Publié par Jean-Patrick Grumberg le 21 avril 2019

Michel Houellebecq a reçu cette semaine la Légion d’honneur des mains d’Emmanuel Macron. Je suppose qu’il a aimé ça.

Jeudi 18 avril, accompagné de son épouse Qianyum Lysis Li, l’écrivain Michel Houellebecq a été reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron pour la remise de la Légion d’honneur. Nicolas Sarkozy était convié à la cérémonie.

Puis il a été mis en cause par un hypocrite frustré et jaloux que je ne citerais pas, qui a fait le parallèle entre la Légion d’honneur et les propos dénichés dans un livre de l’auteur à succès publié en 2001, Plateforme*.

De là, Twitter s’est enflammé. Des bandes haineuses ont reproché à Houellebecq d’avoir dit (ou écrit dans une tribune) qu’il ressent un tressaillement d’enthousiasme lorsqu’un Palestinien est abattu.

Personne ne se donne la peine de vérifier les faits lorsqu’il est si bon d’attaquer quelqu’un qu’on déteste. Mais il serait injuste de le reprocher aux réseaux sociaux alors que les journalistes agissent exactement de la même façon, et qu’ils portent une responsabilité bien plus lourde à le faire en raison de l’influence qu’ils ont sur la société.

Mise au point

Dans son roman Plateforme sorti en 2001, Michel Houellebecq fait dire à son héros, qui s’appelle Michel mais c’est une coïncidence,

«On peut certainement rester en vie en étant simplement animé par un sentiment de vengeance ; beaucoup de gens ont vécu de cette manière.

L’islam avait brisé ma vie [NDLR sa femme a été tuée dans un attentat islamiste], et l’islam était certainement quelque chose que je pouvais haïr ; les jours suivants, je m’appliquais à éprouver de la haine pour les musulmans.

J’y réussissais assez bien, et je recommençais à suivre les informations internationales.

Chaque fois que j’apprenais qu’un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien, ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattue par balles dans la bande de Gaza, j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme à la pensée qu’il y avait un musulman de moins. Oui, on pouvait vivre de cette manière.»

Le contexte

  • La femme de Michel [du livre] vient d’être tuée dans un attentat islamiste.
  • Houellebecq, cette fois-ci aux magazines Lire et Figaro Magazine avait déclaré : «La religion la plus con, c’est quand même l’islam.»
  • Dans la vraie vie, la femme de Michel Houellebecq n’a pas été tuée dans un attentat islamique. La similitude s’arrête donc au prénom du personnage du roman.

Mon analyse

Dans la vraie vie, les familles des victimes d’attentats terroristes subissent les pressions de l’appareil médiatique pour qu’ils pardonnent, qu’ils n’aient pas de haine, qu’ils comprennent même. Autant dire que je trouve cela répugnant, après qu’on vous ait de cette façon monstrueuse et gratuite arraché un être aimé, que soient extirpé de vous un sentiment qui ne ressemble pas à celui de la nature humaine.

Je ne suis pas dans la tête de Houellebecq, et je me garderai bien de faire de mes hypothèses des certitudes, mais il semble assez clair que l’auteur considère que parce qu’on a tué sa femme, la haine de Michel pour les musulmans est justifiée, tellement justifiée que même la mort de femmes enceintes palestiniennes le soulage et l’aide à supporter sa douleur. Oeil pour œil quoi.

Encore, une fois, et je le dis à ceux qui le critiquent : c’est un roman, imbéciles !

Que Houellebecq considère que l’islam soit la religion la plus con, c’est son point de vue, et vous le savez, je crois que l’homme a le droit d’avoir une opinion à lui. Et je sais que la justice française est trop répressive de ce droit. D’ailleurs Houellebecq avait été poursuivi en justice pour cette déclaration, et il avait eu gain de cause en 2002 en Appel – pour une fois.

Quand je regarde dans quel état de misère morale vivent les gens dans les pays musulmans, que je constate qu’ils sont tout en bas du tableau des peuples les plus heureux au monde, je me dis naturellement que l’islam doit être une religion à la con et que les musulmans en sont victimes. D’autant que sauf erreur, avec 1,3 milliard d’entre eux, ils n’ont presqu’aucun prix Nobel, ils n’ont rien inventé depuis le début de l’ère industrielle, aucune marque de renommée mondiale n’est sortie de leurs bureaux d’études, et ils n’ont même pas été foutus de transformer Gaza en un Hong-kong du Moyen-Orient malgré les milliards qui sont déversés sur eux, les cons. Je ne sais pas combien de fois l’Europe leur a financé des usines de recyclage de l’eau et d’évacuation des eaux usées, et ils sont toujours au même point. Leurs voisins israéliens en revanche… Bref.

Houellebecq est un homme intelligent : il ne peut donc être que pro-israélien et hostile à ces Palestiniens qui rêvent d’égorger tous les juifs d’Israël et de voler leurs terres. Ca ne mérite pas une Légion d’honneur pour autant.

Et je rejoins son héros Michel sur ce point : “Chaque fois que j’apprends qu’un terroriste palestinien a été abattu par balles dans la bande de Gaza, j’éprouve un tressaillement d’enthousiasme.”  Donc je ne mérite pas la Légion d’honneur.

Bah tant pis, elle vaut moins que ma liberté.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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