Publié par Guy Millière le 27 avril 2019

Au moment où ce texte paraîtra, cela fera environ dix jours que Notre-Dame de Paris aura été largement détruite par un incendie.

La thèse de l’accident restera la thèse officielle, et, même si les hypothèses avancées pour l’heure semblent hâtives, voire fantaisistes (court-circuit, problème informatique) strictement rien ne permet pour l’heure de dire que ce qui s’est passé n’a pas été un accident.

Vu l’état des lieux, il sera sans doute impossible de prouver un jour quoi que ce soit.  

Je suis prêt à admettre éventuellement la thèse officielle, bien que j’aie des doutes.

Mais quand bien même la thèse officielle serait valide, quand bien même il n’y aurait pas derrière l’incendie un geste criminel, la question que j’ai placée en titre de cet article reste pertinente.

L’incendie a eu des responsables, et il importe de les incriminer.

Ceux-ci ne sont très vraisemblablement pas les ouvriers qui montaient l’échafaudage destiné à servir à la restauration du bâtiment (ils montaient seulement l’échafaudage et n’avaient pas à accéder aux combles de l’édifice pour ce faire), non : les responsables essentiels sont ailleurs.

La mairie de Paris, tout en sachant que la cathédrale était le monument qui attirait le plus grand nombre de visiteurs à Paris, n’en avait pas moins cessé de contribuer au financement du maintien du bâtiment en bonne condition.

C’était une décision de la gauche sous Delanoë et reconduite depuis. La gauche parisienne avait des choses plus intéressantes à subventionner : Paris plage ou la gay pride par exemple.

L’État français, propriétaire des lieux depuis le vote de la loi de 1905 confisquant les biens de l’Église, se montrait un peu plus généreux que la mairie de Paris, mais à peine, et donnait chaque année une somme totalement insuffisante pour que la cathédrale ne se détériore pas.

Dès lors que la laïcité est, depuis plus d’un siècle, la religion officielle de la France, il n’y avait pas à attendre que l’État consacre une somme importante de l’argent qu’il prend chaque année aux contribuables au maintien du bâtiment en bonne condition. Et ce n’était pas un secret, la cathédrale se détériorait.

Des visiteurs étrangers le remarquaient et publiaient des articles alarmistes sur le sujet.

Ils notaient, bien avant l’incendie désastreux, que des souscriptions étaient lancées par des associations non gouvernementales aux fins de recueillir des fonds pour sauver la cathédrale.

Ils soulignaient, choqués, que la France n’entretenait pas ses monuments historiques, dès lors que ceux-ci étaient des monuments religieux. 

Je le dis dans ces conditions : les incendiaires de la cathédrale sont, avant tout, les gens de gauche qui tiennent la ville de Paris, mais aussi les gouvernements français successifs depuis longtemps.

Avoir vu Anne Hidalgo venir s’inquiéter de l’incendie a été une scène imprégnée d’une profonde hypocrisie.

Avoir vu Macron venir dire que la cathédrale Notre-Dame était un « bien précieux » de tous les Français a été un moment vomitif.

L’avoir entendu dire ensuite que la cathédrale serait rebâtie « en cinq ans » a suscité le dégoût : il faudra, tous les spécialistes s’accordent sur ce point, beaucoup plus que cinq ans pour rebâtir la cathédrale. 

Certains parlent de plusieurs décennies.

La précipitation avec laquelle il semble qu’une loi sera votée pour tout accélérer est très suspecte et ressemble à une volonté de clore le dossier au plus vite, quitte à ce que le travail soit bâclé et à abolir la plupart des règles en vigueur. 

Avoir vu Macron souligner que la cathédrale rebâtie serait « plus belle » a ajouté de l’obscénité à son discours : un édifice réparé après avoir subi des détériorations très graves ne peut pas être plus beau que l’édifice original, car il n’est plus pleinement ce dernier, mais un assemblage où les éléments d’origine se mêlent à des pièces rapportées.

Au point où il en était, Macron aurait pu dire que la cathédrale serait plus belle et plus neuve. Cela aurait poussé l’obscénité un peu plus loin. 

Il l’a presque fait en parlant de l’ajout possible d’un « geste moderne » et en lançant un concours architectural qui, au vu de certains des projets déjà présentés, peut faire craindre le pire (j’en place un en illustration, avec minaret, et c’est le projet réel d’un architecte anglais).

Cet homme ne respecte rien : il n’a d’ailleurs, sauf erreur de ma part, toujours pas dit un mot sur les actes de vandalisme qui touchent des centaines d’églises en France chaque année. 

Des milliers de gens sont venus prier devant la cathédrale et ce fut un moment émouvant, mais l’émotion ne doit pas faire oublier ce que je viens d’écrire.

Elle ne doit pas faire oublier que le christianisme, qui a fondé la France et lui a donné ses valeurs, s’effondre dans le pays.

Les églises, les cathédrales et les basiliques sont vides l’essentiel du temps, et la laïcité dogmatique qui règne en France y est pour quelque chose.

Notre-Dame de Paris se détériorait, mais toutes les églises, toutes les cathédrales, toutes les basiliques se détériorent en France.

Des églises sont rasées chaque année et remplacées par des parkings. 

Si Macron parlait des actes de vandalisme contre tant d’églises en France, évoquait la détérioration de toutes les églises, toutes les cathédrales, toutes les basiliques sur le sol français, et ajoutait que, puisque beaucoup trop d’argent, semble-t-il a été promis pour Notre Dame (plus d’un milliard d’euros), de l’argent pourrait utilement servir a des églises, cathédrales et basiliques autres que Notre Dame, il pourrait remonter (un peu, juste un peu) dans mon estime. Il ne fera, bien sûr, rien de tout cela. 

Il a plutôt utilisé l’incendie, de manière cynique et opportuniste, pour différer ses « réponses » à un débat qui n’a jamais existé (des monologues narcissiques ne sont pas un débat), pour noyer les revendications des gilets jaunes du 17 novembre 2018, et pour faire, dans une conférence de presse vaine, des propositions vides aux allures de diversion. Il reste ce qu’il est. 

Qui aurait pu imaginer le contraire ?

Si, plus loin que les prières devant la cathédrale, l’incendie suscitait un réveil au sein du peuple français, le conduisait à voir qu’il est en train de perdre son âme, et qu’il est gouverné par un imposteur, un immense malheur aurait au moins apporté cela.

Je ne crois pas, hélas, que ce sera le cas.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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