Publié par Jean-Patrick Grumberg le 25 mars 2019

Les journalistes français ont découvert leur nouveau messie. Comme par hasard, il est Démocrate. Comme par hasard, ils occultent les faits qui permettraient à leurs lecteurs d’avoir une opinion différente de la leur. Heureusement, ils ne feraient jamais cela, pour un candidat politique français…

Les journalistes sont indécrottables : rien ne les fait évoluer. Ils devraient couvrir l’information de manière neutre, sans rien cacher. S’ils préfèrent se présenter comme des intellectuels, auteurs habités d’une mission d’information, ils devraient avoir chacun leur propre opinion : c’est la définition d’un penseur. Au lieu de ça, ils sont les champions de la pensée unique : ils pensent tous pareil, disent tous les mêmes choses, adulent les mêmes personnalités de gauche, détestent les mêmes politiciens de droite, emploient les mêmes mots, au même moment, et réagissent de la même façon aux mêmes événements.

Celui qu’ils ont décidé d’aduler tous en même temps pour la prochaine élection présidentielle s’appelle Beto O’Rourke. Et bien entendu, c’est un Démocrate.

Le Point (1) désinforme sur le passé d’O’Rourke – mise au point

En dissimulant qui il est vraiment, en appuyant sur des aspects secondaires pour les mettre en avant, le journaliste façonne un personnage idéal, “le gendre idéal” dirait une mère juive, pour que vous l’aimiez.

Un adolescent dirait : “il a été Photoshopé”. Beto O’Rourke a sa personnalité retouchée comme on retouche une photo, pour être plus sexy.

  • Son nom est déjà une sorte de petite tromperie. Il s’appelle réellement Robert Francis O’Rourke, un nom très wasp (il est d’origine irlandaise, pas hispanique), qui fait très “privilégié Blanc”, trop pour les journalistes. Beto fait plus cool, plus latino.
  • Si son vrai nom sonne comme celui d’un privilégié, c’est parce qu’il est un privilégié. Le Point le fait passer pour une personne simple, qui “s’exprime sans cravate, col de chemise ouvert et assis sur son canapé”, alors qu’il est issu d’une des meilleures familles d’El Paso, qu’il a reçu la meilleure éducation, a vécu dans les beaux quartiers de Kern Place, et fréquenté les meilleures écoles et universités.
  • Le Point le dépeint comme un “monsieur Tout-le-Monde qui pourrait être votre voisin”. En réalité, il pèse personnellement entre 7 et 9 millions de dollars (à l’âge de 46 ans, pas mal pour un punk) (2), soit 9 fois plus que la moyenne des membres du Congrès, et il est marié à la richissime héritière unique d’un empire de la promotion immobilière au Texas surnommé le “Warren Buffet de l’immobilier”, William Sanders. Là encore, rien de mal à cela – mais ce serait plus honnête que les médias ne le cachent pas lorsqu’ils dressent un portrait d’un “post-adolescent skateboarder”.
  • Sa mère Melissa, qui était chef d’entreprise, lui a offert un centre commercial à El Paso. Elle a été condamnée à une amende de 250 000 dollars pour avoir 15 fois été coupable de fraude fiscale en mai 2010 (10). Son beau-père, Fred Korth, a été ministre de la Marine sous le président John F. Kennedy.
  • Pat Francis, son père, ancien juge, était un politicien du Texas. D’après un article du Times du 20 octobre 1983 (11), alors qu’il était juge, il aurait été impliqué dans une affaire de corruption et de dissimulation de preuves, avec deux officiers de police, concernant une affaire de cocaïne ou d’héroïne découverte dans la boîte à gants de sa voiture. Un autre journal, le Baytown Sun de décembre 1983 en parle également (12). Mais me direz-vous, un fils n’est pas responsable des crimes de son père, et vous aurez raison. Mais il ne s’agit pas ici de responsabilité mais de travail d’investigation journalistique. D’ailleurs, concernant Donald Trump, les médias ne se sont pas privés de fouiller et déterrer tout ce qu’ils ont pu trouver sur lui.
  • O’Rourke n’est donc pas tout à fait, comme écrit Le Point, un “ancien punk-rockeur”, mais un fils à papa qui a fait partie d’un groupe de hard rock – ce n’est pas tout à fait la même chose, et ce n’est toujours pas un crime, mais le lecteur serait mieux informé si les journalistes s’abstenaient de grossir certains traits.
  • C’est un privilégié disais-je. Il a fait ses études dans les grandes et très coûteuses universités américaines réservées aux élites du pays : Columbia University.
  • O’Rourke est issu d’une famille riche du Texas, il fait partie du 1 %. Je n’ai rien absolument contre les privilégiés, ni contre les riches, ni contre les blancs, mais je n’aime pas que les journalistes le fassent passer pour autre chose dans le but de tromper et influencer les gens.

Libération : “Le fringant quadragénaire Beto O’Rourke, étoile montante de l’opposition aux Etats-Unis, a annoncé jeudi sa candidature pour tenter de battre Donald Trump”.

Liberation

Délinquance

  • Adolescent, O’Rourke a fait partie d’un groupe de pirates informatiques, Cult of the Dead Cow, qui entre autres volait des numéros de carte de crédit sur internet et hackait des ordinateurs. Son pseudo était “Psychedelic Warlord”.
  • Le 19 mai 1995, O’Rourke et des copains pénètrent avec effraction sous la clôture du labo de physique de l’Université du Texas à El Paso (UTEP). Ils ont été arrêtés par la police et mis en accusation pour vol qualifié. Mais l’UTEP décidera finalement de ne pas porter plainte – n’oublions pas que son père est un politicien local, et les procureurs abandonnèrent leurs accusations contre O’Rourke et ses copains en février 1996.
  • O’Rourke est arrêté pour excès de vitesse, conduite en état d’ébriété, après avoir provoqué un accident de voiture, puis tentative de fuite, le 27 septembre 1998 à 3 heures du matin sur l’autoroute 10 à Anthony, au Texas. Là encore, les accusations sont annulées en octobre 1999 après qu’il eut terminé un programme recommandé par le tribunal.

Vous pensez sans doute comme moi que “président” et “irrespectueux de la loi”, ça ne va pas dans la même phrase. Qu’un homme qui se croit au-dessus des lois ne devrait pas occuper un poste officiel.

Mais peut-être pensez-vous que tout ceci n’est que des erreurs de jeunesse.

Détrompez-vous…

Un homme qui se croit au-dessus des lois ?

Le 21 mars dernier, Beto O’Rourke a fait une nouvelle démonstration de son mépris des lois.

Eric Bradner, de CNN, a partagé la photo d’une camionnette grise qui, selon lui, a été garée illégalement par le candidat lui-même, puis déplacée par un employé.

“Le van gris de Beto O’Rourke vient d’avoir une amende de 50 $,” a tweeté Bradner.

“O’Rourke, qui conduisait, l’a laissé dans un emplacement de parking interdit à l’extérieur du palais de justice de Manchester pendant qu’il traversait la rue pour se rendre au restaurant Consuelo’s Taqueria. Il a ensuite envoyé un préposé déplacer la camionnette.”

Nihilisme, infanticide et mépris des femmes

Reuters a caché du public, pendant deux ans, une histoire sordide et explosive (3), afin de l’aider à gagner les élections de 2018 contre Ted Cruz. La manœuvre n’a pas marché, O’Rourke a perdu l’élection. Et l’histoire est apparue…

L’une d’elles (4) parle d’une fiction à la première personne écrite par O’Rourke à l’âge de 15 ans, où il écrase deux enfants qui traversent la rue et appelle ça un “acte d’amour” :

J’avais tué près de 38 personnes au moment de mon vingt-troisième anniversaire, et chacun a été plus épanouissant que le précédent

Un jour, en rentrant du travail, j’ai remarqué deux enfants qui traversaient la rue.

Ils étaient heureux, heureux d’être libérés de leurs problèmes. Je savais, cependant, que ce bonheur et ce sentiment de liberté étaient beaucoup trop accablants pour eux.

Ce bonheur m’appartenait de droit. Je l’avais mérité dans mes rêves.

Comme j’ai près des jeunes, j’ai mis tout mon poids sur mon pied droit, tout en gardant la pédale d’accélérateur au plancher jusqu’à ce que j’entende l’impact de l’accélérateur.

Deux enfants sur le capot, et puis le cri aigu de douleur de l’un d’eux.

J’étais si fasciné pendant un moment, après m’être arrêté, je me suis assis dans un étourdissement, de douces visions me remplissant la tête.

Mon rêve s’est brusquement terminé quand j’ai entendu un grand bruit sur devant à la fenêtre. C’était un vieil homme qui utilisait sa canne pour me réveiller. Il pouvait avoir été témoin de mon acte d’amour. Je n’étais pas sûr, et je m’en fichais.

C’était simplement de l’extase.

En rentrant chez moi, je m’imaginais en train de m’engager plus dans ces “actes d’amour”, et au bout d’un moment, je n’ai eu aucune honte à les exécuter.

Plus je tuais de gens, plus mes rêves étaient longs.

Je quittais bientôt mon emploi, et restais chez moi dans un état presque comateux. Mes rêves s’allongeaient et étaient de plus en plus vivants.

Ils m’ont gardé en vie et se sont avérés être ma seule raison de vivre.

J’avais tué près de 38 personnes au moment de mon vingt-troisième anniversaire, et chacun a été plus épanouissant que le précédent.

Je n’ai jamais été vraiment surpris de la façon dont j’ai échappé à la police. Mes rêves avaient pris le contrôle de ma vie, et ils m’ont guidé sur le droit chemin, et je n’ai jamais eu peur de la police. Ou de n’importe quoi, d’ailleurs.

Dans une autre de ces “histoires”, il parle des femmes en termes dégradants, les traitant volontiers de “salopes” et de “baiseuses”. (5)

Dites aux femmes ULTRA TENDANCE que la nouvelle tendance est de baiser des skinheads

Les [filles] ULTRA TENDANCE branchées sont habituellement les “salopes de scène” que beaucoup de musiciens admirent autant. Elles se pointent, se soûlent avec le groupe, et disent au chanteur : “j’aime vraiment votre musique. Je pense que c’est un peu comme les Sex Pistols. Tu veux baiser ?”

Les femmes ULTRA TENDANCE se maquent avec des petits amis violents parce que, (ouais… vous avez deviné) “Il ressemble tellement à Sid Vicious !”

Les hommes ULTRA TENDANCE : gros X noir sur les mains, il sniffe de la coke comme Sid Vicious l’a fait.

Dites aux nazies de votre région que certaines femmes ULTRA TENDANCE ont le SIDA.

Dites-leur que le nouveau truc punk à faire, c’est de jouer au milieu de l’autoroute.

Pour tuer une femelle ULTRA TENDANCE, montrez-lui une photo de ce à quoi elle ressemblerait sans maquillage.

Dites-lui qu’il ou elle est complètement laide.

Dites à l’ULTRA TENDANCE que la nouvelle tendance est de baiser des skinheads.

Une autre histoire parle d’une conversation avec un prêcheur néo-nazi. Vous pouvez la lire en suivant ce lien (6). Je vous en fais l’économie, ainsi que ce “poème” (7) où il écrit : “Cire mon cul, frotte mes couilles. La vache s’est levée, apportez du lait.”

O’Rourke a depuis déclaré qu’il regrettait ces écrits lors d’une entrevue avec un podcast dans l’Iowa.

Mais devinez quoi ? Dans la vie privée, il fait des blagues sordides, et elles ne sont pas beaucoup plus ragoûtantes (8).

Blagues de potache ou idées malsaines ?

Beto O’Rourke a choisi un jour spécial pour demander Amy en mariage : le 1er avril, jour du Poisson d’avril, quatre mois après leur rencontre.

Il a mis le caca du bébé dans un bol en disant que c’est de l’avocat

Pour effrayer sa femme, il a acheté un cafard télécommandé et le fit marcher dans la cuisine, et installa des autocollants de cicatrices sanglantes dans le style du film “Psycho”, et les colla dans la douche.

Une fois, raconte un ami, Beto a ramassé le caca dans une des couches de leurs enfants et l’a mise dans un bol en disant à Amy [sa femme] que c’était de l’avocat. (Ni l’un ni l’autre n’ont confirmé, mais O’Rourke a laissé entendre que c’était quelque chose qu’il était capable d’avoir fait.)

Vous je ne sais pas, mais moi, un président américain qui a (ou qui a eu) ce genre de pensées, je n’en voudrais pour rien au monde. Et je suppose que si les médias cachent si bien cela lorsqu’ils dressent des portraits élogieux du “fringant candidat”, c’est qu’ils doivent bien penser que beaucoup penseraient comme moi.

Un père et mari absent

O’Rourke faisait partie du conseil municipal d’El Paso, au Texas, lorsqu’il a rencontré sa future femme. Mais lorsqu’il lui a dit qu’il voulait se présenter au Congrès, elle a pleuré.

Il a gagné l’élection, et il a ensuite fallu sa défaite lors de la course au Sénat du Texas en 2018 pour le ramener chez lui auprès de ses trois enfants pour sa “plus longue période de temps… en sept ans”, a déclaré Amy O’Rourke dans une interview pour le Washington Post (9)

Aucune proposition politique, ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?

Après ce portrait fidèle, j’ai enfin compris les deux raisons pour lesquelles les journalistes ont porté Beto O’Rourke aux nues, pourquoi il est leur nouvelle idole. La première : il a perdu contre les élections Ted Cruz, et la seconde, c’est un politicien politiquement inexistant, inconsistant et superficiel.

Dans un tweet publié le 14 mars dernier, la journaliste Jenna Johnson fait remarquer avec ironie que “Beto O’Rourke ne semble pas encore avoir de positions politiques sur son site web de campagne – mais il a beaucoup de marchandises à vendre.”

Le néant de sa carrière politique

Un journaliste sérieux (cela ne peut arriver que sur Fox news), a posé à son directeur de campagne les questions que devrait poser tout journaliste. Voici un extrait des échanges.

Les médias saluent l’entrée de Beto O’Rourke dans la course 2020 comme une “bouffée d’air frais”, disent-ils. Mais même le New York Times mentionné que M. O’Rourke entre en campagne sans une seule proposition signée qui pourrait servir de point d’ancrage idéologique à sa candidature.

Voici Gilberto Hinojosa, président du parti démocrate du Texas.

Sautons droit dans le sujet. Que vous diriez-vous qu’est l’accomplissement principal que Beto O’Rourke apporte à la campagne ?

Gilberto Hinojosa : Je pense que ce que Beto O’Rourke a fait, et je pense particulièrement à la dernière campagne sénatoriale qu’il a menée en 2018 [NDLR et qu’il a perdue], c’est montrer au peuple du Texas et maintenant au peuple américain ce que cela signifie d’être un homme politique honnête.

“Je suis une personne honnête qui va parler des choses qui sont importantes pour les familles de tout le pays et on ne voit pas toujours cela avec un politicien”.

Ce type va dire les choses telles qu’elles sont.

Oui, mais quand un journaliste a demandé à Nancy Pelosi l’autre jour quelles étaient les réalisations de Beto, et elle n’a pas pu en nommer une, même s’il a servi dans la maison pendant une courte période, il faut le reconnaître.

Vous me dites que c’est un politicien honnête, c’est sa plus grande réussite ?

A-t-il créé des emplois quelque part, a-t-il créé un produit pour lequel il est connu ? Qu’a-t-il accompli ? C’est juste une question honnête.


Vous me demandez ce qu’il a fait. Ce qu’il a fait, c’est tout ce qu’il a pu faire au Congrès avec vous qui contrôlez le Congrès.

Je ne fais pas partie du Congrès et je ne parle pas du Congrès. Je parle aussi de sa vie privée et de sa vie d’élu.

Votre question n’a pas de sens dans les circonstances. Ce n’est pas pertinent.

Et le double langage

OK. Alors cette autre question.

Sur son site web, il est écrit en anglais “Beto for America”, mais sur la version espagnole, il est écrit “Beto for everyone” [Beto pour tout le monde]. Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi n’a-t-il pas dit “Beto para America” ?

Parce que l’Amérique est pour tout le monde. Beto se fiche d’où vous venez, d’où vient votre famille, c’est un pays qui offre des opportunités à chaque être humain, que vous soyez citoyen américain ou non.

Il ne semble pas que ce soit le cas pour les gens comme vous.
Votre question signifie que vous ne croyez pas que le pays soit pour tout le monde. Votre question montre le genre de personne que vous êtes.

En fait, ma question est, pourquoi la version anglaise dit Beto for America”, mais la version espagnole dit “Beto for everyone”.
Je ne fais aucune différence. Les deux signifient exactement la même chose si vous vous souciez vraiment du pays, mais vous ne vous souciez apparemment que d’un petit groupe de personnes, en posant cette question stupide.

Conclusion

Ne vous y trompez pas. Il est essentiel, dans une démocratie, qu’il y ait plusieurs partis politiques qui s’opposent. L’alternance au pouvoir est un signe de la relative bonne santé politique d’un pays. Et donc, il est pour moi normal, souhaitable même, que le parti Démocrate existe, qu’il y ait des gens à gauche, même des gens très à gauche, car ils alimentent le débat des idées à l’échelon national, et ils réduisent les tentations d’abus d’autorité.

Mais des fraudeurs déguisés par les médias en légitimes candidats, ce n’est pas ma conception de la démocratie. Tromper les citoyens peu informés afin de les influencer, les inciter à voter pour un candidat qu’ils n’auraient jamais élu s’ils avaient su qui il était vraiment, ce n’est pas de la démocratie, mais de la manipulation.

C’est comme cela qu’ils ont fait élire Barack Obama. Les Américains n’auraient voté pour lui si toute la vérité avait été faite sur son passé opaque.

Si O’Rourke devait remporter la primaire Démocrate, les journalistes sont déjà en train de refaire le même coup.

Mon devoir de journaliste intègre est de le dénoncer.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. Le Point
  2. Heavy.com
  3. Dailywire
  4. CD Textfiles
  5. CD Textfiles
  6. CD Textfiles
  7. CD Textiles
  8. The Week
  9. Washington Post
  10. KVIA News
  11. Times
  12. Baytown Sun

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