
Une fois n’est pas coutume, je vous recommande la lecture d’un article publié sur Slate. Il s’agit d’un papier très mesuré de Théo du Couëdic et Maxime Recoquillé consacré à un être répugnant, Boris Le Lay * : “Boris Le Lay, itinéraire d’un multirécidiviste de la haine raciale” (1).
Rien n’est plus facile que de caricaturer la fachosphère, pour les journalistes : il suffit, dans leurs articles, de glisser 43 fois les mots extrême droite, identitaire, Rassemblement national et nationaliste. C’est le lot courant. Avec nuance, les deux ont évité les excès de ce piège facile, ce qui renforce la qualité de leur narratif.
Du Couëdic et Recoquillé ont tenté, au travers du parcours de Le Lay depuis sa jeunesse, de comprendre le récidiviste multi-condamné. Ils ont enquêté et montré comment la haine qui lui dévore le cœur (du moins je l’imagine, car mes lecteurs savent que la haine est un sentiment que je ne connais pas), est née de son rejet social, de la médiocrité de sa cellule familiale et de l’absence de bons repères. Je soupçonne, personnellement, que sa jalousie antisémite n’est pas arrivée spontanément dans sa soupe, et qu’elle s’est répandue autour de la table familiale.
Mais je suis juif et ma sensibilité n’est pas celle de Recoquillé et Du Couëdic : quand la parole antisémite se libère, je suis une des cibles.
Les journalistes donc, ne sont à aucun moment tombés dans la facilité. Ils ont fait un vrai travail de journaliste : ils ont cherché à comprendre, à expliquer, ont fouillé le passé du sale Lay, interrogé des gens qui l’ont connu, et décrit Le Lay avec mesure et pondération.
C’est important de lire l’article, car je ne crois pas avoir jamais lu la même analyse permettant d’apprécier ce qui a déclenché la haine chez deux autres oiseaux du même acabit, Dieudonné et Soral.
Censurer or not censurer, that is the question
Vous me direz, mais depuis la France, il semble qu’il ne soit plus possible de trouver les sites internet de Le Lay. Google, qui ne défend plus du tout la liberté d’expression, aurait accepté d’en bloquer l’accès. Google n’est pas à citer en exemple. Les nombreuses fuites de messages et d’enregistrement audio montrant comment des cadres de la société cherchent à enterrer les voix conservatrices ne laissent aucun doute (3). Et Google a vendu aux Chinois un moteur de recherche qui envoie au comité central communiste les adresses des dissidents qui tapent des mots clefs interdits.
La France a quelques leçons à recevoir et de sérieux progrès à faire en matière de liberté d’expression. Je constate, à la lecture de la presse française, que les choses ne se passent pas très bien pour les opinions à la frange ou qui vont au-delà de l’acceptable. Pourtant c’est pour elles que la protection existe, pas pour les points de vue consensuels !
D’ailleurs la France, pour regagner son titre de “patrie des droits de l’homme”, a un sérieux effort à faire sur elle-même, avant de remonter de sa médiocre 33e place, à l’index mondial de la liberté de la Presse de RSF (2).
Bref, tout cela pour dire que si nous ne souffrons pas autant qu’en France du racisme et de l’antisémitisme, c’est justement parce que les antisémites ne sont pas poursuivis en justice et que leurs propos sont protégés par le 1er amendement : on ne lutte pas contre la haine en censurant et interdisant le débat, mais avec encore plus de débats.
Aux Etats-Unis, un journaliste audacieux inviterait Le Lay à s’exprimer afin de montrer à tous la laideur de ses propos, afin de montrer à chaque Américain à quoi ressemble un être répugnant, afin que des conversations en découlent et que la haine recule.
C’est aussi pour cela que chez nous, les suprématistes blancs, les racistes et antisémites, les KKK se comptent en milliers, d’après les études du Southern Poverty Law Center – sur une population de 320 millions !
Ah qu’il est laid le débit de Le Lay
Ah qu’il est beau le débit de l’eau
Débit de Le Lay si laid, débit de l’eau si beau
Librement inspiré de la célèbre chanson de Charles Trenet.
*Je suis moins courageux que les deux journalistes de Slate : je n’ai pas pu me résoudre à afficher la photo de la crapule.
En effet : les discussions avec les anti-sémites américains sont souvent intéressantes. De bien meilleur niveau que celles avec les anti-sémites français.
J’ai lu en partie l’article de Slate. Je me suis fatigué tant je trouve cela insignifiant dans le sens que tout ce qui est excessif est insignifiant. Je ne suis pas allé au bout.
Ce type est juste un con et/ou un écorché vif qui a perdu la lumière de la distanciation.
Le même genre de blessure que ce qui a fait fonctionner Breivik ou le tueur de christchurch, sauf que Le Lay se réfugie lui dans les insultes, la violence verbale que la violence réelle. Un taliban “Occident !”, de la haine à l’état pure.
Pour moi il n’y a pas de bonne censure.
Mais…
Les insultes individuelles doivent êtres sanctionnées et les menaces sur personnes, plus encore. C’est un minimum indispensable. Mais cela ne suffit sans doute pas.
Pour moi, bien blanc et satisfait d’être Européen, ne faisant pas partie des cibles déclarées de cet énergumène, comme les Juifs, c’est facile de prendre des distances et de balayer cela d’un revers de main. Mais comment ne pas se souvenir que les Juifs ont été quasi rayés de la face du monde par ceux qui propageaient les mêmes discours et les mêmes “idées” (???) que Le Lay. Cette blessure ineffaçable dont la douleur doit sourdre dans l’intimité la plus profonde de tous les Juifs.
Les noirs portent également le fardeau indélébile dans leur être d’avoir été de la “chair à esclavage” durant des siècles. Et même si les causes ici en sont très différentes, les protagonistes étant à voir en grande partie parmi eux mêmes, cela ne change pas grand chose à l’affaire et ne peut se balayer d’un coup de brosse sous le tapis.
Aussi je pense en effet qu’il serait temps de mettre des bornes à ce genre de dérive. La liberté d’expression généralisée ne me semble plus adéquate pour de tels atteintes à tant de personnes.
Mais comment faire pour ne pas jeter la liberté (d’expression) avec l’eau sale du marécage ?
Je crois que cela passe par une réflexion construite sur des cas d’espèces (comme Le Lay) en identifiant les possibilités d’agir sur des points précis sans toutefois menacer la Liberté d’Expression dans ses fondements.
A une ou deux saloperies près inévitables sur Slate (coller un rappel vers Tommy Robinson dans l’article sur Le Lay, comme si les 2 individus pouvaient en quoi que ce soit se comparer, est passablement dégueulasse), l’article est effectivement pas trop mal, il survole juste un peu rapidement la partie “leprojetjuif.info” qui m’avait fait découvrir Le Lay et qui vu ce qui y était publié (son “statut des juifs” était un portage modernisé du statut des Juifs de Nuremberg, appelant ouvertement à la stérilisation des juifs) aurait du lui valoir un encastillage immédiat, les limites de la liberté d’expression étant largement dépassées dés l’époque (je ne suis pas sur que même en droit américain ce genre d’appel ne soit pas susceptible d’être poursuivi).
Mais bon, tant qu’il ne s’attaquait qu’aux juifs, ça n’intéressait personne et surtout pas une certaine gauche…
Au fond, ce que Le Lay fait, c’est défendre les bretons de la même manière que les sionistes défendent les juifs : en s’attaquant à tous ceux qui menacent leurs intérets.
https://www.youtube.com/watch?v=HmI6co3ensE&feature=youtu.be&t=39
Vous êtes complètement conne ou complètement à vomir ?
Encore un(e) qui a abusé du chouchen…
6 millions de bretons ont-ils péris dans les fosses ou les chambres à gaz ? J’ai honte piur vous profondément, “la défense de leurs intérêts”. Vous êtes répugnant(e)!