Publié par François Sweydan le 15 mars 2019

Une plaque en hommage et en mémoire de Mireille Knoll, 85 ans, rescapée de la Shoah (rafle du Vel d’Hiv de juillet 1942), a été dévoilée par Laurent Wauquiez lundi 11 mars 2019 au collège/lycée privé juif Beth Hanna de Villeurbanne. Les deux fils de la défunte, Allan et Daniel Knoll[1], étaient présents.

À l’issue de cette inauguration, le président du Conseil régional a évoqué dans un court discours la mise en place d’un plan de sécurisation des lycées juifs d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Mireille Knoll avait été sauvagement assassinée le 23 mars 2018 dans son HLM du XIe arrondissement de Paris, le corps retrouvé sur son lit médicalisé lardé de onze coups de couteau « enfoncés jusqu’à la garde dans le pauvre corps puis égorgée, tel un mouton que l’on sacrifie pour l’Aïd aux cris de Allah akbar. Enfin son corps mutilé et supplicié est brûlé et carbonisé… », écrit son fils Allan, « tout cela parce qu’elle est juive ?… » (Voir copie du discours d’Allan Knoll du 11 mars 2019 en mémoire de sa mère).

Son second fils, Daniel, a déclaré : « elle est décédée dans des conditions horribles. Il faut que les gens sachent que l’on peut encore mourir aujourd’hui parce qu’on est juif. Sans aucune justification. » Le crime barbare est d’autant plus monstrueux que Mireille Knoll était handicapée, incapable de se protéger.

Le voisin de cette dame âgée, Yacine Mihoub, 28 ans au moment des faits, était déjà connu, confirment plusieurs sources proches du dossier, par la police pour deux affaires de menaces d’attentat contre un restaurant en 2010 et un établissement scolaire dont il avait été l’élève, en 2011. Il avait récidivé été 2014, menaçant de « tout faire sauter » dans un supermarché du 15ème arrondissement de Paris qui voulait le licencier pour consommation d’alcool sur son lieu de travail. Il avait été condamné à une peine mixte de 24 mois d’emprisonnement, dont 14 mois avec sursis, pour agression sexuelle, en février 2017, sur la fillette de l’aide-soignante de Mireille Knoll, âgée de douze ans. En outre, il a été poursuivi pour d’autres faits de violences et de menaces de mort.

Maître Gilles-William Goldnadel, avocat de la famille de la victime, a souligné à propos de Yacine Mihoub qu’ « en dehors de sa propension à boire, il me semble quand même très intéressé par la chose terroriste.[2] » Mais comment un dangereux pernicieux et délinquant notoire est-il condamné à des peines si dérisoires (sorti de prison en octobre 2017), et de surcroit laissé libre sans au moins l’interner dans un établissement psychiatrique pour l’empêcher de récidiver ? Sinon, comme le souligne Daniel Knoll : « Si la justice avait fait son travail, elle lui aurait mis un bracelet. »[3]

Un deuxième suspect est arrêté dans cet horrible assassinat. Les deux hommes sortaient de prison[4]. Alex Carrimbacus, 22 ans, qui a rencontré son complice en prison, a un long casier judiciaire[5]. Il affirme que « Yacine a reproché aux Juifs d’avoir des moyens financiers et une bonne situation avant de poignarder l’octogénaire sur son lit médicalisé en criant “Allah akbar” »[6]. Pourtant, Mireille Knoll vivait modestement et dans un logement social.

Lors de la cérémonie commémorative du souvenir qui s’est tenue dans la cour de l’école, après la prière du grand rabbin et la lecture de deux poèmes par des élèves, la plaque en hommage à Mireille Knoll a été dévoilée. Très ému, entre tristesse et colère, Allan déclare : « Il est temps de nous défendre et de nous battre contre cette haine aveugle, bestiale et inhumaine. »

Allan Knoll pendant son discours, à ses côtés son frère Daniel (à dr.), et Laurent Wauquiez, président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, à gauche.

Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, prit enfin la parole devant un parterre d’invités, d’écoliers, de collégiens et lycéennes : « Je veux planter une graine d’espoir et interpeller les élus de la République. Je voulais implanter cette mémoire dans un lycée », a-t-il précisé, afin de rendre hommage à Mireille Knoll. Il voudrait même que l’ouvrage de Allan et Daniel Knoll, C’était maman[7], soit programmé dans les écoles françaises.

Mais on se demande comment va-t-il procéder lorsqu’on sait que l’Éducation nationale est idéologiquement orientée depuis des décennies et que les manuels scolaires sont frappés d’un certain révisionnisme sournois aux fins de reformater la perception historique des élèves ? Les résultats désastreux, nous les avons sous les yeux…et pourtant le Ministère de l’éducation atteint de surdité et de cécité continue plus en avant dans la manipulation idéologique des manuels scolaires d’histoire-géographie.

Laurent Wauquiez a annoncé que la Région prendra en charge financière les déplacements sécurisés en bus scolaires des élèves des lycées juifs, la mise en place d’un plan de financement pour les enfants et leurs loisirs, et de nouveaux équipements de sûreté dans l’enceinte des écoles : « Nous avons mal mesuré l’antisémitisme et je refuse que vous en soyez les victimes », a affirmé le président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ainsi, ils n’auront plus à aller au gymnase en transports en communs : « C’est défendre la République, combattre la haine », a-t-il curieusement ajouté, sans rire.

Parfait ! Mais combat-t-on la haine et puissions-nous défendre la République avec des bus sécurisés ? Faudrait-t-il demain des véhicules blindés TT pour sécuriser des écoliers contre des hordes d’agresseurs animés de haine religieuse ? Et est-ce là la vraie solution pour combattre la banalisation de la haine religieuse ? Ce n’est pas l’édification de ‟forteresses scolaires” qui va régler le problème.

Ensuite, il a déclaré que les « lycées doivent être des sanctuaires, totalement protégés. Ce sont des budgets importants. Il faut organiser une sécurité compète. On va faire des diagnostics de sécurité complets sur l’ensemble de nos établissements juifs de la Région. On payera intégralement pour que ça puisse être fait sans coût supplémentaire pour la structure scolaire. » Enfin, il compte « se battre en essayant de miser sur la tolérance. Tous les programmes permettant de mieux comprendre la Shoah, de favoriser la lutte contre l’antisémitisme, feront l’objet d’une priorité dans nos financements. Et cela pour tous les lycées publics. »

Quelques questions, parmi tant d’autres, s’imposent face à cette inflation sécuritaire subite. Est-il normal que des écoles de la République soient obligées de se ‟bunkeriser”, de s’abriter derrière des sas et portes blindées, de hauts murs surmontés de barbelés ou de grillages rappelant une sinistre époque ? Est-il acceptable que des élèves juifs – et même d’établissements catholiques – soient verbalement agressés sur le chemin de l’école, dans la rue et les transports en commun, parfois même physiquement à cause de leur appartenance religieuse ?[8]

Mis à part les déclarations politiques fracassantes et même démagogiques, la tolérance ne se décrète pas, elle est inculquée dès le plus jeune âge par l’éducation ; et elle est autant culturelle et même enracinée dans une tradition anthropologique et religieuse. Il est à constater que dans certains quartiers populaires et de banlieues l’acceptation de l’autre (non musulman) dans sa différence tend à disparaître totalement, notamment avec la déferlante immigrationniste, et c’est de pire en pire, sous les yeux d’un État qui a laissé pourrir la situation depuis des décennies.

En 2018, les actes antisémites ont augmenté de 75% en France et de 25% dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il en est de même pour ce qui est des églises profanées et vandalisées en inquiétante forte hausse, des cimetières juifs et chrétiens saccagés dans tout l’Hexagone. L’État passif, ainsi que les médias, tous les deux sélectifs par omission ou désinformation, occultent généralement cette judéophobie et cette christianophobie. Mais, deux poids, deux mesures, ils nous font dans la surenchère avec cette imposture sémantique de l’ « islamophobie » dont les promoteurs véhéments occultent que leurs adeptes tuent pourtant des citoyens innocents par islamo-fanatisme.

Et mis à part la déclaration de circonstance du chef de l’État, Emmanuel Macron, suite au crime odieux (« J’exprime mon émotion devant le crime épouvantable commis contre Mme Knoll. Je réaffirme ma détermination absolue à lutter contre l’antisémitisme »), que fait-il de courageusement concret ? Depuis son élection, les citoyens ont droit à des paroles anesthésiantes sans lendemain. On ne lutte pas contre l’antisémitisme en s’entourant de conseillers musulmans proches des Frères musulmans et d’un islam politique frériste, wahhabite et ottoman, Monsieur le président de la République, ni en souhaitant trafiquer la laïcité au profit d’une seule et unique religion tout en feignant de rendre service aux autres, encore moins en bâillonnant la liberté d’expression.

La détermination en la matière commence par assainir la presse et les médias qui participent activement à inoculer ce poison mortel de l’antisémitisme, jusque dans les commentaires odieux – ou de personnes qui n’ont pas encore pris conscience de la gravité et de l’horreur de tout cela – et qu’on autorise sous des articles en ligne[9]. Il faut cesser cette démagogie, ce cynisme et ce machiavélisme de la division et de la diversion, ainsi que cette politique contradictoire du je dis une chose et je fais exactement le contraire, tout en faisant fi de la volonté d’une bonne majorité des citoyens qu’on infantilise.

Face au fanatisme islamique et ses régulières provocations d’émeutes – car c’est bien le cas –, d’incendies et de saccages en banlieues, l’État est totalement absent, y compris lorsque les émeutiers font pleuvoir des cocktails Molotov – pour tuer ! – des immeubles et des terrasses sur les forces de l’ordre, sur les véhicules de secours ambulanciers et ceux des pompiers, incendient des dizaines de véhicules privés, comme récemment à Grenoble. C’est l’impunité totale dans un État pire que laxiste, totalement défaillant face à un chaos islamiste qui s’installe avec défi et qu’on laisse métastaser comme un cancer.

Daniel Knoll a réagi le 18 février dernier sur LCI[10] et nous met en garde :

« À chaque fois, on a des belles paroles qui n’empêchent pas que des gens se permettent d’assassiner une femme de 85 ans en disant Allah Akbar ». Il ajoute, « dans toutes les banlieues, il y a des gens qui ne comprennent rien à rien, même pas leur propre religion, et qui au nom d’une religion se permettent d’insulter les autres. » Il nous prévient, « il y a un grand danger en France qui se développe et nous sommes les sentinelles, les premiers attaqués. Nos ennemis sont à l’intérieur, c’est une cinquième colonne qui est en train de ronger la société française et qui la rend malade encore plus », et de conclure, « on est en train d’aller dans un avant qui est regrettable, insupportable, qui risque de nous mener à une guerre civile et ça, vraiment, il faut que les gens en prennent conscience. »

Dans son combat de cœur, Daniel Knoll a l’intention de « créer une association Mireille Knoll » en souvenir de sa mère et pour combattre l’antisémitisme : « nous pensons à des projets sur la fraternité, le rapprochement interreligieux et la solidarité avec les personnes âgées. »

En conclusion conditionnelle, il faudrait assurément un pouvoir fort et cohérent qui ne fait pas dans le déni systématique et la diversion, une vraie démocratie et non une autocratie qui pratique la répression sélective et verrouille la liberté d’expression. Il faudrait une justice implacable et réellement juste, pour l’instant fort laxiste et même partiale, avant que ces « marches blanches » politicardes ou angéliques, avec fleurs, bougies et ours en peluche, ne se transforment en cortèges de sang.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © François Sweydan pour Dreuz.info.

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Discours d’Allan Knoll du 11 mars 2019 en mémoire de sa mère au collège/lycée privé juif Beth Hanna de Villeurbanne

Notes :

  1. Allan et Daniel Knoll avec Catherine Siguret ont écrit un livre, C’était maman, en mémoire et en souvenir de leur mère ; lire « C’était maman »: le livre à la mémoire de Mireille Knoll – Dreuz, Dreuz Info, 27 octobre 2018.
  2. En dernier lieu, Meurtre de Mireille Knoll : un des deux suspects avait fait l’apologie des attentats, rtl.fr, 12/03/2019. Mais encore plus accablant, Meurtre de Mireille Knoll : de troublantes écoutes téléphoniques, leparisien.fr, 13 mars 2019.
  3. Daniel Knoll : « Nous ne pensions pas que maman pouvait être une cible », actuj.com, 03/12/2018.
  4. « Mort de Mireille Knoll : ses meurtriers présumés sortaient de prison », lemonde.fr, 29 mars 2018.
  5. Ce que révèle l’enquête sur le meurtre de Mireille Knoll, lexpress.fr, 30/03/2018.
  6. Meurtre de Mireille Knoll : l’affaire Sarah Halimi “a peut-être pu inciter” la justice à retenir le caractère antisémite, selon l’avocat d’un des deux suspects, francetvinfo.fr, 04/04/2018.
  7. L’invité de la rédaction du 12/13 sur Radio RCJ : Allan et Daniel Knoll, fils de Mireille Knoll, invités pour leur livre : « C’était Maman », publié aux Éditions Kero, youtube.com, 10 janv. 2019.
  8. Lire à ce sujet, Les juifs boudent-ils vraiment Villeurbanne ?, groupegaullistesceaux.wordpress.com, 22 mars 2018 ; et : L’alya des Juifs de Villeurbanne : entre sentiment d’insécurité et fantasme politique, rue89lyon.fr, 23/04/2018.
  9. Par exemple, A Villeurbanne, Laurent Wauquiez annonce que la Région prendra en charge les déplacements scolaires des élèves des lycées juifs, leprogres.fr (Lyon), 11/03/2019.
  10. Le fils de Mireille Knoll met en garde : “À chaque fois, on a des belles paroles qui n’empêchent pas que des gens se permettent d’assassiner une femme de 85 ans en disant Allah Akbar”, lemondejuif.info, 18 février 2019.

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