Publié par Hélios d'Alexandrie le 16 avril 2019

Notre-Dame brûle et le peuple de Paris regarde, se recueille, prie et chante des cantiques à la Vierge Marie.

Ferveur endormie, piété refoulée qui jaillissent soudain au spectacle du malheur ; car il s’agit bien d’un malheur et non d’une simple catastrophe. Paris frappé au cœur, Paris en deuil de lui-même, de son être profond, Paris égaré, Paris perdu comme le fils prodigue, découvre enfin le mal qui le dévore et le détruit comme ces flammes dévorent et détruisent Notre-Dame.

Mais c’est la chrétienté entière, même cette part d’elle-même, imbue de son succès et entichée de ses plaisirs qui découvrent soudain sa vérité profonde, le genre de vérité que seul un grand malheur est à même de révéler.

Oui il fut un temps où des gens simples, pieux, humbles mais grands, pouvaient rêver à quelque chose de très beau, de plus grand qu’eux et de plus durable, rêver et bâtir, non pas une simple cathédrale, mais une offrande en pierre à Notre-Dame et une leçon pour les hommes des siècles à venir. Cette offrande, qui se voulait également une prière, a traversé les siècles et nous l’avons reçue, non pas pour ce qu’elle est, mais pour ce que nous nous sommes contentés d’y voir: un chef-d’œuvre architectural, un bien culturel dont nous sommes fiers comme on peut être fier d’une pièce de musée. L’édifice a été conservé, les pierres ont été ravalées, les sculptures restaurées, les cloches remplacées, pour que Paris reste Paris et pour nourrir le plaisir de nos yeux.

Nous voilà à présent frappés au cœur, car les flammes qui dévorent Notre-Dame de Paris nous révèlent l’étendue de notre orgueil et le drame de notre nihilisme. Nous réalisons tout d’un coup la paralysie de l’âme que nous nous sommes infligée ; cette offrande en pierre qui brûle nous révèle le bois mort qui gît en nous, et cette prière qui a traversé les siècles nous dit l’étendue de nos lâchetés et de nos abandons.

Nous qui jetons un regard méprisant sur le Moyen-âge, comprenons à présent le pourquoi de notre mépris. Notre-Dame de Paris a été construite par des hommes de foi, et nous n’avons plus de foi ou si peu. Nous sommes tellement satisfaits de nous-mêmes de ne pas en avoir, qu’il ne nous reste qu’à mépriser ceux qui en ont eu en abondance et qui ont bâti de l’abondance de leur cœur.

Il ne nous reste qu’à contempler les ruines du brasier et rentrer en nous-mêmes pour découvrir les ruines qui encombrent nos âmes, nous voir tels que nous sommes mais aussi tels que nous pouvons être, car seule la foi profonde peut rebâtir nos âmes, générer l’amour et sauver le monde.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hélios d’Alexandrie pour Dreuz.info.

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