Publié par Ftouh Souhail le 19 mars 2019
Les mercenaires marocains défilent à Madrid en mars 1939

Le 19 mars 1939, le général Francisco Franco entre dans la capitale espagnole, Madrid.

La longue guerre contre les armées Républicaines s’est terminée par la victoire du général Franco avec l’aide de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie, mais aussi des Marocains. C’est depuis le Rif marocain, la région septentrionale du Maroc, que le général Franco lance sa conquête de l’Espagne en juillet 1936.

Durant trois ans, les partisans du coup d’Etat de juillet 1936, se sont battus contre les Républicains, partisans de la Seconde République espagnole.

Entre 80 000 et 100 000 miliciens musulmans marocains s’enrôlent dans le camp des rebelles putschistes pour nourrir cette guerre civile meurtrière du siècle passé, qui fit 451 000 morts.

Ces mercenaires marocains rifains, ayant combattu aux côtés du Général Franco, sont connus en Espagne sous le nom de «Regulares», ou encore de «Moros».

Dans son armée, Franco s’appuyait sur une force rurale de miliciens marocains dirigée par un officier du nom de maréchal Mohamed Mizziane, qui resta un ami proche jusque en 1939. Ce triomphe a donné à l’Espagne une dictature pendant trente-six ans jusqu’à la mort de Franco en 1975, à l’âge de 83 ans.

Ces miliciens venant du Maroc avaient joué un rôle important dans la reddition des armées républicaines et la chute de Madrid aux mains des franquistes.

L’affiche ci-dessous montre la 13e Division, unité d’élite de l’armée franquiste, composée principalement de mercenaires marocains.

Des musulmans marocains mercenaires dans la guerre civile espagnole

Ces mercenaires ont été recrutés sur la base du volontariat, attirés par les salaires, avec deux mois de solde, payés par des banquiers comme le majorquin Juan March, et des avantages pour leurs familles et le droit de piller les villes conquises. En fait, les violations et le meurtre de femmes, les vols et les fusillades de civils et de prisonniers blessés étaient des pratiques courantes parmi ces meutes arabes assoiffées de sang.

Pour ces mercenaires, Franco disposait d’une série de services de cuisine, d’hôpitaux et de cimetières spéciaux, conformément aux préceptes de l’islam, comme à Madrid, la quartier de Griñón hébergerait le seul cimetière musulman de la communauté.

Certains de ces Marocains atteindront le rang le plus élevé de l’armée franquiste, comme c’est le cas de l’assassin Mohammed Mizzian, blessé lors de la bataille de l’Université de Madrid, où légionnaires et Marocains ont été le fer de lance des attaques. Mizzian atteindra le grade de capitaine général, et plus tard finira comme ministre de la défense du royaume du Maroc dans les années 60 et ambassadeur en Espagne dans les 70.

Les mercenaires marocains avaient déjà été précédemment employés par Franco pour écraser la commune asturienne pendant la révolution des Asturies de 1934, où ils sont également devenus “célèbres” de leurs méthodes criminelles sans respect d’aucun code (1).

Les djihadistes de Franco.
Les troupes de mercenaires marocains ont atteint 100.000 hommes

Mercenariat marocain pour simple appât du gain

A quelques mois du déclenchement de la guerre civile en Espagne, Franco, alors gouverneur militaire des Îles Canaries, transitera par Casablanca où il laissa sa femme et sa fille.

En manque d’hommes pour sa conquête du pouvoir, le général Franco part dans le Rif, occupé par l’Espagne, pour enrôler des mercenaires musulmans.

Les premiers miliciens marocains vont toucher le sol espagnol dès juillet 1936, recrutés par les hommes de Franco à Chefchaouen, Al Hoceima, Tétouan, Nador.

Le recours aux mercenaires était une option attrayante pour Franco, mais aussi pour les futurs mercenaires musulmans qui seront nourris, payés et encadrés par des officiers espagnols.

Dès les premières semaines, des milliers de marocains vont être recrutés sur place : 15 000 rien qu’en octobre 1936 et 35 000 dès mars 1937.

Durant la guerre, les Marocains ont été le fer de lance de l’armée nationaliste et le symbole des exactions commises par l’armée de Franco contre les Républicains.

Franco n’aurait probablement jamais réussi à instaurer sa dictature s’il n’avait pas reçu un coup de main précieux de ces mercenaires musulmans.

Au Maroc les historiens justifient cette participation criminelle avec le
le régime franquiste par la misère et la pauvreté dans le Rif. Il est possible que les motifs d’enrôlement étaient avant tout économiques : gagner un salaire et échapper à la misère.

Franco leur aurait même promis : «Vous retournerez dans vos villages avec des chaussons en or !» (2).

Afin d’encourager les mercenaires marocains de rester en terre espagnole, l’insurrection militaire de juillet 1936 avait apporté des danseuses du Maroc ou encore des maisons closes avec des femmes marocaines.

Un petit rappel s’impose ici : en 1965 une loi en Espagne a donné des privilèges financiers pour ces mercenaires musulmans : «L’Espagne ne peut pas oublier la performance exceptionnelle (du personnel marocain) dans les campagnes d’Afrique et de la guerre de libération. Par conséquent, il a été étudié la façon de résoudre définitivement la situation de ces employés, maintenant citoyens d’un pays ami», énonce le texte qui instaure une sorte d’indemnisation.

Alors que les Marocains sont venus du Rif pour combattre dans les rangs de la machine franquiste, aux côtés des Républicains, des volontaires du monde entier, arrivent pour défendre la démocratie espagnole. Jusqu’à 5 000 Américains réunis dans la La Brigade Abraham Lincoln, participent à lutte contre les putschistes.

L’engagement de nombreux artistes et intellectuels comme la française Simon Weil auprès des démocrates espagnols a contribué à faire acquérir très vite à cette guerre civile une dimension symbolique.

Cependant, il est juste de rappeler que un millier d’Arabes de pays tels que l’Algérie, la Palestine, l’Irak, le Liban, l’Egypte et la Syrie se sont battus en tant que volontaires des Brigades internationales pour la défense du Front populaire espagnole (3).

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

(1) La révolution asturienne désigne une insurrection qui éclata en 1934, préparée par les forces socialistes asturiennes, qui voulaient l’abolition du système républicain imposé par la constitution de 1931 et sa substitution par un gouvernement socialiste.

(2) Ignacio Cánovas Alcaraz, Marruecos en la Guerra Civil, 2006

(3) Parmi eux, des personnalités telles que Nayati Sedqi, journaliste et ancienne secrétaire générale du Parti communiste palestinien, qui participeraient au Front de Madrid et seraient en charge de la propagande anti-franquiste, tenteront de convaincre les Marocains de passer d’arrêter de combattre avec l’insurrection militaire ou l’ingénieur irakien Nuri Anwar Rufail, secrétaire général du Parti communiste syrien en 1934.

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