Publié par H16 le 18 mars 2019

C’est pourtant simple : comme il n’y a plus d’argent dans les caisses, comme on ne peut surtout pas toucher aux Services Publics à la Française que le Monde Entier Nous Envie mollement, il est entendu que nos impôts continueront de grimper.

Il était temps ! Bien que représentant plus de 1000 milliards d’euros, les prélèvements obligatoires ne suffisent toujours plus à compenser les terribles et systématiques baisses de moyens de toute l’administration publique qui en viennent – forcément, les pauvres – à fournir des services tous les jours plus médiocres.

À tel point que ça commence à se voir.

D’ailleurs, au-delà du mouvement des Gilets Jaunes en partie provoqué par cette dégradation des services obtenus pour des sommes toujours plus importantes, on pourra admirer l’extraordinaire résilience du peuple français qui a supporté cet état de fait pendant 40 ans et a mis tout ce temps à se rendre compte qu’on était en train de l’enfler furieusement dans une décontraction assez stupéfiante.

On mâtinera cependant cette admiration en constatant que cette sortie de l’hallucination collective qui s’était emparée du pays est encore fort partielle : pour le moment, ceux qui sont les plus concernés par cette dégradation semblent pourtant décidés à réclamer davantage de ces maux qui l’ont engendrée.

Reste que les services publics sont maintenant si pourris que certaines institutions françaises s’en émeuvent. En plus des rapports de la Cour des Comptes qui dénoncent la situation, se ressemblent un peu tous dans leurs conclusions même si les sujets diffèrent, s’empilent et s’oublient bien vite, c’est maintenant au Défenseur des Droits de s’inquiéter devant un état des lieux catastrophique.

Et sans même considérer le seul pan du respect des droits et des libertés fondamentales que le Défenseur des Droits estime reculer de toutes parts, son rapport ne laisse aucune ambiguïté sur la qualité des services publics, notamment sur leur dématérialisation qui coupe leur accès à un nombre croissant de citoyens notamment les plus défavorisés ou vulnérables.

Cette dégradation ne se cantonne malheureusement pas au domaine purement numérique. En fait, si la disparition des guichets et des pousse-tampons dans les administrations locales ou nationales constituait le principal problème des institutions publiques françaises, la situation serait même encore relativement favorable à l’économie, l’entreprise et par voie de conséquence, l’emploi.

Malheureusement, tant qu’à foirer, autant le faire de tous les côtés, sous tous les angles qu’on regarde. À l’appauvrissement global et complet des administrations publiques, il faut y ajouter leurs comportements de plus en plus aléatoires et une augmentation exponentielle de ses contraintes paperassières qui frisent maintenant la pure folie kafkaïenne.

Ceci a des conséquences très directes sur l’emploi : on apprend par voie de presse qu’en raison des difficultés administratives, le groupe aéronautique français Safran ne parvient pas à trouver de lieux favorables pour ouvrir deux usines dans l’Hexagone.

Son directeur général, Philippe Petitcolin, est prêt à investir près de 300 millions d’euros pour construire ces deux usines, mais en raison de l’absence de politique coordonnée entre les différents centres les décisions, l’État, la Région, les communautés de communes, les communes, personne ne se coordonne, chaque partie du mille-feuille tente de tirer la couverture à elle et tout se termine bien évidemment au mieux dans des imbroglios administratifs ubuesques, dans des refus ou des blocages incompréhensibles, ou au pire dans une indifférence polie parce que telle ou telle étape ne dépend pas d’un maillon mais d’un autre, pas au courant.

Bon, d’un autre côté, ce n’est pas comme si la France avait des chômeurs. La pleine activité et le boom économique du pays autorisent largement d’embarrasser l’une ou l’autre entreprise, même française, histoire de bien faire comprendre qui est le chef dans le pays, merde alors.

Et pendant que Safran (et tant d’autres, moins médiatiques) continuent de s’engluer dans la mélasse épaisse des administrations françaises incompétentes, obèses et désorganisées, le gouvernement dirige l’ensemble de main de maître en laissant par exemple s’agiter le grand benêt de Bruno Le Maire sur les milliers de petits leviers, boutons et autres cadrans qui pilotent l’économie française.

Comme un teckel sous coke, voilà le ministre qui s’agite d’un endroit à l’autre d’une salle de contrôle hypothétique et qui, tripotant fiévreusement à peu près tous les boutons et leviers qu’il peut, tente d’obtenir un résultat, n’importe lequel, en expliquant à qui veut l’entendre, entre deux rires nerveux frôlant la démence pure, que tout ceci est parfaitement logique, contrôlé et que les fumeroles et les étincelles sont prévues, tout va bien, ne vous inquiétez pas.

J’exagère ?

Il suffit de regarder l’actualité économique du pays pour comprendre que cette description est très favorable au ministre devant la réalité de la catastrophe en cours : dans une incohérence typique du sabotage ou de l’aliénation la plus complète, le gouvernement, Bruno en tête, tente de rattraper les effets de ses précédentes politiques dont tout, absolument tout, indiquait qu’elles allaient avoir ces résultats. Et ce faisant, tout indique à présent que notre brochette de clowns incompétents vont aggraver le problème plutôt que le résoudre.

Ainsi, après avoir combattu le diesel pendant les dix-huit derniers mois, Bruno, l’oeil fou et la lippe pendante, se rend subitement compte que tout ceci impacte très négativement les ventes de véhicules équipés de ces moteurs et par conséquence leurs fabricants et équipementiers, ainsi que les constructeurs automobiles qui annoncent à présent des suppressions d’emplois par milliers,

Mais plutôt que mettre un terme aux causes de ces difficultés, Bruno a déjà trouvé une solution : mettre sur pied « un plan concerté » d’accompagnement, revenant à border le lit des malades en attendant que la ciguë fasse effet.

Avec le doigté habituel dont l’État en général et Bruno Le Maire en particulier ont fait preuve jusqu’à présent, on peut raisonnablement imaginer qu’après avoir bordé les mourants, ils mettront le feu aux draps du lit tout en conservant le ferme espoir d’éteindre l’incendie en pleurant dessus.

Services publics catastrophiques, mille-feuille administratif si opaque et impotent que créer de l’emploi devient pour ainsi dire interdit par décret, ministre complètement à la ramasse… La République des Poulets Sans Tête est décidément en pleine forme.

Certaines fins ne sont pas heureuses... (Not everything can end well)

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © H16. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)

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