Publié par Magali Marc le 25 avril 2019

En supposant qu’il ne se passe rien de renversant d’ici le 21 octobre, les Conservateurs d’Andrew Scheer maintiendront probablement leur légère avance et formeront un gouvernement minoritaire.

Les chiffres combinés des sondages les plus récents (selon le Poll Tracker de la CBC) montrent que les Conservateurs (PCC) sont à 35.3% des intentions de vote, tandis que les Libéraux (PLC) récoltent 32.6%.

La campagne

Durant ces six mois de campagne électorale, les Libéraux continueront probablement de se présenter à l’électorat canadien comme étant le parti qui favorise la classe moyenne, la protection de l’environnement et la défense des valeurs progressistes. Ils continueront de promouvoir l’inclusion des immigrants et réfugiés (légaux ou pas) dans le « melting pot » canadien et d’accuser les Conservateurs d’intolérance.

Les Conservateurs continueront de critiquer les Libéraux pour leur dépenses et leur déficit. Scheer continuera de s’attaquer à la taxe carbone du gouvernement libéral, entrée en vigueur en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan et au Manitoba. Il aura le soutien des gouvernements provinciaux dans les provinces de l’Ouest et des conservateurs nouvellement élus en Alberta, en Ontario, et à l’Île-du-Prince-Édouard.

Sur la question de l’immigration, il sera en phase avec François Legault, le premier ministre du Québec qui a parlé de réduire (modestement) le nombre d’immigrants arrivants au Québec.

Le NPD tentera de récupérer les votes de la gauche dont les Libéraux se sont habilement saisis lors des élections de 2015.

Le Parti Populaire de Maxime Bernier campera à droite des Conservateurs, tout en les accusant d’être des faux Conservateurs.

Le scandale SNC-Lavalin risque aussi de continuer à peser sur les esprits même si ses effets semblent maintenant s’estomper.

Dans les sondages de cette dernière semaine d’avril, on constate que les Libéraux de Justin Trudeau ont reculé partout sauf au Québec.

Les chiffres

Ce qui est plus significatif que les intentions de vote, toujours fluctuantes, ce sont les circonscriptions que gagneraient les Conservateurs : le PCC d’Andrew Scheer auraient 156 sièges contre 144 pour les Libéraux de Justin Trudeau.

À ce stade-ci, il semble que ni le PCC, ni le PLC ne formerait un gouvernement majoritaire (il faut 170 sièges pour avoir la majorité).

Les Libéraux iraient chercher 20 sièges de plus au Québec, passant de 40 à 60. Cela ne suffira pas à compenser la perte de près de 40 sièges ailleurs au pays. De son côté, le PCC raflerait la mise en Alberta avec presque tous les sièges (33 sur 34) et une bonne partie des sièges en Saskatchewan et au Manitoba (21 sur 31). En Ontario, le PCC et le PLC seraient au coude à coude avec 55 sièges contre 53. Dans les provinces atlantiques moins peuplées, les Libéraux ont perdu un peu de terrain mais se maintiendraient avec 21 sièges, alors que les Conservateurs n’en obtiendraient que 10.

C’est donc, encore au Québec que se jouera la partie à savoir qui pourrait former un gouvernement majoritaire.

Toujours selon les projections du Poll Tracker, les Libéraux iraient chercher jusqu’à 60 sièges au Québec. Tandis que les Conservateurs n’en gagneraient que 12, ce qui montre que l’Affaire SNC Lavalin n’a pas aidé Andrew Scheer au Québec. Le Bloc québécois réussit assez bien en région, se démarquant des Libéraux surtout en adoptant une approche plus «nationaliste» en matière de politique d’immigration. La faible remontée du Bloc Québécois au Québec et, dans une moindre mesure, les appuis au parti de Maxime Bernier, prendraient des votes au parti d’Andrew Scheer, tandis que les rares votes récoltés par le NPD et le Parti Vert nuiraient assez peu aux Libéraux.

Andrew Scheer a tenté de convaincre les Québécois de la nécessité de construire un pipeline traversant la province afin d’être moins dépendants de l’énergie provenant de pays comme le Venezuela, l’Algérie, ou encore l’Arabie Saoudite. Or, une étude de HEC Montréal démontre que le pétrole consommé au Québec provient déjà en majorité de l’Ouest canadien (53%), et des États-Unis (40%). Le reste provient essentiellement de l’Algérie.

M. Scheer a promis que s’il devenait premier ministre, il octroierait plus d’autonomie au Québec en matière d’immigration. Il s’est dit «ouvert» à en discuter avec son homologue québécois.

Andrew Scheer a encore du chemin à faire pour convaincre les Québécois de voter pour lui. Il a six mois devant lui pour faire avancer sa cause au Québec. S’il n’y réussit pas, il formera un gouvernement minoritaire ou retournera dans l’opposition.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Sources :

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