone, ambitieuse mais inexpérimentée en politique, et sa réaction tardive aux déclarations de cette dame constituent autant de preuves de son incompétence, voire de sa naïveté.

Depuis le début de cette affaire, je dis que Trudeau va s’en tirer parce que les Québécois vont apprécier le fait qu’il ait chercher à éviter la déchéance de la firme SNC-Lavalin.

Pour autant les Québécois, (les lecteurs québécois de Dreuz en sont la preuve) ne sont pas dupes de Trudeau. Son multiculturalisme anti-nationaliste, son tweet d’accueil des réfugiés de tout poil, ses déguisements lors de son voyage en Inde,… leur ont tapé sur les nerfs. Le fait qu’il ait versé 10.5 millions à Omar Khadir, un terroriste ayant été emprisonné à Guantanamo, accompagné des excuses du gouvernement canadien (avec la bénédiction de la Ministre de la Justice !) n’a pas aidé non plus.

Bref, nous ne serions pas très attristés si Justin Trudeau décidait de prendre sa retraite. Mais de là à souhaiter que Mme Wilson- Raybould le remplace, il y a une marge !

Nota Bene : Pour ceux qui s’évertuent à dire que le rachat ou la disparition de SNC-Lavalin ne serait pas si grave , j’aimerais attirer leur attention sur la réflexion d’un lecteur anglophone du Globe and Mail. Ce dernier rappelle ce qui est arrivé à la firme Nortel :

Personne ne semble se souvenir de l’échec de Nortel aux environs de 2001. Des dizaines de milliers d’employés ont été touchés, même si beaucoup ont trouvé du travail dans d’autres entreprises. Des milliers de retraités ont perdu leur revenu de pension sans que ce ne soit de leur faute. Des vies de nombreux Québécois et Canadiens ont été détruites et tout le monde, y compris les gouvernements, sont resté les bras ballants à pontifier. D’innombrables investisseurs (y compris moi-même) ont pris les choses à la légère, et quand est venu le temps de démembrer la firme, les actifs, tous les brevets et connaissances accumulés ont été rachetés pour des milliards et dispersés à travers le monde. C’est triste de constater à quel point la mémoire collective est courte ! Seuls les avocats et les comptables ont profité de la disparition du géant canadien de la technologie. Errikson et Huawei en ont aussi profité pour acheter beaucoup de brevets. J’aimerais que tous nos politiciens à Ottawa étudient la disparition de Nortel et apprennent ce qu’ils peuvent faire afin d’éviter que cette histoire se répète !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Sources :

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