Publié par Guy Millière le 26 mars 2019

Binyamin Netanyahou était en visite aux Etats-Unis pour la conférence annuelle de l’AIPAC. Cette visite devait être triomphale. Elle a été interrompue par un tir venu de la bande de Gaza qui a touché une maison à Mishmeret, à trente kilomètres au nord de Tel-Aviv, et fait sept blessés.

Binyamin Netanyahou a dû rentrer précipitamment en Israël et ordonner une riposte. Le Hamas veut, à l’évidence, aviver les tensions avant les élections israéliennes, déstabiliser Binyamin Netanyahou et tenter de provoquer une intervention israélienne plus lourde aux fins de mobiliser Israël au Sud et de servir les intérêts de l’Iran, qui entend tout à la fois détourner Israël du front Nord et de la lutte contre la présence militaire iranienne sur le territoire syrien, et faire dérailler le rapprochement stratégique entre l’Arabie Saoudite, l’Egypte, Israël et les Etats-Unis.

Binyamin Netanyahou ne va pas riposter de manière massive (mais de manière ciblée) et faire ce que l’Iran attend qu’il fasse. Il ne fait aucun doute qu’il sait que le Hamas est un danger à éradiquer (ce n’est pas un hasard si les bureaux d’Ismael Haniyeh et le quartier général du Hamas, délimités dans la photo placée ici, ont été détruits par l’armée de l’air israélienne et si, au sein du gouvernement israélien, on parle à nouveau d’éliminations ciblées), mais il ne fait aucun doute non plus qu’il procédera à l’éradication comme il l’a décidé, sans dévier de la ligne qu’il a décidé de suivre.   Les propos de Benny Gantz parlant de la “banqueroute” de Binyamin Netanyahou en matière de sécurité sont des propos de matamore, et montrent que Gantz ne comprend pas la complexité stratégique en jeu (peut-être la comprend-il, mais fait-il comme s’il ne la comprenait pas).

Bien qu’ayant dû rentrer précipitamment en Israël, Binyamin Netanyahou n’en a pas moins pu assister à Washington à la signature officielle par le Président Donald Trump des documents actant la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan. Cette reconnaissance est pleinement légitime. La Syrie a lancé une guerre d’agression contre Israël en 1967, a perdu la guerre et, dans ce contexte, perdu du territoire. Aucun accord de paix n’est envisagé et envisageable avec la Syrie. Israël a le droit de disposer du Golan, et l’a, de fait, annexé en 1981. Israël a mis le Golan en culture et en a fait un territoire fertile. Il serait, de surcroit, impensable et suicidaire qu’Israël renonce au plateau du Golan, tant en raison de la présence sur le territoire du Golan de ceux qui l’ont développé qu’en raison du statut stratégique du Golan. La reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan par les Etats-Unis aurait dû avoir lieu il y a longtemps. Il a fallu pour qu’elle ait lieu un grand Président des Etats-Unis qui est aussi le plus grand ami d’Israël à être jamais entré à la Maison Blanche. Il a fallu aussi le sens stratégique de Binyamin Netanyahou, qui est l’un des très grands hommes d’Etat de l’ère contemporaine (je ne suis pas le seul à l’avoir comparé à Winston Churchill) et un homme qui a considérablement renforcé la puissance d’Israël et la sécurité des Israéliens.   

Au cours des dix années qui se sont écoulées depuis qu’il est redevenu Premier Ministre d’Israël, Binyamin Netanyahou a mené une politique étrangère d’une habileté rare. Il a dû faire face au pire Président de l’histoire des Etats-Unis, un ennemi résolu d’Israël, Barack Obama, et parer tous les mauvais coups de ce dernier, ce qui n’était pas facile dès lors que le Président des Etats-Unis est à la tête de la première puissance du monde. Il n’a pas pu empêcher la signature du désastreux accord avec l’Iran, dont Obama voulait absolument, et il n’a pas pu empêcher l’hiver islamique (appelé à l’époque “printemps arabe”) dont Obama voulait absolument aussi, mais il a limité les dégâts pour Israël de manière remarquable. Il n’a pu, en raison des actions perverses d’Obama (et, il faut le dire, en raison de décisions délétères prises par le chef d’état-major de l’armée israélienne à l’époque, un certain Benny Gantz), écraser plus efficacement le Hamas en 2014, mais lui a infligé néanmoins assez de dégâts pour que le Hamas se tienne tranquille plusieurs années. Pour atténuer la nocivité de décisions multiples prises par l’Union Européenne, sous l’incitation des deux principaux pays anti-israéliens que compte celle-ci, la France et l’Allemagne, il a développé des liens avec les principaux pays d’Europe centrale. Il a inlassablement agi pour rapprocher Israël de pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Israël est devenu une puissance qui compte, un pays qui n’est pas du tout isolé, et c’est le résultat de l’action de Binyamin Netanyahou. Depuis le début de la présidence Trump, Binyamin Netanyahou mène en synergie avec l’administration Trump une action destinée à endiguer l’Iran qui, grâce à Obama, a pu prendre militairement possession de larges parts du territoire syrien, renforcer le Hezbollah, puis renouer des liens avec le Hamas. Dans le cadre de cette synergie, il asphyxie peu à peu l’Autorité Palestinienne, mène un rapprochement avec l’Arabie Saoudite, l’Egypte, et, bien au-delà, avec le monde arabe sunnite et il fait avancer un projet de paix régionale dans lequel ni le Hamas ni l’Autorité Palestinienne n’auront de place.

Cette politique étrangère ne doit pas faire oublier le volet économique de l’action de Binyamin Netanyahou, car une politique étrangère n’est efficace que si elle s’appuie sur une économie dynamique. Et ce doit être dit : c’est essentiellement les mesures de libéralisation de l’économie prises par Binyamin Netanyahou qu’Israël est devenu la start up nation, la deuxième puissance technologique du monde derrière les Etats-Unis, un modèle analysé dans toutes les écoles de gestion du monde occidental. Israël a le plus fort taux d’ingénieurs et de scientifiques par habitant de la planète entière. Les statistiques de la Banque mondiale montrent qu’Israël a aujourd’hui un PIB par habitant de 40.270 dollars, ce qui place Israël devant le Royaume-Uni, la France et le Japon. La croissance en Israël l’an dernier était supérieure à trois pour cent, comme celle des Etats-Unis sous Donald Trump, le chômage s’élevait à 4,3 pour cent, ce qui est un chiffre de plein emploi, et Israël est classé dans l’Index of Economic Freedom au 27ème rang mondial, ce qui montre que des progrès restent à faire (mais la France est, elle, au 71ème rang mondial et a un score inférieur à celui de la Serbie, de la Hongrie et de la Turquie).

On me répète souvent, et je le constate quand je suis en Israël, que certains produits alimentaires sont chers en raison de monopoles, que les prix de l’immobilier dans les grandes villes sont extrêmement élevés. Je réponds que c’est exact, que quand bien même Binyamin Netanyahou a fait sortir le pays du socialisme, il n’a pu, en une décennie, tout réformer, mais que ce qu’il a pu accomplir, alors que le pays est sans cesse menacé par la guerre et doit consacrer une part très importante de son budget à la défense, est néanmoins remarquable.

Trump et Netanyahou lors de la signature de la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan

Des démagogues repeints aux couleurs blanc bleu, lorsqu’ils ne jouent pas aux matamores, peuvent promettre la lune : rien n’est plus facile que de promettre la lune. La densité de population dans la zone de Tel Aviv, les impératifs de défense et des achats immobiliers effectués par des gens qui ne vivent pas en Israël et veulent pouvoir y trouver refuge si les choses tournent mal en Europe sont des paramètres difficiles à contourner.

On me parle aussi de la pauvreté en Israël : celle-ci touche essentiellement des populations ultra-orthodoxes qui choisissent de ne pas travailler et des populations arabes, qui n’ont pas toujours le capital humain nécessaire pour s’intégrer à l’économie d’un pays très développé.

J’énonce tout cela car je constate que la presse israélienne, qui est largement de gauche, voue une haine tenace à Binyamin Netanyahou, que je compare à la haine de la presse américaine envers Donald Trump. Et je le dis : cette haine est souvent répugnante et d’une absolue mauvaise foi. La gauche a les mêmes reflexes malsains partout sur terre. Binyamin Netanyahou ayant fait d’Israël une puissance qui compte, la gauche ne peut que le détester. Binyamin Netanyahou ayant rendu les Israéliens plus fiers que jamais d’être Israéliens, elle ne peut que le trouver odieux. Binyamin Netanyahou ayant fait d’Israël une réussite capitaliste magnifique, elle ne peut que vouloir l’abattre.

J’énonce tout cela aussi parce que la haine envers Binyamin Netanyahou s’exprime aussi au travers de la justice israélienne : avoir construit des dossiers censés incriminer Binyamin Netanyahou sur des bases infiniment précaires et chancelantes est un procédé peu digne d’un état de droit. Avoir laissé entendre en pleine période électorale que Binyamin Netanyahou allait être mis en examen sur les bases susdites ressemble aux procédés que la gauche utilise aux Etats-Unis contre Donald Trump et dégage une odeur de pourriture. Et je réponds à ceux qui me disent qu’Avichai Mandelblit n’est pas un homme de gauche que plusieurs décisions qu’il a prises récemment ne peuvent que mener très sérieusement à se poser des questions sur le sujet. Une multitude de décisions de la Cour Suprême israélienne ont montré au fil du temps qu’elle était très orientée à gauche et pas du tout au-dessus de tout soupçon, les décisions qu’elle vient de prendre contre Michael Ben-Ari, qui a été membre de la Knesset de 2009 à 2013 sans poser de problème, et qui a été jugé par la Cour Suprême comme ne pouvant pas se présenter, et en faveur des alliances arabes Hadash-Taal et Raam-Balad, qui, elles, ont été jugées comme pouvant se présenter ont toutes les apparences de l’arbitraire le plus inepte, le plus scandaleux, et le plus suicidaire. Michael Ben-Ari propose des solutions drastiques au problème palestinien, mais n’est pas raciste, et ceux qu’on trouve sur les listes des alliances arabes tiennent des propos qu’on peut aisément apparenter au soutien au terrorisme tueur de Juifs. La Cour Suprême israélienne devrait être réformée d’urgence.

J’énonce tout cela enfin parce que les campagnes de presse contre Binyamin Netanyahou et l’utilisation de la justice pour le déstabiliser s’ajoutent à la campagne menée sans éthique ni scrupules par la liste Blanc-Bleu. J’ai dit que Benny Gantz parlait come un matamore et avait pris des décisions délétères en 2014 : je le répète. J’ai dit que les démagogues Blanc-Bleu pouvaient promettre la lune : je le répète aussi. L’attelage Benny Gantz – Yair Lapid (auxquels s’ajoutent Gabi Ashkenazi et Moshe Yaalon) a toutes les apparences de l’alliance de circonstances tentant de marier hâtivement la carpe et le lapin. Cet attelage ne pourrait pas arriver au pouvoir sans le soutien des listes arabes (sauf s’ils espèrent rallier un Likoud post-Netanyahou, ce qui parait très hasardeux et très immoral). S’il arrivait au pouvoir, cet attelage serait en position de faiblesse et les conséquences pourraient rapidement se révéler désastreuses.  Gantz, Lapid, Askenazi et Yaalon semblent unis surtout par la volonté de détruire Netanyahou, et pas par grand-chose d’autre. Il est bien davantage qu’étrange de voir un homme qui a souvent eu des positions respectables (Moshe Yaalon), rejoindre des gens qui semblent proposer un retrait unilatéral de Judée-Samarie.

Gantz a déclaré qu’il avait, en 2014, risqué la vie de soldats israéliens pour sauver des Arabes de la bande de Gaza, ce qui devrait en soi, montrer qu’il est indigne de devenir Premier Ministre.  

Seul Binyamin Netanyahou peut constituer un gouvernement solide et cohérent. Il suit une ligne stratégique qu’il doit pouvoir continuer à suivre. Il travaille en synergie avec l’administration Trump. La synergie doit pouvoir se poursuivre.

Je ne veux pas douter que les amis israéliens donneront à Binyamin Netanyahou la majorité dont il a impérativement besoin.  

Je n’ai jamais caché mon amour pour Israël et que je considérais la vie de tout Juif israélien comme infiniment précieuse. Je n’ai jamais caché que je souhaitais l’écrasement total du Hamas et de l’Autorité Palestinienne. Je n’ai jamais caché non plus que je tentais d’analyser la situation en prenant en compte tous les paramètres. Israël à mes yeux doit être gouverné par un homme qui prend en compte tous les paramètres. 

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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