Publié par Manuel Gomez le 18 avril 2019

La désobéissance civile devient la nouvelle arme de la population algérienne face à l’entêtement de certains politiciens.

Ils sont très proche du précédent pouvoir, mais également du chef de l’Etat-Major de l’ANP, le général Ahmed Gaïd Salah, qui lors de ce dernier vendredi (comme nous l’avions annoncé en début de semaine dernière) et pour la première fois, a tenté de réprimer par la violence les manifestations. Il a employé des LDB et des grenades lacrymogènes (à l’exemple de ce qui se passe en France), faisant plusieurs blessés.

Cette désobéissance civile se manifeste, pour l’instant, de deux manières différentes :

1/ Empêcher les ministres du nouveau gouvernement provisoire de présenter leurs projets.

2/ Les maires refusant d’effectuer les révisions des listes en prévision de la prochaine élection présidentielle reportée au 4 juillet 2019.

Sur ce dernier point, le premier maire à s’opposer a été celui de Yakouren, dans la wilaya de Tizi-Ouzou.

En ce qui concerne le rejet des ministres, nombreux en ont fait les frais :

A El Ablada, près de Béchar, le ministre de l’Intérieur, Salaheddine Dahmoune, accompagné des ministres des eaux, Ali Hamam, et de celui de l’Habitat, Kamel Beldjoud, ont été chassés par la population.

A Tébessa, le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, a été empêché de sortir de l’aéroport par les citoyens en colère.

La rencontre organisée par le ministre de l’Education, Abdelhakim Belabed, avec la présence des responsables des 48 wilayas, a été tout simplement boycottée par la Confédération des syndicats autonomes, qui refuse de recevoir des ministres désignés de manière illégitime par un gouvernement qu’ils rejettent.

Quant au ministre des Travaux Publics et du Transport, Mustapha Kouraba, il a dû annuler sa visite sur le chantier du métro d’Alger, devant l’opposition physique des citoyens.

Et les fonctionnaires du ministère de la Culture protestent énergiquement contre la nomination de la journaliste et éditrice Meriem Merdaci.

Le peuple s’estime trompé, d’une part par la mise en place d’un gouvernement d’alternance qui mène le pays vers la dérive, puisqu’il n’accepte pas de se plier à la dynamique des revendications annoncées depuis le 22 février (Car les ministres désignés estiment que ces revendications sont légitimes mais irréalisables, selon eux !) et, d’autre part, par la volte face du général Gaïd Salah, qui après avoir lancé l’ultimatum de l’article 102 et envisagé le principe de la souveraineté populaire, s’est ravisé sous le prétexte que cela risquerait de provoquer un « vide constitutionnel ».

Or c’est justement ce qu’exige le peuple : un basculement politique, une deuxième république hors FLN, et non pas une simple vacance du pouvoir existant.

Il rejette toutes les solutions proposées par les politiciens en place, qui espèrent un essoufflement qui leur permettrait de sortir de l’impasse actuel ou se trouve cette période transitoire qui ne devra pas dépasser les six mois.

Le peuple n’est pas dupe, ni aveugle, il sait parfaitement que les « hommes » de l’ancien pouvoir sont toujours présents et ce ne sont pas les nominations de Bensalah, à la présidence de l’Etat, et de Bedoui, comme chef de l’Exécutif (qui a déjà nommé ses proches aux postes de directions), qui apporteront le « basculement exigé ».

Les citoyens promettent non seulement de poursuivre la lutte jusqu’au bout mais également de boycotter les élections du 4 juillet.

Qui l’emportera ? La volonté du peuple ou la force des armes ? Je crains fort que ce soit cette dernière qui ait le dernier mot.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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