Publié par Gilles William Goldnadel le 13 mars 2019

Première question: y aurait-il une pénurie cruelle de polémiques sur fond de racisme?

Seconde question: est-ce le rôle de nos gouvernants de prendre parti pour une thèse en présence, lorsqu’une contestation se présente?

Il est hélas aisé de répondre à la première interrogation que la question du racisme est le thème principal et obsessionnel de nos temps médiatiques que je crois névrotiques. Mon lecteur sait bien que je la rattache au traumatisme post-shoatique, sans qu’il soit nécessaire que j’y revienne.

La question raciste – ou raciale ce qui revient au même – occupe ainsi tout l’espace. La presse, la création artistique et jusqu’aux colonnes humoristiques. Elle peut procurer une sorte de trouble jubilation ;

Pour certains de l’alimenter, pour d’autres de s’en plaindre, pour d’autres encore de vouloir persuader que la population française serait massivement raciste.Nos gouvernants feraient bonne politique d’être circonspects, et il n’y a rien à gagner pour les gouvernés d’être persuadés que le racisme habite là où il ne demeure pas forcément.

Dans ce contexte psychologiquement invasif, on peut répondre à la seconde question également par la négative. Nos gouvernants feraient bonne politique d’être circonspects, et il n’y a rien à gagner pour les gouvernés d’être persuadés que le racisme habite là où il ne demeure pas forcément.

Dans une récente chronique, consacrée à l’antisémitisme, j’allais même plus loin en considérant qu’il ne me paraissait ni utile ni sain de reproduire à des millions de fois l’œuvre d’un crétin antisémite sur une vitrine juive.

Je me suis fait immédiatement la même réflexion lorsque j’ai appris qu’une stèle indiquant une ancienne synagogue à Strasbourg avait été déplacée de son socle… On sait depuis qu’il s’agissait non d’un incident raciste mais routier…

Il est assez inutile que je précise, qu’au rebours, toute agression physique incontestable ne doit faire l’objet d’aucune occultation idéologique, comme on ne le constate que trop souvent.

Rien n’est mieux qu’un exemple concret et récent. L’incident, assez minuscule, que je vais relater à présent me servira donc d’illustration à cette thématique que je visite hélas régulièrement.

Dans une vidéo mise en ligne la semaine dernière par une Ligue de Défense Noire Africaine (LDNA) dont j’ignorais l’existence, Pauline C, locataire d’un commerce de boulangerie située à Levallois-Perret accusait ses copropriétaires de vouloir la faire partir par tous moyens en ce compris racistes. La Toile électronique inflammable, dont l’huile essentielle est évidemment raciale, s’enflammait dès lors dans une indignation incendiaire. Plus rapide que l’éclair, Marlène Schiappa, Secrétaire d’État à l’égalité femmes- hommes et contre les discriminations réagissait sans questions ni investigations préalables: «Il est totalement intolérable qu’une personne soit insultée menacée (sic) ou harcelée en raison de sa couleur de peau! Rien ne justifie cela! J’invite la boulangère qui témoigne en vidéo à déposer une plainte auprès du commissariat de Levallois afin qu’une enquête soit menée.»Pour les copropriétaires, le déluge médiatique déclenché par la gérante du dépôt de pain aurait plutôt à voir avec sa situation financière…

Ainsi, la ministre, dont on connaît le goût procédurier pour l’incitation à la saisine d’une justice pourtant à l’agonie, ignorait tout usage du conditionnel.

Un esprit plus présent aurait pris plus son temps.

La lecture du Huffington Post comme celle du Parisien du 8 mars l’aurait incité à plus de circonspection avant que de conférer tant de publicité.

C’est ainsi qu’à croire les copropriétaires mis en cause, nulle trace de racisme mais seulement un problème plus banal de copropriété. Cette dernière aurait opposé un refus d’autoriser Pauline C. à installer une cheminée d’évacuation pour transformer son dépôt de pain en véritable boulangerie. «Ce refus, exempt de tout racisme, n’était que le résultat de la stricte application du règlement de copropriété qui interdit les activités entraînant des nuisances olfactives et sonores» indique, l’avocat de personnes qui apprécient peu d’être accusées publiquement de racisme. «Aujourd’hui, mes clients sont harcelés, fulmine mon confrère Nataf. Ils sont interpellés, taxés de racisme, pointés du doigt. Le nom du président du syndicat de copropriété a été jeté en pâture alors qu’ils n’ont fait qu’appliquer le règlement»

Face à cette délation accusatoire, mon confrère doit déposer une mise en demeure des hébergeurs qui ont diffusé la fameuse vidéo, notamment Facebook et Twitter.

Pour les copropriétaires, le déluge médiatique déclenché par la gérante du dépôt de pain aurait plutôt à voir avec sa situation financière, celle-ci serait en effet en litige avec sa bailleresse en raison d’un retard de loyer pouvant déboucher sur une procédure d’expulsion.

Je me garderais bien, en ce qui me concerne, de dire qui, des copropriétaires ou de la boulangère, raconte des histoires, n’ayant pas comme Mme Schiappa de dons divinatoires.Ni la justice humaine, ni la sérénité des temps obsessionnels n’ont grand-chose à gagner d’encourager une plus grande hystérie judiciaire ou médiatique.

Je ne sais qu’une seule chose, c’est qu’il existe suffisamment de racisme avéré pour demeurer prudent quand on est gouvernant.

Ni la justice humaine, ni la sérénité des temps obsessionnels n’ont grand-chose à gagner d’encourager une plus grande hystérie judiciaire ou médiatique.

A fortiori lorsque l’on dit vouloir combattre faux et furies électroniques.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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